HALL, sir ROBERT, officier de marine, baptisé le 2 janvier 1778 dans le comté de Tipperary (république d’Irlande) ; on ne connaît pas son père, et sa mère est dite « Mary Roche, ci-devant Hall » dans le testament homologué de Hall ; décédé célibataire le 7 février 1818 à Kingston, Haut-Canada.

Les premières années de Robert Hall n’ont pas retenu l’attention des biographes de la marine. On sait, toutefois, que sa nomination comme lieutenant de vaisseau dans la marine royale fut publiée le 14 juin 1800, celle de commander le 27 juin 1808 et celle de capitaine le 4 mars 1811. Il se distingua par son comportement valeureux lors de la défense d’un fort, sur le golfe de Rosas, en Espagne, en novembre 1808. Il était alors au commandement du ketch à bombes Lucifer. Le 28 septembre 1810, il accrut encore sa réputation : à titre de commandant à bord du Rambler, de 14 canons, il s’empara d’un gros corsaire français qui mouillait dans le Barbate.

En septembre 1811, Hall se vit confier le commandement d’une flottille chargée de défendre la Sicile contre les forces navales qui opéraient à partir de Naples, occupé par les Français. Il remporta un succès de premier plan à Pietrenere (Italie) le 15 février 1813, au cours d’une attaque contre un convoi de quelque 50 navires armés, vaisseaux de ravitaillement français escortés de nombreuses canonnières napolitaines. Ne disposant que de deux divisions de canonnières portant quatre compagnies du 75e d’infanterie, il neutralisa les batteries côtières ennemies et captura ou détruisit les 50 navires. En reconnaissance de cet exploit, il fut fait commandeur de l’ordre royal et militaire de Saint-Ferdinand. La permission d’accepter cet honneur lui fut accordée par le prince régent, le futur George IV, le 11 mars ; à ce moment-là, Hall est qualifié de capitaine de vaisseau et de général de brigade au service de Ferdinand IV de Naples.

Le 27 mai 1814, Hall fut nommé commissaire intérimaire des lacs du Canada, avec résidence à Québec ; en fait, son quartier général serait le chantier de la marine, à Kingston, dans le Haut-Canada. Il n’était pas libre sur-le-champ et il ne se présenta à Kingston, pour assumer ses fonctions, qu’à la mi-octobre. Ses nouvelles attributions comporteraient une double responsabilité : sous les ordres du commandant en chef des lacs, sir James Lucas Yeo, il devrait construire, gréer, ravitailler et entretenir les navires de la marine ; et, sous les ordres du Navy Board de Londres, administrer le chantier de la marine à Kingston, de même que ses dépendances sur les lacs Supérieur, Michigan, Huron et Champlain, et aussi les dépôts de vivres et de matériel de la marine dans les deux provinces.

La préoccupation immédiate du nouveau commissaire fut la mise en œuvre des plans de Yeo pour une campagne décisive contre les Américains, en 1815. Cela supposait que fût achevée la construction d’une frégate de 56 canons, et entreprise celle de 2 vaisseaux de ligne de 74 canons (l’armement projeté fut par la suite porté à 110 canons) et d’un certain nombre de canonnières au chantier de Kingston ; ces plans prévoyaient aussi la construction d’une frégate de 36 canons sur le lac Huron et l’achèvement de 2 bricks, de 3 frégates de 36 canons et de 11 canonnières sur le lac Champlain. À cet ambitieux programme, Hall fit un important ajout : un plan pour enlever aux unités de la marine la responsabilité du transport – laquelle responsabilité avait diminué leur efficacité au combat – grâce à la construction de 2 navires de transport armés, de 500 tonneaux chacun, de 20 canonnières, de 4 navires à mortier et de 50 bateaux pour l’armée. Il transmit cette proposition au Navy Board à la fin de décembre 1814, mais tous les plans de campagne pour 1815 devinrent inutiles quand, le 1er mars de cette année, le gouverneur général Prevost reçut la nouvelle de la ratification du traité de paix anglo-américain, signé à Gand (Belgique), la veille de Noël 1814.

La paix posa à Hall et à son personnel des problèmes sérieux et immédiats. Pour le chantier et ses dépendances, on avait engagé des dépenses de quelque £40 000, en salaires seulement, pendant l’année 1814 ; la construction du navire amiral de l’escadre du lac Ontario, le St Lawrence (lancé le 10 septembre 1814), avait coûté immensément cher, et d’énormes déboursés devaient être consentis pour les navires en construction. À Hall comme à Yeo, des coupures immédiates parurent nécessaires ; mais, en l’absence d’ordres venus de l’Angleterre et même d’une évaluation officielle de l’évolution à court terme des relations anglo-américaines, la prudence dictait le maintien d’une puissante flotte. Leur décision fut donc de mettre fin aux travaux de construction, sauf de l’un des navires de 74 canons, d’annuler les contrats et de remercier les ouvriers engagés selon les prévisions pour l’année 1815. Au printemps, les plus gros navires furent placés en réserve, et, à la fin de juillet, le commodore sir Edward Campbell Rich Owen, qui avait succédé à Yeo le 20 mars, dépêcha Hall en Angleterre pour qu’il consultât l’Amirauté sur les effectifs de la marine à envisager dans les Canadas.

Hall demeura plus d’un an en Angleterre ; pendant ce temps, le gouvernement britannique menait avec les États-Unis des négociations qui aboutirent aux accords Rush-Bagot d’avril 1817 sur la démilitarisation des lacs. Le 29 septembre 1815, Hall avait été nommé commandant des lacs et commissaire résidant à Québec ; il cumulait ainsi les deux postes supérieurs de la marine dans les Canadas. Le premier l’autorisait à se donner le titre de commodore ; le second le confirmait dans les fonctions de commissaire. Créé chevalier le 15 juillet 1816, il fut en outre honoré du titre de compagnon de l’ordre du Bain ; après quoi il retourna à Kingston le 9 septembre.

Outre d’utiles discussions concernant les effectifs devant être placés sous le commandement de Hall en temps de paix, la mission de ce dernier fut marquée par l’importante décision générale de remplacer graduellement les édifices de bois, délabrés, du chantier de Kingston par des constructions permanentes en pierre. Hall avait longtemps prôné ce projet et il entreprit de le réaliser en demandant, le 4 décembre 1816, des soumissions pour la construction d’un énorme entrepôt en pierre. Aucune soumission ne fut présentée, toutefois, les proportions de la construction la mettant bien au-dessus des possibilités d’un quelconque entrepreneur local. Le projet en resta là. À la fin du printemps de 1817, Hall eut à faire face à un problème beaucoup plus grave, et de loin. Le 29 mai, il accusait réception d’ordres, datés du 26 février, en vertu desquels toute la flotte des lacs devait être placée en réserve et les équipages licenciés. Il est à présumer qu’il reçut en même temps une lettre du 21 février qui lui ordonnait d’abandonner son poste de commandant. On ignore si Hall avait été mis au fait des intentions de son gouvernement, mais ces communications laissaient clairement présager la proclamation imminente des accords Rush-Bagot. Il assura promptement au Navy Board que ses ordres seraient exécutés le 30 juin, et il tint sa promesse. Dès lors, il ne présiderait plus aux questions navales, dans les Canadas, qu’à titre de commissaire.

Les sept derniers mois de sa vie, sir Robert Hall les consacra à l’administration de ses effectifs, réorganisés en fonction du commandement qu’il devait exercer en temps de paix, à la tâche toujours à recommencer de garder la flotte en bon état, à l’élaboration de plans pour l’amélioration du chantier et à la prise de mesures en vue du renforcement des bases auxiliaires des lacs Supérieur, Michigan et Huron. Gravement atteint d’une infection aux poumons en octobre, il se remit suffisamment pour reprendre ses fonctions pendant quelques semaines, à la fin de l’année, mais il mourut de cette maladie à son quartier de Point Frederick, le 7 février 1818. Officier affable, brave et cultivé, Hall se révéla, dans ses fonctions au Canada, un administrateur manifestement impartial, innovateur et efficace. Son fils naturel, Robert Hall, né en 1817 de Mary Ann Edwards, et sa mère, Mary Roche, héritèrent de ses biens. Son fils, baptisé le 2 novembre 1818 par George Okill Stuart*, rector de l’église anglicane St George, à Kingston, devint vice-amiral de la marine royale ; il mourut à Londres le 11 janvier 1882, après avoir servi dix ans comme secrétaire de l’Amirauté.

John W. Spurr

APC, RG 8, I (C sér.), 1–3, 8, 18. Église épiscopale du Canada, Diocese of Ontario Arch. (Kingston), St George’s Cathedral (Kingston), Reg. of baptisms, 1818. PRO, ADM 1/1953 ; ADM 42/2167–2170 ; 42/2174–2175 ; 42/2177 ; ADM 106/1997–1998 (mfm aux APC) ; ADM 107, passing certificates, index ; PROB 11/160/7/371.— Annual reg. (Londres), 1814 : 436.— Gentleman’s Magazine, janv.–juin 1818 : 260. William James, The naval history of Great Britain, from the declaration of war by France in 1793 to the accession of George IV (nouv. éd., 6 vol., Londres, 1860), 5–6.— Naval Chronicle, 24 (juill.–déc. 1810) ; 25 (janv.–juin 1811) ; 29 (janv.–juin 1813) ; 34 (juill.–déc. 1815) ; 36 (juill.–déc. 1816).— Kingston Gazette, 1814–1818.— Montreal Gazette, 1814. Frederic Boase, Modern English biography [...] (6 vol., Truro, Angl., 1892–1921 ; réimpr., Londres, 1965), 1 : 1289. G.-B., Adm., The commissioned sea officers of the Royal Navy, 1660–1815, [D. B. Smith et al., édit.] (3 vol., s.l., [1954]), 2 : 334. W. L. Clowes, The Royal Navy ; a history from the earliest times to the present (7 vol., Londres, 1897–1903) ; 5 : 522. J. M. Hitsman, Safeguarding Canada, 1763–1871 (Toronto, 1968), 115.

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John W. Spurr, « HALL, sir ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hall_robert_5F.html.

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Auteur de l'article:    John W. Spurr
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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