IRUMBERRY DE SALABERRY, ÉDOUARD-ALPHONSE D’, ingénieur militaire, né le 20 juin 1792 à Beauport, Bas-Canada, fils d’Ignace-Michel-Louis-Antoine d’Irumberry* de Salaberry et de Françoise-Catherine Hertel de Saint-François ; décédé célibataire le 6 avril 1812 à Badajoz, Espagne.

Édouard-Alphonse d’Irumberry de Salaberry était issu d’une famille de seigneurs et de militaires très en vue. Son père, seigneur, militaire, homme de lettres et bénéficiaire du patronage colonial et impérial, avait noué de nombreux liens avec l’élite francophone et anglophone de la colonie, comme avec de grandes familles anglaises et françaises. On lui reprochera d’ailleurs son souci trop évident de caser ses enfants dans de bons emplois ou de bons mariages, leur train de vie devant compter sur des revenus seigneuriaux, mais surtout sur le patronage et la carrière impériale.

Dès sa naissance, Salaberry est comblé : Mgr Charles-François Bailly* de Messein le baptise le 2 juillet 1792 en présence de son parrain, le prince Edward Augustus, et de sa marraine, Thérèse-Bernardine Mongenet*, dite Mme de Saint-Laurent, maîtresse du prince. Cet événement ne manque pas de susciter un certain scandale. Le 16 juillet 1806, le jeune Salaberry, alors âgé de 14 ans, s’embarque pour l’Angleterre à bord du Champion.

À son arrivée, Salaberry n’est pas seul. Il rencontre ses trois frères, Maurice-Roch, François-Louis et Charles-Michel*, qui séjournent régulièrement à la résidence du prince à Londres, assistent à des concerts dans sa loge personnelle, profitent de ses interventions et écoutent ses conseils. D’où la vénération qu’ils portent à leur bienfaiteur. Le prince et Mme de Saint-Laurent s’occupent d’Édouard-Alphonse comme s’il était leur fils. Ils paient sa scolarité chez un maître particulier, puis ils déboursent £100 par année pour qu’il fréquente la Royal Military Academy de Woolwich (maintenant partie de Londres). Ils l’habillent de neuf, le logent durant ses congés et ses vacances, lui donnent de l’argent de poche et divers présents, tels que de l’argent, une montre et une chaîne en or, qui représentent plusieurs centaines de livres sterling par année. À leur table, dans des réceptions et au théâtre, Salaberry rencontre plusieurs personnalités, dont le duc d’Orléans et ses frères, l’ancien lieutenant-gouverneur du Bas-Canada, sir Robert Shore Milnes*, et sa famille, le major général Frederick Augustus Wetherall, le prince de Galles, des généraux et des amiraux espagnols et anglais.

Salaberry remercie ses bienfaiteurs en s’appliquant à ses études, qu’il réussit bien d’ailleurs, et en leur manifestant sans cesse sa reconnaissance. Il fait preuve également d’un sens aigu du devoir, de simplicité, d’humour, d’affection, bref d’un mélange intéressant de qualités qui complètent sa transformation physique en un jeune homme que l’on dit grand, solide et charmant. À la fin de 1809, Salaberry fait un stage d’arpentage d’une durée de cinq à six mois avant d’effectuer son service comme ingénieur militaire. Son éducation dans un établissement protestant ne semble pas lui avoir causé de problèmes insurmontables.

Durant les guerres napoléoniennes, on retrouve Édouard-Alphonse d’Irumberry de Salaberry en Espagne où, dans la nuit du 6 avril 1812, il est fauché par une balle de mousquet en participant à l’assaut contre Badajoz avec la division légère de l’armée britannique. La veille, il avait pressenti le très grand danger qui le menaçait. Le lieutenant-colonel Richard Fletcher, qui commandait Salaberry, a bien traduit les sentiments de ceux qui le connaissaient : « Il était universellement estimé de ses frères d’armes, et tous pleurent sa mort. » Destin tragique du plus doué intellectuellement et humainement des fils Salaberry. De cette grande famille, il ne restait plus pour en perpétuer le nom que Charles-Michel. Maurice-Roch était mort en Inde en 1809, et ses parents, inconsolables, avaient songé à faire revenir François-Louis, qui périt cependant en 1811, en Inde également.

Jean-Pierre Wallot

AAQ, 210 A, VI : ff.20–37.— ANQ-Q, CE1-5, 2 juill. 1792 ; P–289, 1 ; P1000-55-1053 ; P1000-93-1905.— La Gazette de Québec, 1809–1812.— Le Jeune, Dictionnaire, 2 : 608–610.— Jean Langevin, Notes sur les archives de Notre-Dame de Beauport (Québec, 1860).— P.-G. Roy, La famille d’Irumberry de Salaberry (Lévis, Québec, 1905).— Sulte, Hist. des Canadiens français, 8 : 16s.— Henri Têtu, « Le duc de Kent parrain », BRH, 9 (1903) : 347–350.

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Jean-Pierre Wallot, « IRUMBERRY DE SALABERRY, ÉDOUARD-ALPHONSE D’ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/irumberry_de_salaberry_edouard_alphonse_d_5F.html.

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Auteur de l'article:    Jean-Pierre Wallot
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    3 déc. 2024