JOHNSON, WILLIAM ARTHUR, ministre de l’Église d’Angleterre, biologiste et éducateur, né le 10 mars 1816 aux Indes (à Bombay ou dans les environs), second fils du lieutenant-colonel John Johnson et de Dederika Memlingh ; épousa le 13 décembre 1836 Laura Eliza Jukes, dans la paroisse de Dunn, Haut-Canada ; décédé à Yorkville (dans ce qui est aujourd’hui Toronto, Ont.) le 29 décembre 1880.
Le colonel Johnson quitta l’armée active en 1819. Son fils William Arthur fit ses études en Angleterre, au Addiscombe Military College de Croydon, près de Londres. Destiné à la carrière des armes, il abandonna cette voie par la suite et, en 1835, il suivit son père qui vint s’installer dans le Haut-Canada, près de Port Maitland, où l’on était à créer un nouvel établissement.
À peine âgé de 20 ans, William Johnson se rendit compte que la colonie avait un pressant besoin de ministres de l’Église d’Angleterre. En 1848, alors qu’il habitait Yorkville, il eut une entrevue avec l’évêque, John Strachan*. Ce dernier trouva que le jeune William était un « garçon fort estimable » et l’encouragea à entrer à la Diocesan Theological Institution de Cobourg, dont Alexander Neil Bethune était le principal. Johnson suivit ce conseil et fut ordonné diacre le 26 octobre 1851 ; il accéda à la prêtrise le 10 octobre 1852.
En 1848, le docteur James Bovell était arrivé des Antilles pour exercer la médecine à Toronto. Il est possible que Johnson eût déjà connu Bovell à une époque antérieure car, lors du baptême du second fils de Johnson, Arthur Jukes, le 3 septembre 1848, Bovell était parrain, et le troisième fils reçut les prénoms de James Bovell. Les deux hommes savaient fort bien se servir d’un microscope et partageaient les mêmes goûts. De plus, tous deux s’intéressaient aux questions religieuses, et leur amitié devait durer toute leur vie.
Après avoir été ordonné diacre, Johnson fut nommé ministre officiant à l’église de Scarborough. L’année suivante, on l’envoya à Cobourg, où il demeura jusqu’au mois de mars 1855. À son retour à Yorkville, il devint l’adjoint du ministre de St Paul, John George Delhoste MacKenzie, et accepta d’assumer ces fonctions pendant un an. On parla de le nommer ministre de St Paul, mais quelques membres de la congrégation menacèrent de se retirer si l’on donnait suite à ce projet. On s’adressa alors à l’évêque Strachan, qui recommanda le retrait de Johnson et le nomma à Weston. Cette nomination dans le village de Weston pourrait être considérée comme une humiliation, mais elle donna à Johnson la possibilité de développer les talents qui ont fait sa réputation : en 1865, il fonda une école bien connue au Canada, l’internat Trinity College School, et il guida un de ses élèves, William (plus tard sir William) Osler* dans la recherche scientifique.
Au début des années 60, Johnson, qui avait trois fils à élever, fonda à Weston une petite école pour les garçons, qu’il finança lui-même. En 1864, il proposa de placer cette école sous la juridiction de l’University of Trinity College et de la nommer Trinity College School. L’université accepta, nomma Charles Howard Badgley principal, et chargea Johnson de l’administration des finances. L’école, qui ouvrit ses portes en mai 1865 avec neuf élèves, s’inspirait du régime des écoles privées anglaises : on y étudiait surtout les humanités et les mathématiques et on choisissait des « préfets » parmi les élèves les plus âgés. Johnson enseignait le français, le dessin et la peinture, mais ne touchait pas de traitement. Le cricket était le sport le plus populaire.
Johnson ne s’occupa de Trinity College School que pendant une période assez brève, qui prit fin en 1868 lors du transfert de l’école à Port Hope. De 1865 à 1869, il y eut 131 élèves. C’est Bovell qui était le médecin de l’école ; Johnson et lui, habituellement accompagnés de William Osler, qui était « préfet », passèrent bien des fins de semaine à Weston, à la recherche de spécimens qu’ils préparaient ensuite pour les étudier au microscope. Osler, sa vie durant, reconnut qu’il devait en grande partie sa réussite à l’influence qu’exercèrent sur lui Bovell et Johnson et à leur amitié.
Johnson était aussi un pasteur dévoué et acharné au travail. Il sut gagner le respect et l’affection de la majorité de ses fidèles. Toutefois, à cause de ses tendances ritualistes en matière de liturgie, il éveilla l’animosité d’une minorité énergique, qui ne se gênait pas pour exprimer son opinion. De son côté, Johnson avait son franc-parler et il était tout aussi obstiné que ses adversaires ; il semble s’être complu dans les disputes occasionnées par ce que son évêque appelait « des erreurs de jugement ».
Les parents de Johnson étaient tous deux artistes et jouissaient d’une certaine réputation. Les tableaux, les dessins et les sculptures sur bois qu’il a laissés montrent bien qu’il avait hérité de leur talent. On peut voir, à l’Academy of Medicine de Toronto, un meuble fait par Johnson lui-même, dans lequel on conserve un grand nombre de ses lamelles de microscope.
Anglican Church of Canada, Toronto Diocesan Archives, W. A. Johnson file, W. A. Johnson à l’évêque Arthur Sweatman, 6 juin 1879.— PAO, Strachan letter books, 1844–1849, 8, 316.— Trinity College Archives (Toronto), Corporation minutes, 1850–1868, 40, 52, 83, 324, 338s.— A narrative of certain circumstances which took place at St Paul’s Church, Yorkville ; to which are appended ail the correspondence and papers, which came to hand during the unhappy discussion (Toronto, 1856).— The Calendar of the University of Trinity College, Toronto, 1865–1868.— Canadian Churchman (Toronto), 14 oct. 1852.— Church (Toronto), 30 oct. 1851.— Harvey Cushing, The life of Sir William Osier (2 vol., Oxford, 1925).— F. K. Dalton, The Reverend William Arthur Johnson, clergyman, artist, architect, scientist, teacher, 1816–1880, J. of the Can. Church Hist. Soc. (Toronto), VIII (1966) : 2–15.— C. E. Dolman, The Reverend James Bovell, M.D., 1817–1880, Les Pionniers de la science canadienne, G. F. G. Stanley, édit. (« Société royale du Canada, sér. Studia Varia », IX, Toronto, 1966), 81–100.— J. B. Elliot, The Johnson cabinets in the Osier collection at the Academy of Medicine, et Norman Gwyn, The early life of Sir William Osier, in Bulletin No IX of the International Association of Medical Museums and Journal of Technical Methods (Montréal, 1926), 465–469, 109–149.— [A. J. Johnson], T. C. S. history, reminiscences of Dr A. Jukes Johnson (1865), Trinity College School Record (Port Hope, Ont.), XLIII (1940) : 45–50.
George W. Spragge, « JOHNSON, WILLIAM ARTHUR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/johnson_william_arthur_10F.html.
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Auteur de l'article: | George W. Spragge |
Titre de l'article: | JOHNSON, WILLIAM ARTHUR |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 7 déc. 2024 |