KLOTZ, OTTO JULIUS, arpenteur, fonctionnaire, astronome et auteur, né le 31 mars 1852 à Preston (Cambridge, Ontario), fils d’Otto Klotz et d’Elise (Elizabeth) Wilhelm ; le 4 décembre 1873, il épousa Marie C. Widenmann (Wiedeman), et ils eurent trois fils et une fille ; décédé le 28 décembre 1923 à Ottawa.

Otto Klotz père immigra à New York en provenance de Kiel (Allemagne) en 1837, puis s’installa à Preston. Marié en 1839 à la fille d’un fermier du canton de Wilmot, Elise Wilhelm, qui était née en Allemagne, il devint un homme prospère, à la fois brasseur, aubergiste, greffier au tribunal et éducateur. Otto Julius Klotz fréquenta la Galt Grammar School et entra à la University of Toronto en 1869 grâce à une bourse. Insatisfait de la formation scientifique offerte par cet établissement, il passa en 1870 à la University of Michigan à Ann Arbor, où il étudia auprès de l’astronome James Craig Watson*. C’est là qu’il rencontra sa future femme, Marie C. Widenmann, fille du consul d’Allemagne. Diplômé en génie civil en 1872, il retourna exercer la profession d’arpenteur à Preston. Bientôt reçu arpenteur des terres du dominion, il obtint le 19 novembre 1877 le titre plus convoité d’arpenteur topographe du dominion.

En 1879, Klotz fut engagé sous contrat comme arpenteur par le département fédéral de l’Intérieur. Il travailla d’abord dans les Prairies, mais dirigea en 1884 une expédition à la baie d’Hudson en vue de déterminer s’il y avait un port où pourrait être localisé un terminus ferroviaire [V. Andrew Robertson Gordon*]. À compter de 1885, il arpenta des sections de la ceinture du chemin de fer canadien du Pacifique dans toute la Colombie-Britannique. Pour relier ces levés au quadrillage des Prairies, il fallait calculer des latitudes et des longitudes à l’aide d’observations astronomiques. Faute de ligne télégraphique transcanadienne, Klotz choisit Seattle comme base astronomique et, en se servant des télégraphes de l’Ouest pour transmettre des données stellaires à partir d’autres points, il progressa vers l’intérieur de la province, de Victoria jusqu’à Revelstoke. En 1889, le gouvernement fédéral le dépêcha dans l’enclave de l’Alaska pour qu’il vérifie si les États-Unis empiétaient sur un territoire réputé britannique. Klotz soutint la position américaine sur la frontière continentale de l’enclave. Ce ne serait donc pas lui mais William Frederick King* qui obtiendrait le poste de représentant du gouvernement britannique au moment de la formation de la commission des frontières entre les deux pays en 1892.

Au cours de ses nombreuses années d’arpentage dans l’Ouest, Klotz avait travaillé avec King, l’inspecteur en chef des levés au département de l’Intérieur, et avec Édouard Deville, l’arpenteur général. En 1890, King accéda à la fonction d’astronome en chef et, avec Deville, il établit un petit observatoire à Ottawa. Tous deux invitèrent Klotz, qui habitait encore Preston en hiver, à faire partie de l’équipe. Klotz élut domicile à Ottawa en 1892 sans abandonner ses travaux sur le terrain. En 1893–1894 par exemple, il fit des levés dans la région de la rivière Unuk et du canal Bradfield, dans l’enclave de l’Alaska. En 1896, il obtint sa permanence dans la fonction publique à titre de premier commis et astronome. Vers la fin de la décennie, il collabora étroitement avec King à l’organisation de l’Observatoire national d’astronomie du Canada, malgré leurs profondes divergences d’opinions sur l’emplacement et la nature de l’établissement. En 1903–1904, pendant la construction de l’observatoire, Klotz se rendit dans le Pacifique Sud pour déterminer la longitude de points situés le long du câble télégraphique qui reliait Vancouver à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande et qui faisait partie des liens de communication entre les territoires de l’Empire britannique. À son retour, l’observatoire était presque achevé.

Dans les dix années suivantes, Klotz travailla surtout en géophysique, domaine dans lequel il n’avait pas de formation mais qui l’intéressait beaucoup. Non seulement avait-il déjà fait des observations magnétiques au cours de son expédition à la baie d’Hudson, mais il avait procédé à des mesures gravimétriques au Canada en 1902 et dans le Pacifique Sud. À compter de 1907, il dirigea une étude magnétique d’envergure nationale (étude sur le terrain visant à mesurer, en divers points géographiques, la déclinaison, l’inclinaison et la puissance magnétiques, pour les comparer ensuite aux calculs de l’observatoire). La sismologie, science alors nouvelle, l’attirait particulièrement, et il poussa plus loin l’étude de l’une de ses branches, les microséismes. À la suite du tremblement de terre survenu à San Francisco en 1906, l’American Association for the Advancement of Science forma un comité de sismologie. Klotz en faisait partie. Il persuada le gouvernement du Canada d’adhérer à l’International Seismological Association en 1907 et il représenterait le Canada à plusieurs conférences internationales de sismologie. Grâce à Klotz, qui fut nommé astronome en chef adjoint le 1er avril 1911, l’Observatoire national d’astronomie du Canada devint l’une des principales stations sismologiques au monde. L’observatoire émettait des bulletins sur les tremblements de terre et installa des sismographes dans tout le pays.

À la mort de King en 1916, Klotz semblait devoir lui succéder, mais l’hostilité dont les Allemands étaient la cible à cause de la guerre l’empêcha d’être nommé tout de suite. Durant près d’un an et demi, l’observatoire et la Commission géodésique du Canada furent plutôt dirigés par l’ex-secrétaire de King, Wilbert Simpson, qui n’était pas un homme de science. Cette période fut marquée par de nombreuses dissensions internes qui sapaient le moral du personnel. À l’été de 1917, toute l’équipe scientifique signa à l’intention du ministre de l’Intérieur, William James Roche*, un mémoire en faveur de Klotz, qui fut nommé officiellement astronome en chef en septembre. Entre-temps, la tentaculaire direction de l’astronomie, dont relevaient l’observatoire, la Commission géodésique, les levés frontaliers et le nouvel Observatoire fédéral d’astrophysique de Victoria, s’était fractionnée. Des désaccords avec Noel John Ogilvie, de la Commission géodésique, et avec John Stanley Plaskett*, de l’observatoire de Victoria, assombrirent les débuts de l’administration de Klotz. Les départs de membres du personnel sous Simpson et Klotz nécessitèrent quelques remaniements, surtout dans les services de géophysique. Lorsque le Canada adhéra à la nouvelle International Geodetic and Geophysical Union et à l’International Astronomical Union, Klotz devint membre d’office des comités nationaux qui furent formés. Il fit partie de la délégation officielle du Canada aux premières assemblées des deux organismes, qui se tinrent à Rome en 1922. Pendant la dernière année de son mandat, des problèmes cardiaques limitèrent sa capacité de travail. Décédé en décembre 1923, il laissait dans le deuil sa femme et deux fils, dont l’un, Oskar*, connut la notoriété en tant que pathologiste.

Otto Julius Klotz semble avoir eu une forte personnalité. Bon nombre de gens l’aimaient ; d’autres le trouvaient très déplaisant. Il avait une haute opinion de lui-même et supportait mal la bêtise. La musique l’aidait à meubler ses temps libres. Sa femme, Marie, lui causa du souci au début de la guerre à cause de ses déclarations en faveur de l’Allemagne. Cependant, ils paraissent avoir formé un couple uni.

Sur le plan professionnel, Klotz fut toujours un organisateur. Premier président de l’Association of Dominion Land Surveyors de 1882 à 1886, il prit une part active à la formation des associations d’arpenteurs du Manitoba et de l’Ontario. À compter de 1885, il fut examinateur des arpenteurs des terres du dominion en Colombie-Britannique et, de 1887 à son décès, il appartint au bureau des examinateurs des arpenteurs du dominion. En outre, il occupa la présidence de l’Association of Mechanics’ Institutes of Ontario en 1884–1885. À Ottawa, on le considérait comme le fondateur de la Carnegie Library, et il fut président du Canadian Club et de l’Ottawa Literary and Scientific Society. Membre de la Société royale du Canada, de l’American Association for the Advancement of Science et de la Royal Astronomical Society en Angleterre, il fut président de la Société royale d’astronomie du Canada en 1908, vice-président de l’American Astronomical Society en 1920 et, la même année, président de la Seismological Society of America. La University of Toronto lui décerna un doctorat honorifique en droit en 1904 ; la University of Pittsburgh fit de même en 1916. En 1913, il reçut un doctorat honorifique ès sciences de la University of Michigan. Outre ses rapports officiels, souvent remplis de calculs détaillés, il écrivit près d’une centaine de textes, dont bon nombre d’articles de vulgarisation. Il avait du talent pour les conférences scientifiques. On peut lire dans sa nécrologie parue dans l’Ottawa Citizen : « Lorsqu’il parlait en public, sa verve et son charme conquéraient d’emblée son auditoire. »

Otto Julius Klotz dirigea l’Observatoire national d’astronomie du Canada pendant trop peu de temps pour y faire sa marque sur le plan organisationnel. Toutefois, l’impulsion qu’il donna à la géophysique – discipline dont la pratique ne va peut-être pas de soi dans un établissement d’astronomie – aida le gouvernement du Canada à se distinguer, par la suite, dans la recherche en ce domaine.

Richard A. Jarrell

Les papiers concernant la carrière d’Otto Julius Klotz sont conservés à BAC, MG 30, B13. Ses journaux personnels, rédigés sans interruption de 1866 jusqu’à sa mort, constituent la partie la plus importante de cette collection. On trouve des photographies de Klotz à BAC, notamment sous les cotes PA-12295, PA-27800, PA-43037 et C-131090. Les rapports officiels de Klotz à titre d’arpenteur sont inclus dans les rapports annuels du dép. de l’Intérieur (Canada, Parl., Doc. de la session), qui comprennent aussi ceux qu’il a rédigés en tant qu’astronome en chef, ainsi que dans les Pubs. de l’Observatoire national d’astronomie du Canada. Entre 1905 et 1921, Klotz a rédigé environ 50 articles, surtout des textes de vulgarisation en géophysique, pour le Journal (Toronto) de la Société royale d’astronomie du Canada.

AO, RG 22-354, nº 11510 ; RG 80-8-0-161, nº 17966 ; RG 80-8-0-915, nº 11278.— BAC, RG 2, 4, vol. 49, nº 2756.— Galt Reporter (Galt, Ontario), 8 juill. 1892.— Ottawa Citizen, 29 déc. 1923.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1898, nº 16b : 20 ; 1914, nº 25, part. iii : 49 ; 1918, nº 30 ; 1919, nº 30 : 182.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— J. H. Hodgson, The heavens above and the earth beneath : a history of the dominion observatories (2 vol., Ottawa, 1989–1994), 1.— R. A. Jarrell, The cold light of dawn : a history of Canadian astronomy (Toronto, 1988).— J. E. Middleton et Fred Landon, The province of Ontario : a history, 1615–1927 (5 vol., Toronto, 1927–[1928]), 3 : 171–174.— R. M. Stewart, « Dr Otto Klotz », Société royale d’astronomie du Canada, Journal (Toronto), 18 (1924) : 1–8.— D. W. Thomson, l’Homme et les méridiens : histoire de l’arpentage et de la cartographie au Canada (3 vol., Ottawa, 1966–1969), 2–3.— Who’s who in Canada, 1922.

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Richard A. Jarrell, « KLOTZ, OTTO JULIUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/klotz_otto_julius_15F.html.

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Auteur de l'article:    Richard A. Jarrell
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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