LUGRIN, GEORGE KILMAN, imprimeur, fonctionnaire et propriétaire de journaux, né vers 1792 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, fils du loyaliste Peter Lugrin ; le 5 février 1815, il épousa dans la même ville Deborah Ann Smiler ; décédé le 12 mai 1835 à Fredericton.

En 1807, George Kilman Lugrin était crieur de journaux et apprenti imprimeur à Saint-Jean, dans l’atelier de Jacob S. Mott*, qui l’année suivante succéda à John Ryan* comme imprimeur du roi et propriétaire de la Royal Gazette, and New-Brunswick Advertiser. Un des premiers écrits de Lugrin est un poème daté du 1er janvier 1808 dans lequel « George, comme c’est la coutume chez les vendeurs de journaux, renouvelle ses vœux du Nouvel An ». En 1813, il était déjà citoyen de la ville et imprimeur qualifié, toujours chez Mott.

La mort de son employeur en janvier 1814 donna lieu à plusieurs changements. La veuve de Mott, Ann, se vit refuser la charge d’imprimeur du roi parce qu’elle était une femme et, au printemps, Lugrin obtint ce poste, apparemment à la condition de s’installer à Fredericton, où il n’y avait alors aucun journal. En avril, il annonça qu’il commencerait à publier dans cette ville dès que sa presse et ses caractères d’imprimerie seraient arrivés d’Angleterre et que, d’ici là, avec la permission du président du Conseil du Nouveau-Brunswick, Martin Hunter*, il réserverait une page de la City Gazette de William Durant à la New-Brunswick Royal Gazette. Ce fut seulement le 10 mars 1815 que son journal, qui présentait à la fois des avis officiels du gouvernement et des nouvelles d’intérêt général, commença de paraître à Fredericton. Marié un mois auparavant, Lugrin s’installa dans la capitale où il établit une tradition journalistique qui allait durer jusqu’au début du xxe siècle.

Lugrin appartenait à ce que l’on appela une « nouvelle génération d’imprimeurs », dégagée des débats qui avaient entouré la fondation du Nouveau-Brunswick aussi bien que de la politique des loyalistes. Ces imprimeurs s’intéressaient avant tout à l’actualité provinciale. Même si les nouvelles étrangères avaient encore leur place, leurs journaux parlaient surtout du Nouveau-Brunswick : politique provinciale et municipale, échos des tribunaux, activité économique, naissances, mariages et décès. Le doyen de ce groupe était Henry Chubb*, qui avait fait son apprentissage chez Mott en même temps que Lugrin. Les liens qui unissaient Lugrin et Chubb dépassaient le cadre professionnel : le 14 juillet 1816, ce dernier épousa Jane Lugrin, sœur de son confrère.

Comme les journaux privilégiaient les nouvelles locales, il n’était pas rare qu’ils choquent des susceptibilités. Lugrin allait connaître des conflits de plus en plus orageux en qualité d’imprimeur du roi et être mêlé à plusieurs procès touchant surtout ses affaires, mais où les rivalités personnelles masquaient souvent les questions en litige. La poursuite qu’il intenta en 1828 contre le distingué John Simcoe Saunders* contribua peut-être à lui faire perdre son poste en 1829. Quatre ans plus tard, le 18 mai 1833, il lança à Fredericton un autre journal, le Watchman, qui avait pour règle d’action : « Nous mettrons en lumière l’oppression officielle et passerons au crible toutes les manigances du gouvernement. Comme une vigie, nous surveillerons les hommes publics et, sans crainte ni servilité, nous critiquerons ou louerons les mesures publiques, selon leur mérite. » Lugrin s’allia à Lemuel Allan Wilmot*, réformateur et critique passionné du gouvernement, qui écrivit plusieurs articles pour le journal ; cependant, Lugrin dut renoncer à sa collaboration par crainte de représailles officielles. Déjà, une « lente maladie » avait commencé à le miner. Lugrin mourut le 12 mai 1835, à l’âge de 43 ans, et le Watchman ne lui survécut pas.

La famille de George Kilman Lugrin continua d’œuvrer dans le journalisme jusqu’au début du xxe siècle. Son fils, Charles S. Lugrin, fut propriétaire et rédacteur en chef de l’Express de Fredericton en 1863, puis du Colonial Farmer de 1863 à 1877. Le fils de celui-ci, Charles Henry Lugrin, travailla pour plusieurs journaux, fonda le Herald de Fredericton en 1882 et fut rédacteur en chef du Colonist de Victoria, en Colombie-Britannique, de 1897 à 1902.

Carl M. Wallace

Musée du N.-B., G. J. Dibblee papers ; Saint John, reg. of voters, 17851869.— City Gazette (Saint-Jean, N.-B.), 18 avril 1814.— New-Brunswick Courier, 11 févr. 1815, 16 mai 1835.Royal Gazette (Fredericton), 10 mars 1815–21 juill. 1829, 13 mai 1835.— J. R. Harper, Historical directory of New Brunswick newspapers and periodicals (Fredericton, 1961).— H. J. Morgan, The Canadian men and women of the time : a hand-book of Canadian biography of living characters (2e éd., Toronto, 1912).— Hannay, Hist. of N.B.— Lawrence, Judges of N.B. (Stockton et Raymond).— MacNutt, New Brunswick.

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Carl M. Wallace, « LUGRIN, GEORGE KILMAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/lugrin_george_kilman_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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