MILLS, HARRIET ANN (Roche ; Boomer), auteure et réformatrice sociale, née le 10 juillet 1835 à Bishop’s Hull, Angleterre, deuxième fille de Thomas Milliken Mills, solicitor, et d’Ann Benton ; le 11 mars 1858, elle épousa à Staplegrove, Angleterre, Alfred Robert Roche, puis le 17 novembre 1878, à New York, Michael Boomer* ; elle n’eut pas d’enfants ; décédée le 1er mars 1921 à London, Ontario.

On sait peu de chose sur les premières années de Harriet Ann Mills, mais elle reçut une bonne éducation, probablement de sa mère, qui dut prendre des élèves après être devenue veuve à l’âge de 25 ans. Harriet Ann et sa sœur Mary Louisa vinrent au Canada en 1851 en compagnie de leur mère, qui avait accepté de diriger l’école St Cross à la Rivière-Rouge (Manitoba). En 1857, Harriet Ann et sa mère rentrèrent en Angleterre ; Mary Louisa resta au Canada, car elle avait épousé Francis Godschall Johnson*. Mme Mills prit un poste au Queen’s College de Londres. Harriet Ann étudia dans cet établissement, probablement jusqu’à ce qu’elle épouse le géologue Alfred Robert Roche, qui avait passé quelque temps au Canada, et s’installe avec lui dans le Hertfordshire. En 1875, le couple partit pour le Transvaal afin d’aller inspecter les concessions minières de Roche. Celui-ci tomba malade et mourut en mer en 1876 au cours de leur voyage de retour. Pour subvenir à ses besoins, Harriet Ann Mills écrivit On trek in the Transvaal : or, over berg and veldt in South Africa, qui parut à Londres en 1878.

Toujours en 1878, Harriet Ann Mills épousa le révérend Michael Boomer, directeur du Huron College à London, en Ontario. Elle ne tarda pas à s’engager dans des activités religieuses et des opérations de financement. Ainsi, pour venir en aide au collège, elle rédigea Notes from our log in South Africa […], publié à London en 1880. Redevenue veuve en 1888, elle prit la même année une grande part à la création du London Convalescent Home et y fut élue présidente du conseil d’administration. En octobre 1893, à Toronto, elle assista à l’assemblée de fondation du National Council of Women of Canada, auquel elle consacrerait le plus gros de ses énergies. Elle joua un rôle important à l’assemblée inaugurale du London Local Council of Women le 14 février 1894. Ces deux assemblées se tinrent sous l’autorité de la présidente du National Council, lady Aberdeen [Marjoribanks*]. Mme Boomer rendait souvent visite à lady Aberdeen et à son mari, le gouverneur général, et s’enorgueillissait de leur amitié. Lady Aberdeen a dit à son sujet : « [elle était] un atout précieux pour notre Conseil national, car son tact et son sens de l’humour nous ont aidées à éviter bien des écueils ». Mme Boomer fut présidente du conseil de London de 1897 à 1920, ce qui est sans doute un record parmi les présidences locales. À titre de vice-présidente ontarienne du National Council, elle assista à la plupart des assemblées annuelles de l’organisme, où elle présenta souvent des propositions et des communications, et se rendit en 1899 au Congrès international féministe en Angleterre.

L’intérêt que Harriet Ann Boomer et le London Local Council of Women portaient à la santé se manifesta de bien des façons. Quand, en 1898, la municipalité envisagea de bâtir un nouvel hôpital sans aile réservée aux enfants, Mme Boomer aida à trouver des fonds pour en créer une dans le futur établissement, le Victoria Hospital, qui engloberait l’ancien bâtiment. En 1906, elle joua, avec les autres membres du Local Council, un rôle important dans la création d’une section du Victorian Order of Nurses et assuma la présidence du conseil d’administration. En 1919, le Local Council soutint sans réserve la collecte de fonds organisée par l’Imperial Order Daughters of the Empire pour la construction d’un nouvel hôpital pour enfants. Cet hôpital remplacerait le pavillon, qui était surpeuplé, et serait érigé à la mémoire des victimes de la guerre.

Les membres du London Local Council of Women étaient fières de leurs contributions patriotiques. En 1900, Mme Boomer avait fondé la première section de la Red Cross Society à London en vue d’envoyer de l’aide aux soldats engagés dans la guerre des Boers. Après un hiatus de quelques années, cette section fut relancée en 1914 – sous la présidence de lady Beck et la présidence honoraire de Mme Boomer – et elle recueillit près de un million de dollars pendant la Première Guerre mondiale. En septembre 1914, Mme Boomer fut conseillère à la rédaction pour le numéro du London Advertiser consacré au Belgian Relief Fund. Fervente impérialiste, elle convainquit le conseil scolaire de London d’acheter 5 000 exemplaires de la brochure intitulée The history of our flag, par Clementina Fessenden [Trenholme*], pour les distribuer.

Harriet Ann Boomer croyait beaucoup à l’instruction des femmes et estimait que, partout dans le monde, elles devaient avoir plus de chances de se faire valoir. « [Il faut] cultiver toujours davantage ce sens des affaires dont les hommes sont censés avoir le monopole, mais dont nous, femmes, ne sommes pas dépourvues », soutenait-elle dans le rapport annuel du National Council. Il importait en particulier que les femmes réussissent dans leurs études et entrent dans les carrières qui s’ouvraient à elles dans les années 1900. L’étude de l’économie domestique était jugée particulièrement utile. Sous la présidence de Mme Boomer, le Local Council exerça des pressions sur le conseil scolaire de London pour que cette matière soit inscrite au programme, ce qui fut fait en 1905.

Les féministes de la fin du xixe siècle croyaient nécessaire que des femmes appartiennent aux conseils scolaires parce qu’elles étaient les éducatrices naturelles des enfants. En toute logique, Mme Boomer faisait remarquer au conseil scolaire de London que des femmes avaient prouvé leur compétence dans des œuvres de charité et appartenu à des conseils ailleurs. Elle devint donc, en 1898, la première femme membre du conseil scolaire de London. Au cours de son mandat de trois ans, elle « apprit la plus dure leçon pour une femme – garder le silence ». Peut-être ne l’assimila-t-elle pas suffisamment puisqu’elle ne fut pas nommée pour un autre mandat et que le poste de conseillère ne fut pas occupé de nouveau avant 1919.

Fervente anglicane, Harriet Ann Boomer milita dans bon nombre d’organisations religieuses, dont la Mothers’ Union de l’église Cronyn Memorial, la Woman’s Auxiliary de la Société des missions de l’Église anglicane en Canada et la Women’s Christian Association. « Toute son œuvre s’inspirait de sa foi profonde et de sa fidélité à Jésus-Christ », a dit l’évêque de Huron, David Williams*.

Les longues années durant lesquelles Harriet Ann Mills Boomer servit avec désintéressement des causes religieuses, caritatives et éducatives à London montraient que les femmes avaient un rôle à jouer dans les affaires publiques et non pas seulement dans la sphère privée. Son énergie lui attira des inimitiés, mais à l’époque, une femme devait être énergique pour se faire entendre. Peut-être sa plus grande qualité était-elle son aptitude à affronter toutes les situations « avec un courage indomptable [et] un rire constant grâce auquel elle resta toujours jeune de cœur », pour reprendre les termes de l’Advertiser. Elle mourut à l’âge de 85 ans et fut inhumée au cimetière Woodland.

Joan Kennedy

En plus des ouvrages cités, Harriet Ann Boomer a écrit Little Miss Ellerby and her big elephants : respectfully dedicated to all whom it may concern ([London, Ontario, 188 ?]), opuscule qui raconte un rêve d’enfant et qui en fait un appel à une action commune pour réduire une dette paroissiale.

AO, RG 22-321, nº 15080 ; RG 80-8-0-826, nº 21017.— GRO, Reg. of marriages, Taunton, 11 mars 1858.— London Public Library, London Room (London, Ontario), Materials pertaining to Harriet Boomer.— London Advertiser, 5 mars 1888, 15 févr. 1894, 2, 4 mars 1921.— London Free Press, 3 déc. 1897, 8 avril 1898, 17 mars 1900, 25 janv. 1902, 7 mars 1952.— F. H. Armstrong, The Forest City : an illustrated history of London, Canada (Northridge, Calif., 1986).— T. F. Bredin, « The Red River Academy », Beaver, outfit 305 (hiver 1974) : 10–17.— Canadian who’s who, 1910.— W. E. Corfield, To alleviate suffering : the story of Red Cross in London, Canada, 1900–1985 (London, 1985).— Joan Kennedy, « The London Local Council of Women and Harriet Ann Boomer » (mémoire de m.a., Univ. of Western Ontario, London, 1989).— [I. M. Marjoribanks Hamilton-Gordon, marquise d’] Aberdeen [et Temair], The Canadian journal of Lady Aberdeen, 1893–1898, J. T. Saywell, édit. (Toronto, 1960).— National Council of Women of Canada, Annual report ([Ottawa]), 1897.— J. R. Sullivan et N. R. Ball, Growing to serve : a history of Victoria Hospital, London, Ontario (London, 1985).— Types of Canadian women [...], H. J. Morgan, édit. (Toronto, 1903).

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Joan Kennedy, « MILLS, HARRIET ANN (Roche ; Boomer) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mills_harriet_ann_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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