MONTRESOR (Montrésor), JOHN, ingénieur militaire, né le 22 avril 1736 à Gibraltar, fils de James Gabriel Montresor et de Mary Haswell ; le 1er mars 1764, à New York, il épousa Frances Tucker, et six des enfants nés de ce mariage leur survécurent ; décédé le 26 juin 1799 à la prison de Maidstone, Angleterre.

John Montresor fut élevé à Gibraltar où son père, ingénieur en chef de cette colonie, lui enseigna probablement les rudiments du génie militaire. Il vint en Amérique du Nord en 1754 quand son père fut affecté au poste d’ingénieur en chef dans l’armée du major général Edward Braddock. Nommé enseigne dans le 48e d’infanterie en mars 1755 et ingénieur en juin, Montresor fut blessé au cours de la bataille du 9 juillet de la même année qui mit fin à la malheureuse expédition menée par Braddock contre le fort Duquesne (Pittsburgh, Pennsylvanie) [V. Jean-Daniel Dumas]. Durant la plus grande partie de l’année 1756, Montresor effectua des travaux au fort Edward (appelé parfois fort Lydius ; aujourd’hui Fort Edward, New York), et, l’année suivante, il se joignit à l’expédition que lord Loudoun dirigea en vain contre Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton). Montresor fut officiellement nommé ingénieur exerçant en mai 1758, mais il perdit ensuite son poste au sein du 48e régiment. Accompagnant l’expédition d’Amherst contre Louisbourg au mois de juin, il contribua à la prise de la forteresse. Il demeura sur place après la capitulation et, en mars 1759, il prit la tête d’une troupe d’éclaireurs qui se rendit aux lacs Bras d’Or afin de rechercher des fugitifs acadiens.

Plus tard au cours de la même année, Montresor fit partie de l’expédition menée par Wolfe* sur Québec. Durant le siège, il se lia d’amitié avec le général et il fit de lui un dessin de profil que l’on publia en 1783. Après la chute de Québec, il demeura dans cette ville sous le commandement de Murray et on l’employa à faire l’inventaire des ressources disponibles dans les campagnes, à désarmer les miliciens canadiens et à faire prêter le serment d’allégeance. En janvier 1760, il effectua un pénible voyage par voie de terre afin de remettre des dépêches au quartier général de l’armée dans les colonies américaines, et, à l’été, il accompagna l’avant-garde des troupes de Murray qui marchait sur Montréal.

Montresor resta quelque temps au Canada après la Conquête. En 1761, il visita la région inconnue qui s’étendait de Québec à la rivière Kennebec (Maine). Le récit qu’il fit de ce voyage tomba par la suite sous la main de Benedict Arnold* qui l’utilisa comme guide lors de son expédition contre Québec en 1775. Murray, contre qui il nourrissait une profonde antipathie et qu’il tenait pour « un fou », le fit travailler à la préparation d’une immense carte du Saint-Laurent qui fut connue sous le nom de « carte de Murray ». Le partage de la responsabilité et du mérite de cette œuvre provoqua des querelles entre Montresor et deux autres ingénieurs, Samuel Jan Holland* et William Spry.

En 1763, Montresor fut affecté à New York mais, au moment du soulèvement de Pondiac*, il revint au Canada quand il fut chargé par Amherst d’aller porter des dépêches au major Henry Gladwin qui subissait un siège à Détroit. L’année suivante, il fut affecté à l’expédition que le colonel Bradstreet conduisait à Détroit ; il fut alors nommé ingénieur en chef et commandant d’un détachement de volontaires canadiens, la première troupe de ce genre recrutée pour servir dans l’armée britannique. Les forces devaient se regrouper au fort Niagara (près de Youngstown, New York), où Montresor passa l’été à construire des fortifications le long de la rivière Niagara, y compris le premier fort Érié (Fort Erie, Ontario).

Au retour d’un voyage qu’il fit en Angleterre en 1766, Montresor fut promu lieutenant-capitaine et nommé premier maître de caserne du Board of Ordnance en Amérique. Il était à Boston lorsque la guerre d’Indépendance américaine éclata et, au cours des années qui suivirent, il servit plusieurs fois à titre d’ingénieur en chef en Amérique. Il fut promu capitaine en janvier 1776. En octobre 1778, il regagna l’Angleterre et quitta l’armée.

Montresor vécut assez longtemps pour voir plusieurs de ses fils accéder à de hautes fonctions dans l’armée, mais ses dernières années furent orageuses. Durant la dernière partie de sa carrière, il développa de l’animosité contre l’armée et le Board of Ordnance parce qu’ils ne lui avaient pas accordé le grade auquel ses réalisations et ses capacités, pensait-il, lui donnaient droit. Or, si son talent et l’importance de ses travaux ne peuvent être mis en doute, son journal révèle qu’il était d’une arrogance qui contribua sans doute à réduire ses chances d’avancement. Son amertume, la possibilité qu’il avait d’affecter d’énormes sommes d’argent à l’achat des matériaux de construction et le manque de rigueur du système de vérification des comptes l’amenèrent probablement à profiter de son poste d’ingénieur en chef pour amasser une petite fortune. Quatre ans après son retour en Angleterre, toutefois, ses comptes furent soumis à un examen très minutieux et les vérificateurs lui réclamèrent £50 000 du montant d’environ £250 000 qu’il avait touché pour ses dépenses. Montresor contesta cette décision, mais le gouvernement finit par recouvrer £48 000, après avoir saisi et vendu ses biens, dont une maison à Londres et des terres dans le comté de Kent. Il mourut en prison où il avait été mis, semble-t-il, parce qu’il devait encore de l’argent aux autorités.

R. Arthur Bowler

Il existe un portrait de John Montresor par John Singleton Copley au Detroit Institute of Arts. On connaît quatre copies de la carte du Saint-Laurent sur laquelle Montresor a travaillé. La Cléments Library et les APC en possèdent chacune une et la BL, les deux autres.

John Montresor a laissé des archives privées utilisées par G. D. Scull dans sa préparation de « The Montresor journals » et par un descendant de Montresor, F. M. Montrésor, dans la préparation de son article pour la CHR. Il n’existe pas d’inventaire de ces documents et D. W. Marshall de la Cléments Library rapporte que leur propriétaire ne leur en permit pas l’accès. La correspondance officielle de Montresor est éparse dans : Amherst papers (WO 34), War Office papers (WO 1), Ordnance Office papers (WO 44), Audit Office papers (AO 12) au PRO ; Haldimand papers (Add. mss 21 661–21 892) à la BL ; Thomas Gage papers à la Cléments Library. [r. a. b.]

[John Montresor], Journal of John Montresor’s expédition to Detroit in 1763, J. C. Webster, édit., SRC Mémoires, 3e sér., XXII (1928), sect. ii : 8–31 ; Lt. John Montresor’s journal of an expédition in 1760 across Maine from Québec, New England Hist. and Geneal. Register, XXXVI (1882) : 29–36. The Montresor journals, G. D. Scull, édit., N. Y. Hist. Soc., Coll., [3e sér.], XIV (1881).

DAB.— DNB.— R. A. Bowler, Logistics and the failure of the British army in America, 1775–1783 (Princeton, N.J., 1975), 175–178.— F. M. Montrésor, Captain John Montrésor in Canada, CHR, V (1924) : 336–340.— F. H. Severance, The achievements of Captain John Montresor on the Niagara and the first construction of Fort Erie, Buffalo Hist. Soc., Pubs. (Buffalo, N. Y.), V (1902) : 1–19.-J. C. Webster, Life of John Montresor, SRC Mémoires, 3e sér., XXII (1928), sect. ii : 1–8.

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R. Arthur Bowler, « MONTRESOR (Montrésor), JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/montresor_john_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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