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NICHOLLS, FREDERIC THOMAS, homme d’affaires, éditeur, homme politique et fonctionnaire, né le 22 novembre 1855 à Londres, fils de Thomas William Nicholls, orfèvre, et d’Elizabeth Pitkin ; le 29 mai 1875, il épousa à Ottawa Florence Theresa Mary Graburn (décédée le 27 avril 1909), et ils eurent quatre fils et trois filles ; décédé le 25 octobre 1921 à Toronto.
On ne sait pas grand-chose des premières années de Frederic Thomas Nicholls. Les nécrologies mentionnent qu’il avait été « bon au billard dans sa jeunesse » et avait fait « quelques études » à Stuttgart (Allemagne) quoique, apparemment, il n’ait eu aucune formation professionnelle. Arrivé à Montréal en 1874, il s’installa à Ottawa peu après. Au moment de son mariage avec la fille d’un fonctionnaire du département de la Marine et des Pêcheries, il était marchand commissionnaire. Ambitieux et avisé, ce vendeur né lança en juin 1880 l’Industrial World and National Economist, dont il resta directeur après s’être installé à Toronto l’année suivante. Le périodique, rebaptisé en janvier 1882 Canadian Manufacturer and Industrial World, continuerait d’être publié sous sa direction jusqu’en 1894. En plus, Nicholls assuma en 1886 la fonction de secrétaire à l’Ontario Manufacturers’ Association (qui prit, dans le courant de l’année, le nom de Canadian Manufacturers’ Association) et l’exerça jusqu’en 1891.
Au cours de cette période, le Canadian Manufacturer and Industrial World devint l’organe officiel de la Canadian Manufacturers’ Association. Conformément à la position de cet organisme et à ses propres penchants conservateurs, Nicholls soutenait la protection tarifaire afin d’encourager la croissance industrielle. Vers 1886, avec Henry Stark Howland*, il ouvrit dans la rue Front des bureaux à l’enseigne de la Permanent Exhibition of Manufacturers and Commercial Exchange. Nommé un des vice-présidents du Toronto Press Club en 1889, il fit l’acquisition de l’Evening Star en 1895 – pour soutenir la Toronto Railway Company et la circulation de ses tramways le dimanche – et resta propriétaire de ce journal jusqu’en 1899. Au cours de la réorganisation de la Canadian Manufacturers’ Association en 1900, il présida le comité chargé de lancer le mensuel de l’organisme, l’Industrial Canada.
À cause de son affiliation au Canadian Manufacturer and Industrial World, à la Canadian Manufacturers’ Association et à la Permanent Exhibition of Manufacturers and Commercial Exchange, Nicholls fit la connaissance de grands hommes d’affaires torontois. En quête de nouvelles occasions, il paria que l’industrie de l’électricité, alors naissante, avait un bel avenir [V. John Joseph Wright]. Il organisa un syndicat où l’on trouvait notamment Wilmot Deloui Matthews* et dont la première création fut, en 1889, la Toronto Incandescent Electric Light Company Limited. Dirigée par Nicholls à partir de ses bureaux de la rue Front, cette entreprise productrice de vapeur prit en charge une société d’éclairage à arc qui était en difficulté et appartenait à Henry Mill Pellatt*, la Toronto Electric Light Company. En 1891, Nicholls s’intégra aussi à la Toronto Construction and Electric Supply Company. Aucune de ces sociétés ne mit au point de produits ou de services brevetés – elles passaient des contrats de concession avec des compagnies américaines aux techniques éprouvées –, mais elles avaient le monopole sur l’offre d’énergie et d’éclairage, et ce monopole unissait les trois hommes qui domineraient l’industrie à Toronto durant une décennie : Nicholls, Pellatt et William Mackenzie, dont la Toronto Railway Company était la plus grosse consommatrice d’électricité en Ontario.
Nicholls acquit encore plus d’importance en tant qu’intermédiaire entre le monde de la finance et celui de la technique en prenant la direction de la Canadian General Electric Company Limited. Formée en 1892, cette société regroupait les activités canadiennes de plusieurs entreprises : l’Edison General Electric, l’Edison Electric Light, la Thomson-Houston International Electric et la Toronto Construction and Electric Supply. Au moment de la nomination de Nicholls, la Canadian General Electric Company Limited transféra son siège social de Montréal à Toronto, où elle fournissait des générateurs à la Toronto Railway Company. L’ingénieur Edward Montague Ashworth dirait de Nicholls qu’il incarnait « l’idée [qu’il se faisait alors] d’un gros bonnet » : les chefs de service se précipitaient dès que Nicholls les convoquait par téléphone. La Canadian General Electric Company Limited était censée être une filiale sous contrôle américain, mais ses investisseurs canadiens achetèrent la majorité des titres en 1895 et, vers 1900, Nicholls assuma la deuxième vice-présidence en plus de la direction. Éloquent promoteur de l’électricité, il fut en 1896–1897 président de la National Electric Light Association of the United States, dont il fit tenir le congrès annuel à Niagara Falls, en Ontario, en 1897.
Du fait de son association avec Mackenzie dans les années 1890, Nicholls se retrouva à la présidence de bon nombre des sociétés ferroviaires que celui-ci possédait au Canada et, par l’entremise de divers syndicataires et financiers, il entra au comité directeur ou au conseil d’administration de compagnies de traction et de production d’énergie en Amérique du Sud et dans les Caraïbes. Ainsi, par le truchement de sir William Cornelius Van Horne*, de Montréal, il s’intégra au groupe qui allait exploiter la Havana Electric Railway Company et, par l’intermédiaire de Mackenzie, il devint vice-président de la São Paulo Tramway, Light and Power Company Limited en 1900 et de la Rio de Janeiro Tramway, Light and Power Company Limited en 1904 [V. Frederick Stark Pearson*]. L’année suivante, il figurerait dans pas moins de 30 entreprises, soit à titre de président, de vice-président ou d’administrateur.
Comme l’électricité était de plus en plus en demande à Toronto, Nicholls, Pellatt et Mackenzie s’intéressèrent à un lieu où l’offre était abondante : Niagara. En 1902, ils avaient formé l’Electrical Development Company of Ontario Limited ; Nicholls en était le directeur et le premier vice-président. Au début de l’année suivante, l’entreprise obtint de la province un contrat d’exploitation. Sa centrale d’énergie, conçue dans un style ornementé par Edward James Lennox*, commença à transmettre du courant à Toronto en 1906. Cependant, des voix réclamaient que le gouvernement mette fin au monopole sur le marché torontois de l’électricité et, toujours en 1906, notamment sous la pression d’Adam Beck, le gouvernement créa la Commission d’énergie hydroélectrique de l’Ontario. Les relations entre les deux camps – d’une part, les sociétés privées et, d’autre part, la municipalité de Toronto, Ontario Hydro et la Niagara Falls Parks Commission – se révélèrent très mauvaises. Par exemple, Beck refusa en 1909 d’acheter de l’équipement du plus bas soumissionnaire, la Canadian General Electric Company Limited, parce qu’il ne voulait pas faire affaire avec Nicholls. En fin de compte, Ontario Hydro reçut l’ordre de conclure un contrat avec la Canadian General Electric Company Limited et avec la Westinghouse. L’achat des actifs de Nicholls, Pellatt et Mackenzie dans le domaine énergétique par les commissions d’énergie hydroélectrique de l’Ontario et de Toronto en 1922 mettrait fin à des années de disputes.
En 1913, la Canadian General Electric Company Limited procéda à une réorganisation majeure qui fut négociée par Nicholls : elle fit l’acquisition des droits canadiens de fabrication et de vente de l’équipement de minoterie et d’exploitation minière de l’Allis-Chalmers-Bullock (entreprise américaine) et forma la Canadian Allis-Chalmers. Nicholls assuma la présidence des deux sociétés canadiennes. L’usine de la Canadian General Electric Company Limited à Peterborough s’agrandit et la Canada Foundry Company de Toronto vint s’ajouter aux actifs. On prit en charge la Stratford Mill Building Company pour produire certaines gammes de produits de l’Allis-Chalmers. En tant que président de la Canadian General Electric Company Limited, Nicholls n’était plus dans l’ombre puisqu’il ne travaillait plus par l’entremise de syndicats d’entrepreneurs. Son hostilité envers les syndicats ouvriers et sa répugnance à coopérer avec la Commission impériale des munitions pendant la guerre apparurent donc au grand jour. Nommé membre du Royal Colonial Institute de Londres en 1911, il reçut en octobre 1914 le grade honorifique de lieutenant-colonel. En outre, il appartint au conseil général du Fonds patriotique canadien et au comité directeur de la section torontoise de la Société canadienne de la Croix-Rouge. Conservateur de longue date, il était dans les bonnes grâces du gouvernement de sir Robert Laird Borden* qui, le 20 janvier 1917, le nomma au Sénat. Nicholls y présida un comité spécial sur le commerce dans l’après-guerre. Il demeura à la tête de la Canadian General Electric Company Limited jusqu’au printemps de 1921 et passa alors à la présidence du conseil d’administration. En 1923, après son décès, la General Electric Company des États-Unis racheta la plupart des actions ordinaires de la Canadian General Electric Company Limited.
Nicholls était un bourreau de travail. Dans les années 1880, les journées de 16 heures étaient une habitude chez lui, mais il eut plus de loisirs par la suite. On le reconnaissait aisément à son allure costaude, à ses lunettes et à sa moustache. Il avait une maison d’été près de Shanty Bay sur le lac Simcoe et une ferme au nord de Toronto. La culture des roses, dit-on, n’avait pas de secrets pour lui. À titre de membre, Nicholls profitait des avantages de nombreux clubs. De confession anglicane, il appartint au conseil d’administration de deux établissements torontois, la Trinity University et le Havergal Ladies’ College, et d’une maison d’enseignement de St Catharines, le Ridley College. De plus, il fut juge de paix du comté d’York, vice-consul du Liberia à compter de 1887 et consul du Portugal à partir de 1906.
Frederic Thomas Nicholls mourut en octobre 1921 dans sa maison de la rue St George. Il savait probablement qu’il avait le cancer : il avait subi une intervention chirurgicale. Outre une succession estimée à 112 450 $, il laissait des polices d’assurance-vie d’une valeur supérieure à 344 550 $. Au moment de son décès, il était très estimé en tant que porte-parole de l’industrie manufacturière et hydroélectrique.
Le discours prononcé par Frederic Thomas Nicholls le 19 janvier 1905 devant l’Empire Club de Toronto a été publié sous le titre Niagara’s power : past, present, prospective [...] ([Toronto ?, 1905 ?], reproduction à l’ICMH, nº 78710). On trouve quelques autres discours dans son ouvrage intitulé Conservation of Canadian trade (Toronto, 1918). La Univ. of Toronto Art Coll. possède un portrait à l’huile de Nicholls peint par Robert Harris*.
AO, RG 22-305, nos 21978, 44052 ; RG 80-5-0-48, nº 1678 ; RG 80-8-0-360, nº 2726 ; RG 80-8-0-804, nº 6460.— GRO, Reg. of births, Whitechapel (Londres), 22 nov. 1855.— Globe, 26 oct. 1921.— Monetary Times (Toronto), 27 sept. 1913.— Ottawa Free Press, 31 mai 1875.— World (Toronto), 28 avril 1909.— Annuaire, Toronto, 1882–1913.— E. M. Ashworth, Toronto Hydro recollections (Toronto, 1955).— Assoc. des manufacturiers canadiens, The Canadian Manufacturers’ Association ([Toronto, 1890 ?]) ; Souvenir, 1893 (Toronto, 1892).— Michael Bliss, A Canadian millionaire : the life and business times of Sir Joseph Flavelle, bart., 1858–1939 (Toronto, 1978).— Canadian annual rev., 1901–1917.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 3.— Merrill Denison, The people’s power : the history of Ontario Hydro ([Toronto], 1960).— Encyclopaedia of Canadian biography.— R. B. Fleming, The railway king of Canada : Sir William Mackenzie, 1849–1923 (Vancouver, 1991).— Industrial Canada (Toronto), août, oct. 1913.— Herbert Marshall et al., Canadian-American industry : a study in international investment ([Toronto], 1976).— Middleton, Municipality of Toronto.— James Naylor, The new democracy : challenging the social order in industrial Ontario, 1914–25 (Toronto, 1991).— R. T. Naylor, The history of Canadian business, 1867–1914 (2 vol., Toronto, 1975).— H. V. Nelles, The politics of development : forests, mines & hydro-electric power in Ontario, 1849–1941 (Toronto, 1974).— Ontario Manufacturers’ Assoc., Report of the proc. of the [...] annual meeting ([Toronto ?]), 1886–1891.— G. A. Seibel, Ontario’s Niagara parks, 100 years : a history, O. M. Seibel, édit. (Niagara Falls, Ontario, 1985).
Christopher Andreae, « NICHOLLS, FREDERIC THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/nicholls_frederic_thomas_15F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/nicholls_frederic_thomas_15F.html |
Auteur de l'article: | Christopher Andreae |
Titre de l'article: | NICHOLLS, FREDERIC THOMAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 11 oct. 2024 |