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PEARSON, JOHN ANDREW, architecte, né le 22 juin 1867 à Chesterfield, Angleterre, fils de John Pearson et d’Isabella Reekie ; le 14 juin 1895, il épousa à St John’s Agnes Elizabeth Prince Marshall (décédée en 1929), et ils eurent trois filles ; décédé le 11 juin 1940 à Toronto et inhumé dans cette ville au cimetière Mount Pleasant.
On mentionne habituellement John Andrew Pearson et Frank Darling*, associés de longue date, en même temps. Leur firme d’architectes torontoise, la Darling and Pearson, réputée dans tout le pays pour sa conception d’immeubles bancaires, figurait parmi les plus importantes entreprises canadiennes de sa catégorie au début du xxe siècle. (Sa postérité résulta en bonne partie de la décision de Pearson de conserver la même raison sociale après la mort de son partenaire en 1923 ; on ajouterait le nom de leur associé Charles Barry Cleveland en 1932.) Pearson assit également sa notoriété en collaborant avec Jean-Omer Marchand à la reconstruction de l’édifice du Centre, sur la colline du Parlement à Ottawa, à la suite de sa destruction dans un incendie en 1916.
Pearson naquit de parents écossais dans le Derbyshire ; le domaine de la construction l’attira peut-être à cause de son père, tailleur de pierres. Il termina ses études en arts libéraux au Wesley College, à Sheffield, puis arriva à Toronto en 1888 en passant par New York. Au début de sa carrière, il évolua d’abord auprès de l’architecte Henry Sproatt, avec qui il s’associa en 1890. Peu après, les deux hommes se joignirent à Darling et Samuel George Curry, propriétaires d’une firme implantée à Toronto depuis 1880. Au départ de Curry, les trois autres architectes fondèrent la Darling, Sproatt and Pearson (1893–1897). Après la destruction d’une énorme partie du secteur commercial de St John’s dans le grand incendie de juillet 1892, Pearson s’installa temporairement dans cette ville, à la recherche de contrats pour l’entreprise. Au bout de deux ans, il avait, dit-on, effectué des travaux à St John’s pour un million de dollars. Son séjour à Terre-Neuve apporta également du bonheur dans sa vie personnelle : en août 1895, il revint à Toronto en compagnie d’Agnes Elizabeth Prince Marshall, originaire de St John’s, qu’il venait d’épouser.
L’œuvre de la Darling and Pearson se composait principalement de conceptions de nombreux sièges sociaux et succursales bancaires pour, notamment, la Dominion Bank, la Banque des marchands du Canada, la Banque métropolitaine, la Banque de Montréal, la Banque de la Nouvelle-Écosse, la Standard Bank of Canada et la Banque Union du Canada. Le système de succursales typique des banques canadiennes permit à la firme d’obtenir du travail dans toutes les provinces. La Banque canadienne de commerce, le plus important de ses premiers clients, recourut considérablement aux services de la Darling and Pearson dans la première décennie du xxe siècle ; elle engagea son propre architecte coordonnateur en 1910. Pendant la rapide expansion des banques dans les Prairies, à une époque où les matériaux et les ouvriers spécialisés se trouvaient difficilement, et où l’avenir trop incertain ne justifiait pas l’érection de bâtiments permanents, la Darling and Pearson prépara trois modèles standards de structures ; celles-ci utilisaient des éléments préfabriqués, manufacturés par la British Columbia Mills, Timber and Trading Company – que dirigeait John Hendry* – entre 1906 et 1910. Ces immeubles de succursales bancaires, dotés de frontons et de pilastres, devinrent communs dans les villes de l’Ouest canadien. La Darling and Pearson présiderait à la construction de son plus grand ouvrage pour la Banque canadienne de commerce entre 1928 et 1930, au cœur du quartier financier de Toronto : un siège social de 34 étages, célébré comme la plus haute structure de l’Empire britannique. Pearson tint les rênes du projet, tandis que la firme new-yorkaise York and Sawyer agit en qualité d’architecte consultant.
La Darling and Pearson reçut des commandes pour ériger d’impressionnantes résidences à Toronto et dans les environs (notamment la maison de Pearson à Forest Hill), mais, outre celles pour les banques, ses réalisations consistaient surtout en de vastes immeubles de bureaux ou institutionnels : par exemple, l’édifice de la Mutual Life Assurance Company of Canada à Waterloo (bâti en 1910–1912), le Toronto General Hospital (1910–1914, ajout en 1928–1929) et le siège social de la Compagnie canadienne d’assurance sur la vie, dite du Soleil, à Montréal (1914–1918). La firme créa également plusieurs des pavillons du campus du centre-ville de la University of Toronto, dont le Convocation Hall (1904–1907) et le Trinity College (1923–1925).
Sachant manier une large gamme de styles architecturaux afin de répondre aux différents types de bâtiments, Pearson privilégiait les conceptions essentiellement classiques, influencées par l’esthétique du style beaux-arts du début du xxe siècle. Il choisit le style néoroman pour le Royal Ontario Museum (1910–1914) à Toronto et néogothique pour la reconstruction de l’édifice du Centre du Parlement fédéral (1916–1927). Il établissait chacun de ses projets en suivant un plan hautement rationnel et spacieux, conforme au principe du style beaux-arts, où les espaces intérieurs et les lieux de passage devaient offrir une expérience marquante et spectaculaire. Le Toronto Daily Star surnomma Pearson le « maître de la force » pour souligner son utilisation des technologies de construction modernes – notamment les structures en acier et les matériaux ignifuges –, qui produisait des « édifices robustes ». Pour le projet au Parlement, il conçut un système de chauffage central, ce qui témoigne de sa connaissance des avancées contemporaines en matière de chauffage et de climatisation. Ce nouvel édifice du Centre, œuvre de Pearson et Marchand, était plus haut, plus large, un peu plus profilé et plus moderne que l’original créé par Thomas
Les impressionnantes réalisations de John Andrew Pearson reçurent les éloges de l’écrivain Edward Alan
Un portrait de John Andrew Pearson, vêtu de sa toge universitaire, se trouve à BAC (R5598-0-8).
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Sharon Vattay, « PEARSON, JOHN ANDREW », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 12 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/pearson_john_andrew_16F.html.
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Auteur de l'article: | Sharon Vattay |
Titre de l'article: | PEARSON, JOHN ANDREW |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2024 |
Année de la révision: | 2024 |
Date de consultation: | 12 déc. 2024 |