PERRIN, EDITH, réformatrice sociale, née en Angleterre, fille de Thomas Perrin et d’une prénommée Margaret ; décédée célibataire au début de 1909 en Angleterre.
Pour Edith Perrin, le printemps de 1893 allait être un moment décisif. Les changements qui se produisaient alors dans sa vie privée en Angleterre et qui coïncidaient avec une évolution du rôle des femmes dans la vie publique au Canada allaient lui permettre de s’engager dans le militantisme social en Colombie-Britannique. Son frère, William Willcox Perrin, le réputé vicar progressiste de l’église St Luke de Southampton, lui apprit la très agréable nouvelle que la reine Victoria l’avait nommé au siège épiscopal de la Colombie-Britannique, dans le dominion du Canada, et qu’il serait sacré évêque à l’abbaye de Westminster. Comme il était célibataire, Edith Perrin accepta de l’accompagner à son nouveau poste et de l’aider en remplissant bien des fonctions qui incombaient normalement à la femme d’un ecclésiastique.
Edith Perrin arriva à Victoria à un moment propice pour une femme de sa compétence et de sa condition. Elle était intelligente et elle avait des convictions. De plus, elle bénéficiait d’un statut social bien établi et n’était pas accaparée par les responsabilités quotidiennes de la maternité ou d’un emploi. Elle étudia ce qui se passait autour d’elle et y vit bien des maux à soulager. Sa situation à l’évêché aidant, elle comprit rapidement toute la misère personnelle et sociale associée à l’alcoolisme, à la pauvreté, à la prostitution, à la négligence envers les enfants et au surmenage. De concert avec un groupe de plus en plus nombreux de femmes de même opinion, elle s’engagea dans une campagne en faveur de l’extension, dans la sphère publique, du rôle traditionnel de soutien joué par les femmes à l’intérieur de la famille [V. Eliza Arden Robinson]. Les militantes de cette génération, que l’on qualifia de féministes maternelles, soutenaient que les problèmes sociaux pouvaient être réglés par un bon dosage de persuasion, d’éducation populaire et de lois. Elles se taillèrent une place dans la sphère publique en formant des associations qui agiraient comme groupes d’information et de pression.
Edith Perrin fit valoir ses qualités d’organisatrice dès la formation, en 1894, du Local Council of Women of Victoria and Vancouver Island. Présidente de son influent comité sur l’adoption de lois pour la protection des femmes et des enfants de 1895 à 1899, elle institua des recherches sur le travail des femmes et des enfants ainsi que sur le sweating system, fort répandu à Victoria à l’époque. Le Local Council of Women of Victoria and Vancouver Island, dont elle fut présidente de 1899 à 1903, mena sous sa gouverne une vigoureuse campagne de promotion des femmes à des postes du conseil scolaire de la ville et aida à faire adopter des modifications législatives touchant l’engagement de gardiennes de prison, les soins de santé pour les malades mentales, le couvre-feu, la protection de la jeunesse et l’inscription de l’économie domestique au programme d’études des écoles de la province. Mlle Perrin représenta la Colombie-Britannique au National Council of Women of Canada en 1896 et 1897 ; elle participa également en 1897 au congrès du Conseil international des femmes, en Angleterre, à titre de déléguée du National Council. En reconnaissance de ses remarquables services, on la nomma en 1903 membre à vie du Local Council of Women of Victoria and Vancouver Island et du National Council of Women of Canada.
Comme beaucoup d’autres réformatrices de cette époque, Edith Perrin consacra beaucoup d’énergie à la cause de la tempérance [V. Grace Sarah Hall Thompson ; Huldah S. McMullen]. Membre de la section de Victoria de la Woman’s Christian Temperance Union of British Columbia, elle marqua particulièrement cet organisme en qualité de secrétaire du refuge provincial qu’il avait fondé pour les prostituées et les mères célibataires. De 1897 à 1901, elle exerça des pressions auprès des membres du cabinet pour que le gouvernement provincial contribue au financement de la construction d’un nouveau foyer loin du « centre de la ville, [de ses] tentations et [de ses] traquenards ».
L’intérêt d’Edith Perrin pour les marginaux de la société la portait à vouloir améliorer le sort des enfants à charge et des délinquants. Ainsi, la formation de la Children’s Aid Society de Victoria en 1901 fut en grande partie attribuable à la campagne que le Local Council of Women of Victoria and Vancouver Island avait menée, sous sa présidence, pour faire adopter des lois sur la protection des enfants négligés, abandonnés et illégitimes. À bon droit, Edith Perrin fut la première présidente de cette société en 1901 et 1902, et elle demeura membre de son conseil d’administration jusqu’à son départ de Victoria.
Edith Perrin devait son arrivée au Canada à la situation de son frère, et c’est également celle-ci qui provoqua son retour en Angleterre en 1904. À 56 ans, l’évêque décida de se marier, et Mlle Perrin quitta Bishop’s Close, où elle avait habité durant 11 ans. Ses consœurs du Local Council of Women of Victoria and Vancouver Island virent à regret partir leur « bien-aimée présidente » qui, par « son jugement sûr, son obligeance et son dévouement » avait si bien servi non seulement leur organisation, mais plusieurs autres. Edith Perrin laissait sa marque en Colombie-Britannique par les changements législatifs qu’elle avait contribué à faire adopter.
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Linda L. Hale, « PERRIN, EDITH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/perrin_edith_13F.html.
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Auteur de l'article: | Linda L. Hale |
Titre de l'article: | PERRIN, EDITH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 10 déc. 2024 |