PILOT, WILLIAM, ministre de l’Église d’Angleterre, éducateur et écrivain, né le 30 décembre 1841 à Bristol, Angleterre, fils de Thomas Pilot et d’Ann Flook ; le 4 octobre 1870, il épousa à St John’s Agnes Elizabeth Whiteway Wakeham, nièce de William Vallance Whiteway*, et ils eurent deux fils et deux filles ; grand-père de l’artiste Robert Wakeham Pilot ; décédé dans cette ville le 25 septembre 1913.

William Pilot était le fils d’un forgeron et d’une illettrée. Garçon brillant issu d’une famille pauvre, il fréquenta la Warminister Mission House et le St Augustine’s College de Cantorbéry, qui formait des missionnaires anglicans pour les colonies britanniques. À la demande de l’évêque de Terre-Neuve, Edward Feild*, qui se trouvait en Angleterre à ce moment-là, Pilot fut admis au diaconat par Samuel Wilberforce, évêque d’Oxford. Peu après, en avril 1867, il arriva à St John’s et assuma la fonction de directeur adjoint du Queen’s College, fondé 17 ans auparavant par Feild pour la formation du clergé. Il fut ordonné prêtre par Feild un an plus tard en la cathédrale de St John’s.

En juin 1874, Pilot fut nommé inspecteur des écoles de l’Église d’Angleterre en vertu de la loi sur l’éducation adoptée cette année-là, qui subdivisait le système éducationnel entre trois confessions, anglicane, catholique et méthodiste [V. George Seaton Milligan*]. Deux ans plus tard, les inspecteurs furent promus surintendants et dotés de grands pouvoirs : ils étaient habilités à octroyer des subventions gouvernementales, à rédiger des rapports sur les écoles et les instituteurs, à faire passer des examens et, d’une façon générale, à appliquer les règlements. Dans le cadre de ses fonctions, qu’il allait exercer durant 32 ans, Pilot devait visiter les petits villages de pêcheurs situés sur les côtes est et sud de l’île, ce qui l’obligeait souvent à parcourir 3 000 milles par an, surtout par mer. Au début, il trouva beaucoup de villages sans école et d’autres avec des bâtiments mal adaptés où des instituteurs insuffisamment formés enseignaient seulement à lire, à écrire et à compter. Élevé dans la tradition de l’« aide-toi toi-même » et du dévouement au bien public, cet homme doué d’une immense énergie mentale et physique s’employa à améliorer la situation des instituteurs et des élèves. Dans ses rapports, il ne manquait jamais de recommander que les enseignants soient mieux payés, soumis à des examens et classés. Il conçut pour eux un régime de retraite que le gouvernement adopta en 1892. De plus, il participa à la fondation de la Newfoundland Teachers’ Association. Cependant, cette dernière se transforma en une organisation de type syndical alors qu’il avait proposé qu’elle soit un institut pour enseignants.

La population terre-neuvienne se composait en très grande majorité de pêcheurs. À cause de la coutume qui consistait à faire participer à la pêche les enfants de six ans et plus, la fréquentation scolaire était faible et irrégulière. Pilot s’inquiétait de cette situation ; il l’attribuait à l’apathie des parents, sans se rendre compte pleinement à quelle nécessité économique ils obéissaient. Avec persistance, mais en vain, il fit valoir au gouvernement que l’instruction gratuite et obligatoire était un besoin. Ses recommandations sur l’utilisation de livres de lecture et la fourniture de matériel scolaire – cartes géographiques, globes terrestres et tableaux noirs, par exemple – furent mieux entendues.

Pilot avait des idées avant-gardistes sur l’organisation scolaire. Bien que favorable au principe des écoles confessionnelles, il prôna, de 1890 à 1905, des écoles non confessionnelles pour les petites collectivités, des conseils scolaires élus ainsi que la création d’une école normale, d’un département de l’Éducation et d’une université. Aucune de ces propositions ne se concrétiserait avant les années 1920. Par contre, ses opinions politiques et sociales correspondaient bien à l’orthodoxie de la fin du xixe siècle. Actif dans la franc-maçonnerie et fervent impérialiste, il appuyait la célébration du Jour de l’Empire dans les écoles [V. Clementina Trenholme]. Ses idées sur le rôle des femmes étaient conventionnelles : selon lui, les institutrices devaient être moins bien payées que les instituteurs, et des « matières spéciales » telle l’économie domestique devaient figurer au programme des filles. Son attitude envers les Inuit du Labrador, à qui il rendit visite en 1899, était bien celle d’un missionnaire paternaliste : il croyait que, même si les autochtones étaient « simples et puérils », ils étaient des païens qu’il fallait extirper des ténèbres de l’ignorance en les convertissant. Plus tard dans sa vie, probablement à cause de l’efficacité de la vingtaine d’écoles tenues à Terre-Neuve par la Colonial and Continental Church Society, il participa aux activités de cet organisme évangélique quasi missionnaire dont l’administration centrale était en Angleterre. Cependant, il resta un anglican orthodoxe et un membre important du synode diocésain de Terre-Neuve, où il appartint au comité de direction et au comité d’éducation. Il prôna de nombreuses réformes du système éducationnel et, en faisant partie des députations envoyées au gouvernement en 1889 et en 1892, obtint une assistance financière spéciale pour les instituteurs, dont les salaires avaient baissé. Ces activités raffermirent sa réputation, et il fut élu en 1893 président du Council of Higher Education, nouvel organisme interconfessionnel chargé de faire passer des examens dans toute l’île et de hausser la qualité de l’instruction.

Malgré ses attributions diverses, Pilot trouva le temps d’écrire longuement sur un grand nombre de sujets. Il rédigea deux manuels, Geography of Newfoundland for the use of schools, qui connut six éditions de 1883 à 1906, et Outlines of the history of Newfoundland, publié à Londres en 1908. Son compte rendu sur l’Église d’Angleterre fit partie du supplément à l’histoire de la colonie écrite par son ami Daniel Woodley Prowse. Il collabora à l’ouvrage intitulé Educational systems of the chief colonies of the British Empire [...], paru à Londres en 1901, en rédigeant avec son collègue le surintendant Milligan la section consacrée à Terre-Neuve. Premier président de la Newfoundland Historical Society, il écrivit pour des magazines et périodiques terre-neuviens de nombreux articles sur l’histoire locale, le folklore et la linguistique.

Pilot reçut plusieurs distinctions, tant laïques qu’ecelésiastiques. En 1891, il obtint un doctorat en théologie de l’archevêque de Cantorbéry et fut nommé fellow du St Augustine’s College. La même année, il entra à la Royal Geographical Society. Cinq ans plus tard, il devint l’un des premiers chanoines de la cathédrale de St John’s. En 1896, le King’s College de Windsor, en Nouvelle-Écosse, lui décerna un doctorat honorifique en droit civil. Il reçut deux fois des remerciements du gouvernement britannique pour services rendus à l’Empire et fut créé compagnon de l’ordre du Service impérial en 1904.

William Pilot quitta son poste de surintendant en 1908 après une crise d’apoplexie. À sa mort, cinq ans plus tard, on évoqua abondamment sa sociabilité, son humour et ses dons de causeur. Prowse a écrit à son sujet : « II était très hospitalier et tolérant, avait l’esprit déterminé et s’acquittait de ses responsabilités avec diligence, était un ministre du culte, un fonctionnaire et un éducateur dévoué, et un bourreau de travail. »

William Phillip McCann

En plus des ouvrages mentionnés dans sa biographie, les publications de William Pilot comprennent A visit to Labrador, opuscule publié par la Colonial and Continental Church Soc. On n’a pas de détails sur la première édition, mais on trouve une photocopie de la deuxième édition (Londres, [1899]) au Centre for Newfoundland Studies, Memorial Univ. of Nfld, St John’s. Son compte rendu intitulé « The system of education in Newfoundland », figure aux pages 542–553 du rapport publié sous le même titre dans G.-B., Ministry of Education, Special reports on educational subjects [...] (28 vol. en 27, Londres, 1897–1914), 4 (Educational systems of the chief colonies of the British empire [...], Londres, 1901), 541–573 ; ce volume a aussi paru dans G.-B., Parl., Command paper, 1900, 21, [C.416].

      Daily News (St John’s), 1913.— Evening Herald (St John’s), 1913.— Evening Telegram (St John’s), 1913.— Colonial and Continental Church Soc., Annual report (Londres), 1880–1914.— Diocesan Magazine (St John’s), 1894–1913.— Église d’Angleterre, Diocesan Synod of Newfoundland, Proc. of the session (St John’s), 1889–1900, publié par la suite sous le titre Journal of the proc. of the biennial session, 1903–1914.— T.-N., Superintendent, Church of England schools, Report of the public schools of Newfoundland under Church of England boards [...], 1885–1914 (les rapports de 1877–1884 figurent dans les annexes du Journal du Legislative Council de la colonie).

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William Phillip McCann, « PILOT, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/pilot_william_14F.html.

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Auteur de l'article:    William Phillip McCann
Titre de l'article:    PILOT, WILLIAM
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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