Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 2908189
POWELL, WALKER, fonctionnaire, homme d’affaires, homme politique et officier de milice, né le 20 mai 1828 à Waterford, Haut-Canada, fils d’Israel Wood Powell, marchand et homme politique, et de Melinda Boss, et frère d’Israel Wood ; le 18 avril 1853, il épousa dans le canton de Woodhouse, Haut-Canada, Catherine Emma Culver (décédée en 1855), et ils eurent une fille, puis le 12 octobre 1857, Mary Ursula Bowlby, et de ce second mariage naquirent cinq enfants dont quatre vécurent jusqu’à l’âge adulte ; décédé le 6 mai 1915 à Ottawa.
Après des études à la grammar school du comté de Norfolk et au Victoria College de Cobourg, Walker Powell retourna chez lui et se mit à participer intensément, comme les autres membres de sa famille, à la vie de sa localité et de son comté. La population de Port Dover, où les Powell s’étaient installés, augmenta de 50 % dans les six années qui suivirent la signature du traité de réciprocité, en 1854. Dans le même temps, Powell acquit assez de fortune et d’influence pour se tailler une place sur la scène publique. D’abord membre du conseil d’administration de la grammar school du comté, il passa à la présidence du conseil mixte de la grammar school et de l’école publique. Durant sept ans, il appartint au conseil du comté de Norfolk ; en 1856, la dernière année, il en était préfet. Officier de milice depuis 1847, il était devenu adjudant du 1st Régiment of Norfolk. En 1858, il était président du conseil municipal, commissaire à la Cour du banc de la reine, agent de deux compagnies d’assurance et chef d’une agence de transport maritime, l’I. W. Powell and Sons. En raison de ses intérêts dans le transport maritime et le commerce, il était réformiste modéré. Les électeurs de sa circonscription l’élurent au Parlement en 1857.
En 1861, à cause de l’affaire du Trent [V. sir Charles Hastings Doyle*], on craignit qu’une guerre n’éclate entre le Canada et les États-Unis. Cette menace hâta la réforme de la milice, ce qui eut un effet déterminant sur la carrière de Powell. Dès 1862, le procureur général du Haut-Canada, John Alexander Macdonald*, proposait un plan fondé sur l’entraînement obligatoire ; cependant, des renforts britanniques avaient déjà débarqué au pays et la crise s’était résorbée. Pour de multiples raisons, dont la colère des officiers de milice, la réforme n’eut pas lieu, le gouvernement tomba et les réformistes de John Sandfield Macdonald* prirent le pouvoir. Powell, qui avait perdu son siège en 1861 et dont les affaires personnelles étaient peut-être en fort mauvais état, obtint le poste d’adjudant général adjoint du Haut-Canada le 19 août 1862. En 1868, après la Confédération, le ministre de la Milice du nouveau dominion, sir George-Étienne Cartier*, passant l’éponge sur son passé politique, le promut en faisant de lui le seul adjudant général adjoint, avec un salaire de 2 800 $. Cinq ans plus tard, quand l’adjudant général, le colonel Patrick Robertson-Ross*, démissionna, Powell fut promu colonel et prit sa place. En 1875, lorsqu’un officier britannique, le major-général Edward Selby Smyth, fut placé au commandement de la milice, Powell, son subordonné canadien, fut confirmé dans la fonction d’adjudant général, et son salaire fut porté à 3 200 $.
Choisir pour cette fonction un homme d’affaires doué de sens politique n’était pas une mauvaise chose. Powell avait des montagnes de paperasse à traiter ; il lui fallait donc de la méthode. De plus, pour rester à l’écart des querelles de la milice, il devait se montrer diplomate. En 1862, le Globe de Toronto fit valoir que l’on pourrait rendre la milice efficace sans dépenser beaucoup. Les deux partis politiques en vinrent à adopter cet objectif et Powell le poursuivit jusqu’à la fin de sa longue carrière. Bien qu’il ait été le plus haut officier canadien de la milice, il ne connaissait pas particulièrement bien les questions militaires. Par contre, sa mémoire emmagasinait bien ce qui avait trait à l’organisation dans laquelle il travaillait. De plus, en tant que Canadien, il constituait une présence rassurante pendant que se succédaient des généraux britanniques aux opinions rigides sur la discipline, l’efficacité et le respect des filières hiérarchiques. Quand les généraux traitaient des officiers canadiens comme des coloniaux ignorants, ceux-ci -le lieutenant-colonel George Taylor Denison* par exemple – trouvaient un accueil sympathique chez Powell. Dans les périodes où il suppléait le commandant de la milice, il donnait discrètement des avis réalistes à ceux qui le consultaient. Il décourageait les campagnes récurrentes en faveur du recrutement de soldats canadiens par l’armée britannique, comprenait que le Canada était plus en sécurité si les États-Unis ne se sentaient pas menacés et reconnaissait que, dans un pays en plein développement, être prêt au combat n’était pas une priorité absolue. « Comme les occupations courantes mobilisent si largement les énergies de la population, disait-il, il est indispensable que toute mesure visant la défense du Canada soit [...] de nature telle qu’elle produise le plus grand bien au coût le moins cher possible. »
En tant qu’administrateur à Ottawa, Powell exerçait peu d’influence directe sur la politique de la milice, mais les membres des deux partis à la Chambre des communes avaient confiance en lui. En 1874, il persuada le gouvernement libéral d’Alexander Mackenzie* d’installer le nouveau collège militaire [V. Edward Osborne Hewett*] à Kingston, en Ontario, même si cette ville se trouvait dans la circonscription de sir John Alexander Macdonald, et il approuva que l’établissement ressemble plus à une université canadienne qu’à son équivalent américain, la United States Military Academy de West Point, dans l’État de New York.
Pendant l’expédition à la Rivière-Rouge en 1870, puis en l’absence de son supérieur britannique, Frederick Dobson Middleton*, qui fut en service actif durant la campagne des Territoires du Nord-Ouest en 1885, Powell porta l’énorme fardeau administratif qui consistait à maintenir une armée de miliciens sur le terrain sans augmenter son équipe, très peu nombreuse. Middleton recommanda que le titre de compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges lui soit conféré, mais l’idée de décerner des honneurs fut abandonnée lorsque sir Adolphe-Philippe Caron*, le ministre de la Milice, conclut qu’aucune liste ne pourrait contenir tous ceux qui espéraient une reconnaissance. Une mission officielle à Hawaï en 1887, fut la seule récompense que reçut Powell.
L’influence de Powell à titre d’unique officier d’état-major au quartier général de la milice fut mise à l’épreuve dans les années 1890 par l’arrivée du major-général Ivor John Caradoc Herbert* et par l’avènement d’une ère de réforme de la milice. Herbert et le vieil adjudant général s’affrontaient régulièrement. Une crise éclata entre eux en 1894. Sans l’autorisation de Herbert, Powell publia une directive dans laquelle le ministre disait que les camps d’été de la milice seraient suspendus car, autrement, on n’aurait pas d’argent pour acheter de nouveaux fusils. Herbert l’accusa d’insubordination, le suspendit et verrouilla son bureau. Ces mesures disciplinaires soulevèrent un tollé. La Canadian Military Gazette de Montréal, organe des officiers de milice, déclara que Powell était « le meilleur officier associé à la force des volontaires dans tout le dominion ». Embarrassé, le ministre se dépêcha de réinstaller Powell dans ses fonctions et tenta de défendre son général : « Le travail de la milice n’est pas une expédition de camping comme [en font] les Knights of Pythias. » Pour diverses raisons, ce fut Herbert qui partit l’année suivante.
Walker Powell prit sa retraite le 31 décembre 1895. Il continua de vivre à Ottawa et de fréquenter le Rideau Club, dont il avait été président en 1893. Il mourut le 6 mai 1915, à un âge très avancé, oublié de tous sauf de ses deux filles et de son fils survivants.
AN, MG 26, A : 39747 ; MG 29, E28 ; E29, 1 :559 ; 3.— Canada, Chambre des communes, Débats, 17 juill. 1894.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 1.— Annuaire, Canada, prov. du, 1851, 1854, 1857–1858.— Desmond Morton, Ministers and generals : politics and the Canadian militia, 1868–1904 (Toronto et Buffalo, N.Y., 1970).— Norfolk County marriage records, 1795–1870, W. R. Yeager, édit. (polycopie, Simcoe, Ontario, 1979), 146, 155.— R. A. Preston, Canada and « Imperial Defense » ; a study of the origins of the British Commonwealths defense organization, 1867–1919 (Toronto et Durham, N.C., 1967), 145s. ; Canadas RMC : a history of the Royal Military College (Toronto, 1969).— C. P. Stacey, Canada and the British army, 1846–1871 : a study in the practice of responsible government (éd. rév., Toronto, 1963), 136.— Wallace, Macmillan dict.
Desmond Morton, « POWELL, WALKER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/powell_walker_14F.html.
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Auteur de l'article: | Desmond Morton |
Titre de l'article: | POWELL, WALKER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 10 nov. 2024 |