PURSS, JOHN, homme d’affaires, officier de milice et fonctionnaire, né le 12 décembre 1732 à Elgin, Écosse, fils d’Alexander Purse, tailleur, et d’Isabel Blenshel ; décédé célibataire le 8 avril 1803 à Québec.
John Purss arrive à Québec à l’époque de la Conquête. En juillet 1762, il s’associe à un autre Écossais, James Johnston*, pour faire du commerce. À la fin des années 1760, la société Johnston and Purss vend et achète des fourrures, de l’huile de loup marin et des produits des forges du Saint-Maurice. La firme est en effet associée depuis 1765 à Jean-Baptiste Bouchette pour exploiter un poste de traite et de pêche, probablement dans le golfe du Saint-Laurent, et a acquis en 1767 une part dans le bail des forges. En 1770, Purss et son associé obtiennent pour une période de 30 ans, à raison de 5 shillings par année, le bail du quai du Roi. Ce quai, dont l’entretien s’avérait trop onéreux pour le gouvernement, était toutefois indispensable pour les marchands de Québec ; aussi, le gouverneur Guy Carleton avait–il suggéré en 1768 de le louer avec charge pour le preneur d’en assurer le bon état.
Au cours des années 1780, la société Johnston and Purss exploite une distillerie avec Henry Taylor, distillateur et beau-frère de Johnston. Il s’agit d’une assez grosse entreprise, équipée de quatre alambics, de quatre chaudières de cuivre de dimensions importantes et de huit cuves d’évaporation, qui occupe une maison à deux étages rue Champlain. On y prépare une « essence d’épinette pour faire de la bière » découverte par Taylor et exportée vers New York et les Antilles. Toutefois, à l’instar des autres établissements de même nature dans la colonie, l’entreprise fabrique surtout de la bière car, faute d’ingrédients et d’expérience, les autres boissons alcoolisées sont de qualité inférieure. Les deux associés détiennent également chacun une part de 2/48 dans le pont Dorchester construit à Québec en 1789 [V. David Lynd].
À la fin des années 1780 et pendant la décennie suivante, Johnston et Purss donnent à bail quelques maisons qu’ils possèdent rues Champlain, du Palais, Sous-le-Fort et de la Montagne, pour des sommes variant de £30 à £150 par année, ainsi qu’un espace sur le quai du Roi. En avril 1789, ils vendent pour £450 un lot de terre et une maison en pierre rue des Pauvres (côte du Palais) au marchand Mathew Macnider, beau-frère de Johnston. En avril 1792, Johnston et Purss se défont de leurs actions dans le pont Dorchester au profit de William Grant (1744–1805), moyennant la somme de £20 pour chaque quarante-huitième. Au cours des années 1790, ils font des emprunts pour environ £1 400 auprès de Peter Stuart et de Jacques Dénéchaud, exécuteur testamentaire de Barthélemy Cotton*. En 1798, ils doivent vendre la distillerie à la réquisition de la veuve de Taylor.
La mort de Johnston le 8 avril 1800 amène la dissolution de la société Johnston and Purss. Cette solide association se doublait d’une profonde amitié. Aussi, les biens immobiliers sont-ils divisés également entre Purss, d’une part, et la veuve, Margaret Macnider, et les enfants de son ancien associé, d’autre part, sans toutefois que l’une des parties copartageantes puisse vendre un bien sans le consentement de l’autre. De plus, Purss, en raison de la durée de la société, de la confiance que lui témoigne Margaret Macnider et de la grande considération qu’il avait pour son associé, fait remise d’une somme de £2 311 1 shilling 1 1/2 penny que lui devait Johnston. Avant ce décès, Johnston et Purss avaient demandé le renouvellement de leur bail du quai du Roi qui arrivait à échéance en 1800. Il semble qu’ils aient obtenu au moins une partie du quai, puisque Purss se plaint l’année suivante d’empiétements sur le quai du Roi ; une autre partie a été louée par le gouvernement à Alexander Munn. De 1800 à 1802, Purss se défait de plusieurs propriétés. En 1800, conjointement avec Margaret Macnider, il vend l’emplacement et la maison de la rue de la Montagne au prix de £350. L’année suivante, afin d’honorer sa dette envers la succession Cotton, il vend pour £800 un terrain avec maison rue Sous-le-Fort. Quelques jours plus tard, il cède un emplacement de grève et un quai situé dans la basse ville ainsi qu’un terrain avec maison pour la somme totale de £1 700. Enfin, en mars 1802, il annonce dans la Gazette de Québec la vente à l’encan d’une maison ayant appartenu à la société Johnston and Purss à Beauport, près de Québec. En janvier 1803, il reçoit 200 acres de terre dans le canton de Granby et autant dans celui de Milton.
À diverses reprises pendant sa carrière, Purss se joint aux revendications politiques et commerciales des marchands de la colonie. Il avait fait partie en 1764 du groupe qui demandait le rappel du gouverneur Murray* et, deux ans plus tard, il comptait au nombre des signataires de l’adresse de bienvenue à l’intention de son remplaçant, le lieutenant-gouverneur Carleton. En 1784, il signe une pétition exigeant l’annulation de l’Acte de Québec, l’octroi d’une chambre d’Assemblée, de l’habeas corpus et du procès avec jurés dans les causes civiles. Dix ans plus tard, dans le contexte de la guerre entre la Grande-Bretagne et la France révolutionnaire [V. Robert Prescott), il adhère à l’Association fondée en juin 1794 pour appuyer le gouvernement britannique au Bas-Canada, et signe la déclaration de loyauté envers la constitution de 1791. Il avait également souscrit, en 1772, à une entente concernant la valeur de la monnaie d’or. En 1790, il appuie les revendications favorables à la création d’une université où seraient admis catholiques et protestants, et, en 1791, celles qui réclament la disparition du droit seigneurial de lods et ventes. Cette année-là, il signe aussi une pétition au sujet d’un projet de loi concernant les tuteurs et les curateurs.
Comme son associé, Purss prend part à la vie publique de la ville de Québec. Avec John Jones, entre autres, il joue un rôle important dans les débuts de la Société du feu de Québec dont il est trésorier en 1786 et en 1790 au moins. Cette société, dont les origines remontent à 1765, offre en quelque sorte à ses membres une assurance contre l’incendie, organise des souscriptions populaires pour aider les victimes du feu, collabore à la prévention des incendies avec les juges de paix et les officiers de l’armée, et intervient lors de conflagrations. En 1790, cette société dispose de 5 des 12 pompes à incendie de Québec, l’armée en a 4, tandis que Johnston et Purss en possèdent au moins une. Nommé lieutenant dans le Québec Battalion of British Militia en 1787, Purss est promu capitaine probablement en 1799. Il exerce la charge d’estimateur pour la ville et la banlieue de Québec en 1797.
John Purss meurt le 8 avril 1803. Dans son testament olographe, rédigé le 4 décembre 1802, il avait désigné comme exécuteurs testamentaires son ami le ministre presbytérien Alexander Spark, son cousin James Tullok et le marchand John Munro, tous de la ville de Québec. À part les meubles et effets de ménage légués à Margaret Macnider, Purss donne tous ses biens à des parents résidant pour la plupart en Grande-Bretagne. Le 30 avril 1803, Margaret Macnider achète la presque totalité de la succession de Purss pour £3 500 (cours d’Angleterre), somme qui sera versée aux héritiers.
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André Bérubé, « PURSS, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/purss_john_5F.html.
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Auteur de l'article: | André Bérubé |
Titre de l'article: | PURSS, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 3 déc. 2024 |