Titre original :  Joseph-Avila Roch, vers 1930. Avec l’aimable autorisation des Archives de la société des Missions étrangères.

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ROCH, JOSEPH-AVILA, prêtre catholique, professeur et premier supérieur du séminaire et de la société des Missions étrangères de la province de Québec, né le 20 juin 1875 à Saint-Norbert, Québec, fils de Clément Roch, cultivateur, et de Marie-Délia Laporte ; décédé le 21 décembre 1940 à Montréal.

Joseph-Avila Roch est le fils aîné d’une famille de 12 enfants qui comptera 3 prêtres et 2 religieuses. Après ses études classiques au collège Joliette (1889–1897), où il se distingue par ses dons oratoires et ses qualités de leader, il entre au grand séminaire de Montréal en 1897. Il revient au collège Joliette en 1899 comme professeur et surveillant, tout en continuant ses études théologiques. Ordonné prêtre à Montréal le 1er juin 1901 par Mgr Paul Bruchési, archevêque de Montréal, il est nommé vicaire de la paroisse Sainte-Geneviève-de-Berthier, qui fera partie du diocèse de Joliette érigé en 1904. Sur recommandation des sulpiciens, responsables du grand séminaire de Montréal, il est envoyé par Mgr Bruchési au collège de la Sacrée Congrégation de la propagande à Rome en octobre 1902. Il y obtient deux doctorats : un en théologie en 1904 et un en droit canonique l’année suivante.

En 1905, Roch revient au Canada et enseigne dès lors la philosophie et la théologie au séminaire de Joliette, nom qu’a pris le collège Joliette l’année précédente. Selon les témoignages de ses anciens élèves, il est un professeur apprécié pour son enseignement clair et méthodique. Son éducation familiale et cléricale lui a appris le respect de l’autorité, mais aussi la familiarité des rapports humains, et un sens du devoir et de la loyauté qui modère son caractère plutôt impétueux. Conseiller estimé de son évêque, Mgr Guillaume Forbes, Roch est nommé chanoine le 8 décembre 1914. Parmi les fonctions qu’il assumera au cours de sa vie, celle de professeur aura toujours sa préférence. Ainsi, c’est par sens du devoir qu’il répond, en 1918, à l’appel de Mgr Forbes, qui lui demande de devenir curé de la cathédrale Saint-Charles-Borromée, à Joliette. Il se consacre dans sa paroisse à un travail de réconciliation et de renouveau spirituel par l’œuvre des retraites fermées. Son souci des pauvres et des malades l’attache vite à ses paroissiens, mais sa présence à la cathédrale sera de courte durée.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, devant l’état désastreux des missions catholiques, souffrant du manque de personnel et de ressources matérielles, le pape Benoît XV invite à un renouveau missionnaire dans sa lettre encyclique du 30 novembre 1919. En réponse à cet appel, où la fondation de séminaires pour les missions reçoit la priorité, l’épiscopat canadien-français favorise une initiative locale pour développer la participation du clergé séculier aux missions étrangères. Au lieu de se limiter à offrir de nouvelles recrues à des instituts missionnaires d’origine européenne, les évêques veulent établir leur propre séminaire des missions. Ils rejoignent ainsi le désir de Délia Tétreault*, fondatrice des Sœurs missionnaires de l’Immaculée-Conception, qui fait la promotion de ce projet depuis plusieurs années.

Le 2 février 1921, les évêques de la province de Québec décident donc de créer un séminaire des missions et de l’installer dans l’archidiocèse de Montréal [V. François-Xavier Brunet*]. Ils en confient la mise en œuvre à un comité épiscopal présidé par Mgr Paul-Eugène Roy*, coadjuteur de l’archevêque de Québec ; Mgr Forbes en est le secrétaire. Rêvant d’un retour à l’enseignement, Roch offre ses services comme professeur de théologie dans le futur séminaire. Le 12 mai, les évêques le nomment plutôt premier supérieur du séminaire des missions qu’ils viennent de fonder, ce qui implique un travail d’organisation matérielle pour lequel le chanoine Roch a peu d’attrait. Ces nouvelles fonctions bouleversent ses plans, mais son sens du devoir l’emporte encore une fois, ainsi que la conviction d’être utile à une œuvre prioritaire de l’Église canadienne-française.

Sous l’autorité du comité épiscopal, le chanoine Roch s’attelle à la tâche en s’associant deux collaborateurs, les abbés Louis-Adelmar Lapierre de Montréal et Clovis Rondeau de Joliette. Dès l’automne de 1921, le trio s’installe dans l’ancien presbytère de la paroisse Sainte-Madeleine, à Outremont (Montréal), offert par les Clercs de Saint-Viateur, et consacre l’hiver à un travail de propagation dans les paroisses et les collèges de la province, de collecte de fonds auprès du clergé, et de recherche d’un terrain pour construire le nouveau séminaire. Le 8 mars 1922, une loi provinciale constitue la société des Missions étrangères de la province de Québec en corporation civile. L’objectif de cette corporation, dont quatre évêques composent le conseil d’administration, est d’assurer, entre autres, la formation missionnaire du clergé séculier et de promouvoir sa participation aux missions catholiques à l’étranger, spécialement en Extrême-Orient. Le séminaire tiendra donc lieu de pierre angulaire de cette œuvre de l’épiscopat canadien-français.

Mandaté par le conseil d’administration de la société, Roch procède, le 27 avril 1922, à l’achat d’un terrain situé sur le bord de la rivière des Prairies à Saint-Vincent-de-Paul (Laval), dans le secteur qui deviendra la municipalité de Pont-Viau (Laval) en 1926. Les travaux de construction du séminaire, exécutés sous l’œil de Roch et payés à la journée, durent plus d’une année. Avec ses collaborateurs, le chanoine prend possession de l’édifice le 27 février 1924. En septembre, le nouveau séminaire accueille 7 prêtres et 15 séminaristes.

À ses fonctions de supérieur, de procureur et de professeur d’Écriture sainte au séminaire, Roch ajoute l’organisation de l’institut de prêtres diocésains pour les missions auquel se joindront les nouveaux missionnaires. Le 6 janvier 1925, Mgr Georges Gauthier, coadjuteur de l’archevêque de Montréal, érige canoniquement la société des Missions étrangères de la province de Québec, ainsi que son séminaire, et en approuve les règlements respectifs pour trois ans. Le 1er juin, le chanoine Roch et 12 confrères prononcent le serment de stabilité pour trois ans. Le premier envoi missionnaire a lieu le 11 septembre. Les abbés Lapierre, Eugène Bérichon et Léo Lomme partent vers la première mission de la société en Mandchourie (république populaire de Chine).

Roch poursuit son travail d’organisation en se rendant à Rome, en 1927, en vue de présenter les constitutions de la société à la Sacrée Congrégation de la propagande, qui les cautionnera en 1929. Le 8 mai 1928, les administrateurs de la société forment le premier conseil pour la régie interne du séminaire, où Roch agit comme supérieur général. À ce titre, ce dernier se fait du souci pour les nouveaux missionnaires qu’il envoie au loin avec tous les risques de maladies, d’accidents et de décès que cela comporte. Il s’inquiète de leurs premières œuvres en mission et du soutien matériel qu’il doit leur assurer avec peu de ressources, surtout durant la crise économique des années 1930. En plus de sa participation depuis 1925 à l’Union missionnaire du clergé, puis à l’Œuvre de la Sainte-Enfance, il bâtit un réseau de bienfaiteurs pour appuyer la société dont il a la charge.

En août 1932, le premier chapitre de la société des Missions étrangères confirme les qualités de chef de Roch en l’élisant supérieur général. À l’automne de 1935, ce dernier se rend en Mandchourie pour visiter le vicariat apostolique de Szepingkai, que le pape Pie XI a confié à la société en 1929 et où 45 membres de la société travaillent. En avril 1937, un deuxième territoire de mission en Asie est accepté aux Philippines et, en mai, le vicariat de Szepingkai est divisé pour créer la nouvelle préfecture apostolique de Lintong. Cependant, Roch ressent de plus en plus le poids de la maladie. En juillet 1938, sa santé déclinante conduit le deuxième chapitre de la société à élire Edgar Larochelle, missionnaire en Mandchourie, pour le remplacer.

Après deux années de maladie et d’effacement vécues dans le séminaire qu’il a bâti, le chanoine Joseph-Avila Roch meurt le 21 décembre 1940. De cet homme de devoir, toujours proche de la centaine de missionnaires qu’il a rassemblés et organisés en moins de 20 ans, son successeur, dont les propos seront repris en 1941 dans Missions étrangères du Québec, dit ceci : « Monsieur le chanoine Roch s’est tué au service de notre Société. C’est lui qui l’a faite ce qu’elle est et qui lui a donné ce qu’elle a. Nous ne pourrons jamais apprécier à leur juste valeur les sacrifices qu’il s’est imposés pour nous. »

Bertrand Roy

Joseph-Avila Roch est notamment l’auteur de l’article suivant : « le Séminaire des Missions-Étrangères de la province de Québec », dans la Semaine missionnaire de Montréal (Montréal, 1931), 241–250.

Arch. de la soc. des Missions étrangères de la prov. de Québec (Laval, Québec), Acte de sépulture de J.-A. Roch, 24 déc. 1940 ; Donat Chaumont, « Biographie de monsieur le chanoine Joseph-Avila Roch » (texte ronéotypé, s.l.n.d.) ; Clovis Rondeau, « Biographie de M. le chanoine Joseph-Avila Roch, p.m.é., premier supérieur général » (texte dactylographié, Pont-Viau [Laval], 1955).— BAnQ-CAM, CE605-S35, 20 juin 1875.— L’Action catholique (Québec), 4 janv. 1941.— Le Devoir, 23–24 déc. 1940.— Jules Bernard, « les Débuts de la société des Missions-Étrangères de la province de Québec », SCHEC, Sessions d’étude, 38 (1971) : 31–54.— Québec, Statuts, 1922, c.132.— Clovis Rondeau, « Notice biographique », Missions étrangères du Québec (Pont-Viau), 1 (1941), no 2 : i–viii.— Soc. des Missions étrangères, « Histoire » : www.smelaval.org/?page_id=66 (consulté le 22 déc. 2014).— Nérée Turcotte, « Force et Loyauté », Missions étrangères (Laval), 15 (1971), no 2 : 29.

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Bertrand Roy, « ROCH, JOSEPH-AVILA », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/roch_joseph_avila_16F.html.

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Auteur de l'article:    Bertrand Roy
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2019
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