SINCLAIR, DAVID VOLUME, marchand, homme politique et partisan de la tempérance, né le 10 juin 1864 à Madoc, Haut-Canada, fils aîné de Peter Sinclair, bourrelier, et d’Agnes Volume ; il épousa Hettie Miller Reed, de Nouvelle-Écosse, et ils eurent quatre filles et un fils ; décédé le 20 août 1922 à Belleville, Ontario.
David Volume Sinclair quitta Madoc pour Belleville dans son adolescence et trouva une place de commis dans un magasin de nouveautés. Par la suite, il ouvrit son propre commerce, qu’il tint jusqu’à sa mort, pendant certaines périodes avec un associé. C’était un bon employeur, et il n’oublierait pas son personnel dans son testament. Extraordinairement actif dans son milieu à titre de membre du Bureau de commerce, du Lions Club, du conseil scolaire et du conseil municipal, il montra surtout de l’enthousiasme en défendant des causes liées à sa foi.
Sinclair fréquentait l’église presbytérienne John Street et en dirigea l’école du dimanche durant de nombreuses années ; il fut aussi secrétaire du tribunal ecclésiastique, membre du conseil d’administration et délégué à l’assemblée générale. Sa participation à la Young Men’s Christian Association fut encore plus intense. Au fil des ans, il y exerça toutes les fonctions bénévoles, y compris la présidence ; sa principale contribution semble avoir été la gestion financière.
Sinclair, on ne s’en étonnera pas, était un partisan de la prohibition. Aux élections provinciales de 1914, il se présenta dans Hastings West comme candidat indépendant pour la tempérance, mais fut battu. Puis, en 1921, il accéda à la présidence de la principale organisation pour la tempérance dans la province, la section ontarienne de la Dominion Alliance for the Total Suppression of the Liquor Traffic. Son élection, survenue quelques années après que la section eut réussi à faire adopter en Ontario une loi en faveur de la prohibition, dut sembler un heureux aboutissement pour ce militant d’une petite ville, mais elle n’était pas une aussi grande victoire qu’elle paraissait l’être. Auparavant, Sinclair n’occupait pas une place importante dans la section ; même ce qu’il avait accompli dans sa région était plus méritoire que significatif. Pourquoi alors un organisme appelé à traiter avec des personnages éminents, sur les scènes fédérale et provinciale, se tourna-t-il vers lui ? La réponse se trouve dans la structure de la section et dans l’état de ses finances.
Comme beaucoup d’organisations bénévoles, la section ontarienne de la Dominion Alliance était menée par son personnel professionnel, à Toronto. Le membre le plus influent de l’équipe était le secrétaire, un homme combatif, le révérend Benjamin H. Spence, titulaire de ce poste depuis 1907. Dans un tel contexte, seul quelqu’un de fort aurait pu exercer la présidence sans jouer un rôle purement décoratif. Les membres du comité directeur étaient d’autant plus coupés des affaires de la section qu’ils ne se réunissaient que trois ou quatre fois l’an. Souvent, ceux d’entre eux qui ne vivaient pas dans la région de Toronto et Hamilton ne pouvaient pas assister aux assemblées. Pour Sinclair, participer aux comités était difficile, car ils se réunissaient normalement à Toronto. En plus, la section connaissait des problèmes de finances et d’organisation. Depuis l’adoption de la prohibition, en 1916, l’appui populaire diminuait, mais les dépenses liées au maintien du personnel et aux campagnes référendaires sur les questions de tempérance restaient élevées, de sorte que la section s’endettait. Enfin, celle-ci devait se battre pour conserver une place aux côtés de son rival, l’Ontario Referendum Committee, dirigé par le révérend Andrew Shaw Grant.
En 1921, la présidence de la section n’avait donc pas de quoi intéresser un candidat prestigieux, doté d’une forte personnalité. (Spence n’aurait probablement pas encouragé un tel candidat.) C’est ainsi que, discrètement, Sinclair fut élu le 24 février 1921, au congrès annuel de la section à Toronto. Son influence semble avoir été minime, même au cours de la chaude campagne qui, ce printemps-là, précéda le référendum sur l’importation d’alcool en Ontario. La section continua de décliner, et le nom de Sinclair figure rarement dans les procès-verbaux des assemblées de la direction ou des comités. Le seul candidat mis en nomination pour lui succéder à la présidence fut présenté sans la permission de celui-ci et à l’insu de Sinclair, ce qui témoigne aussi de la faiblesse de la section. Quelques mois après le décès de Sinclair eut lieu un congrès où l’on mentionna à peine son nom ; l’assistance, d’ailleurs, était peu nombreuse.
La nécrologie parue dans l’Intelligencer de Belleville en août 1922 vante abondamment la contribution de David Volume Sinclair à la vie de son milieu. Cette évaluation semble juste.
AO, F 834, ser. A, files 14–15, 17, 20 ; RG 22-340, nº 6346. - YMCA of Belleville, Ontario, Records. - Daily Intelligencer (Belleville), 21–22 août 1922.- G. A. Hallowell, Prohibition in Ontario, 1919–1923 (Ottawa, 1972).
GRAEME DECARIE, « SINCLAIR, DAVID VOLUME », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/sinclair_david_volume_15F.html.
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Auteur de l'article: | GRAEME DECARIE |
Titre de l'article: | SINCLAIR, DAVID VOLUME |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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