Titre original :  Photograph William J. Stairs, Montreal, QC, 1869 William Notman (1826-1891) 1869, 19th century Silver salts on paper mounted on paper - Albumen process 8 x 5 cm Purchase from Associated Screen News Ltd. I-40315.1 © McCord Museum Keywords:  male (26812) , Photograph (77678) , portrait (53878)

Provenance : Lien

STAIRS, WILLIAM JAMES, homme d’affaires et homme politique, né le 24 septembre 1819 à Halifax, troisième enfant de William Machin Stairs* et de Margaret Wiseman ; le 16 juin 1845, il épousa dans cette ville Susan (Susanna) Duffus Morrow, et ils eurent 13 enfants ; décédé à Halifax le 27 février 1906.

Lorsque naquit William James Stairs, son père grappillait des affaires ici et là, car la dépression consécutive à la fin des guerres napoléoniennes l’avait presque acculé à la faillite. Cependant, au cours des années 1820, la santé de son entreprise s’améliora considérablement, si bien que, en 1832, il put retirer son fils aîné de la Halifax Grammar School pour le placer à la Horton Academy de Wolfville. Le jeune William James avait un faible pour les humanités et aurait préféré aller au collège, mais son père n’était pas disposé à le laisser s’instruire plus que ne l’exigeait une carrière dans les affaires ou qu’il ne convenait à l’héritier d’un gentleman marchand. En 1834, on rappela William James à Halifax pour le faire entrer dans l’entreprise familiale à titre de commis comptable. Sept ans plus tard, ayant atteint sa majorité, il devint associé ; en 1844, son frère John le devint à son tour. En 1847, William Machin Stairs décida de scinder en deux l’entreprise, qui vendait de la quincaillerie et approvisionnait des navires, et fit de cette dernière partie de son commerce une filiale appelée William J. Stairs and Company. En 1853, John se lança en affaires seul ; l’année suivante, Robert Morrow, gendre de William Machin, devint associé. L’entreprise prit alors la raison sociale qu’elle allait conserver jusqu’à sa disparition en 1976, William Stairs, Son and Morrow.

À la mort de son père, en 1865, William James Stairs devint son unique exécuteur testamentaire et le principal héritier de sa succession, qui valait 248 000 $. Il remplaça son père au conseil d’administration de la Union Bank of Halifax et cessa de s’occuper uniquement de son commerce, devenant aussi fabricant et financier. La Dartmouth Rope Works, filiale de l’entreprise familiale, amorça ses activités en 1869, sous la direction de son fils John Fitzwilliam, alors âgé de 21 ans. Moins de dix ans après, c’était la plus grosse manufacture de cordes et de cordages du Canada ; en 1890, elle produisait le plus fort volume de ficelle à lier au pays. William James Stairs figura parmi les premiers actionnaires de la Nova Scotia Steel Company de New Glasgow, constituée juridiquement en 1882. Président de la Union Bank de 1883 à 1898, William James Stairs profita de cette fonction pour encourager les investissements dans l’industrie locale. En 1900, une loi fit de la William Stairs, Son and Morrow une société à responsabilité limitée ; son capital-actions était de 500 000 $. Le conseil d’administration regroupait Stairs, ses fils John Fitzwilliam, James Wiseman et Edward, ainsi que le fils de Robert Morrow, Geoffrey. Stairs appartenait aussi au conseil d’administration d’une société londonienne, la United Fire Insurance Company, et à celui de la Halifax Gas Light Company. De plus, il était vice-président de la Starr Manufacturing Company de Dartmouth, renommée dans le monde entier pour ses patins.

Bien que Stairs ait été échevin de Halifax de 1855 à 1857, sa carrière publique ne démarra vraiment qu’une dizaine d’années plus tard. À l’exemple de son père, il était un admirateur et un disciple de Joseph Howe*, et c’est ce qui le projeta à l’avant-scène du mouvement anticonfédérateur. À la série de grands débats publics qui se tinrent au Temperance Hall de Halifax en décembre 1864 et janvier 1865, il parla des conséquences économiques de l’union avec le Canada pour les Maritimes. Celles-ci, fit-il valoir, auraient à porter le fardeau des taxes et droits de douane canadiens, plus élevés que les leurs, et à participer au financement de la dette du Canada, proportionnellement plus lourde. Quand on organisa l’Anti-Confederation League (appelée aussi League of the Maritime Provinces) à Halifax, pendant l’été de 1866, Stairs en devint le premier vice-président. Une fois la Confédération en vigueur, il fut président de la Repeal Association.

Les anticonfédérateurs remportèrent une écrasante victoire aux élections de septembre 1867, mais Stairs avait refusé de briguer un siège à la Chambre des communes et à la Chambre d’assemblée ; c’est à contrecœur qu’il accepta d’entrer au Conseil législatif de la province en janvier 1868. Il fut à peu près le seul membre de l’élite commerçante de Halifax à soutenir Howe lorsque celui-ci décida, en 1869, de chercher à renégocier de meilleures modalités de participation de la Nouvelle-Écosse à la Confédération et d’entrer au cabinet fédéral. Dès lors, sa position au Conseil législatif devint de plus en plus intenable. Pressé de favoriser l’avancement politique des quelques amis et alliés qu’il conservait en Nouvelle-Écosse, Howe lui offrit de le faire nommer au Sénat, mais Stairs, trop pris par ses affaires, dut refuser. Le même motif l’obligea à quitter la commission royale sur les canaux à laquelle le premier ministre du pays, sir John Alexander Macdonald*, le nomma en novembre 1870. Pendant la session parlementaire de 1871, il démissionna brusquement du Conseil législatif, mais pour une autre raison : il refusait d’approuver le projet de loi présenté par le procureur général Martin Isaac Wilkins* en vue de priver les fonctionnaires fédéraux du droit de vote avant les élections provinciales. Stairs assista à une dernière séance du conseil le 31 mars. Aussi brève qu’elle ait été, sa carrière publique est digne de mention : il démissionna par principe et, à l’égard de Howe, il plaça la loyauté envers l’homme au-dessus de la loyauté envers un parti.

Stairs se consacra à bon nombre d’organismes publics. Lieutenant en second dans la milice à compter de 1839, il accéda en 1862 au grade de lieutenant-colonel. Longtemps membre du comité de direction de la Halifax Chamber of Commerce, il en fut aussi président. Il appartint à la Point Pleasant Park Commission et y occupa également la présidence. L’instruction l’intéressa toute sa vie : il fit partie du conseil d’administration de la Halifax Protestant Industrial School, de la Halifax Grammar School et de la Dalhousie University.

En tant que financier, industriel et homme politique, William James Stairs fut éclipsé de son vivant par l’aîné de ses fils survivants, John Fitzwilliam. Néanmoins, à la fin du xixe siècle, on le considérait généralement comme le père du capitalisme financier de l’est du Canada. Ses investissements, qui incluaient presque 25 % des actions de la William Stairs, Son and Morrow Limited, étaient diversifiés et élevés. Il laissa une succession de quelque 558 000 $. En 1898, année où il avait quitté la présidence de la Union Bank, on avait estimé que seulement quatre citoyens de Halifax jouissaient d’une fortune de plus de 400 000 $ ; il était l’un d’eux. En fin de compte, celui qui ne figurait dans la raison sociale de la William Stairs, Son and Morrow qu’à titre de fils réussit à faire de l’entreprise familiale la plus grosse maison de commerce à l’est de Montréal. Ses descendants directs en demeurèrent les propriétaires et les dirigeants jusqu’en 1972. Aujourd’hui, c’est la Bird-Stairs, division de la J. W. Bird and Company Limited de Fredericton, qui poursuit les activités de l’entreprise dans le grand Halifax.

Barry Cahill

Un portrait de William James Stairs, peint lorsqu’il était président de la Union Bank of Halifax, a été donné par son fils Edward au gouvernement de la Nouvelle-Écosse en 1910 ; on ignore cependant où ce portrait se trouve actuellement.

Les papiers de Stairs se trouvent dans le fonds de la famille Stairs (MG 1, 3250–3290), qui forme la série A des archives sur la famille Stairs, conservées aux PANS. Une sélection complète de papiers provenant de cette série a été publiée à titre posthume par les enfants de Stairs sous le titre Family history, Stairs, Morrow ; including letters, diaries, essays, poems, etc. (Halifax, 1906). La correspondance de Stairs avec Joseph Howe entre 1866 et 1869 se trouve dans les papiers de Howe aux AN, MG 24, B29, 4 : 89–138, 361, 688–690 ; 9 : 657–664 ; 26A : 232–237, 242–245, 250–251 (on peut consulter ces documents sur microfilms aux PANS). Les lettres de Howe à Stairs ont été publiées dans « Joseph Howe and the Anti-Confederation League », L. J. Burpee, éd., SRC Trans., 3e sér., 10 (1916–1917), sect. ii : 409–473. Une partie des dossiers qui subsistent de William Stairs, Son and Morrow Limited est conservée à la Dalhousie Univ. Arch. (Halifax), MS 4–6 ; l’autre partie se trouve aux PANS, MG 3, 632–638, 3872, 3874–3875, 3877, 3918–3974, 5005–5016, 5024–5028 ; la série E des archives de la famille Stairs est conservée aux PANS, MG 1, 3265–3277.  [j. b. c.]

Halifax County Court of Probate (Halifax), Estate papers, n6217.— J. M. Beck, Joseph Howe (2 vol., Kingston, Ontario, et Montréal, 1982–1983), 2.— [G. G.] Patterson, « Joseph Howe and the Anti-Confederation League », Dalhousie Rev., 10 (1930–1931) : 397–402.— J. S. Scott, « The spiritual history of a business », Port and Prov. (Halifax), 3 (1935), n3 : 15–28.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Barry Cahill, « STAIRS, WILLIAM JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/stairs_william_james_13F.html.

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Auteur de l'article:    Barry Cahill
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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