Titre original :  Reverend Brooke Bridges Stevens MA Queenston's first Anglican Rector (image/jpeg)

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STEVENS, BROOKE BRIDGES, ministre de l’Église d’Angleterre et rédacteur en chef, baptisé le 3 août 1787 à Quorndon, Leicestershire, Angleterre, fils du révérend Thomas Stevens et d’une prénommée Sarah ; le 4 septembre 1820, il épousa à Grimsby, Haut-Canada, Elizabeth Nelles, et ils eurent six enfants dont deux moururent en bas âge ; décédé le 13 mai 1834 à Montréal et inhumé le 16 mai à Lachine, Bas-Canada.

Brooke Bridges Stevens reçut des leçons particulières de son père, qui était rector de Panfield et prédicateur royal à Whitehall. Peu de temps après la mort de celui-ci en 1809, Stevens entra à l’University of Cambridge où il mérita deux prix de déclamation et obtint en 1813 une licence ès lettres. Cette année-là, il fut élevé au diaconat par l’évêque de Chester et il exerça son ministère à Great Coggeshall comme assistant du révérend Richard Mant, auquel il ne tarda pas à succéder. En 1814, il fut ordonné prêtre par l’évêque de Londres. Il quitta sa paroisse l’année suivante pour accepter un poste d’aumônier des troupes britanniques qui combattaient en France sous le commandement du duc de Wellington. En 1817, il obtint une maîtrise ès lettres de Cambridge et fit paraître A series of discourses on the festivals and fasts [...] of the Church of England.

En 1819, Stevens fut nommé au Bas-Canada où il arriva en juillet avec une lettre que l’aumônier général envoyait au duc de Richmond [Lennox*] pour attester qu’il était un homme respectable et que la manière dont il avait rempli ses fonctions était « tout à son honneur ». Pendant le bref séjour qu’il fit d’abord à Montréal, il visita la garnison de Chambly où il fonda une congrégation regroupant quelques citoyens et aida à amorcer la construction d’une église qui, par la suite, fut appelée St Stephen. Cette initiative lui valut pour la première fois, mais certes pas la dernière, les éloges de l’évêque Jacob Mountain.

Stevens fut nommé au fort George (Niagara-on-the-Lake, Ontario) en 1820. Il y exerça son ministère d’aumônier de l’armée, visita la région avoisinante et incita les gens à ériger une petite église à Queenston. Sur la recommandation de Mountain, la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts lui accorda un salaire de £50 pour son œuvre missionnaire. En 1821, il fut muté à Montréal où, le 23 juin, le Montreal Herald annonça l’arrivée imminente de celui « dont les sermons [avaient été] tant appréciés par les fidèles de l’Église protestante épiscopale durant son bref séjour dans cette ville ».

Stevens ne tarda pas à s’engager intensément dans les activités religieuses de Montréal et des districts voisins. En 1823, il accomplissait sa tâche d’aumônier de la garnison à la « grande satisfaction » de l’officier commandant et il s’avéra si efficace comme assistant du rector de Montréal, John Bethune*, que Mountain recommanda à la Society for the Propagation of the Gospel de lui verser un salaire de £50. En outre, il mit sur pied à Lachine une congrégation qui prit le nom de St Stephen. À Montréal et à Lachine, il visita les écoles patronnées par l’Institution royale pour l’avancement des sciences – organisme dont un autre prêtre anglican, Joseph Langley Mills, était le secrétaire –, et il fonda lui-même une petite école à Île-aux-Noix. En même temps, il se fit une réputation de prédicateur éloquent et populaire grâce aux sermons qu’il prononçait en soirée à la Christ Church.

L’éventail des occupations de Stevens continua de s’élargir. En 1824, il était grand aumônier de l’United Masonic Lodge of Montreal and William Henry, qui venait d’être constituée ; de plus, à titre de bibliothécaire et de secrétaire, il participait largement aux activités du comité montréalais de la Society for Promoting Christian Knowledge ; en outre, il était secrétaire du comité de direction de l’importante École nationale de Montréal, que l’Institution royale pour l’avancement des sciences subventionnait. Son travail auprès des écoles relevant de cet organisme devint cependant de plus en plus difficile pour plusieurs raisons : les autres confessions s’opposaient continuellement à leur existence ; les professeurs et le manque d’argent furent source de difficultés ; et plusieurs écoles concurrentes ouvrirent leurs portes. Stevens fut l’un de ceux qui visitèrent les écoles le plus régulièrement et il donna des sommes importantes pour les entretenir. En 1826, toutefois, « la plus élémentaire prudence », écrivait-il au révérend Mills, commandait : « Halte là ! Arrêtez ! » Mais lui-même ne suivit pas son propre conseil.

Dès 1822, Bethune avait évoqué avec Stevens la possibilité de publier une revue à caractère religieux. Le projet se réalisa en 1827, lorsque le poste de rédacteur en chef du Christian Sentinel and Anglo-Canadian Churchman’s Magazine lui fut imposé, comme il l’écrivit plus tard, « avec une douce violence ». Sous sa direction, six numéros furent publiés de façon bimestrielle au cours de l’année. Les objectifs de la revue étaient de propager « les véritables principes de l’Église catholique du Christ » et, en particulier, de « défendre la constitution apostolique ; les doctrines orthodoxes et la liturgie biblique de l’Église nationale d’Angleterre ». La méthode de Stevens, qui consistait à « ne jamais se lancer à l’attaque mais, comme une bonne sentinelle, [à] défendre son poste et [à] surveiller attentivement et de tous côtés les mouvements de l’ennemi », se révélait conforme à l’attitude défensive de l’Église coloniale qui voyait les presbytériens, les méthodistes et les catholiques contester de plus en plus le droit à un statut privilégié qu’elle réclamait à titre d’Église établie. La revue, qui était en quelque sorte l’organe du diocèse, présentait des comptes rendus rédigés par des associations religieuses, des recensions de livres, des nominations ecclésiastiques, des nouvelles de l’Église coloniale et des biographies de membres importants du clergé. L’expérience de Stevens comme rédacteur en chef ne s’avéra pas heureuse ; à la fin de 1827, il écrivit une « lettre d’adieu » dans laquelle il annonçait sa démission à cause d’une santé chancelante et de l’inquiétude qu’il éprouvait en se voyant « entouré d’une foule de censeurs et de conseillers, tandis que les collègues de travail et les partisans étaient rares et tièdes ». Bethune, en qualité de rédacteur en chef intérimaire, et après lui Samuel Simpson Wood*, publièrent encore neuf numéros avant que la revue ne disparaisse en juin 1829.

Cette année-là, une responsabilité supplémentaire échut à Stevens : il remplaça temporairement l’aumônier principal des troupes britanniques du Haut et du Bas-Canada, Joseph Langley Mills, qui partait pour l’Angleterre. Il s’acquitta de toutes les tâches administratives sans autre assistance que celle dont il bénéficiait déjà en tant qu’aumônier de la garnison à Montréal et, en 1830, ses nouvelles fonctions l’obligèrent à effectuer une tournée dans le Haut-Canada. Sa situation devint encore plus intolérable lorsqu’en mai 1831, malgré ses objections, on changea l’heure de l’office des troupes de Montréal, lui causant ainsi des difficultés dans l’accomplissement de ses autres obligations. Son humeur fut encore assombrie par la réduction de l’appui financier à l’école de Lachine et par la détérioration de ses rapports avec Bethune, qui n’était certes pas indifférent au talent de Stevens comme prédicateur et qui s’était opposé à lui sur la question de l’heure de l’office. Au début de 1832, pour comble de frustration, Stevens apprit que le poste d’aumônier à Montréal allait être aboli et que lui-même serait mis à la demi-solde. Il résolut d’aller plaider sa cause en Angleterre et, lorsqu’il prit la mer en juillet 1832, les vœux de succès de nombreux groupes de citoyens de Montréal et de Lachine résonnaient encore à ses oreilles.

À la fin de 1833, au désespoir de quelques personnes et au plaisir du plus grand nombre, Brooke Bridge Stevens était déjà de retour à Montréal et avait repris son poste d’aumônier et sa tâche de prédicateur du soir, à laquelle il avait pourtant renoncé en Angleterre. Consterné, Bethune demanda à l’archidiacre George Jehoshaphat Mountain* de démettre Stevens de ses responsabilités, et il ajouta : « Les amateurs de courses de chevaux, de théâtres, etc. (qui sont les plus nombreux) vont préférer Stevens à toute personne qui se sent obligée de s’élever contre ce genre de choses. » La déconvenue de Bethune fut cependant de courte durée. Au retour de Stevens, ses amis constatèrent que sa santé déclinait et il mourut huit mois seulement après avoir repris ses fonctions. Conformément à sa volonté, il fut inhumé dans l’église St Stephen de Lachine. Admiré et respecté par les adeptes des autres confessions religieuses, Stevens fut un prêtre charitable qui s’exprimait avec facilité et qui répondit sans réserve à sa vocation.

Jack P. Francis

Brooke Bridges Stevens est l’auteur de : A series of discourses on the festivals and fasts (and other peculiar days) of the Church of England [...] (Londres, 1817) ; et de A masonic discourse delivered at the installation of the Hon. William McGillivray, as R.W.P.C.M. of the united districts of Montreal and William-Henry, Lower Canada (Montréal, 1824). Il fut également le rédacteur du Christian Sentinel and Anglo-Canadian Churchman’s Magazine (Montréal) en 1827. Un portrait de Stevens a été reproduit dans F. D. Adams, A history of Christ Church Cathedral, Montreal (Montréal, 1941) ; et un autre dans George Merchant, The history of St. Stephen’s Anglican Church, Lachine, Quebec, Canada, 1822–1956 (éd. rév., s.l., [1956]).

ANQ-M, CE1-65, 1821–1834 ; CM1-1/17–18 ; 2/4, 13 mai 1834.— APC, RG 8, I (C sér.), 65 : 28B, 32B, 104–105, 170 ; 67 : 139, 169–170, 194–196, 202–205, 226–252 ; 68 : 2–4, 18–19, 122–123, 152–163.— EEC, Diocese of Montreal Arch. (Montréal), G. J. Mountain papers ; B. B. Stevens papers.— EEC-Q, 103–105 ; 129 ; 314 ; 348.— McGill Univ. Arch., Royal Instit. for the Advancement of Learning, incoming corr., 1820–1834.— USPG, C/CAN/folder 480 ; C/CAN/Que., 1, no 17 ; Journal of SPG, 20 : 391–393 ; 21 : 384–388.— « Early records of St. Mark’s and St. Andrew’s churches, Niagara », Janet Carnochan, compil., OH, 3 (1901) : 79.— « Masonic installation », Canadian Magazine and Literary Repository (Montréal), 1 (juill.–déc. 1823) : 375.— La Gazette de Québec, 19 juill. 1819.— Montreal Gazette, 21–22 oct. 1833, 13, 17 mai 1834.— Montreal Herald, 23 juin 1821, 16 oct. 1824, 16 août 1826, 15 mai 1834.— Quebec Mercury, 12 juin 1832.— Beaulieu et Hamelin, la Presse québécoise, 1 : 59.— Millman, Jacob Mountain, 230, 248 ; The life of the Right Reverend, the Honourable Charles James Stewart, D.D., Oxon., second Anglican bishop of Quebec (London, Ontario, 1953), 47, 68–69, 143, 219.

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Jack P. Francis, « STEVENS, BROOKE BRIDGES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/stevens_brooke_bridges_6F.html.

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Auteur de l'article:    Jack P. Francis
Titre de l'article:    STEVENS, BROOKE BRIDGES
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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