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MOUNTAIN, GEORGE JEHOSHAPHAT, ministre et évêque de l’Église d’Angleterre, né le 27 juillet 1789 à Norwich, Angleterre, fils de Jacob Mountain* et d’Elizabeth Mildred Wale Kentish, décédé le 6 janvier 1863 à Québec.
L’arrivée de la famille Mountain à Québec, le 1er novembre 1793, marqua une étape importante dans l’établissement et le développement de l’Église d’Angleterre au Canada. Le père de George Mountain, Jacob, était venu à titre de premier évêque du diocèse anglican de Québec ; son oncle, Jehosaphat Mountain*, et son cousin, Salter Jehoshaphat Mountain, devinrent tous deux prêtres du diocèse ; et George lui-même devait en être le troisième évêque. Il fut le premier évêque de Québec à grandir au Canada, et les impressions de sa jeunesse firent naître en lui un amour profond et immuable pour le pays d’adoption auquel il était destiné à se dévouer.
George Mountain reçut sa première formation d’un précepteur privé, le révérend Matthew Fielde, sous la direction duquel il révéla un talent particulier pour la littérature et montra un enthousiasme pour la poésie, qu’il conserva toute sa vie. En 1846, il publiera même une œuvre en vers intitulée Songs of the wilderness, recueil intéressant parce qu’il nous renseigne sur le caractère et la personnalité de son auteur, mais quelconque du point de vue littéraire.
En 1805, George Mountain et son frère aîné, Jacob, retournèrent en Angleterre pour parfaire leurs études. Le révérend T. Monro de Little Easton, Essex, eut la responsabilité des garçons jusqu’à leur inscription à Trinity College, Cambridge, où George obtint son baccalauréat sans mention en 1810. L’échec qu’il subit en vue d’obtenir une bourse pour fréquenter Downing College, Cambridge, fut la cause de son retour à Québec en 1811. Doué d’un esprit religieux, il avait reçu la confirmation de son père le 18 septembre 1803, et, à son retour au foyer, comme il avait pris la ferme résolution de recevoir la prêtrise, il se plaça comme étudiant sous la tutelle de l’évêque. Exerçant les fonctions de secrétaire de son père, il allégea grandement le fardeau de ses responsabilités. Après avoir reçu le diaconat, le 2 août 1812, dans la cathédrale Holy Trinity, il fut désigné pour assister Salter Jehoshaphat Mountain, le rector de la cathédrale. Son diaconat coïncida avec la guerre de 1812 et, en plus de ses responsabilités régulières, le jeune ecclésiastique se porta volontaire pour être de faction sur les murs de la ville de Québec.
En 1813, Mountain accompagna son père dans la visite triannuelle du diocèse et, à leur retour à Québec, l’évêque trouva son fils suffisamment préparé pour l’ordination. Le 16 janvier 1814, il fut ordonné prêtre et, jusqu’en août de la même année, il fut « conférencier de soir » à la cathédrale de Québec. Le 2 août, George Mountain épousa Mary Hume Thomson de la ville de Québec, et le couple partit s’établir dans la paroisse de Fredericton, Nouveau-Brunswick.
Durant les trois années qu’ils vécurent à Fredericton, les Mountain gagnèrent la vive affection de leurs paroissiens. La plus durable de leurs contributions fut probablement la fondation d’une section locale de la Society for Promoting Christian Knowledge, qui permit de jeter les bases d’un système d’enseignement. En plus de son ministère paroissial, George Mountain assuma les charges d’aumônier de la législature et des forces armées.
Le retour à Québec de George Mountain, en 1817, à titre de ministre officiant à la cathédrale, inaugura une nouvelle phase de sa carrière. Sa désignation comme official du Bas-Canada en 1818 fut suivie en 1819 de la réception d’un doctorat en théologie décerné par l’archevêque de Cantorbéry et de sa nomination comme membre de l’Institution royale pour l’avancement des sciences. En janvier 1821, on fonda deux archidiaconés dans le Haut et le Bas-Canada : George Mountain fut créé premier archidiacre de Québec et George Okill Stuart, archidiacre d’York (Toronto). Plus tard dans la même année, on érigea la paroisse de Québec par lettres patentes et Mountain en fut le premier rector.
Dans un court laps de temps, Mountain avait atteint une situation d’ancienneté parmi le clergé du Haut et du Bas-Canada, et, dans les dernières années où son père fut évêque et durant tout l’épiscopat de Charles James Stewart* (1826–1836), il servit dans le diocèse comme s’il était déjà évêque auxiliaire consacré. Il n’est pas étonnant alors qu’il fût consacré, le 14 février 1836, au Lambeth Palace de Londres, évêque suffragant du diocèse de Québec sous le titre d’évêque de Montréal et qu’au départ de l’évêque Stewart pour l’Angleterre la même année, il assumât l’entière responsabilité du diocèse. En 1837, il succéda officiellement à Stewart comme évêque de Québec, tout en continuant d’utiliser le titre d’évêque de Montréal jusqu’en 1850, alors que fut créé le diocèse de Montréal. Quand Mountain devint évêque, le diocèse de Québec s’étendait de la frontière du Nouveau-Brunswick jusqu’aux extrémités ouest du Haut-Canada. Au-delà du Haut-Canada, le territoire était légalement sous l’autorité de l’évêque de Londres, mais, pour des raisons d’ordre pratique, le diocèse de Québec s’étendait de fait jusqu’à la côte ouest. D’après une évaluation préparée par Mountain pour le rapport de Durham [Lambton*] en 1838, son clergé comptait 117 membres : 73 dans le Haut-Canada et 44 dans le Bas-Canada.
En tant qu’évêque, Mountain eut à faire face à la tâche de créer un sens de l’unité diocésaine dans un pays où les communications étaient un problème majeur. Eu égard aux difficultés que cela impliquait, l’une des réalisations les plus remarquables de sa carrière fut de visiter son diocèse méthodiquement et inlassablement, insufflant une vie spirituelle nouvelle à ses diocésains. Il était archidiacre quand il commença ses voyages. Ses tournées les plus notables furent celles qu’il effectua sur la côte de Gaspé en 1824 et 1826. Le transport était presque toujours une question de hasard et, lors de l’expédition de 1824, Mountain marcha 25 milles à travers la forêt de la péninsule en compagnie de guides indiens. Pendant tous ses voyages, les conditions de vie du peuple et l’état de la religion et de l’éducation dans chaque établissement où il s’arrêta l’intéressaient au plus haut point. Sans aucun doute, le plus mémorable de ses voyages fut l’expédition de 1844 à la Rivière-Rouge ; c’était la première fois qu’un évêque anglican y faisait une visite [V. John Smithurst]. Une poignée de missionnaires avait œuvré à cet endroit depuis 1820, et Mountain, après avoir parcouru près de 2 000 milles surtout en canot ou à pied, reçut une chaude réception de la part de la population, en grande partie indienne et métisse. Son séjour de 18 jours inspira à l’établissement une ardeur nouvelle, mais ce qui importa davantage, ce fut son plaidoyer en faveur d’une aide accrue pour ces gens, qui favorisa la création du diocèse de Rupert’s Land en 1849, dont David Anderson* devint le premier évêque.
Graduellement, le diocèse original de Québec fut subdivisé : en 1839, on créa le diocèse de Toronto et John Strachan en devint l’évêque ; en 1850, Francis Fulford fut nommé premier évêque du siège de Montréal. Dans les dernières années de son épiscopat, aucune entreprise ne montre mieux le courage de Mountain que ses voyages aux Îles-de-la-Madeleine en 1850 et sur la côte du Labrador en 1861. Sur les îles, il découvrit des établissements que seuls des prêtres catholiques avaient visités, et la côte du Labrador lui révéla un niveau de pauvreté auquel ses nombreuses années d’expérience ne l’avaient pas préparé. Exactement deux ans après sa visite au Labrador, alors qu’il était à l’article de la mort, il ne pouvait détourner sa pensée des problèmes de cette mission qui vivait péniblement, et le mot ultime qu’il prononça avant de bénir ses enfants fut « Labrador ».
Le développement de l’instruction dans les deux Canadas fut l’une des préoccupations de George Mountain durant toute sa vie. Lors de son retour à Québec, en 1817, il avait formé un comité diocésain de la Society for Promoting Christian Knowledge et, grâce à son appui, il aborda l’établissement d’un système d’ « écoles nationales » dans le but d’enseigner, sans frais pour les parents, aux enfants qui ne pouvaient satisfaire aux exigences scolaires ou financières des Royal Grammar Schools, prises en charge par le gouvernement britannique. La première École nationale ouvrit ses portes à Québec en 1819, et on utilisa le système d’enseignement Bell qui voulait que les plus âgés parmi les élèves agissent comme moniteurs pour enseigner les plus jeunes. En avril 1823, le comité de la Society for Promoting Christian Knowledge fonda l’École du dimanche de Québec pour les enfants dans l’impossibilité de fréquenter les classes régulières en semaine.
On retrace aussi l’influence de Mountain dans l’histoire des universités McGill et Bishop. Les lettres patentes constituant juridiquement McGill College furent émises le 31 mars 1821, puis on affecta, en 1824, du personnel enseignant bénévole. Mountain fut nommé principal du collège et professeur de théologie, postes qu’il détint jusqu’en juillet 1835. Sous la direction de Mountain, McGill devint une institution bien établie décernant des diplômes reconnus ; sa démission de la faculté ne mit pas fin à ses relations avec l’université. À la mort de l’évêque Stewart, en 1837, il lui succéda à la présidence de l’Institution royale pour l’avancement des sciences qui avait reçu en fidéicommis, en 1813, la succession de James McGill* pour la fondation d’un collège ou d’une université. Dans l’exercice de ses fonctions, il se trouva engagé dans une vive controverse avec John Bethune*, principal intérimaire de McGill, dont la politique visant à faire de l’université un château fort anglican éloignait bien des amis de cette institution. L’évêque Mountain n’accepterait pas un siège au conseil d’administration de McGill à moins que Bethune ne fût démis de son poste. Le principal fut délogé par le gouvernement britannique, en 1846.
Les relations de George Mountain avec Bishop’s University furent de nature plus personnelle. Particulièrement désireux d’obtenir des prêtres pour son diocèse en expansion, il favorisa l’érection d’un collège soutenu par l’Église d’Angleterre dans le village de Lennoxville, Cantons de l’Est. Sa fondation et sa croissance devinrent, pour Mountain, un sujet de prédilection et furent, d’après lui, parmi les œuvres qui lui procurèrent le plus de satisfaction personnelle. La paroisse de Lennoxville offrit une aide financière généreuse afin de voir une université s’établir dans le voisinage [V. Lucius Doolittle]. La sanction royale fut accordée le 9 décembre 1843. Pendant les dix premières années, Bishop’s College fonctionna sans avoir la capacité, essentielle pour une université, de décerner des diplômes. Ensemble, Mountain et le premier principal du collège, Jasper Hume Nicolls*, neveu et gendre de Mountain, travaillèrent sans relâche pour obtenir une charte royale. Finalement, cédant à la pression constante, le gouvernement canadien relâcha son opposition, et une charte fut émise le 28 janvier 1853, faisant de Bishop’s College une université avec la prérogative de décerner des diplômes en théologie, en droit et en médecine. Le rêve de l’évêque Mountain était réalisé et, à l’occasion de la célébration de son jubilé en 1862, on créa une bourse d’études en son honneur à l’université.
C’est pendant son épiscopat que le gouvernement de l’Église devint une affaire de plus en plus importante et Mountain contribua de façon déterminante à jeter les bases du système qui fonctionne encore. L’embarrassant problème du financement du diocèse rendit ce développement nécessaire. Devant l’aide gouvernementale décroissante, il organisa, en 1842, la Church Society of the Diocese of Quebec. Celle-ci avait pour but d’assurer, au moyen d’un système de contributions personnelles volontaires, la rémunération des missionnaires et la construction d’églises nouvelles, mais elle servit aussi à préparer la création d’un synode diocésain. S’appuyant sur le désir grandissant parmi les laïques d’avoir une Église capable de se gouverner elle-même, Mountain entreprit une correspondance avec les autres évêques de l’Amérique du Nord britannique. Sous ses auspices, une conférence se tint à Québec du 24 septembre au 1er octobre 1851, à la suite de laquelle on soumit à l’archevêque de Cantorbéry un projet pour la création de synodes, provincial et diocésain.
En 1853, Mountain présida une assemblée des évêques des colonies à Londres, dont le but était de reconnaître l’autorité des synodes dans toutes les colonies. Le projet de loi sur l’Église dans les colonies fut battu devant le parlement britannique mais, par la suite, une loi d’habilitation fut votée le 28 mai 1857 par la législature de la province du Canada. L’opposition du groupe évangélique de la population anglicane, qui visait à limiter le pouvoir de l’évêque en faveur des laïques, provoqua des délais et des négociations d’ordre juridique, mais Mountain fut finalement capable de diriger la première session du synode, du 6 au 8 juillet 1859.
Quand se posa, en 1860, la question de l’érection d’un siège métropolitain au Canada, le rôle de l’évêque Mountain fut de nouveau déterminant. Aux yeux de plusieurs, il apparaissait que l’honneur d’être métropolitain devait aller à Mountain, le doyen des évêques de la province. Cependant, Mountain, voyant décliner ses forces, avait réclamé la nomination de l’évêque Francis Fulford de Montréal. En outre, même devant l’opposition presque totale à un siège métropolitain fixe, Mountain soutint que les responsabilités d’un métropolitain devaient être dévolues au diocèse de Montréal.
L’une des questions les plus litigieuses au Canada pendant les années du ministère de George Mountain fut la disposition du revenu des « réserves » du clergé ; Mountain appuya résolument la position de l’Église d’Angleterre voulant que le revenu des réserves fût entièrement mis à sa disposition, en dépit des prétentions des autres groupes protestants. En 1825, à titre d’archidiacre, il négocia sans succès avec le gouvernement britannique au sujet de la vente des terres de l’Église à la Canada Land Company, expérience qui servit à accroître son dégoût naturel des tractations politiques, mais au cours des années d’épiscopat de son père et de l’évêque Stewart, il appuya avec vigueur leurs vues partisanes. À la suite de sa propre consécration, Mountain entretint une correspondance volumineuse pour prévenir l’effondrement éventuel de la politique de l’Église d’Angleterre vis-à-vis des réserves. Une seule fois, il intervint dans une question qui n’était pas de son ressort : en 1849, il donna libre cours à son antiaméricanisme en dénonçant sévèrement le mouvement annexionniste, bien que ce dernier eût offert de garantir la dotation de l’Église d’Angleterre en retour d’un appui politique dans le Bas-Canada. Cette incursion dans le champ politique constitua une démarche tout à fait inhabituelle de sa part.
George Mountain se dévoua toute sa vie au soulagement des pauvres et des plus défavorisés, et ses efforts dans le domaine social lui valurent les plus grands éloges. Son travail auprès des immigrants et son dévouement durant les épidémies de choléra et de typhus en 1832 et 1847 sont devenus légendaires. Parmi ses préoccupations constantes, les conditions de vie dans les hôpitaux et les prisons de la ville de Québec comptèrent pour beaucoup ; il œuvra dans la Jail Association pendant plusieurs années. Des fondations telles que le Quebec Asylum et le Church of England Orphan Asylum for Girls, qui fut organisé par Mme Mountain, furent l’objet de son attention constante. Il fonda aussi une bibliothèque de prêt paroissiale, une société dont le but était de visiter les pauvres du district et une société destinée à procurer des vêtements aux pauvres de l’Église d’Angleterre. La fondation de la Church Home for Widows et de la Finlay Home for Boys and Men fut aussi le résultat du travail de l’évêque Mountain et de sa femme.
En 1853, lors de sa dernière visite en Angleterre, l’évêque reçut un doctorat honorifique en droit d’Oxford University. Dans son propre diocèse, son cinquantième anniversaire de ministère, le 2 août 1862, fut l’occasion d’une fête à Québec. La dernière apparition en public de l’évêque Mountain eut lieu le jour de Noël 1862 quand il célébra le saint office dans la cathédrale Holy Trinity. Le lendemain, il contracta un mauvais rhume, qui tourna en pneumonie. Il mourut le 6 janvier 1863. La douleur exprimée par le public et les funérailles qui eurent lieu dans la cathédrale de Québec furent, dans tous les sens, des hommages mérités à la vie et à l’œuvre de celui qui s’était donné totalement aux fidèles de son diocèse.
G. J. Mountain, Songs of the wilderness, being a collection of poems written on the route to the territory of the Hudson’s Bay Co. in 1844 with notes (Londres, 1846) ; Visit to the Gaspé coast (Québec, 1943).
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Monica Marston, « MOUNTAIN, GEORGE JEHOSHAPHAT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mountain_george_jehoshaphat_9F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/mountain_george_jehoshaphat_9F.html |
Auteur de l'article: | Monica Marston |
Titre de l'article: | MOUNTAIN, GEORGE JEHOSHAPHAT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 10 nov. 2024 |