TISSERANT DE MONCHARVAUX (Montchervaux), JEAN-BAPTISTE-FRANÇOIS, officier dans les troupes de la Marine, né en 1696 ou 1697 dans la paroisse de Saint-Pierre, diocèse de Langres, France, fils de François Tisserant de Moncharvaux et de Marie-Louise de Vienne ; il épousa à Québec, le 3 juin 1721, Marie-Thérèse L’Archevêque et, en secondes noces, Marie-Agnès Chassin, à Kaskaskia, au pays des Illinois, en 1737 ; décédé le 14 juin 1767 à Paris.

Jean-Baptiste Tisserant de Moncharvaux entra dans l’armée et servit dans les Flandres où il fut blessé. Il vint au Canada en 1716 en qualité de cadet dans les troupes de la Marine et semble y avoir consacré une bonne partie des 13 années suivantes, sinon toutes ; il fut fait cornette dans les gardes du gouverneur en 1727. Il participa aux guerres relatives « aux affaires angloises et sauvages dans les rigueurs de l’hiver par terre et par Eau ».

À son retour en France, en 1729, on lui accorda une commission dans les troupes de la Louisiane. Il arriva à La Nouvelle-Orléans en mars 1731 et on lui confia le commandement de Pointe-Coupée (près de New Roads, Louisiane). La colonie tomba sous une administration plus énergique, en juillet 1731, lorsqu’elle passa de la Compagnie des Indes au gouvernement royal. Ce changement et la nomination de Bienville [Le Moyne] au poste de gouverneur, l’été suivant, amena un renouveau d’intérêt dans la Louisiane supérieure. Moncharvaux fut envoyé au pays des Illinois avec Pierre d’Artaguiette d’Itouralde, le nouveau commandant ; celui-ci, au début de 1733, plaça Moncharvaux à la tête d’un fortin qu’on venait de construire à Cahokia (East St Louis, Ill.). Sa femme et ses trois fils quittèrent le Canada pour l’y rejoindre mais périrent en route au cours d’un naufrage.

À la fin de 1735 ou au début de 1736, Moncharvaux reçut d’Artaguiette l’ordre d’amener un détachement d’Indiens illinois vers le sud pour prendre part à une attaque contre les puissants Chicachas, tribu détestée des Français à cause de son amitié pour les Anglais. Les Illinois étaient dans leurs territoires de chasse d’hiver, et lorsque Moncharvaux réussit finalement à les amener chez les Chicachas, d’Artaguiette était déjà vaincu. On ne semble pas avoir tenu rigueur à Moncharvaux de son arrivée tardive car en octobre il était promu au grade de lieutenant. Il prit part à une démonstration plus réussie de la puissance française contre les Chicachas en 1739. À titre de commandant d’un poste situé près de l’embouchure de l’Arkansas, il continua au long des années 40 à prendre part aux interventions françaises contre cette tribu. Il fut nommé capitaine en décembre 1747.

Moncharvaux, qui avait su gagner la confiance du nouveau gouverneur de la Louisiane, Pierre de Rigaud* de Vaudreuil, se vit confier le commandement du convoi royal de 1749 qui, remontant le Mississipi, transporta des marchandises aux établissements du pays des Illinois. Cette fonction lui fut accordée à un moment où le commissaire ordonnateur nouvellement arrivé, Honoré Michel de Villebois de La Rouvillière, était bien décidé à contrôler étroitement les dépenses. Michel adressa au ministre de la Marine des rapports touchant l’abus d’eau-de-vie et les malversations de Moncharvaux, mais par la suite il écrivit, de même que Vaudreuil, à la décharge du commandant, que les officiers avaient toujours considéré le poste comme un moyen d’arrondir leurs revenus et que Moncharvaux n’avait pas agi plus mal que ses prédécesseurs. Il avait une nombreuse famille et, comme le signalait Vaudreuil, son indigence était la preuve qu’il ne s’était pas livré au trafic pour son compte personnel dans les postes où il était passé auparavant.

À la fin de 1751, Moncharvaux était commandant à Kaskaskia ; en 1757, il était en service sur le Missouri avec son fils, Jean-Baptiste, et quatre autres soldats. Il demeura probablement en Louisiane supérieure jusqu’en 1763, alors qu’un autre officier fut envoyé pour le remplacer au poste d’Arkansas. Moncharvaux rentra en France, peut-être avant d’apprendre que les territoires pour lesquels il s’était battu si longtemps étaient cédés à l’Angleterre et à l’Espagne. Il perdit la plus grande partie de ses biens au cours de deux naufrages successifs pendant la traversée. On commença à lui verser une pension annuelle de 200# en 1764 ; il tenta d’améliorer sa situation financière en traînant son frère en cour afin de récupérer sa part d’un héritage. Au début de 1767, il entra à l’Hôtel-Dieu de Paris où il mourut en juin.

En collaboration

AN, Marine, C7, 213.— Anglo-French boundary disputes, 1749–63 (Pease).— Before Lewis and Clark : documents illustrating the history of the Missouri, 1785–1804, A. P. Nasatir, édit. (2 vol., St Louis, Mi., 1952), I, 50.— Illinois on eve of Seven YearsWar (Pease et Jenison).— Mississippi Provincial Archives, 1701–1740, French dominion, Dunbar Rowland et A. G. Sanders, édit. (2 vols., Jackson, 1927–1929), I.— Old Cahokia : a narrative and documents illustrating the first century of its history, J. F. McDermott, édit. (St Louis, Mi., 1949).— Travels in the interior of North America, 1751–1762, Seymour Feiler, trad. et édit. (Norman, Okla., 1962), 70s.— Tanguay, Dictionnaire. Alvord, Illinois country. Belting, Kaskaskia. Wilfrid Bovey, Some notes on Arkansas Post and St Philippe in the Mississippi valley, MSRC, 3e sér., XXXIII (1939), sect. ii : 29–47.— Stanley Faye, The Arkansas post of Louisiana : French domination, Louisiana Historical Quarterly (Nouvelle-Orléans), XXVI (1943) : 633–721.

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En collaboration, « TISSERANT DE MONCHARVAUX (Montchervaux), JEAN-BAPTISTE-FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/tisserant_de_moncharvaux_jean_baptiste_francois_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    3 déc. 2024