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VALLÉE, CHARLES-AMÉDÉE, zouave pontifical, directeur de banque et fonctionnaire, né le 17 octobre 1850 dans la paroisse Saint-Roch de Québec, fils de Prudent Vallée, maître menuisier, et d’Henriette Cazeau (Casault), et frère d’Arthur* et de Louis-Prudent* ; le 26 mai 1874, il épousa au même endroit Marie-Zoé Marcotte, et ils eurent six enfants ; décédé le 19 mars 1924 à Saint-Gabriel-de-Brandon, Québec.
Charles-Amédée Vallée étudie au collège de Lévis de 1861 à 1864 puis à l’académie commerciale de Québec. Le 16 mai 1868, à l’âge de 17 ans, il s’embarque pour l’Italie avec le deuxième détachement des zouaves pontificaux, qui se portent à la défense des États pontificaux menacés par les soldats de Giuseppe Garibaldi [V. Édouard-André Barnard*]. Caporal de deuxième classe à compter du 26 mars 1870, Vallée devient sergent-fourrier de deuxième classe le 1er septembre suivant. À la suite de la capitulation de Rome, il revient à Québec en novembre ; il sera fait chevalier de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand par le pape Léon XIII, en reconnaissance de ses services. Vers 1872, Vallée entreprend une carrière dans le domaine financier. D’abord commis à la Banque nationale de Québec, dont son père est un des administrateurs, il y devient comptable puis, vers 1882, est promu directeur de la succursale de Montréal, poste qu’il occupe jusqu’en 1888. Au cours des deux années qui suivent, il travaille comme courtier et est membre de la Bourse de commerce de Montréal.
En octobre 1890, Vallée est nommé par le gouvernement d’Honoré Mercier*, dont il est l’ami intime, geôlier adjoint de la prison commune de Montréal, dite du Pied-du-Courant. Le 18 mai 1891, il succède au gouverneur Louis Payette, décédé le 29 avril. Les membres du Bureau des inspecteurs des prisons et asiles de la province de Québec commentent de façon enthousiaste sa nomination : « Il est, sans aucun doute, un organisateur de grand mérite, et sa nomination est une des plus heureuses qui se soit jamais faite. »
Vallée fera preuve, en effet, non seulement des qualités de gestionnaire, mais aussi d’un professionnalisme et d’une ouverture d’esprit à l’égard des nouvelles théories pénales, principalement européennes. En août 1891, la prison de Montréal compte 225 détenus et le personnel sous les ordres de Vallée se chiffre à 30. Ce dernier instaure des pratiques qui contrastent avec celles de son prédécesseur. Dès sa nomination, il entreprend une réorganisation complète du personnel de la prison en congédiant près de la moitié des employés pour pallier les problèmes de toutes sortes (gardes souvent ivres ou trafic de cigarettes, d’alcool et autres entre gardes et prisonniers). Dans leur rapport pour l’année 1891, les inspecteurs affirment que « le nouveau Directeur […] a tout transformé, pour le mieux, cela va sans dire, et […] a introduit un nouvel ordre de choses qui donne à l’établissement un cachet tout nouveau et fait d’une vieillerie un local fort propre et très ingénieusement aménagé ».
Pour Vallée, la prison est un lieu de punition et de réformation du prisonnier. Le gouverneur de la prison n’est donc plus un geôlier en chef qui s’assure de garder enfermés des individus, mais plutôt un administrateur et un penseur « pratique » du système carcéral. Au fil des ans, Vallée produit de nombreux rapports dans lesquels il expose ses vues sur l’importance de l’isolement cellulaire dans la réformation du prisonnier et sur l’impossibilité de son application dans le cadre d’une prison commune, sur le travail en commun des prisonniers dans les ateliers de cordonnerie, de tailleurs, de menuiserie ou de ferblanterie, ou sur la classification entre les prévenus et les détenus.
C’est à titre de gouverneur de la prison du Pied-du-Courant jusqu’en 1913 ainsi qu’à titre de membre de la commission chargée de préparer et d’approuver les plans pour la construction d’une nouvelle prison commune, puisque celle du Pied-du-Courant est surpeuplée, que Vallée a laissé une véritable empreinte dans l’histoire pénale montréalaise. C’est à lui principalement que l’on doit la construction de la prison de Bordeaux, considérée alors comme une prison modèle et des plus modernes. Il fait dans ce but plusieurs voyages en Europe et aux États-Unis pour visiter des prisons et des pénitenciers, et en rapporter des plans et de l’information à la fine pointe du savoir technique, pratique et théorique de l’époque. Construit de 1907 à 1912, d’après les plans de l’architecte Jean-Omer Marchand*, l’édifice pouvait recevoir près de 1 000 détenus.
Gouverneur de la prison de Bordeaux à compter de 1913, Charles-Amédée Vallée quitte son poste en 1916. Peu après la guerre, le gouvernement provincial le nomme commissaire au Bureau de censure des vues animées ; il prend sa retraite en 1919 et vit alors à Saint-Gabriel-de-Brandon, où il meurt cinq ans plus tard, d’une attaque de grippe.
ANQ-M, P23.— ANQ-Q, CE301-S22, 18 oct. 1850, 26 mai 1874 ; E17, dossier 1243 (1910) (versement 1960-01-036/271).— Le Devoir, 20 mars 1924.— Gazette (Montréal), 20 mars 1924.— La Presse, 20 mars 1924.— Annuaires, Montréal, 1888–1891 ; Québec, 1872–1883.— René Hardy et Elio Lodolini, les Zouaves pontificaux canadiens (Ottawa, 1976).— Québec, Parl., Doc. de la session, rapport des inspecteurs de prisons, asiles et bureaux publics de la province de Québec, 1891–1916.
Marie J. Tremblay, « VALLÉE, CHARLES-AMÉDÉE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/vallee_charles_amedee_15F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/vallee_charles_amedee_15F.html |
Auteur de l'article: | Marie J. Tremblay |
Titre de l'article: | VALLÉE, CHARLES-AMÉDÉE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 13 nov. 2024 |