VANE, GEORGE, ingénieur à Saint-Jean, Terre-Neuve, en 1708, et à Annapolis Royal de 1711 à 1715 ; mort à Bombay (Inde), le 1er mai 1722.

Après avoir servi le roi exilé, Jacques II d’Angleterre, jusqu’à la mort de celui-ci survenue en 1701, Vane entra au service de la république de Venise à titre d’ingénieur militaire. L’Électeur de Bavière (allié de la France) le fit quérir pour se l’attacher comme premier ingénieur, poste que Vane occupa après un emprisonnement de huit mois dans le Tyrol, sous accusation d’espionnage. Après la défaite de la Bavière en 1703, Vane regagna son pays, l’Angleterre.

Nommé au poste d’ingénieur à Saint-Jean de Terre-Neuve, en 1707, eh remplacement de Robert Latham, il aborda à ce port de mer l’année suivante. Il eut peu de temps pour renforcer les défenses avant l’attaque des Français, conduite par Saint-Ovide de Brouillan [Monbeton*] le 22 décembre 1708 (ancien style). Néanmoins, les nouvelles palissades qu’il avait érigées retardèrent quelque peu les assaillants.

Sans doute à cause de ses opinions jacobines, quelques officiers britanniques le soupçonnèrent de conspirer avec les Français. Le major Thomas Lloyd, commandant de la garnison, le traita de « misérable lâche » et de « traître ». Les Français, qui, pour leur part, lui permettaient, en tant que prisonnier de guerre, de se déplacer à loisir aux alentours de Plaisance (Placentia) en 1709, craignaient que les Anglais n’utilisent ce qu’il connaissait des défenses de ce port français. Cependant, après l’avoir autorisé, en juillet 1710, à quitter Dinan (France) où il avait été emprisonné, on lui permit de regagner l’Angleterre. Là, il fut invité à donner son avis sur les améliorations à faire aux ouvrages militaires des ports de Terre-Neuve. Bien que Forillon (Ferryland) fût l’endroit le plus facile et le moins coûteux à fortifier (celui auquel d’autres, notamment Moody et Cumings, donnaient la préférence), Vane conseilla de choisir Saint-Jean, car c’était le port le plus vaste et celui qui présentait le plus d’avantages. Il fallait, selon lui, ériger un nouveau fort, pour remplacer les anciens, sur une hauteur appelée Admiral’s Rock.

Envoyé de nouveau en Amérique du Nord, en 1711, Vane prit part à la fatale expédition de Walker contre Québec, à la suite de laquelle le brigadier général John Hill l’affecta à la garnison d’Annapolis Royal. Ses deux premières années à cet endroit, sous l’autorité du gouverneur Samuel Vetch, furent orageuses. Vetch prit bientôt Vane en aversion. Il estimait que ses calculs quant au coût des fortifications étaient excessifs. De son côté Vane, dans les lettres qu’il adressait au gouvernement de son pays, dénigrait son supérieur, le dé,crivant comme un bon gouverneur, « mais à son seul profit », et comme un homme qui chasserait probablement les Acadiens, dont les travaux agricolés étaient pourtant nécessaires à la colonie. Tandis que d’une part Vane demandait des fonds pour ses projets de fortifications, Vetch, lui, voulait qu’on établisse une politique officielle faisant autorité ; mais le gouvernement britannique restait indifférent à leurs demandes.

Vane irrita souvent les autres officiers par ses idées jacobines. En 1712, il arriva que Lawrence Armstrong, « incapable de se contenir plus longtemps lui cassa sur la tête une grande carafe pleine de vin et fut bien près de l’expédier dans l’autre monde ». De crainte d’avoir l’air d’assouvir une vengeance personnelle, Vetch s’abstint de punir Vane et se contenta de porter plainte auprès du Board of Ordnance. Mais, en septembre 1713, il découvrit un délit qui pouvait conduire – et, de fait, conduisit – Vane devant le tribunal militaire où il fut suspendu de ses fonctions : Vane avait accusé un autre officier, le capitaine John Adams, d’avoir agi de connivence avec le gouverneur pour s’approprier des provisions de l’armée.

De toute évidence, le Board of Trade, auquel Nicholson renvoya l’affaire, rétablit l’ingénieur dans ses fonctions. Sans doute Vane sut-il collaborer avec Nicholson, car ce dernier lui confia d’assez grandes responsabilités, malgré la répugnance que témoignait le gouvernement à payer le coût de nouvelles fortifications. Lorsque Vetch fut de nouveau nommé au poste de gouverneur, Vane fut transféré à l’East India Company. D’abord lieutenant dans un régiment d’infanterie à Bombay en 1716, il fut promu major d’une compagnie d’artilleurs en 1718. C’est dans cette même ville qu’il mourait d’apoplexie en 1722.

F. J. Thorpe

AN, Col., B, 32, f.168 ; Col., C11C, 6, ff.208, 259.— APC, Nova Scotia A, 3, p.287 ; 4, pp.21, 27 ; 5, pp.227–230 ; 6, pp.175–178 ; 7, pp.49, 127–129, 130–132, 133–134, 135–138 ; 8, pp.18, 24–26.— BM, Sloane mss 3 607, ff.11, 14ss., 16, 23v.–25, 39–40v. ; Stowe mss 246, ff.4–5v., 18.— PRO, C.O. 194/4, nos 76vii, 100ii, 109ix, 143iii, vi, 144 ; 194/6 ; 195/4, p.424.— Documents relating to currency in Nova Scotia, 16751758 (Shortt), 42s.— PRO, B.TJournal, 1704–1708/09, 1708/09–1714/15 ; CSP, Col., 1706–08, 1708–09, 1710–11, 1711–12, 1712–14, 1714–15.— Dalton, English army lists, VI.— Brebner, New Englands outpost, 60.— Waller, Samuel Vetch, 247s.

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F. J. Thorpe, « VANE, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/vane_george_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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