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WEBSTER, ELLA HOBDAY (Bronson), réformatrice sociale, née le 1er septembre 1846 à Portsmouth, Virginie, fille de Nathan Burnham Webster et d’Isabella Fish Hobday ; le 8 septembre 1874, elle épousa à Norfolk, Virginie, Erskine Henry Bronson, et ils eurent deux fils qui moururent bébés ainsi qu’un fils et une fille qui leur survécurent ; décédée le 11 février 1925 à Ottawa.
Le père d’Ella Hobday Webster, cousin de l’homme politique américain Daniel Webster, était un éducateur important dans le sud des États-Unis. Avant de s’établir à Ottawa en 1862, Nathan Burnham Webster enseigna au Baptist College de Richmond, en Virginie, fut directeur de la Military Academy à Portsmouth, puis fonda et dirigea le Virginia Collegiate Institute de Norfolk. Fuyant la guerre de Sécession, il s’installa avec sa famille au Canada et y demeura jusqu’en 1869, puis retourna à Norfolk pour établir le Webster Institute.
On ignore comment Ella Hobday Webster fit la rencontre d’Erskine Henry Bronson. Ce dernier appartenait à l’une des familles les plus distinguées d’Ottawa, qui avait fait fortune dans le commerce du bois d’œuvre. Après leur mariage en Virginie en 1874, les Bronson revinrent dans la capitale canadienne. Erskine devint par la suite ministre dans le gouvernement d’Oliver Mowat*, en Ontario. Ella était connue comme une mère dévouée, quoique sentimentale. Sa carrière publique commença pour de bon après les années qu’elle passa à s’occuper de ses enfants et de son foyer. En 1889, avec lady Macdonald [Bernard*], elle conçut un programme d’immigration en vue de faire venir des servantes de Grande-Bretagne. En 1891, elle aida lady Stanley, la femme du gouverneur général, à organiser des cours de secourisme. Entre 1890 et 1892, toujours avec lady Stanley, elle appartint à plusieurs comités officieux dont le but était d’équiper l’immeuble du nouvel institut d’infirmières. Pendant la guerre des Boers, elle administra, à titre de trésorière, des fonds recueillis pour expédier des colis aux soldats d’Ottawa. À l’église presbytérienne St Andrew, elle œuvrait dans la société missionnaire féminine et dans un certain nombre de comités.
En 1893, à la demande de lady Aberdeen [Marjoribanks*], Ella Bronson accepta de participer à la fondation du National Council of Women of Canada. Bien qu’elle ait été déléguée à plusieurs congrès nationaux, elle milita surtout à l’échelle locale, où s’accomplissait la plus grande partie du travail du conseil. À l’instar des sociétés missionnaires des Églises, les conseils locaux, affiliés au conseil national par des liens souples, formaient des femmes qui montraient des qualités de chef, telle Mme Bronson. Ils permettaient aux militantes de connaître les besoins socio-économiques de leur milieu et de se créer un réseau de relations féminines. En outre, ils leur offraient une tribune légitime où elles pouvaient exercer leur autorité et défendre leur conception de la famille chrétienne.
Vice-présidente du Local Council of Women d’Ottawa de 1894 à 1911, Ella Bronson appartint à des comités qui firent pression pour l’enseignement de l’économie domestique dans les écoles secondaires de la ville, la mise sur pied d’un réseau de bibliothèques gratuites et la création de maisons pour les tuberculeux. En 1894, elle participa à la fondation de l’Associated Charities of Ottawa, qui visait à coordonner les efforts de divers organismes, à fixer des normes pour les bénéficiaires et à offrir des programmes de placement aux chômeurs.
Toutefois, Ella Bronson se signala principalement en tant que fondatrice et administratrice de l’Ottawa Maternity Hospital. Inauguré en 1895 sous sa présidence, avec un conseil d’administration entièrement féminin, l’hôpital fonctionna jusque vers 1925, soit jusqu’à son intégration au Civic Hospital. Mme Bronson assura une bonne partie du financement en sollicitant ses relations parmi les élites du gouvernement et de l’industrie forestière et occupa la présidence durant près de 30 ans. De conception moderne, c’est-à-dire voué avant tout aux soins médicaux, l’Ottawa Maternity Hospital fournissait des services d’obstétrique, moyennant des frais minimes dans la plupart des cas. Il évitait toute prise de position religieuse, même s’il acceptait l’aide de groupes rattachés à des Églises, et ne se préoccupait pas de la moralité des patientes, contrairement à d’autres établissements. Il privilégiait le professionnalisme. À compter de 1897, il offrit aux infirmières d’autres hôpitaux un cours de trois mois donnant droit à un certificat. Soins médicaux prénatals et postnatals, alimentation des nouvelles mères et questions d’obstétrique figuraient au programme. Lorsque l’hôpital célébra son vingt-cinquième anniversaire, en 1920, il avait formé 600 infirmières. Au moment de sa fermeture, il avait accueilli plus de 10 000 patientes. Le 3 février 1925, Ella Bronson signa le transfert de propriété à la municipalité. Tombée malade le lendemain, elle mourut une semaine plus tard.
Par le sens du devoir et les qualités de cœur qu’elle montra dans sa vie privée et par l’influence qu’elle exerça dans sa vie publique, Ella Hobday Webster Bronson est représentative d’une multitude de femmes décidées à remodeler la société. Le Journal d’Ottawa, en rappelant son engagement social, en parla comme d’« une figure notable, qui avait donné le meilleur d’elle-même pour le bien public ». Veuve au moment de son décès, elle laissa une succession d’environ 450 000 $ qui alla à des membres de sa famille.
AN, MG 9, D7-35, 113 ; MG 27, I, B5, 8–10 ; MG 28, I 32 ; I 37, 1–2 ; III 26, 719.— AO, RG 22-354, 12212–12310.— Commonwealth of Va, Dept. of Health, Div. of vital records, (Richmond), marriage certificate, Norfolk, 8 sept. 1874.— North York Public Library (Toronto), Canadiana Coll., Ontario Geneal. Soc. Library coll., cemetery transcripts, Beechwood Cemetery (Ottawa), sect. 50 : 44.— Ottawa Citizen, oct. 1899, 12 févr. 1925.— Ottawa Evening Journal, oct. 1896, oct. 1898, nov. 1908, mai 1909, févr. 1910, juin 1912, déc. 1918, nov. 1922, 12 févr. 1925.— Ottawa Free Press, juin 1899.— S. A. Cook, « A helping hand and shelter : Anglo-Protestant social service agencies in Ottawa, 1880–1910 » (mémoire de m.a., Carleton Univ., Ottawa, 1987).— R. P. Gillis, « E. H. Bronson and corporate capitalism : a study in Canadian business thought and action, 1880–1910 » (mémoire de m.a., Queen’s Univ., Kingston, Ontario, 1975).— N. E. S. Griffiths, The splendid vision : centennial history of the National Council of Women of Canada, 1893–1993 (Ottawa, 1993).— Protestant Orphans’ Home, Annual report (Ottawa), 1864–1925 (exemplaires aux City of Ottawa Arch.). Ces rapports révèlent que l’information provenant de sources secondaires et selon laquelle Ella Hobday Webster a été connue pour son travail dans cet orphelinat est une erreur ; ce sont plutôt sa belle-mère et sa belle-sœur qui ont participé à l’administration de cet établissement. [s. a. c.]§
Sharon Anne Cook, « WEBSTER, ELLA HOBDAY (Bronson) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/webster_ella_hobday_15F.html.
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Auteur de l'article: | Sharon Anne Cook |
Titre de l'article: | WEBSTER, ELLA HOBDAY (Bronson) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 10 déc. 2024 |