CUNY DAUTERIVE (Auterive), PHILIPPE-ANTOINE DE, écrivain de la Marine et caissier des trésoriers généraux de la Marine, né le 9 mai 1709 à Langres, France, fils de Philippe-Antoine Cuny, directeur des étapes, en charge de l’approvisionnement des troupes à Langres, et d’Élisabeth Dupont ; il épousa le 25 août 1749, à Québec, Madeleine-Thérèse, fille de Louis-Thomas Chabert* de Joncaire ; décédé le 1er juillet 1779, dans la paroisse Saint-Diez, à Loches, France.

Philippe-Antoine de Curry Dauterive arriva au Canada à titre de secrétaire de Roland-Michel Barrin* de La Galissonière, commandant général, et il resta dans les bureaux de la Marine après le départ de ce dernier en 1749. En 1753, il fut nommé caissier des trésoriers généraux de la Marine, à Montréal, sous la direction de leur agent Jacques Imbert*. Mme de Curry affirma, en 1770, dans des lettres au gouvernement français, que son mari avait même été envoyé à Montréal plus tôt, « pour veiller de plus près à l’administration de la finance du Roy dont Monsieur le comte de la Galissonière avait soupçonné déjà quelque malversation. Après le départ de ce général, sous prétexte d’une plus grande confiance et utilité, le Sieur Dauterive fut obligé d’accepter la place de Trésorier et il fut ordonné que le trésor resteroit chez le commissaire-ordonnateur [Jean-Victor Varin de La Marre]. » En 1754, un incendie détruisit la maison de Varin, de même que celle des Cuny, qui perdirent tous leurs biens, valant, selon ce que Mme de Cuny affirmait en 1770, quelque 300 000#, dont 200 000# de marchandises récemment importées de France. Plusieurs officiers de Montréal ayant certifié en 1769 que Curry avait sacrifié ses propres biens pour sauver ceux de la couronne, celui-ci demanda une pension, sur la foi de ce sacrifice.

La perte de marchandises importées, dans cet incendie, laisse croire, comme c’était effectivement le cas, que Curry menait simultanément une entreprise d’importation. Nous savons, par le dossier d’une cause judiciaire, qu’en 1759 Cuny et un officier de l’armée, Laurent-François Lenoir de Rouvray, frère d’un notaire de Paris, reçurent de Bordeaux 16 barils de vin et autant de demi-barils d’eau-de-vie, par l’intermédiaire de la compagnie de François Mounier* et Thomas Lee, établie à Québec. Ces marchandises avaient été expédiées à Québec ce printemps-là par la firme bordelaise Lamaletie, Latuilière et Cie [V. Jean-André Lamaletie], qui dut par la suite s’adresser aux tribunaux pour obtenir que Cuny et Lenoir payassent leurs dettes. Un règlement du 10 juillet 1760, émanant du parlement de Paris, leur ordonnait de payer le principal et les intérêts, soit un montant de 6 000#.

À la fin de 1758, Cuny abandonna soudainement son poste pour retourner en France ; Jean-Simon Imbert, neveu de Jacques Imbert, le remplaça. Le ministre Berryer vit dans le départ hâtif de Cuny la preuve de sa malhonnêteté, comme il en fit la remarque, en janvier 1759, dans une de ses lettres, écrites sur le ton de la colère, à l’intendant Bigot. Qu’il eût fait des profits par son commerce ou grâce à la fraude, Curry était assez riche, à son retour en France, pour placer de l’argent dans un office d’avocat au parlement de Paris, dans diverses rentes sur l’Hôtel de Ville, dans les fermes générales du roi, et dans quelques « inventions et entreprises de Monsieur Darles de Lignières ». Lors de l’Affaire du Canada, il fut arrêté, en compagnie d’autres fonctionnaires du Canada, peut-être au début de 1762, en même temps que son beau-frère Daniel-Marie Chabert de Joncaire de Clausonne, mais, acquitté après un bref séjour à la Bastille, peut-être grâce à quelques amis puissants, il se vit accorder une pension de 300# le le, juillet 1765. Curry et sa femme se plaignirent à leurs amis de leur difficulté à vivre avec cette pension : elle fut bientôt portée à 600# ; « et qu’on n’en parlera plus », griffonna le ministre, en même temps que le « Bon » du roi, sur une note du 30 juin 1768. Les Curry n’abandonnèrent point pour autant leurs sollicitations financières. Depuis leur retour en France, afin de réduire leurs dépenses et de se rapprocher de leurs amis et relations, ils allèrent vivre à Henrichemont, près de Bourges, puis à Tours et s’installèrent finalement près de Loches.

J. F. Bosher

AN, Col., E, 111 (dossier Dauterive) ; Minutier central, Minutes Sémillard, 21 avril 1763, 11 févr. 1765 ; Minutes Le Noir, le jeune, 25 oct. 1759 ; Minutes Prignot de Beauregard, 15 sept. 1761 (tous notaires de Paris).— NYCD (O’Callaghan et Fernow), X : 937–939 (Berryer à Bigot, janv. 1759).

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J. F. Bosher, « CUNY DAUTERIVE (Auterive), PHILIPPE-ANTOINE DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cuny_dauterive_philippe_antoine_de_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    10 oct. 2024