KALM, PEHR (baptisé Petter), auteur d’ouvrages d’histoire naturelle, né le 6 mars 1716 (nouveau style) dans la province d’Ångermanland, en Suède, fils de Gabriel Kalm, homme d’Église finlandais, et de Catherine Ross, d’ascendance écossaise ; il épousa en février 1750, à Philadelphie, Pennsylvanie, Anna Magaretha Sandin, née Sjöman ; décédé le 16 novembre 1779 à Åbo (Turku), en Finlande.

Pehr Kalm naquit en Suède mais fut emmené en Finlande, postérieurement à 1721. Élevé dans la pauvreté, il put quand même fréquenter l’école à Vaasa et être admis à l’université d’Åbo en 1735. Il y étudia sous la direction du minéralogiste utilitaire Herman Diedrich Spöring et de deux disciples du naturaliste Carl Linné, Johan Browallius et Carl Fredrik Mennander. Il donna des leçons dans plusieurs régions de la Finlande en 1738 et en 1739, tout en prenant des notes sur l’histoire naturelle du pays.

En 1740, Kalm attira l’attention du baron Sten Carl Bielke, un juge d’Åbo, membre de l’Académie royale des sciences de Suède. Devenant le protégé de Bielke, il partit pour le domaine du baron, en Suède, afin d’y diriger ses plantations expérimentales. En décembre, il entra à l’université d’Upsal, où il suivit les conférences du célèbre savant Anders Celsius. À partir de 1741, il fut l’élève et l’ami de Linné. Sous l’influence de Bielke et de Linné, Kalm fut pris d’un grand intérêt pour la botanique utilitaire, c’est-à-dire la botanique appliquée aux problèmes de l’agriculture et de l’industrie. Dès ce moment, Linné projeta de faire une expédition en Amérique du Nord, afin d’y colliger des renseignements sur des plantes d’intérêt pour l’industrie agricole et qui seraient viables en Scandinavie ; en 1747, Kalm fut choisi pour entreprendre le voyage. Juste avant son départ, il fut nommé professeur d’æconornia (aspects économiques de l’histoire naturelle), à Åbo.

Kalm s’embarqua pour l’Angleterre en novembre 1747 et y demeura pendant quelques mois ; il atteignit Philadelphie en septembre 1748. Il rencontra les principaux naturalistes américains et se mit en devoir d’apprendre tout ce qu’il put relativement à l’histoire naturelle des colonies britanniques. Les instructions qu’il avait reçues de l’Académie royale des sciences de Suède, toutefois, lui enjoignaient de passer le plus de temps possible au Canada, dont le climat, pensait-on, était semblable à celui de la Suède et de la Finlande ; aussi se dirigea-t-il vers le nord.

Le 2 juillet 1749, Kalm pénétrait en Nouvelle-France au fort Saint-Frédéric (près de Crown Point, New York). Le commandant général de la colonie, Roland-Michel Barrin* de La Galissonière, qui avait reçu ordre du ministre de la Marine d’assumer les dépenses de Kalm, fit en sorte que les officiers du fort l’attendissent. Kalm y apprit avec surprise que ces derniers recueillaient des spécimens minéralogiques et botaniques, sur les ordres de La Galissonière. Après trois semaines passées à herboriser, Kalm se rendit à Montréal, où il fut l’hôte du baron Charles Le Moyne* de Longueuil.

Arrivé à Québec le 5 août, Kalm rencontra La Galissonière, qui l’impressionna grandement. Il avait déjà apprécié les naturalistes américains, mais, dans le commandant général, il s’imagina voir le « grand Linné sous un autre visage », écrit-il. Accompagné du médecin et naturaliste Jean-François Gaultier*, Kalm recueillit les semences de plusieurs plantes d’intérêt, trouvées dans la région. Il jugea le climat de Québec plus extrême que celui de la Suède et eut le sentiment que plusieurs plantes canadiennes ne se développeraient pas bien dans son pays. Après son retour à Montréal le 26 septembre, il continua ses cueillettes. Il désirait retourner dans les colonies britanniques via les forts Frontenac (Kingston, Ontario), où, lui avait-on dit, il y avait d’importantes plantes à teinture et du riz sauvage, et Niagara (près de Youngstown, New York), mais sa demande en ce sens fut refusée par le nouveau gouverneur général, La Jonquière [Taffanel*], à cause de tensions qui existaient alors dans ces territoires frontaliers. Il fut obligé de retourner par le fort Saint-Frédéric.

Il atteignit Albany le 29 octobre. Au cours de l’hiver, il put obtenir l’autorisation de visiter Niagara, ce qu’il fit en août 1750. Les officiers l’y reçurent bien et l’aidèrent dans sa cueillette de semences. Sa description des chutes fut publiée par Benjamin Franklin et par John Bartram, mais le journal de son voyage à Niagara est malheureusement perdu, et le récit complet de ce voyage ne parut jamais. Ses voyages en Nouvelle-France lui permirent d’amasser une multitude de renseignements et quantité de semences de valeur, parmi lesquelles on retrouve celles de l’érable à sucre, du noyer et du maïs à maturation rapide, qu’il espérait beaucoup acclimater en Scandinavie.

Le journal des voyages de Kalm forme un ouvrage en trois volumes, En resa til Norra America (Stockholm, 1753–1761). Cet ouvrage fournit une précieuse description de la société canadienne, de ses institutions religieuses et sociales, de sa structure économique et politique, de ses mœurs et de ses traditions, de ses modes et de ses habitudes alimentaires. Les peuples indigènes l’intéressèrent beaucoup, et il consigna de nombreuses observations ou des rapports qu’on lui fit sur leurs manières de vivre, leur apparence et leurs origines. Son journal personnel montre qu’il fut beaucoup plus favorablement impressionné par les Canadiens que son livre ne le laisse voir. Dans le récit qu’il a publié, il parle en termes chaleureux de leurs qualités personnelles. Il vante la politesse et la gaieté qu’il rencontra à tous les niveaux de la société et met le caractère industrieux des canadiennes en opposition avec celui des femmes des colonies anglaises « qui se sont donné de fait la liberté de rejeter tout le fardeau des travaux domestiques sur leurs maris ». Dans ses manuscrits, il se montre encore plus favorable, disant que le Canada se compare aux colonies britanniques comme le ciel à la terre et le blanc au noir. À n’en pas douter, ce sentiment tient en partie au traitement royal qu’il reçut en Nouvelle-France, par suite de l’intervention de l’ambassadeur suédois à Paris. Kalm reconnut, toutefois, que des hommes comme La Galissonière étaient rares ; ce qu’il ne remarqua pas, cependant, c’est qu’il arriva en Nouvelle-France au moment où y culminait l’intérêt scientifique de la France.

Kalm s’embarqua pour l’Europe en février 1751 et atteignit Stockholm en mai ; à la fin de l’année, il rentra à Åbo pour y reprendre son enseignement. Il y demeura le reste de sa vie, enseignant et publiant, outre le récit de son voyage en Amérique du Nord, de nombreux articles dont plusieurs avaient rapport à l’histoire naturelle de cette région. Il manque beaucoup de renseignements concernant la botanique canadienne dans le récit publié par Kalm. Il espérait produire un « Flora canadensis » à son retour en Finlande, mais l’ouvrage ne prit jamais corps. Néanmoins, la plupart des renseignements qu’il avait glanés parurent dans des thèses rédigées sous sa direction.

Kalm fut l’un des botanistes utilitaires remarquables de l’école de Linné ; un genre et 90 espèces de plantes reçurent son nom. Son livre – son apport le plus important – stimula l’histoire naturelle en Suède et mit à la portée des Européens une description exacte et élargie des conditions de vie et des mœurs existant en Amérique du Nord. Les descriptions faites par Kalm de la vie et des mœurs du Canada comptent parmi les meilleures qu’a données la littérature de voyage concernant ce pays.

Richard A. Jarrell

La partie du récit de voyage de Pehr Kalm relative à l’Amérique du Nord parut en anglais sous le titre de Travels into North America [...], J. R. Forster, trad. (3 vol., Warrington, Angl., et Londres, 1770–1771) et fut rééditée, avec des documents nouveaux, sous le titre The America of 1750 : Peter Kalms travels in North America, A. B. Benson, édit. (2 vol., New York, 1927 ; réimpr., 1966). Aussi traduit en français par L.-W. Marchand, Voyage de Kalm en Amérique (2 vol., Montréal, 1880), et en hollandais, l’ouvrage parut au complet en allemand. La description de la rivière Niagara est reproduite dans [John Bartram], Observations on the inhabitants [...] and other matters worthy of notice, made by MrJohn Bartram, in his travels from Pensilvania to Onondago, Oswego and the Lake Ontario [...] (Londres, 1751), ouvrage réimprimé sous le titre Travels in Pensilvania and Canada (Ana Arbor, Mich., 1966). Outre son livre, Kalm écrivit un grand nombre d’articles sur des plantes et des animaux propres à l’Amérique du Nord, qui parurent dans les publications de l’Académie royale des sciences de Suède. E. L. Larsen a traduit en anglais et publié huit de ces articles dans Agricultural History ([Baltimore, Md.]) de 1935 à 1950.

Parmi les monographies et les articles consacrés à Kalm, on peut énumérer les suivants : Dictionary of scientific biography, C. C. Gillispie et al., édit. (14 vol., New York, 1970–1976), VII : 210s. ; Martti Kerkkonen, Peter Kalms North American journey ; its ideological background and results (Helsinki, 1959) : P.-G. Roy, « Le voyageur Kalm et les cloîtres de Québec », BRH, XXXV (1929) : 449–451 ; Carl Skottsberg, « Pehr Kalm : levnadsteckning », Levnadsteckningar över Kungl. Svenska vetenskapsakademiens ledamöter (Stockholm), 8 (1949–1954) : 219–505 ; Armand Yon, « Pour un IIe centenaire : du nouveau sur Kalm », RHAF, III (1949–1950) : 234–255.  [r. a. j.]

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Richard A. Jarrell, « KALM, PEHR (baptisé Petter) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/kalm_pehr_4F.html.

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Auteur de l'article:    Richard A. Jarrell
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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