MACLEAR, THOMAS, libraire et éditeur, né le 12 août 1815 à Strabane (Irlande du Nord) ; en 1839, il épousa Isabel Arbuckle de Coleraine (Irlande du Nord), et ils eurent trois fils et quatre filles ; décédé le 2 janvier 1898 à Montréal.

Thomas Maclear ouvrit une librairie à Toronto pendant l’été de 1848. Il annonçait qu’il était représentant d’une maison d’édition de Glasgow, la Blackie and Son, et peut-être y avait-il été employé en Écosse et au Canada avant d’ouvrir son propre commerce. Vers novembre 1850, il entreprit la publication de Canada : past, present and future de William Henry Smith* en une série de dix fascicules brochés. L’ouvrage était « livré aux abonnés par des voyageurs », méthode que Maclear allait privilégier tout au long de sa carrière. Deux ans plus tard, il lança une autre publication ambitieuse, le mensuel Anglo-American Magazine, dirigé par Robert Jackson Macgeorge* et illustré de gravures sur bois de John Allanson*, Frederick C. Lowe et d’autres artistes (une série de vues de villes canadiennes parues dans ce magazine servit plus tard à « rehausser » des exemplaires de Canada : past, present and future). Entre autres contributions à la culture canadienne, l’Anglo-American Magazine fit connaître à ses lecteurs le poète Charles Sangster. Au début des années 1850, Maclear publia aussi la première édition canadienne du célèbre roman de Harriet Elizabeth Beecher Stowe sur l’esclavage aux États-Unis, Uncle Tom’s cabin, paru initialement en 1852, de même que plusieurs ouvrages qui reflétaient ses propres antécédents irlando-protestants, dont une histoire du siège de Londonderry.

Associé à William Walter Copp et William Cameron Chewett, Maclear acheta en janvier 1854 la plus grande partie du fonds de commerce du libraire et éditeur Hugh Scobie* à la veuve de ce dernier. Leur nouvelle société, la Maclear and Company, continua à publier l’Anglo-American Magazine (qui disparut en 1855) et à distribuer les publications de la Blackie and Son, et elle poursuivit le travail d’imprimerie, d’édition et de vente amorcé par Scobie. Elle publia notamment, par tranches, en 1854 et 1855, The female emigrant’s guide [...] de Catharine Parr Traill [Strickland] ainsi que, en 1855, l’essai écrit par Adam Lillie* à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris, Canada : physical, economic, and social. Les associés avaient acheté le fonds de Scobie pour £6 500, en versant £1 000 d’arrhes et en s’engageant à acquitter le solde en 11 ans. Le père de Chewett, le riche James Grant Chewett*, avait endossé la dette et reçut en garantie toute l’entreprise ; il avait donc un mot à dire sur ses orientations. De toute évidence, Maclear n’aimait pas voir cet homme exercer autant de pouvoir et, en 1857, il quitta ses associés pour se faire grossiste en livres et en papeterie. (Copp et Chewett allaient conserver le nom de Maclear and Company jusqu’en 1861.)

Au début, Maclear sembla bien se débrouiller. En 1858, il profita même d’une mode pour annoncer le « Toronto Stereoscope Depot, où [ses clients] trouvaient les meilleurs instruments et les images les plus récentes ». Dès 1860 cependant, il connaissait des difficultés financières. Un représentant de la R. G. Dun and Company rapportait qu’en août il avait dû demander à ses créanciers « un report de versements de 8, 16 & 24 m[ois] ». L’année suivante, il vendit son stock à son ancien commis voyageur, William Manson. Dès juillet 1862, il le lui avait cependant racheté et avait ouvert une entreprise appelée Maclear and Company, mais ses affaires continuaient d’aller plutôt mal. Plus tard la même année, il dut conclure avec ses créanciers une convention qui leur garantissait 10s par livre. Même s’il désespérait de son « aptitude » pour les affaires et de son « succès éventuel », le représentant de chez Dun notait que Maclear « conserv[ait] toujours son bon car[actère] par sens de l’honneur ». En décembre 1865, deux de ses fils, William H. et Thomas A. Maclear, achetèrent son fonds de commerce, et il annonça qu’il quittait la compagnie. Ce geste s’explique difficilement, vu qu’il continua d’exploiter l’entreprise.

Durant la plus grande partie des années 1860, la Maclear and Company figura dans les bottins de Toronto comme librairie et papeterie, mais à la fin de la décennie Maclear faisait de nouveau de l’édition. Sa production des années 1870 et 1880 reflète les goûts de l’époque : des ouvrages sur la sexualité et l’hygiène par l’auteur américain George Henry Napheys, plusieurs livres sur le missionnaire et explorateur David Livingstone, et plusieurs publications résolument protestantes, dont une anthologie de 400 pages signée William Shannon et parue en 1876, The dominion Orange harmonist. Ces livres étaient vendus par l’intermédiaire de représentants qui se voyaient promettre des « avantages [...] de loin supérieurs à tous ceux jamais offerts par aucune maison d’édition au Canada ». Cependant, les ouvrages les plus importants que Maclear publia dans ses dernières années furent Irishman in Canada de Nicholas Flood Davin*, paru en 1877, et The Scot in British North America de William Jordan Rattray*, publié en quatre volumes de 1880 à 1884. Offerts sous une variété de reliures à des prix différents, tous deux faisaient partie, selon la réclame, d’une « collection nationale ».

Si Thomas Maclear avait l’intention d’enrichir cette collection en publiant l’histoire d’autres groupes ethniques, son projet ne se concrétisa pas. En 1887, il se retira des affaires, et deux ans plus tard il alla vivre chez l’une de ses filles à Montréal. À sa mort – en 1898, à l’âge de 82 ans – ses beaux jours étaient passés depuis longtemps, mais le Globe de Toronto rappela qu’il avait jadis été « le principal éditeur et libraire » de la ville.

Elizabeth Hulse

Des renseignements utiles sur les activités d’éditeur de Thomas Maclear figurent dans les annonces incluses dans nombre de ses publications.  [e. h.]

Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 26.— Bookseller and Stationer (Toronto), 14 (1898), n° 1 : 2.— Canada Gazette, 27 janv. 1866.— Gazette (Montréal), 3 janv. 1898.— Globe, 19 janv. 1854, 8 juin 1861, 4 janv. 1898.— Canada directory, 1851.— Dict. of Toronto printers (Hulse).— Alfred Sylvester, Sketches of Toronto, comprising a complete and accurate description of the principal points of interest in the city [...] (Toronto, 1858), 118.— Toronto directory, 18501889.— Elizabeth Hulse, « The life and times of William Walter Copp : the book trades in nineteenth-century Toronto », Sticks and stones ; some aspects of Canadian printing history, John Gibson et Laurie Lewis, compil. et édit. (Toronto, 1980), 69–92.— Patricia Stone, « The publishing history of W. H. Smith’s Canada : past, present and future : a preliminary investigation », Biblio. Soc. of Canada, Papers (Toronto), 19 (1980) : 38–68.

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Elizabeth Hulse, « MACLEAR, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/maclear_thomas_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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