AMIOT, JEAN-BAPTISTE, forgeron ; épousa Marie-Anne, une Indienne de la tribu des Sauks, à Michillimakinac vers 1720 ; décédé après 1763 à La Baye (Green Bay, Wisc.).
Jean-Baptiste Amiot arriva à Michillimakinac à une époque qui se situe avant 1724 ; il y exerçait le métier de forgeron à l’emploi du missionnaire jésuite de l’endroit. Vers 1737, il eut une sérieuse mésentente avec le prêtre qui était alors en charge de la mission, probablement Pierre Du Jaunay*, avec la conséquence que celui-ci le congédia, prit tous ses outils et engagea un autre forgeron. Dans l’Ouest, avoir un fusil défectueux pouvait se révéler désastreux, et le commandant, Pierre-Joseph Céloron de Blainville, se rendant compte qu’il fallait deux forgerons pour répondre aux besoins de l’établissement qui croissait rapidement et aux besoins des Outaouais et des Sauteux de la région, avança de l’argent à Amiot pour qu’il continuât de travailler. Le prêtre, alléguant le monopole de forgeage que le roi avait accordé à la mission, exigea d’Amiot qu’il lui versât la moitié de ses bénéfices. Dès lors Amiot travailla sous l’œil vigilant du missionnaire dans un atelier attenant à la résidence de ce dernier.
En même temps, Amiot initiait son fils aîné, Augustin, aux secrets de son métier mais, malgré cela, il pouvait à peine subsister avec les maigres profits qu’on lui laissait. En 1742, pour faire vivre ses huit enfants, il était réduit à mendier dans les huttes des Outaouais de la région et il envisagea sérieusement d’aller se fixer au pays des Illinois. Les Outaouais firent connaître au gouverneur Charles de Beauharnois la situation précaire d’Amiot et, par suite de leur intervention, il eut la permission de conserver tous ses bénéfices.
Amiot accomplit au fort une quantité considérable de travaux, à la fin des années 40, s’employant à la réparation des fusils, à la fabrication des haches, des pioches ou à l’exécution d’autres travaux de forgeage. Apparemment, il exerçait son art à Michillimakinac où le commerce était très actif pendant la saison d’été et, de temps à autre, passait l’hiver à chasser avec des bandes d’Indiens.
En 1758, on inhuma sa femme dans le cimetière de Michillimakinac. Il continua à travailler avec l’aide d’un ou deux esclaves ; il habitait Michillimakinac quand les Anglais prirent possession du poste en 1761. À l’instigation de Pondiac, les Sauteux de la région attaquèrent le fort et massacrèrent presque toute la garnison, le 2 juin 1763. Le commandant, George Etherington, fut racheté par les Outaouais et il récompensa ceux-ci en faisant réparer leurs fusils par Amiot [V. Gorrell].
Amiot semble être allé se fixer à La Baye après 1763. À cet endroit, il se querella avec un Indien du nom d’Ishquaketa, qui lui avait laissé une hache à réparer. Amiot ayant saisi l’Indien avec des pinces brûlantes, l’Indien le frappa d’un coup de hache et il tomba évanoui. Pendant sa convalescence, Amiot, encore alité, reçut la visite d’un autre Indien qui le tua d’un coup de couteau. On ne connaît pas la date exacte de la mort d’Amiot car les registres d’inhumations de La Baye n’existent plus.
En exerçant son métier de forgeron, Amiot a contribué d’une façon marquée au développement de l’économie locale et au maintien nécessaire des relations avec les Indiens.
On connaît mal les parents d’Amiot. Les informations que donne Tanguay, Dictionnaire, sont contradictoires et Godbout, Nos ancêtres, RAPQ, 1951–1953, et le Dictionnaire national des Canadiens français (1608–1760) (3 vol., Montréal, 1965), I, n’offrent rien de nature à dissiper la confusion. [d. a. a.]
AN, Col., C11A, 72, ff.125, 213 ; 117, ff.321–323, 329, 425, 448–449 ; 118, f.117 ; 119, ff.178, 278.— Clements Library, Thomas Gage papers, Supplementary accounts, A state of bouses and lands at Michilimackinac.— Newberry Library (Chicago), mss collection, George Etherington to Charles Langlade, 21 juin 1763.— French regime in Wis., 1727–48 (Thwaites), 372s., 375s., 410, 423s.— Augustin Grignon, Seventy-two years’ recollection of Wisconsin, Coll. of the State Hist. Soc. of Wisc., III (1857) : 202s.— Mackinac register of baptisms and interments – 1695–1821, R. G. Thwaites, édit., Coll. of the State Hist. Soc. of Wisc., XIX (1910) : 2–6, 17, 22, 26, 31, 36, 40, 47–49, 64, 66, 153, 155.— The Mackinac register of marriages 1725–1821, R. G. Thwaites, édit., Coll. of the State Hist. Soc. of Wisc., XVIII (1908) : 482s.— L. M. Stone, Archæological research at Fort Michilimackinac, an eighteenth century historic site in Emmet County, Michigan : 1959–1966 excavations (thèse de phd, 2 vol., Michigan State University, East Lansing, Mich., 1970).
David A. Armour, « AMIOT, JEAN-BAPTISTE (circa 1720-1763) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/amiot_jean_baptiste_1720_1763_3F.html.
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Auteur de l'article: | David A. Armour |
Titre de l'article: | AMIOT, JEAN-BAPTISTE (circa 1720-1763) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 3 déc. 2024 |