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ANSPACH, LEWIS AMADEUS (baptisé Louis-Amédée), ministre de l’Église d’Angleterre, instituteur, juge de paix et auteur, né le 22 avril 1770 à Genève (Suisse), fils de Jean-Louis Anspach et de Jeanne-Marie Audibert ; décédé en 1823 à Londres.

Lewis Amadeus Anspach fut élevé à Genève où s’était établi son grand-père, l’auteur de textes religieux Isaac Salomon Anspach qui était originaire du Palatinat. Lewis Amadeus reçut son éducation à l’académie de Genève ; il étudia les humanités, la théologie et la philosophie dans l’intention de devenir ministre de l’Église réformée. Il quitta Genève en décembre 1792 pour aller en Angleterre comme précepteur des fils d’un marchand londonien. En 1795, il mit fin à son engagement et posa sa candidature pour devenir ministre de l’Église d’Angleterre. Sa demande avait reçu l’appui des pasteurs des Églises calvinistes française et suisse de Londres et fut acceptée par l’évêque de Londres. Anspach n’éprouva aucune difficulté à passer d’une Église à une autre et servit comme vicaire de la paroisse St Martin Orgar, moyennant un salaire annuel de £30. Il arrondit vraisemblablement son revenu en faisant de l’enseignement jusqu’au moment où on lui offrit un poste plus rémunérateur comme instituteur à Terre-Neuve.

L’école où Anspach accepta un poste était née du désir de quelques marchands de St John’s d’avoir une institution où leurs enfants recevraient une meilleure éducation que dans les autres établissements terre-neuviens. En décembre 1798, ces marchands avaient informé le gouverneur William Waldegrave qu’ils étaient disposés à souscrire à cette fin £273 pour une période de trois ans et lui avaient demandé de faire venir d’Angleterre un ministre anglican pour diriger l’école, ainsi qu’un instituteur qui enseignerait les humanités et une institutrice qui donnerait les cours d’anglais, de français et de couture. Arrivé à St John’s le 13 octobre 1799, Anspach gagna l’amitié de John Harries*, le missionnaire de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts. Ce dernier accepta qu’Anspach l’aide dans son ministère et fit remarquer qu’il « n’avait presque plus d’accent étranger quand il prêchait ». Anspach entra en conflit avec les souscripteurs de l’école, parce que ceux qui avaient peu d’enfants refusaient de donner un montant égal à celui que versaient les parents de familles plus nombreuses ; il gagna le procès qui s’ensuivit, demeura instituteur jusqu’à la fin de son contrat et entreprit ensuite une carrière de missionnaire.

Un groupe de citoyens de Harbour Grace avait demandé la nomination d’un certain M. Dingle, qui était probablement de tendance méthodiste, mais la Society for the Propagation of the Gospel ne tini pas compte de leur proposition et nomma Anspach. Encouragé par Harries, il avait posé sa candidature en faisant valoir sa « stricte obédience à l’Église qui l’a[vait] honoré en l’élevant au sacerdoce ». Il travailla activement comme missionnaire dans la région populeuse de la baie Conception pendant les dix années suivantes et construisit des écoles à Harbour Grace, à Bay Roberts et à Brigus. Depuis l’époque de Laurence Coughlan*, la mission s’était divisée en deux groupes hostiles et l’activité de l’Église avait souffert de querelles fréquentes entre méthodistes et anglicans. Sous le ministère d’Anspach, la situation s’améliora et, en 1810, celui-ci se réjouissait de voir que « l’esprit sectaire a[vait], de façon très prononcée, cédé la place à un esprit d’unité, et [que] les protestants n’[avaient] pas d’autre lieu consacré au culte ». Issu lui-même d’un milieu purement protestant, il attira probablement un plus large éventail de fidèles que les missionnaires anglicans plus orthodoxes et, contrairement à la plupart d’entre eux, il ne se plaignait pas du manque de participation financière de la population. Il ne pouvait « parler avec trop d’éloges de la bonté » que lui témoignait « chaque couche de la population [...] et de la fidélité de ces gens à leurs devoirs religieux ».

Anspach fut aussi juge de paix dans la région de la baie Conception. Avant son arrivée, nota-t-il, l’administration de la justice relevait d’un « magistrat de la vieille école », qui avait refusé d’appliquer au système judiciaire les réformes introduites pendant les années 1790 sous le mandat du juge en chef John Reeves. Anspach semble avoir été un magistrat compétent et réfléchi. Il rédigea A summary of the laws of commerce and navigation, adapted to the present state, government, and trade of the Island of Newfoundland, publié à Londres en 1809, et A systematical review of the laws and regulations relating to the trade and fishery of Newfoundland, qui parut également à Londres l’année suivante. Observa teur attentif et curieux, il compila une foule de manuscrits, dont un journal décrivant ses expériences et ses réflexions, qu’il « songeait à mettre en ordre dans l’intention de les publier » lorsqu’il retournerait en Angleterre.

Anspach regagna en effet la mère patrie vers la fin d’août 1812, mais il ne réintégra pas l’Église d’Angleterre. Il s’inquiétait de l’éducation que ses enfants recevaient et c’est avec quelque regret qu’il accepta un poste, que ses amis lui avaient trouvé, comme pasteur de la principale église française réformée située rue Threadneedle à Londres. Les huguenots, établis en Angleterre depuis la Réforme, maintenaient un réseau d’églises fréquentées par des calvinistes de langue française, ce qui ne les empêchait pas d’entretenir des rapports amicaux avec l’Église d’Angleterre et le roi. En fait, les pasteurs de cette église principale étaient toujours des ministres anglicans et étaient autorisés par le roi. Anspach occupait un poste d’une importance et d’un prestige considérables, et il continua à exercer son ministère en toute quiétude jusqu’à sa retraite en 1821.

Entre-temps, Anspach songeait toujours à publier son ouvrage sur Terre-Neuve et commentait à ce sujet : « [j’étais] silencieusement résolu à consigner dans plusieurs manuscrits le fruit de mes labeurs [...], plus directement reliés aux expériences que j’avais connues à cet endroit et dont j’avais pris note pendant [mes] heures de loisir [...] au cours de l’hiver, sans déroger à mes devoirs publics. J’ai persévéré dans ma détermination. » À la fin de mars 1818, le manuscrit terminé était déjà entre les mains « d’un ami littérateur » et il fut publié à Londres l’année suivante avec la mention « imprimé pour l’auteur ».

L’ouvrage d’Anspach, A history of the Island of Newfoundland [...], fut la première histoire générale de l’île. Les dix premiers chapitres, qui reposent sur des textes faisant alors autorité mais périmés depuis longtemps, ont peu de valeur aujourd’hui ; par contre, les six derniers, qui traitent d’une période observée par l’auteur lui-même, sont toujours d’actualité. Dans son ensemble, l’ouvrage appartient à un genre dans lequel une histoire générale se termine par des chapitres descriptifs traitant d’histoire naturelle, de climat, de météorologie, de ressources naturelles et de sujets connexes. (L’étude de sir Richard Henry Bonnycastle*, publiée en 1842, se rattache également à ce genre.) Dans le cas d’Anspach, ces morceaux sont souvent issus d’observations personnelles, et l’ouvrage s’achève par une analyse très originale « du caractère et des coutumes des [... ] habitants de l’île de Terre-Neuve », qui n’est rien de moins qu’un essai novateur sur l’histoire sociale de la région. Comme on peut s’y attendre, une bonne partie de la toile de fond théorique qu’Anspach donne à son étude est classique, mais l’auteur montre aussi qu’il a fait une lecture approfondie de l’œuvre de Montesquieu et, par-dessus tout, il présente un rapport personnel vivant et animé. De plus, le point de vue adopté par Anspach est souvent celui d’un homme adhérant à une Église établie, pour qui « la mentalité publique » de St John’s semble « pervertie » par les ouvrages de Thomas Paine, le Siècle de raison et les Droits de l’homme, qui étaient cependant réfutés par l’évêque de Llandaff. Toutefois, son ouvrage sur l’histoire de Terre-Neuve ainsi que le compte rendu de sa vaste expérience professionnelle témoignent à tout instant de son zèle, de sa probité et de son intelligence.

Lewis Amadeus Anspach mourut en 1823, au terme d’une carrière qui chevaucha deux Églises et deux cultures. Ayant baigné dans le climat religieux du xviiie siècle, il mit l’accent sur les obligations morales qu’imposait la religion et fit peu de cas des particularités confessionnelles. Cherchant dans l’Église coloniale une carrière qu’il aurait difficilement pu poursuivre en Angleterre, il se révéla un très grand publicitaire de l’île dont il fit l’éloge d’une manière caractéristique en disant que, « sans éveiller l’attention et en restant dans l’ombre, [... elle] a[vait] silencieusement distribué des vivres à une proportion considérable de [sa] population et particulièrement à bon nombre de pauvres des deux hémisphères ».

Frederick Jones et G. M. Story

Lewis Amadeus Anspach est l’auteur de : A summary of the laws of commerce and navigation, adapted to the present state, government, and trade of the Island of Newfoundland (Londres, 1809) ; A systematical review of the laws and regulations relating to the trade and fishery of Newfoundland (Londres, 1810) ; et A history of the Island of Newfoundland, containing a description of the Island, the banks, the fisheries, and trade of Newfoundland, and the coast of Labrador (Londres, 1819, 2° éd., 1827). Une traduction en allemand de ce dernier ouvrage parut sous le titre de Geschichte und beschreibung von Newfoundland [...] (Weimar, [République démocratique allemande], 1822). Les PANL conservent des rapports manuscrits d’Anspach dans les papiers Duckworth (P1/5). Un d’entre eux a été mis sur stencil sous le titre de « Duckworth’s Newfoundland ; notes from a report to Governor Duckworth » (St John’s, 1971).

Arch. de l’État (Genève, Suisse), État civil, Genève, reg. de baptêmes, 29 avril 1770. Guildhall Library (Londres), ms 10326/126 (Diocese of London, papiers d’ordination, 1795). PANL, GN 2/l, 1522. USPG, C/CAN/Nfl., 2, nos 181198 ; Journal of SPG, 2830.— Le Livre du recteur de l’Académie de Genève (1559–1878), Sven Stelling-Michaud, édit. (3 vol. parus, Genève, 1959–  ), 2 : 50. F.-A. Batisse, Londres huguenot : sur les pas huguenots français à travers Londres (Londres, 1978). R. H. Bonnycastle, Newfoundland in 1842 : a sequel to The Canadas in 1841 (2 vol., Londres, 1842). P. [A.] O’Flaherty, The rock observed : studies in the literature of Newfoundland (Toronto, 1979), 6062. Charles Pedley, The history of Newfoundland from the earliest times to the year 1860 (Londres, 1863), 169, 174, 185, 227, 266, 274. F. W. Rowe, The development of education in Newfoundland (Toronto, 1964), 5162.

Bibliographie générale

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Frederick Jones et G. M. Story, « ANSPACH, LEWIS AMADEUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/anspach_lewis_amadeus_6F.html.

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Auteur de l'article:    Frederick Jones et G. M. Story
Titre de l'article:    ANSPACH, LEWIS AMADEUS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    19 mars 2024