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ARMOUR, REBECCA AGATHA (Thompson), institutrice et auteure, née le 25 octobre 1845 à Fredericton, aînée des filles de Joseph Armour et de Margaret Hazlett ; le 22 janvier 1885, elle épousa dans cette ville John G. Thompson, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédée le 24 avril 1891 au même endroit.
Le père de Rebecca Agatha Armour, originaire de Coleraine (Irlande du Nord), avait immigré en 1820. À Fredericton, il se disait indifféremment marchand ou épicier. Rebecca Agatha fréquenta l’église St Paul avec ses parents presbytériens et, après avoir reçu son diplôme du Provincial Teachers’ College, elle obtint son brevet d’enseignement le 30 novembre 1863. Elle exerça sa profession à Fredericton pendant plusieurs années et on l’a décrite plus tard comme « l’une des meilleures institutrices à avoir enseigné au Nouveau-Brunswick ».
Le 1er mai 1873, on transféra dans le sud du Nouveau-Brunswick le brevet d’enseignement de Mlle Armour, et celle-ci s’installa probablement à Lancaster (Saint-Jean Ouest) à cette époque. D’après un numéro du Daily Telegraph de Saint-Jean en date de novembre 1878, c’est à Lancaster qu’elle composa « des histoires écrites très intelligemment, qui suscitèrent un grand intérêt, et les journaux qui les contenaient étaient très demandés ». Elle était cependant de retour à Fredericton à la fin de ce mois de novembre, au moment où le Daily Telegraph publia par souscription son roman, Lady Rosamond’s secret : a romance of Fredericton.
Ce premier roman, vendu au prix de 0,50 $, ou de 5 $ pour 12 exemplaires, raconte une histoire qui se passe en Angleterre et à Fredericton entre 1824 et 1831, soit la période où sir Howard Douglas* fut lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick. Malgré les dialogues artificiels, certaines intrusions maladroites de l’auteure et des passages flagorneurs à l’endroit de sir Howard, le roman donne un aperçu intéressant de la vie à Fredericton dans les années 1820. Rebecca Agatha Armour fait allusion aux séances de patinage, aux concours militaires, à la Philharmonic Society et à la St Patrick’s Society comme éléments de la structure sociale de la capitale et elle utilise comme arrière-plan historique le caractère agricole de la province, l’incendie survenu dans la région de la Miramichi, la reconstruction de la résidence du gouverneur, l’ouverture du King’s College et la question de la frontière du Maine. Son intérêt pour les édifices locaux se manifesta de façon plus particulière encore dans la série d’articles intitulée « Old landmarks of Fredericton » qu’elle écrivit en 1880 dans le Capital de Fredericton. Dans une lettre adressée à l’historien Joseph Wilson Lawrence de Saint-Jean, le 1er septembre 1880, afin d’obtenir des renseignements sur Rose Hall, l’ancienne résidence de Benedict Arnold* à Fredericton, elle exprima en ces termes sa frustration de ne pouvoir trouver les documents dont elle avait besoin pour son travail : « J’ai interrogé de nombreuses personnes chez les anciennes familles mais, chose étrange, il n’existe aucun document d’une quelconque valeur historique à Fredericton. » Apparemment, la réponse de Lawrence ne se fit pas attendre, car l’article de Mlle Armour sur Rose Hall parut dans le Capital du 23 septembre. Le 27 novembre, elle avait déjà publié au moins sept autres études agrémentées d’anecdotes, où elle donnait parfois son opinion personnelle.
Le 22 janvier 1885, Rebecca Agatha Armour épousa John G. Thompson, résident de Fredericton et fabricant de voitures comme son père, qui était un Irlandais presbytérien. Après son mariage, elle continua à écrire : le 19 octobre 1886, le Daily Telegraph annonçait son nouveau roman, Marguerite Verne ; or : scenes from Canadian life, vendu par souscription à 0,50 $ l’exemplaire. L’histoire se passe à Saint-Jean au milieu des années 1880 et tourne autour des amours tourmentées d’un avocat de l’endroit et de l’héroïne du roman. Malgré certains défauts, comme les transitions brusques, les apartés de l’auteure, le moralisme maladroit et les heureuses coïncidences, le récit suscite tout de même l’intérêt par ses allusions à la vie commerciale de Saint-Jean, à la rébellion menée par Louis Riel*, aux coloniaux en visite à Londres et à certains endroits bien connus du Nouveau-Brunswick. Au moins deux autres romans, Marion Wilburn (sans date) et Sylvia Leigh ; or, the heiress of Glenmarle, paru en 1880, furent publiés à Saint-Jean du vivant de l’auteure.
Rebecca Agatha Armour Thompson mourut en 1891, moins de trois semaines après sa mère. L’une de ses sœurs contesta sa succession car, trois jours seulement avant de mourir, Mme Armour avait rédigé un testament par lequel elle léguait tous ses biens à Rebecca Agatha et à John G. Thompson. Le décès de l’auteure fut donc l’occasion d’un drame humain semblable à ceux qu’elle aimait tant raconter dans ses romans. Si ses histoires ne peuvent prétendre au rang des œuvres impérissables de la littérature canadienne, elles eurent au moins le mérite, à l’époque, de favoriser la fierté des Néo-Brunswickois et la loyauté envers l’Empire britannique, comme beaucoup d’autres écrits postérieurs à la Confédération. D’ailleurs, elle écrivait dans Marguerite Verne : « Nous avons, chez nous, la liberté, le droit, l’instruction, le raffinement et la culture ; nous avons un bon gouvernement, de nobles réformes et tous les avantages nécessaires à notre bien-être. Soyons donc attachés aux droits et aux institutions qui font de notre Nouveau-Brunswick chéri la fierté de ses loyaux habitants. Ce sont là les sentiments qui animent ce travail et si les quelques descriptions que nous tenterons de faire de divers lieux de la province, des usages de la société, des coutumes [...] ainsi que de certains personnages issus de la vie réelle gagnent votre faveur, nos vœux les plus chers seront comblés. »
Il semble qu’il ne subsiste aucun exemplaire des romans de Rebecca Agatha Armour Marion Wilburn et Sylvia Leigh. Huit articles de la série « Old landmarks of Fredericton » ont été publiés anonymement dans le Capital de Fredericton entre sept. et nov. 1880 : « [...] Rose Hall » (23 sept.) ; « [...] The Hermitage » (2 oct.) ; « [...] Waterloo Row » (16 oct.) ; « [...] The Golden Ball, Waterloo Row » (23 oct.) ; « [...] Royal Oak, Waterloo Row » (30 oct.) ; « Leading establishments half a century ago » (13 nov.) ; et deux autres appelés simplement « Old landmarks of Fredericton » (20, 27 nov.). Ce qui reste du tirage du Capital de la période est incomplet et il est possible que Rebecca Agatha Armour ait publié plus que ces huit articles ; toutefois, aucune preuve ne vient étayer l’affirmation de V. B. Rhodenizer, Canadian literature in English ([Montréal], 1965), 711, que sa collaboration au journal ait compté environ 50 fascicules. Il faut noter que, même si sa famille et ses amis la connaissaient sous le nom de Rebecca, elle signait ses romans Re. Agatha Armour. [g. d.]
AN, MG 23, D1, sér. 1, 80 : 341–343.— APNB, RG 7, RS75, 1891, Margaret Armour ; RG 11, RS115, 13/8 :6 ; St Paul’s United Church (Fredericton), records of Old St Paul’s Kirk [St Paul’s Church of Scotland], 3 sept. 1843, 26 nov. 1845, 1er sept. 1870, 22 janv. 1885 (mfm).— The Fredericton census of 1871, R. F. Fellows, édit. (Fredericton, 1974), 12.— The New Brunswick census of 1851 : York County, Elizabeth Sewell et Elizabeth Saunders, compil. (Fredericton, 1979).— Butler’s Journal (Fredericton), mai 1891.— Daily Telegraph (Saint-Jean, N.-B.), 4, 29 nov. 1878, 19 oct. 1886.— St. John Daily Sun, 25 avril 1891.— Hill, Old Burying Ground.— Watters, Checklist of Canadian literature (1972).
Gwendolyn Dames, « ARMOUR, REBECCA AGATHA (Thompson) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/armour_rebecca_agatha_12F.html.
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Auteur de l'article: | Gwendolyn Dames |
Titre de l'article: | ARMOUR, REBECCA AGATHA (Thompson) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 11 nov. 2024 |