BORDEN, HAROLD LOTHROP, officier dans la milice et dans l’armée, né le 23 mai 1876 à Canning, Nouvelle-Écosse, fils unique de Frederick William Borden* et de Julia Maude Clarke ; mort au combat, célibataire, le 16 juillet 1900 à Witpoort (Afrique du Sud).

Le père de Harold Lothrop Borden, cousin du futur premier ministre conservateur sir Robert Laird Borden*, représenta la circonscription de Kings, en Nouvelle-Écosse, à la chambre des Communes à compter de 1874 ; il fut nommé ministre de la Milice et de la Défense dans le cabinet libéral de Wilfrid Laurier* en 1896. Après ses études dans la vallée d’Annapolis, Harold obtint son diplôme du Mount Allison College en 1897. Il souhaitait devenir médecin comme son père et son grand-père, et entra à l’automne même à l’école de médecine de la McGill University. Sir Robert Borden écrirait plus tard au sujet de son parent : « C’était un jeune homme superbe et plein de promesses. Je me souviens très bien de lui : grand, six pieds quatre pouces de taille, les cheveux sombres, beau, d’une belle prestance. Il était l’espoir et la joie de son père. »

Étudiant et sportif doué, Borden était aussi un membre passionné de la cavalerie de la milice. En 1897, on le nomma officier dans les King’s Canadian Hussars, où il était entré à titre de cavalier à l’âge de 17 ans. La même année, avec plusieurs autres officiers de la milice, il accompagna Laurier à Londres pour le soixantième anniversaire du règne de la reine Victoria. Deux ans plus tard, il était promu major et commandant de son unité.

Après un débat houleux, le cabinet de Laurier décida en octobre 1899 de permettre le recrutement de Canadiens qui iraient grossir les rangs britanniques pour combattre les Boers en Afrique du Sud. Borden quitta rapidement l’école de médecine pour se porter volontaire. Au Canada anglais, l’enthousiasme populaire était tel que Borden, comme bien d’autres jeunes officiers de la milice, dut accepter un grade inférieur pour avoir le privilège d’être du nombre. Le lieutenant Borden de l’escadron B des 1st Canadian Mounted Rifles débarqua avec son régiment au Cap le 21 mars 1900, soit quatre mois après l’arrivée du premier contingent canadien [V. sir William Dillon Otter*]. Après une semaine d’entraînement sur place, dans des uniformes kaki auxquels ils étaient peu habitués, les soldats de l’unité de Borden partirent vers le nord le long du seul chemin de fer qui menait à Pretoria, capitale de la république des Boers du Transvaal.

La guerre commencée l’automne précédent avait mal tourné pour les Britanniques. Lourdes et encombrantes, leurs unités étaient des cibles faciles pour les habiles tireurs des commandos boers. Quand le régiment de Borden arriva en Afrique du Sud, l’armée britannique avait déjà essuyé les défaites de la « semaine noire » de décembre 1899 ; avec les petites unités coloniales qui l’avaient rejointe, elle aurait encore à affronter plus de deux années de combats incessants et, pire encore, de maladie. En peu de temps, les Canadian Mounted Rifles avaient vu suffisamment de batailles acharnées pour que leurs volontaires les plus enthousiastes se transforment en vétérans endurcis, sinon désillusionnés.

Au cours du mois de mai 1900, Borden se distingua si bien par sa « bravoure et son intrépidité » que son nom figura deux fois dans des dépêches du feld-maréchal lord Roberts, commandant en chef britannique en Afrique du Sud : « le lieutenant H. L. Borden, pour sa bravoure au moment de la traversée à la nage de la rivière Vet sous le feu de l’ennemi le 5 mai et à l’occasion de la capture de certains fourgons ennemis le 30 mai ».

L’armée britannique dut livrer bien des batailles dans sa lente marche vers la capitale et au delà ; c’est au cours de l’une d’elles que Borden trouva la mort, le 16 juillet. Pour contrer l’avance britannique, le général boer Louis Botha avait adroitement déployé ses hommes dans les montagnes à l’est de Pretoria. Voulant aider les Royal Irish Fusiliers et des Néo-Zélandais à résister à l’attaque ennemie sur la crête de Witpoort, les lieutenants Borden et John Edgar Burch lancèrent une contre-attaque, qui ne réussit qu’au prix de leur vie. À moins de 200 verges, les tireurs d’élite boers firent feu sur eux au moment où ils se levaient pour conduire leurs fusiliers.

Lord Roberts écrivit au ministère de la Guerre que Borden et Burch avaient « été tués en menant courageusement leurs hommes dans une contre-offensive sur le flanc de l’ennemi, à un moment critique de l’assaut contre [les] troupes [britanniques] ». On avait enseveli leurs corps à la lueur des lanternes près du champ de bataille ; plus tard, on les transférerait dans un petit cimetière à Brakpan. La reine Victoria demanda à Frederick William Borden une photographie de son fils, Laurier fit son éloge, les témoignages affluèrent de tous les coins du Canada et, dans la ville natale du lieutenant, on érigea un monument à sa mémoire.

Des Canadiens s’étaient énergiquement opposés à ce que leur pays s’engage dans le conflit en Afrique du Sud mais, pour la plupart des citoyens d’expression anglaise, le service militaire était accepté et même accueilli comme un signe de reconnaissance de la place du Canada dans l’Empire britannique. De la centaine de Canadiens victimes de cette guerre – la maladie en emporta un plus grand nombre encore –, Harold Lothrop Borden est le plus célèbre. Le fait d’avoir été le fils unique du ministre de la Milice et de la Défense n’est évidemment pas étranger à ce phénomène. Sa mort allait symboliser le service sous les drapeaux de ses quelque 7 000 compatriotes qui, avec enthousiasme, s’étaient portés volontaires pour cette lointaine campagne impériale et le prix qu’il en coûta au Canada.

Roy MacLaren

Argosy (Sackville, N.-B.), 24 (1897–1898), no 1 : 8–9.— R. L. Borden, Robert Laird Borden : his memoirs (2 vol., Toronto, 1938), 1.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1901, no 35a.— Chronicle (Montréal), 20 juill. 1900.— Acadian Recorder, 18, 25 juill. 1900.— Eaton, Hist. of Kings County.— W. S. Evans, The Canadian contingents and Canadian imperialism : a story and a study (Toronto, 1901).— Brereton Greenhous, Dragoon : the centennial history of the Royal Canadian Dragoons, 1883–1983 (Belleville, Ontario, 1983).

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Roy MacLaren, « BORDEN, HAROLD LOTHROP », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/borden_harold_lothrop_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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