BUNBURY, JOSEPH, officier et fonctionnaire du département des Affaires indiennes ; circa 1773–1802.

Joseph Bunbury devint enseigne dans le 49e d’infanterie britannique le 20 février 1773 et lieutenant le 14 janvier 1775, année pendant laquelle on suppose qu’il accompagna le régiment en Amérique du Nord. Le 13 avril 1782, il fut promu capitaine dans le même régiment en Irlande. On rapporte dans une anecdote qu’au cours d’un dîner au Dublin Castle, Bunbury et le duc de Rutland, lord-lieutenant d’Irlande, « se soûlèrent ensemble » et que, pendant la soirée, Rutland lui offrit un poste de capitaine qui était à pourvoir dans le 5e d’infanterie, même si ce poste avait déjà été promis à David William Smith*. Le 24 décembre 1785, Bunbury fut évidemment muté au grade de capitaine dans le 5e d’infanterie, avec lequel il arriva probablement à Québec le 26 juillet 1787. Le 14 mai 1789, il devint « officier commandant de Kingston [Ontario] et de ses dépendances », poste qui comprenait la responsabilité de l’île Carleton (New York) de même que d’Oswegatchie (Ogdensburg, New York). Il occupait ce poste important au moment de la construction de l’arsenal maritime de Kingston, et il se peut qu’il ait contribué au choix précis de son emplacement en tentant de faire approuver les plans de construction d’un nouveau quai.

Lorsque Bunbury quitta Kingston à la fin de juillet 1790, il accompagnait probablement son régiment à Detroit. Pendant qu’il était en garnison à cet endroit, il assuma différentes fonctions, comme la présidence d’un comité d’enquête sur l’état du fort Lernoult. En juin 1792, le 5e d’infanterie fut détaché au fort Niagara (près de Youngstown, New York), où il demeura jusqu’au moment de la remise du fort aux États-Unis quatre ans plus tard. Au cours de l’été de 1792, il semble que Bunbury ait voyagé entre Detroit, le fort Erie (Fort Erie, Ontario), Niagara et les rapides de la rivière des Miamis (rivière Maumee, Ohio) pour le compte de l’armée, du département des Affaires indiennes et du lieutenant-gouverneur Simcoe. C’était un territoire stratégique à cette époque, parce que le conflit opposant les Américains aux Loups, aux Chaouanons, aux Miamis et autres tribus de l’Ouest au sujet de la région de l’Ohio était arrivé à un point critique [V. Michikinakoua ; Weyapiersenwah] et que l’issue de ce conflit inquiétait grandement les Britanniques. À l’été de 1793, Simcoe ordonna à Bunbury, en raison de ses relations avec les Indiens de l’Ouest, de se joindre aux lieutenants Prideaux Selby et James Givins* pour accompagner les commissaires des États-Unis qui se rendaient aux rapides de la rivière des Miamis afin de traiter du problème des frontières avec les Indiens. En février 1794, Bunbury participa à un conseil au ruisseau Buffalo (New York) où des représentants des Six-Nations et des Indiens de l’Ouest discutèrent de la cession des terres avec les Américains. Le 15 juin 1794, Simcoe fit son éloge dans une lettre à lord Dorchester [Guy Carleton] pour avoir contribué à régler une dispute entre Joseph Brant [Thayendanegea] et un autre chef des Six-Nations. « Je suis très redevable au capitaine Bunbury de son aide à cette occasion et en beaucoup d’autres », écrivit Simcoe. Dans l’intervalle, le 1er mars 1794, Bunbury avait été promu major. Le 22 juillet 1794, il signa un document à Niagara comme président d’un comité de cinq officiers affecté à l’examen des approvisionnements débarqués à cet endroit par le Mississauga.

En août 1794, Simcoe, ayant appris qu’une armée américaine aux ordres du major général Anthony Wayne s’était avancée jusqu’à Glaize (Defiance, Ohio), commanda à Bunbury de se rendre à l’île Turtle, à l’embouchure de la rivière des Miamis, avec un détachement du 5e d’infanterie et des Queen’s Rangers. Beaucoup de gens considéraient cet emplacement comme l’endroit idéal d’où pouvait être contrée toute menace américaine à la frontière sud-ouest du Canada. Wayne défit les Indiens à la bataille de Fallen Timbers (près de Waterville, Ohio) le 20 août, mais il replia ensuite la plus grande partie de son armée, et les troupes britanniques de la région s’abstinrent de participer à l’affrontement. Avant la fin du mois, Bunbury avait conduit une partie de ses hommes au fort Miamis (Maumee), poste qui se trouvait le plus près du champ de bataille, à la demande du major William Campbell dont la garnison avait été décimée par la maladie. Campbell lui-même tomba malade, ce qui obligea Bunbury à assumer le commandement de ce poste aussi bien que celui de l’île Turtle. Lorsque Simcoe arriva un mois plus tard, Bunbury, ainsi que six autres officiers, était aussi souffrant. Au début d’octobre, il partit en bateau pour le fort Erie.

En 1795, Bunbury continua de s’intéresser aux affaires des Indiens : en mars, il se trouvait à Newark (Niagara-on-the-Lake, Ontario) avec John Butler* (mort en 1796), surintendant adjoint des Six-Nations, quand Red Jacket [Sagoyewatha*] et deux autres chefs tsonnontouans du ruisseau Buffalo firent le compte rendu d’une réunion avec les Américains. Peu après, Bunbury fut promu aide de camp de Simcoe et manifesta le désir d’occuper un poste permanent au département des Affaires indiennes. Le 21 juillet 1796, il fut nommé agent des Affaires indiennes au Bas-Canada.

On sait peu de chose de Bunbury après cette nomination. Le 1er janvier 1798, il devint lieutenant-colonel et, peu de temps après, il retourna en Grande-Bretagne, en congé, comme il l’affirma plus tard, à ce que l’on dit. Ce geste se fit vraisemblablement à un mauvais moment, et il semble que Bunbury aurait été mêlé aux factions qui sévissaient au sein du département des Affaires indiennes. Le 24 octobre 1800, John Chew écrivit de Montréal à Prideaux Selby : « J’ignore ce qu’il adviendra, mais je pense que notre ami Bunbury court le risque de se faire supplanter, à moins qu’il ne joue bien ses cartes en Angleterre. » Il est évident qu’il n’y réussit pas, puisque le duc de Portland, secrétaire d’État à l’Intérieur, approuva le remplacement de Bunbury le 6 juin 1801, tel que le lui avait recommandé le lieutenant-gouverneur Robert Shore Milnes* en février. Une lettre datée du 24 avril 1802 signale le nom de Bunbury pour la dernière fois.

On possède peu de renseignements sur la vie privée de Joseph Bunbury, sauf une mention en mars 1801 concernant son mariage avec une jeune fille de 16 ans dont le père était attorney. Même si on ne dispose pas d’une évaluation de son travail comme agent des Affaires indiennes, il s’attira assez souvent des éloges comme officier, particulièrement de Simcoe. Un jour, en 1794, celui-ci désigna Bunbury et quatre autres capitaines de l’armée au Canada comme « probablement les meilleurs dans leur grade et leur poste respectif ».

Carl A. Christie

APC, MG 11, [CO 42] Q, 86–1 : 132 ; MG 19, F1, 5 : 41s., 157–160, 165–170, 175–185, 191–193, 255, 263, 275–277, 295, 297–300 ; 6 : 205–208 ; 8 : 56s., 131s. ; RG 8, 1 (C sér.), 249 : 348 ; 511 : 1v., 1 1/2, 6, 79s. ; RG 10, A1, 1–4 ; 486 : 3856s. ; A2, 8–12 ; B8, 768 : 10 ;10019 :135 ;10020 : 16.— Corr. of Lieut. Governor Simcoe (Cruikshank).— John Askin papers (Quaife).— Kingston before War of 1812 (Preston).— G.-B., WO, Army list, 1774 ; 1777 ; 1783 ; 1787 ; 1795 ; 1799.— The service of British regiments in Canada and North America [...], C. H. Stewart, compil. ([2e éd.],Ottawa, 1964).-Horsman, Matthew Elliott.-H. M. Walker, A history of the Northumberland Fusiliers, 1674–1902 (Londres, 1919), 198.

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Carl A. Christie, « BUNBURY, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 12 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bunbury_joseph_5F.html.

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Auteur de l'article:    Carl A. Christie
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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