DCB/DBC Mobile beta
+

Dans le cadre de l’accord de financement entre le Dictionnaire biographique du Canada et le Musée canadien de l’histoire, nous vous invitons à participer à un court sondage.

Je veux participer maintenant.

Je participerai plus tard.

Je ne veux pas participer.

J’ai déjà répondu au sondage

Nouvelles du DBC/DCB

Nouvelles biographies

Biographies modifiées

Biographie du jour

LÉPINE, AMBROISE-DYDIME – Volume XV (1921-1930)

né le 18 mars 1840 à Saint-Boniface (Winnipeg)

La Confédération

Le gouvernement responsable

Sir John Alexander Macdonald

De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812–1870)

Sir Wilfrid Laurier

Sir George-Étienne Cartier

Sports et sportifs

Les fenians

Les femmes dans le DBC/DCB

Les conférences de Charlottetown et de Québec en 1864

Les textes introductifs du DBC/DCB

Les Acadiens

Module éducatif

La guerre de 1812

Les premiers ministres du Canada en temps de guerre

La Première Guerre mondiale

BURPE (Burpee), DAVID, fermier, juge de paix, juge et fonctionnaire, né le 22 avril 1752 à Rowley, Massachusetts, fils aîné de Jeremiah Burpe, charpentier, et de Mary Saunders ; le 1er janvier 1778, il épousa Elizabeth Gallishan, et ils eurent sept fils et sept filles ; décédé le 31 mai 1845 à Maugerville, Nouveau-Brunswick.

David Burpe dut recevoir sa formation scolaire dans le Massachusetts, car après 1763 il eut sûrement peu de chances de poursuivre des études. Cette année-là, son père se joignit à Israel Perley* et à d’autres pour aller fonder l’établissement de Maugerville, dans ce qui était alors la colonie de la Nouvelle-Écosse. Faisait aussi partie du groupe le grand-père de David, Jonathan Burpe. Cet homme assez âgé devint le premier diacre de la communauté congrégationaliste qu’on ne tarda pas à organiser dans le nouvel établissement. Dans les premières années, on administra Maugerville comme une communauté traditionnelle de la Nouvelle-Angleterre : un conseil exerçait le pouvoir civil, et l’ordre social relevait de l’Église.

À la mort de ses parents, Burpe, alors âgé de 19 ans, dut assumer la responsabilité de ses sept frères et sœurs. Déjà, les traits de sa personnalité adulte se manifestaient : actif, réservé, prudent et méthodique. Tout en s’acquittant des travaux de la ferme, il s’astreignait à la tenue d’un journal qui, s’il témoigne de sa culture et de son souci du détail, demeure néanmoins muet sur ses idées et ses ambitions. Le livre de comptes où sont inscrits tous les articles qu’il a achetés ou vendus de 1772 à 1784 s’avère une source importante de renseignements pour les historiens. Il permet en effet de voir à quel point le prix des marchandises et des services a fluctué à l’époque de la Révolution américaine dans un milieu où l’argent était rare et le troc, pratique commune. Les historiens lui sont en outre redevables d’avoir dressé soigneusement la liste des biens laissés par son grand-père en 1781 ; elle jette une lumière exceptionnelle sur le style de vie que pouvait mener dans ces régions éloignées un fermier relativement bien nanti.

La famille Burpe partageait les sentiments antibritanniques de leurs anciens compatriotes du Massachusetts, et il est bien possible que David ait joué un certain rôle dans l’organisation du soutien que Maugerville offrit au nouveau gouvernement de cet État en 1775. L’année suivante, Edward Burpe, l’un de ses jeunes frères, se joignit à l’expédition de Jonathan Eddy* contre le fort Cumberland (près de Sackville, Nouveau-Brunswick). En 1777, on posta une garnison britannique au fort Howe (Saint-Jean) et, six ans plus tard, des loyalistes américains prirent possession d’un grand nombre de fermes de Maugerville. La majorité de ces nouveaux venus n’avaient aucune raison de respecter les sentiments des « rebelles », et les anciennes familles, pour leur part, voyaient d’un mauvais œil les faveurs accordées à ces intrus. Troublés par les changements survenus dans leur milieu et inspirés par les théories New Light de Henry Alline*, qui avait tenu des assemblées de « réforme » à Maugerville en 1779 et 1781, certains parmi les anciens s’isolèrent dans une ferveur religieuse sectaire. Parmi eux se trouvaient les disciples d’Archelaus Hammond, lequel préconisait un antinomisme qui menait à des formes bizarres de culte.

Même si Burpe, fidèle aux idées conservatrices Old Light de son grand-père Jonathan, n’était pas disposé à faire des concessions aux New Lights sur les questions théologiques, il s’employa à combattre les divisions profondes dans son groupe et s’avéra une influence modératrice entre les loyalistes nouvellement arrivés et les anciens habitants. En 1787, Jacob Barker fils et lui furent nommés juges de paix du comté de Sunbury dont faisait partie le canton de Maugerville, alors partagé entre les paroisses de Maugerville et de Sheffield. C’étaient des postes de privilège, car l’autorité ne relevait plus d’un conseil formé selon le modèle de la Nouvelle-Angleterre mais des juges qui se réunissaient à la Cour des sessions générales pour administrer les affaires du comté.

La division du canton de Maugerville, effectuée en 1786, fut renforcée par les différences d’appartenance religieuse. Les loyalistes anglicans étaient en majorité dans la paroisse de Maugerville, tandis que dans Sheffield les anciens habitants prédominaient. Lorsque l’Église d’Angleterre réclama le lot public sur lequel se trouvait le vieux temple dont le style rappelait ceux de la Nouvelle-Angleterre, Burpe et Barker prirent l’initiative de déplacer la bâtisse, en 1789, jusqu’à un lot public situé dans la paroisse de Sheffield, à plusieurs milles en aval, en la traînant sur la glace de la rivière avec soixante paires de bœufs. Les membres de l’Église congrégationaliste signèrent un nouveau covenant cette année-là. Ils descendaient tous d’un petit nombre de familles de la Nouvelle-Angleterre, mais leur Église recevait aussi le soutien d’immigrants écossais et d’autres non-conformistes, dont quelques loyalistes. Pour des raisons inconnues, quoiqu’il semble probable que ce soit parce qu’il s’en jugeait indigne, Burpe ne devint pas, selon les termes de la constitution congrégationaliste, membre de son Église avant 1805, même s’il occupait la fonction de secrétaire et participait à tous les comités importants. La congrégation invita John James, un méthodiste calviniste d’Angleterre, à devenir son pasteur.

Le ministère de James se termina d’une manière désastreuse. En 1792, après qu’on l’eut accusé d’ivrognerie, d’entretenir des relations avec des personnes de mœurs douteuses et finalement d’avoir eu une « conduite scandaleuse » à l’endroit d’une jeune femme, James joignit les rangs de l’Église d’Angleterre. C’est seulement le 6 août 1793 que les non-conformistes réussirent à reprendre possession du presbytère ainsi que du temple dont il faisait partie lorsque Burpe, qui trouva les lieux temporairement vacants, y entra et défia les autorités de l’en déloger. Déjà, à ce moment, le fossé entre les anglicans et les non-conformistes était devenu infranchissable. L’aversion de ces derniers pour l’exclusivisme anglican fit du comté de Sunbury le centre d’opposition aux politiques du lieutenant-gouverneur Thomas Carleton*. C’est peut-être à cette époque que Burpe commença à se lier avec Samuel Denny Street*, principal opposant du gouvernement après James Glenie*. Ces liens s’avérèrent utiles tant à Burpe qu’à Street.

Durant les trois premières décennies du xixe siècle, Burpe fut l’un des juges les plus actifs du comté. Il devint juge de la Cour inférieure des plaids communs et s’acquitta de nombreuses tâches de routine : interroger des témoins, signer des cautions et obliger certaines personnes à respecter l’ordre public. En 1814, il devint juge du quorum et se servit de son poste pour contourner l’article de la loi sur le mariage qui obligeait les non-conformistes à se marier devant un ministre anglican. Entre janvier 1815 et septembre 1835, il célébra 124 mariages civils dans Sheffield. Il agit également à titre de vérificateur des comptes du comté.

La participation de Burpe aux affaires publiques était motivée par un solide attachement aux valeurs religieuses et sociales du puritanisme qui s’était développé en Nouvelle-Angleterre au xviie siècle. Relativement jeune encore, il devint connu sous le nom de « squire » Burpe, sorte de personnage patriarcal dont tous les efforts tendaient à restaurer la prospérité de la congrégation non conformiste et à maintenir la théologie calviniste ainsi que les formes traditionnelles de culte, malgré les demandes des New Lights, des méthodistes et des baptistes. Ses efforts portèrent fruit en 1820 : la congrégation de Sheffield, réorganisée et, à cette époque, affiliée à l’Église d’Écosse, reçut une petite partie de la terre qu’on avait réservée à l’Église au moment de la fondation du canton de Maugerville et elle obtint finalement d’Écosse un pasteur résidant permanent. Elle recouvra par la suite son identité congrégationaliste jusqu’au moment où elle adhéra à la United Church of Canada en 1925.

Lorsque David, fils de David Burpe, mourut en 1830, il eut droit à une longue notice nécrologique dans les journaux de la province. Il avait beau être trésorier du comté et diacre de l’Église, la chronique publiée rendait en réalité hommage à son père, qui était alors dans sa soixante-dix-huitième année et occupait toujours ses fonctions de juge. Parmi les documents que laissa le vieux David lorsqu’il mourut à l’âge de 93 ans, il y en a un, intitulé « Record Book kept by the Town Clerk of Sheffield Sunbury County 1767–1835 », qui est un monument digne de sa carrière ; Burpe avait conservé l’esprit de l’ancien canton de Maugerville et, en continuant de tenir les registres, il a permis aux générations suivantes de connaître l’histoire de la persévérance d’une communauté de pionniers.

D. Murray Young

La satire politique écrite par Edward Winslow*, qui parut au Nouveau-Brunswick en 1795 sous le titre de Substance of the debates, in the Young Robin Hood Society [...], apparaît comme une satire à peine voilée de David Burpe. Ann Gorman Condon édita ce texte qui parut sous le titre de « The Young Robin Hood Society [...] », dans Acadiensis (Fredericton), 15 (1985–1986), no 2 : 120–143. Cependant, madame Condon n’a pas souligné le parallèle entre le personnage de Zedekiah T. et Burpe.  [d. m. y.]

APNB, MC 1, Burpee family ; MC 300, MS5/144 ; MS33/36 (« A copy of the record book kept by the town clerk of Sheffield, Sunbury County, 1767–1835 », William McLeod, édit. (copie dactylographiée, 1932) ; RG 3, RS307, C1, 10 avril 1787 ; RG 18, RS157.— Musée du N.-B., Sheffield, N.-B., papers, David Burpe, « Record Book kept by the Town Clerk of Sheffield Sunbury County 1767–1835 » (mfm aux APNB).— UNBL, MG H9, F. M. Miles, « Maugerville School, 1763–1951 » (copie dactylographiée, 1951).— « Documents of the Congregational Church at Maugerville », N.B. Hist. Soc., Coll., 1 (1894–1897), no 1 : 119–152 ; no 2 : 153–159.— « Documents relating to Sunbury County : David Burpee’s diary », N.B. Hist. Soc., Coll., 1, n° 1 : 89–95.— The Newlight Baptist journals of James Manning and James Innis, D. G. Bell, édit. (Saint-Jean, N.-B., 1984).— « The Pickard papers », Gerald Keith, édit., N.B. Hist. Soc., Coll., n° 15 (1959) : 55–78. « Sunbury County documents », N.B. Hist. Soc., Coll., 1, no 1 : 100–118.— Head Quarters, or Literary, Political, and Commercial Journal (Fredericton), 4 juin 1845.— Early settlers of Rowley, Massachusetts : a genealogical record of the families who settled in Rowley before 1700 with several generations of their descendants, G. B. Blodgette, compil., A. E. Jewett, édit. (Rowley, 1933).— The Stickney family : a genealogical memoir of the descendants of William and Elizabeth Stickney, from 1637 to 1869 (Salem, Mass., 1869). MacNutt, New Brunswick. W. D. Moore, « Sunbury County, 1760–1830 » (thèse de m.a., Univ. of N.B., Fredericton, 1977). George Patterson, Memoir of the RevJames MacGregor, D.D. [...] (Philadelphie, 1859). R. W. Colston, « Old Sunbury [...] », StJohn Daily Sun (Saint-Jean), 9 sept. 1898 : 6–7. James Hannay, « The Maugerville settlement, 1763–1824 », N.B. Hist. Soc., Coll., 1, n° 1 : 63–88. G. C. Warren, « Canada’s pioneer missionary », Tidings (Wolfville, N.-É.), 70 (1944), no 11 : 3–5.

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

D. Murray Young, « BURPE, DAVID », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/burpe_david_7F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/burpe_david_7F.html
Auteur de l'article:    D. Murray Young
Titre de l'article:    BURPE, DAVID
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
Date de consultation:    18 mars 2024