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CARRUTHERS, JAMES, marchand de grain et financier, né le 13 août 1853 à Toronto, fils d’Andrew Carruthers et d’une prénommée Janet ; le 9 février 1875, il épousa dans cette ville Louisa Coleman, et ils eurent trois fils ; décédé le 19 septembre 1924 à Montréal.

James Carruthers naquit dans une famille d’immigrants écossais de la région de Dumfries qui était arrivée à Toronto vers la fin des années 1840. Son père occupa pendant longtemps un emploi pour le service du courrier à la compagnie du Grand Tronc, ce qui lui permit d’acheter une maison. Malgré ces origines modestes et apparemment peu d’années d’études, Carruthers mènerait une brillante carrière d’homme d’affaires en tirant habilement parti de ses diverses expériences professionnelles.

Les premiers contacts de Carruthers avec le commerce céréalier eurent probablement lieu au début des années 1870, lorsqu’il entra au service de la firme torontoise T. C. Chisholm. Vers 1875, il fut engagé par les marchands de grain de Montréal et de Toronto Crane and Baird. Il s’occupa alors du bureau de Toronto ; à cette époque, l’orge transitait en quantité importante par ce port et la production de blé dans l’Ouest canadien était encore embryonnaire. Il devint partenaire de l’entreprise en 1879, puis la quitta en 1885 pour former, avec James Sylvester Norris, la firme Norris and Carruthers. Norris habitait à Montréal, où la compagnie de commerce céréalier possédait un bureau et un entrepôt, tandis que Carruthers demeurait à Toronto, où la firme louait des locaux dans l’édifice du Bureau de commerce. Presque au même moment, les premiers chargements de blé de l’Ouest arrivèrent à Montréal grâce à la liaison établie en 1883 par la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique entre Winnipeg et Port Arthur (Thunder Bay), en Ontario. Norris et Carruthers se dissocièrent vers la fin de 1893. Ce dernier fonda aussitôt la compagnie qui deviendrait la plus importante firme d’exportation de grain du Canada, la James Carruthers and Company.

Au milieu des années 1890, Carruthers était déjà un marchand prospère et il habitait une élégante demeure néo-romane dans la prestigieuse rue Jarvis, à Toronto. La James Carruthers and Company avait des bureaux à Montréal, Toronto et Winnipeg (un bureau ouvrirait à New York un peu plus tard). En 1898, Carruthers devint de plus actionnaire d’une importante compagnie d’élévateurs à grains du Manitoba. Il fut en outre très actif dans les chambres de commerce et les Bourses de grains du Canada et du nord des États-Unis, et effectua de nombreux voyages d’affaires en Grande-Bretagne. Ce vaste réseau lui servit grandement quand, de 1900 à 1920, les exportations de blé canadien devinrent le moteur de la croissance économique canadienne. Carruthers s’y tailla en fait la part du lion, si bien que, vers le début des années 1910, on lui accola l’étiquette de « roi du blé canadien ».

Le commerce d’exportation de grain amena tout naturellement Carruthers à s’associer à diverses compagnies de transport maritime. Ce secteur se réorganisa complètement lorsque, en 1913, des hommes d’affaires canado-britanniques créèrent la Canada Steamship Lines en acquérant et fusionnant plusieurs compagnies maritimes, dont la Compagnie de navigation du Richelieu et d’Ontario. Les nouveaux investisseurs, qui misaient grandement sur le commerce des grains, choisirent pour président le plus éminent représentant dans ce domaine, James Carruthers. Durant l’année 1913, ce dernier dut répondre aux critiques qui s’inquiétaient de la création de ce quasi-monopole, tandis qu’au mois de novembre le tout nouveau et ultramoderne cargo James Carruthers sombra avec sa cargaison de grains dans les Grands Lacs au cours d’une terrible tempête. En 1919, il démissionna après s’être opposé aux conseils d’administration de Montréal et de Londres qui proposaient une généreuse distribution de dividendes, alors qu’il souhaitait plutôt accumuler une importante réserve pour faire face à la volatilité du marché du blé canadien. De fait, le prix du blé s’effondra au début des années 1920.

La notoriété de Carruthers reposait également sur ses activités dans les secteurs financier et industriel. Il avait été, en 1902, le premier vice-président de la Sovereign Bank of Canada et figura parmi les administrateurs de la Dominion Bank de 1907 à 1923. Il s’intéressa aussi au domaine de l’assurance et des fiducies. Parallèlement, il investit entre autres son capital dans l’industrie minière – dont une mine de charbon sur l’île de Vancouver – et dans la plus importante compagnie de réfrigération de poisson de Prince Rupert.

À titre de marchand de grain, Carruthers livra son opinion, généralement par la voie des journaux, sur quelques grandes questions politiques. Il appuya les mesures tarifaires protectionnistes, qui favorisèrent la bourgeoisie canadienne dont il faisait partie. À l’inverse, il s’opposa fermement, en 1911, aux projets de réciprocité commerciale du gouvernement de sir Wilfrid Laurier*, prédisant entre autres que l’industrie montréalaise du malt transformerait dorénavant de l’orge russe plutôt que de l’orge canadienne. Pourtant, les agriculteurs de l’Ouest ne craignaient nullement la concurrence et réclamaient même le libre-échange avec les États-Unis. Devant la fermeté dont ils firent preuve en 1913, Carruthers dut réviser ses positions. Durant la Première Guerre mondiale, il fut de toutes les discussions politiques pour assurer aux alliés les approvisionnements nécessaires, la James Carruthers and Company Limited en profitant amplement.

James Carruthers et Louisa Coleman eurent trois fils, qui travaillèrent tous dans les entreprises de leur père. L’aîné, George Andrew, s’occupa du bureau de Winnipeg de la James Carruthers and Company Limited, puis s’engagea dans l’armée. Les deux autres, Edgar et William, moururent très tôt, le premier vers 1907 et le second en 1915. Peu après la mort d’Edgar, James Carruthers quitta Toronto et s’installa définitivement à Montréal, alors devenu le principal port céréalier du pays. Avec sa femme, il y habita les nouveaux appartements et hôtels à la mode, dont le Ritz-Carlton. Il demeura très actif dans le domaine des affaires, donna des sommes considérables à des établissements hospitaliers et acheta du matériel militaire pour l’armée canadienne au cours de la Première Guerre mondiale. Grand sportif, il acquit entre 1906 et 1908, avec sir Hugh Montagu Allan*, de vastes terrains sur lesquels on construisit l’hippodrome du Montreal Jockey Club. En septembre 1924, plusieurs représentants de la bourgeoisie montréalaise, ainsi qu’un nombre impressionnant de dignitaires, assistèrent à ses funérailles.

L’immense succès de James Carruthers reposa en bonne partie sur sa capacité de profiter d’une conjoncture favorable. À sa mort, le commerce céréalier demeurait un choix d’avenir pour lequel avait opté son petit-fils, George Andrew Carruthers, en entrant à la James Carruthers and Company Limited de Winnipeg en 1923.

Guy Mongrain

ANQ-M, CN601-S480, 26 avril 1906 ; TP11, S2, SS20, SSS48, vol. 8-o, 18 sept. 1879, no 806 ; vol. 12-o, 12 mars 1885, no 30 ; vol. 13-o, 13 déc. 1886, nos 134–135 ; vol. 23-o, 25 juin 1902, no 127.— AO, RG 22-305, no 2557 ; RG 80-5-0-54, no 10984.— BAC, RG 31, C1, 1871, 1881, 1901, Toronto, St James’ ward, div. 6.— Palais de justice, Montréal, Cour supérieure, Greffes, R. H. Barron, 30 mars, 26 juill. 1906, 27 août 1908 ; H. M. Marler, 17 nov. 1908.— Gazette (Montréal), 5 juin 1897, 12 févr. 1919, 20, 23 sept. 1924.— Globe (Toronto), 20 sept. 1924.— Manitoba Free Press, 20 sept. 1924.— Montreal Daily Star, 12 févr. 1919, 20 sept. 1924.— La Presse, 12 févr. 1919, 20 sept. 1924.— G. M. Adam, Toronto, old and new : a memorial volume [...] (Toronto, 1891 ; réimpr., 1972).— C. W. Anderson, Grain : the entrepreneurs (Winnipeg, 1991).— Annuaires, Montréal, 1880–1924 ; Toronto, 1846–1909.— Annual financial rev. (Toronto et Montréal), 1901–1924.— Canadian annual rev., 1902–1924.— Canadian history makers [...] (Montréal, 1913).— T. E. Champion, The Methodist churches of Toronto (Toronto, 1899).— E. A. Collard, Passage to the sea : the story of Canada Steamship Lines (Toronto, 1991).— Encyclopaedia of Canadian biography, 2.— V. C. Fowke, The National Policy and the wheat economy (Toronto, 1957).— Thomas Galbraith, General financial and trade review of the city of Toronto for 1880 ([Toronto], 1881).— Ross Hamilton, Prominent men of Canada, 1931–32 (Montréal, [1932 ?]).— D. C. Masters, The rise of Toronto, 1850–1890 (Toronto, 1947).— Montreal old and new, entertaining, convincing, fascinating ; a unique guide for the managing editor, Lorenzo Prince et al., édit. (Montréal, s.d.).— Prominent people of the province of Quebec, 1923–24 (Montréal, s.d.).— Benjamin Sulte et al., A history of Quebec, its resources and its people (2 vol., Montréal, 1908), 2.— A. S. Thompson, Jarvis Street : a story of triumph and tragedy (Toronto, 1980).— C. F. Wilson, A century of Canadian grain : government policy to 1951 (Saskatoon, 1978).

Bibliographie générale

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Guy Mongrain, « CARRUTHERS, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/carruthers_james_15F.html.

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Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/carruthers_james_15F.html
Auteur de l'article:    Guy Mongrain
Titre de l'article:    CARRUTHERS, JAMES
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    19 mars 2024