CÉLORON, MARIE-CATHERINE-FRANÇOISE, religieuse hospitalière de Saint-Joseph et supérieure de l’Hôtel-Dieu de Montréal, née le 15 août 1744 à Montréal, fille aînée de Pierre-Joseph Céloron* de Blainville et de Catherine Eury de La Pérelle ; décédée le 26 mai 1809 au même endroit.
Marie-Catherine-Françoise Céloron n’a que 14 ans lors du décès de son père. Deux ans plus tard, le 4 novembre 1761, elle entre comme pensionnaire chez les sœurs grises de l’Hôpital Général de Montréal moyennant 100# de pension annuelle. Sa mère et sa sœur Marie-Madeleine entreront aussi dans la communauté mais, contrairement à ces dernières qui y prendront le voile, Marie-Catherine-Françoise quitte l’Hôpital Général le 11 avril 1762 pour commencer son noviciat à l’Hôtel-Dieu de Montréal le lendemain ; elle n’a pas encore 18 ans. La communauté la reçoit sans rien exiger, sa dot devant être prise à même une fondation. Elle prend le voile blanc le 9 février 1763, puis l’habit le 18 octobre suivant. Le 23 octobre 1764, elle prononce ses vœux.
Marie-Catherine-Françoise Céloron est une grande et jolie femme, jouissant d’une solide éducation et maîtrisant parfaitement les langues française et anglaise, de précieux atouts lorsqu’elle sera investie de l’autorité de sa communauté. En plus, elle est gaie et d’un esprit vif, ainsi qu’en témoigne la correspondance qu’elle entretient avec son cousin Ignace-Michel-Louis-Antoine d’Irumberry* de Salaberry.
Durant ses 47 ans de vie religieuse, sœur Céloron est appelée à remplir plusieurs fonctions dans l’exercice desquelles elle s’avère toujours un modèle pour ses compagnes. Après son noviciat, et pendant 33 ans, elle remplit la charge de dépensière, qui consiste principalement à assurer la conservation des biens de la communauté et de l’hôpital, à s’occuper de l’entretien et de la propreté des lieux, à surveiller les travaux effectués à la cuisine et à la buanderie, à voir à l’approvisionnement en bois, en eau et en vin, et à assurer l’entreposage, la bonne utilisation et la distribution des fruits, des légumes, des céréales et des viandes. De 1797 à 1800, elle occupe le poste d’hospitalière, charge considérée comme très importante et requérant une forte expérience ainsi qu’une autorité reconnue. Sœur Céloron doit recevoir les malades, les soigner selon les prescriptions des médecins, assurer le calme et le bon ordre dans les salles, et distribuer les tâches aux sœurs chargées du soin des malades.
En 1800, sœur Céloron est élue assistante de la supérieure. Il semble que ses qualités d’administratrice soient appréciées, puisqu’elle est élue supérieure le 9 juillet 1805 et réélue le 9 juillet 1808. Les années au cours desquelles sœur Céloron occupe cette fonction sont, financièrement, les pires années qu’ont à traverser les hospitalières. Privée des intérêts de ses fonds placés en France, conséquence de la Révolution française, la communauté manque d’une part importante des revenus nécessaires à son maintien. Pour suppléer à cette baisse de revenus, les religieuses mettent sur pied divers projets rémunérateurs, dont l’établissement d’une boulangerie, d’une fabrique de cierges et d’une autre de savon, et effectuent divers travaux de dorure et de broderie. Durant ces années difficiles, sœur Céloron fait preuve d’une grande sagesse et d’une non moins grande habileté dans l’administration temporelle et spirituelle de la communauté.
Marie-Catherine-Françoise Céloron meurt au monastère de l’Hôtel-Dieu le 26 mai 1809, après une douloureuse maladie, à l’âge de 64 ans.
ANQ-M, CE1-51, 15 août 1744 ; CE1-141, 26 mai 1809.— ANQ-Q, P1000-19-347.— Arch. des Religieuses hospitalières de Saint-Joseph (Montréal), Affaires temporelles de la communauté, Comptes rendus triennaux ; Vie religieuse de la communauté, Annales ; Entrées, vêtures, professions et décès ; Reg. des délibérations faites dans les assemblées capitulaires.— Arch. des sœurs grises (Montréal), Reg. de l’entrée des pauvres de l’Hôpital Général de Montréal, 1694–1796 : 47, 54, 60 ; Reg. de l’entrée des sœurs grises de Montréal, 1737–1889 : 4s.— AUM, P 58, U, Céloron à de Salaberry, 15 août, 16 sept., 30 déc. 1805, 29 déc. 1806, 29 déc. 1807.— [É.-M. Faillon], Vie de Mlle Mance et histoire de l’Hôtel-Dieu de Villemarie dans l’île de Montréal, en Canada (2 vol., Villemarie [Montréal], 1854), 2 : 285–308.— L’Hôtel-Dieu de Montréal (1642–1973) (Montréal, 1973).— P.-G. Roy, La famille Céloron de Blainville (Lévis, Québec, 1909), 47 ; La famille d’Irumberry de Salaberry (Lévis, 1905), 130–144.
Jacques Ducharme, « CÉLORON, MARIE-CATHERINE-FRANÇOISE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/celoron_marie_catherine_francoise_5F.html.
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Auteur de l'article: | Jacques Ducharme |
Titre de l'article: | CÉLORON, MARIE-CATHERINE-FRANÇOISE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 11 déc. 2024 |