CHANDONNET (Chandonnais), THOMAS-AIMÉ, prêtre catholique, éducateur et écrivain, né le 26 décembre 1834 à Saint-Pierre-les-Becquets (Les Becquets, Québec), quinzième enfant de Joseph Chandonnais, cultivateur, et d’Angèle Bibeau, décédé le 5 juin 1881 et inhumé le lendemain, « hors de la terre sainte et sans cérémonies religieuses », au cimetière montréalais de Côte-des-Neiges.
Thomas-Aimé Chandonnet entre au séminaire de Québec en 1848, s’y présente au premier examen du baccalauréat en 1853, puis fait sa théologie tout en « régentant ». Professeur de philosophie de 1859 à 1865, il est ordonné prêtre le 23 février 1861. Ses cours de philosophie évoluèrent peu tout en se structurant ; les élèves devaient en retenir une justification philosophique et morale de la suprématie du ciel sur la terre, de la foi sur la raison, du spirituel sur le temporel, de l’Église sur l’État, de la « patrie éternelle » sur la « patrie passagère ». Ces thèmes seront d’ailleurs repris lors des allocutions de la fête nationale en 1865. Homme de séminaire, celui de Québec plus précisément, Chandonnet intervient dans la polémique gaumiste [V. Charles-François Baillargeon*] sur l’utilisation pédagogique des auteurs païens et chrétiens ; il s’oppose principalement à l’intransigeance qui caractérise les défenseurs de la censure chrétienne. Au cours d’un séjour à Rome, d’août 1865 à septembre 1867, pour obtenir le titre de docteur en théologie, en droit canon et en philosophie, Chandonnet continue à collaborer avec Mgr Baillargeon, procureur des évêques canadiens à Rome, en vue du règlement de la polémique gaumiste.
Nommé principal de l’école normale Laval de Québec en 1867, le docte abbé y prononce des conférences philosophiques, du 10 décembre 1867 au 30 mars 1868 ; il aborde encore une fois la question « thomiste » des rapports entre la foi et la raison et, dans une deuxième série, il défend, contre Charles Forbes, comte de Montalembert, la thèse de l’État libre dans une Église libre. Déjà préoccupé en 1868 par la fondation d’une revue catholique et engagé de nouveau, par son opposition à George Saint-Aimé [Alexis Pelletier*], professeur au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, dans la querelle gaumiste, Chandonnet quitte son poste en 1871, peu de temps après la mort de Baillargeon, pour aller faire du ministère en Nouvelle-Angleterre (1871–1874) ; c’est d’ailleurs à cette époque qu’il s’occupe des émigrants canadiens-français installés à Worcester et à New Bedford, dans le Massachusetts. De retour au Canada, d’abord au séminaire de Sainte-Thérèse, de 1874 à 1876, on le retrouve par la suite à Montréal, où il fonde et dirige la Revue de Montréal (1877–1881) ; cette revue savante à coloration religieuse encourageait les études ultramontaines modérées tout en appuyant le diocèse de Québec dans la nouvelle querelle cléricale au sujet de la création, à Montréal, d’une succursale de l’université Laval [V. Joseph Desautels].
Après un séjour à Ottawa, Thomas-Aimé Chandonnet meurt à Montréal en 1881, à l’âge de 46 ans. Les documents d’archives restent muets quant aux raisons de son inhumation hors de la terre consacrée.
Thomas-Aimé Chandonnet est l’auteur de quelques ouvrages dont Discours prononcés à Notre-Dame de Québec au triduum de la Société St-Vincent-de-Paul les 21, 22 et 23 décembre 1863 (Québec, 1864) ; la Saint-Jean-Baptiste à Québec en 1865 (Québec, 1865) ; Notre-Dame-des-Canadiens et les Canadiens aux États-Unis (Montréal, 1872) ; l’Abbé Joseph Aubry (Montréal, 1875) ; l’Université Laval à Montréal (Montréal, 1878). On peut également retracer des articles écrits par Chandonnet dans la Rev. de Montréal entre les années 1877 et 1881. Certains de ces articles sont signés sous le pseudonyme de T.-A. de Saint-Claude. Une copie de cette revue est conservée à la bibliothèque du monastère dominicain de Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal. [y. l.]
AP, Notre-Dame de Montréal, Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 6 juin 1881.— ASQ, Fonds Viger-Verreau, Cartons 23, nos 344, 348 ; 24, no 181 ; 26, no 360 ; Sér. O, 0 136–0 138 ;
Yvan Lamonde, « CHANDONNET (Chandonnais), THOMAS-AIMÉ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/chandonnet_thomas_aime_11F.html.
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Auteur de l'article: | Yvan Lamonde |
Titre de l'article: | CHANDONNET (Chandonnais), THOMAS-AIMÉ |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |