CONTANT, ALEXIS (baptisé Pierre-Alexis-Théophile), musicien, compositeur et professeur, né le 13 novembre 1858 à Montréal, fils de Pierre Contant et de Malvina David ; le 26 octobre 1881, il épousa à L’Assomption, Québec, Marie-Étudienne Durand, et ils eurent huit enfants ; décédé le 28 novembre 1918 à Montréal.

Le père d’Alexis Contant était un comptable aisé qui jouait du violon et sa mère avait étudié le piano avec la jeune Louise-Cécile-Emma Lajeunesse*, dite Emma Albani. Alexis vécut sa jeunesse à Montréal, dans un quartier bourgeois et un milieu cultivé qui favorisa l’éclosion de son talent. Sa mère lui donna des leçons de piano dès qu’il eut trois ans et demi, et ses progrès furent si fulgurants que ses parents l’envoyèrent étudier auprès de Joseph A. Fowler, organiste à l’église St Patrick de Montréal. En 1873, Alexis entra au collège Sainte-Marie, tenu par les jésuites. Deux ans plus tard, il entreprit des leçons d’harmonie et de piano avec Calixa Lavallée* et des leçons d’harmonie avec le violoniste Frantz Jehin-Prume*. Comme il accompagnait souvent ce dernier en récital, sa technique de lecture à vue s’améliora rapidement. Sa première composition, la Lyre enchantée, pour piano, parut à Montréal en 1876.

En 1879, Contant commença à donner des cours privés d’orgue, de piano et d’harmonie ; il le ferait jusqu’à sa mort. Il était alors organiste adjoint de la Congrégation des hommes de Ville-Marie et, cette année-là, il acquit pour leur chapelle, Notre-Dame-des-Anges, un harmonium de la Dominion Organ and Piano Company. En septembre 1880, il fut nommé maître de musique au collège de L’Assomption et organiste à l’église paroissiale, pour laquelle il composa, dans le cadre de ses fonctions, plusieurs pièces de musique vocale liturgique. Il quitta ces deux postes en février 1881 et, dans le courant de la même année, épousa Marie-Étudienne Durand. Le couple s’installa chez Fowler à Montréal.

À compter de mai 1882, Contant s’initia par lui-même à la composition. De janvier à juin 1883, il séjourna à Boston afin de poursuivre ses études avec Lavallée, qui était à la Carlyle Petersilea Music Academy. Comme Lavallée était souvent malade, Contant donna de nombreux récitals à sa place, ce qui ne l’empêcha pas de profiter de la vie culturelle de Boston. En septembre, il commença à enseigner la musique au petit séminaire de Montréal, où il resta jusqu’en 1890. Il renonça aux récitals de piano en public afin de se consacrer entièrement à l’orgue, à l’enseignement et à la composition.

En 1885, Contant avait assumé la fonction d’organiste à l’église Saint-Jean-Baptiste ; il l’exercerait jusqu’à la fin de ses jours. Le 21 juin 1911, un nouvel orgue de Casavant Frères, fabriqué d’après ses spécifications, serait inauguré dans cette église. En 1887, Contant enseignait au couvent des Sœurs des Saints-Noms de Jésus et de Marie à Hochelaga (Montréal), à qui il dédia quelques pièces de musique sacrée.

La famille de Contant s’agrandit rapidement. Quatre garçons et quatre filles virent le jour entre 1882 et 1892, mais un garçon et une fille moururent avant l’âge d’un an. La fille aînée épouserait le peintre Georges Delfosse*, qui exécuta des portraits de divers membres de la famille. La quatrième fille et dernière enfant, Flora (Fleurette), se taillerait une certaine réputation dans le chant à Montréal.

En 1884, Contant, qui n’avait pas cessé de composer, termina la première de ses quatre messes. De février à juin 1889, il étudia la composition avec Guillaume Couture. L’année suivante, il dédia les Craintes maternelles, chanson peut-être inspirée par la perte d’un de ses enfants, à Emma Albani, avec qui il entretenait une correspondance.

De 1900 à son décès, Contant enseigna la musique au collège du Mont-Saint-Louis. À l’automne de 1905, il se joignit au personnel du Conservatoire national de musique et d’élocution, fondé par Alphonse Lavallée-Smith ; il enseignerait dans cet établissement jusqu’en 1917.

Au cours de la dernière décennie du xixe siècle et de la première décennie du xxe, Contant dirigea de nombreuses représentations de ses œuvres au Monument national de Montréal, inauguré en 1894. La première de son oratorio intitulé Caïn eut lieu dans cette salle le 12 novembre 1905 sous le parrainage de sir Wilfrid Laurier et de lady Laurier. Son deuxième oratorio, les Deux âmes, fut présenté pour la première fois au Princess Theatre le 16 novembre 1913. Désireux depuis quelque temps de composer un opéra, il en commença un en 1914 à partir d’une pièce de Louis Fréchette*, Veronica. Hélas, une crise cardiaque l’obligea en 1916 à restreindre ses activités. Il ne se remit jamais et mourut deux ans plus tard. On l’inhuma au cimetière du Mont-Royal le 2 décembre 1918.

Alexis Contant fit presque toutes ses études de musique à Montréal, sa ville natale, et y passa la plus grande partie de sa carrière. Il fut surtout influencé par le répertoire romantique allemand de la fin du xixe siècle et les impressionnistes français, qu’il connut en lisant des partitions et en assistant aux rares représentations consacrées à cette musique à Montréal au cours de sa vie. Son œuvre révèle qu’il était au fait des tendances contemporaines et aspirait à créer des pièces d’envergure dans les styles les plus récents, mais il ne réalisa jamais tout à fait cette ambition. Néanmoins, sa musique a souvent été jouée tout au long du xxe siècle, dans tout le pays et à la radio de Radio-Canada. On ne saurait vraiment étudier l’évolution de la musique canadienne ni comprendre la musique contemporaine québécoise sans elle.

Stephen C. Willis

Alexis Contant a écrit plus de 100 compositions musicales, décrites dans l’ouvrage de S. C. taillis, Alexis Contant : catalogue (catalogue d’exposition, Bibliothèque nationale du Canada, Ottawa, 1982) ; on y retrouve des oratorios, un poème symphonique, quatre messes et de nombreux chants profanes et sacrés. Diverses pièces vocales et pour piano écrites par Contant ont été publiées, la plupart de son vivant.

ANQ-M, CE1-51, 14 nov. 1858 ; CE5-14, 26 oct. 1881.— Bibliothèque nationale du Canada, Div. de la musique, ms coll., 1971–2.— Gustave Comte, « Silhouettes musicales : M. Alexis Contant », le Passe-Temps (Montréal), 10 juill. 1897 : 204.— Eugène Lapierre, « Alexis Contant », l’Action musicale (Saint-Jérôme, Québec), 17 sept. 1932.— Catalogue of Canadian composers, Helmut Kallmann, édit. (2e éd., Toronto, 1952 ; réimpr., St Clair Shores, Mich., 1972).— J.-Y. Contant, « Un pionnier de la musique canadienne », le Journal de CAMMAC (Outremont, Québec), no 19 (printemps 1964) : 4–8.— Dictionnaire biographique des musiciens canadiens (2e éd., Lachine, Québec, 1935).— Encyclopédie de la musique au Canada (Kallmann et al.).— Clifford Ford, Canada’s music : an historical survey (Agincourt [Toronto], 1982), 61–66.— Romain Gour, « Alexis Contant : pianiste-compositeur (18581918) », Qui ? (Montréal), 5 (1953–1954) : 2540.— Helmut Kallmann, A history of music in Canada, 1534–1914 (Toronto et Londres, 1960 ; réimpr., [Toronto], 1987).— Larousse de la musique, sous la dir. de Norbert Dufourcq et al. (2 vol. et 2 disques, Paris, [1957]).— The musical red book of Montreal [...], B. K. Sandwell, édit. (Montréal, 1907).— The new Grove dictionary of music and musicians, Stanley Sadie, édit. (6e éd., 20 vol., Londres, 1980), 4 : 679.— Frédéric Pelletier, « les Musiciens du passé : Alexis Contant », Entre-Nous (Montréal), 2 (19301931) : 85.— Maurice St-Jacques, « Alexis Contant », M.S.L. ([Montréal]), 8 (1938) : 261s.

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Stephen C. Willis, « CONTANT, ALEXIS (baptisé Pierre-Alexis-Théophile) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/contant_alexis_14F.html.

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Auteur de l'article:    Stephen C. Willis
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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