CORON, CHARLES-FRANÇOIS, organiste (?), tailleur d’habits, notaire royal, né le 21 décembre 1704 à Saint-François-de-Sales (Laval, Québec), île Jésus, fils de François Coron, notaire royal, et de Marie Cyr, inhumé le 13 février 1767 à Saint-François-de-Sales.
Plusieurs documents nous révèlent l’existence d’un Charles-François Coron qui aurait été organiste, tailleur d’habits et notaire royal, et aurait vécu à Montréal, à Saint-François-de-Sales et même à Détroit. La difficulté d’identifier correctement le Charles-François Coron dont le nom apparaît sur les documents consultés a induit en erreur plusieurs historiens, dont Cyprien Tanguay* lequel n’a pas soupçonné l’existence d’un autre personnage du même nom.
Les archives du séminaire de Saint-Sulpice de Montréal nous instruisent de l’existence d’un Charles-François Coron qui aurait occupé la charge d’organiste à l’église Notre-Dame, de 1722 à 1734. Selon ces documents, Coron aurait reçu la somme de 83# 15s. pour 20 mois de travail. En 1725 et en 1726, le salaire de l’organiste consista en un « capot » et une « veste en mazamet » évalués à 45#, et, en 1727, il eut à choisir entre 45#, en argent ou 50# en marchandises.
Cependant, d’autres documents, datés de 1728 et de 1729, révèlent qu’un certain Charles-François Coron « me tailleur Dhabits », aurait acheté un terrain, bornant la place Notre-Dame, à Montréal, où il aurait construit une maison. De plus, le contrat de mariage passé le 27 décembre 1730 entre Charles-François Coron et Angélique-Françoise Rolland indique bien que l’époux est « me tailleur Dhabits » et fils du notaire royal François Coron et de Marie Cyr. Ce tailleur d’habits semble bien être celui qui rédigea le 20 janvier 1734 un premier acte comme notaire, suivant en cela les traces de son père qui exerça cette profession à Saint-François-de-Sales jusqu’à sa mort survenue en 1733. Charles-François ne succéda pas immédiatement à son père : les documents assignent ce rôle à Jean-Baptiste Dufresne. Cependant, le 20 septembre 1735, l’intendant Hocquart* donna à Coron une commission de notaire royal et de greffier « pour exercer tant dans l’étendue de l’île Jésus que dans le reste des côtes du nord du gouvernement de Montréal y compris la paroisse [Saint-Joseph] de la Rivière-des-Prairies ». Le 23 juin 1740, une nouvelle commission lui permit d’exercer sa profession dans tout le gouvernement de Montréal, excepté dans la ville elle-même et sa banlieue. Après la capitulation de Montréal, Coron fut l’un des premiers notaires dont la commission fut renouvelée par le gouverneur militaire, Thomas Gage*, le 1er octobre 1760, et il exerça jusqu’au 9 février 1767. En mars, Antoine Foucher remplaça comme notaire feu Charles-François Coron.
Coron avait épousé le 8 janvier 1731, à Montréal, Angélique-Françoise Rolland qui lui aurait donné, semble-t-il, quatre enfants, parmi lesquels nous ne connaissons qu’une fille, Victoire, mariée en janvier 1768 à Pierre Jendon. Cependant, Tanguay, dans son Dictionnaire, mentionne que ce Charles-François Coron épousa à Détroit, le 24 octobre 1757, Marie-Louise Binot ; cet homme s’était déclaré le « fils de Défunt Charles-François Coron et de feue Marie Cyr ». Notre personnage aurait été ainsi bigame et ubiquiste car, d’une part, sa première épouse, Angélique-Françoise, ne meurt qu’en 1768, et d’autre part, le même jour où fut célébré le mariage à Détroit, le notaire Coron rédigeait un acte dans son étude de l’île Jésus. De plus, le marié du jour déclarait ne savoir signer lors de l’inscription du mariage sur le registre de la paroisse.
Est-ce que l’organiste, le tailleur d’habits et le notaire ne font qu’une seule et même personne ? Un document écrit par l’organiste en 1729 démontre que son orthographe est très mauvaise, ce qui n’est pas le cas pour les actes notariés de Charles-François Coron. Cependant, il ne fait aucun doute que le tailleur d’habits et le notaire sont la même personne, alors qu’il est difficile d’affirmer positivement que ce personnage et l’organiste de Notre-Dame de Montréal sont un seul et même homme. Il est fort possible en fait que le Charles-François Coron de Detroit ait porté le même nom que le notaire de l’île Jésus, le premier étant le plus jeune fils de François Coron et de Marie Cyr, le second le plus vieux.
ANQ, NF, Ord. int., XXIII : 78.— ANQ-M, Greffe de J.-B. Adhémar, 27 déc. 1730 ; Greffe de C.-F. Coron, 1734–1767 ; Greffe de J.-C. Raimbault, 9 oct. 1728 ; Registre d’état civil, Saint-François-de-Sales, île Jésus, 13 févr. 1767.— ASSM, Catalogue historique et chronologique des prêtres du séminaire de Montréal.— DPL, Burton hist. coll., Registres des baptêmes, mariages et sépultures de Sainte-Anne du Détroit, 24 oct. 1757.— Dictionnaire national des Canadiens français (1608–1760) (3 vol., Montréal, 1965), I.— A. Roy, Inv. greffes not., XXI : 51.— P.-G. Roy, Inv. ord. int., II : 155, 189, 295.— Tanguay, Dictionnaire.— Vachon, Inv. critique des notaires royaux, RHAF, XI (1957–1958) : 98s.— O.-M.-H. Lapalice, Les organistes et maîtres de musique à Notre-Dame de Montréal, BRH, XXV (1919) : 243s.— J.-J. Lefebvre, François Coron et Charles Coron, notaires à l’île Jésus, La Revue du notariat (Montréal), 66 (1963–1964) : 252.— É.-Z. Massicotte, La justice seigneuriale de l’île Jésus, BRH, XXIX (1923) : 275s.
Helmut Kallmann, « CORON, CHARLES-FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/coron_charles_francois_3F.html.
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Auteur de l'article: | Helmut Kallmann |
Titre de l'article: | CORON, CHARLES-FRANÇOIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |