Enrôlé dans l’armée britannique quand il était jeune, l’Irlandais d’origine Henry Denny Denson (mort en 1780) se retrouva en Nouvelle-Écosse en 1760 et s’établit à Falmouth, où il eut le premier choix des terres abandonnées par les Acadiens. Il y réalisa son ambition de devenir un country squire (seigneur de village) en acquérant une propriété foncière, en construisant un manoir et en achetant, notamment, plusieurs esclaves noirs. Figure dominante de sa communauté et éminent propriétaire terrien, il n’avait pas bonne réputation auprès de ses voisins, qui se plaignirent de sa « conduite particulièrement arbitraire et illégale ».

DENSON, HENRY DENNY, officier, propriétaire foncier, fonctionnaire, né vers 1715 dans le comté de Mayo (République d’Irlande), décédé le 3 juin 1780 à Falmouth, Nouvelle-Écosse.

On connaît peu les antécédents de Henry Denny Denson. Il se maria en 1735, mais s’enrôla peu après dans l’armée britannique comme lieutenant et quitta l’Irlande. Son épouse, Edith, passa toute sa vie à Dublin. Ils eurent une fille, Elizabeth, qui épousa George Cartland, avocat à Dublin.

Denson fut mis à la demi-solde en 1743, et il n’existe aucune trace de lui jusqu’en 1760 au moment où il remplit les fonctions d’agent du gouvernement de la Nouvelle-Écosse, à Pisiquid (Windsor, Nouvelle-Écosse), pendant la période d’affluence d’immigrants venus de la Nouvelle-Angleterre. Il décida, semble-t-il, de s’installer en Nouvelle-Écosse et fut l’un des premiers propriétaires du nouveau canton de Falmouth, sur la rivière Pisiquid (rivière Avon). Comme Denson se trouvait à Falmouth avant l’arrivée des nouveaux colons de la Nouvelle-Angleterre, il eut le premier choix des terres et des bâtiments abandonnés parles Acadiens. Il fut l’un des premiers à s’y faire construire et il avait l’intention bien arrêtée de devenir country squire (seigneur de village). Reconnaissant, sans aucun doute, la difficulté pour un aventurier irlandais de réaliser une telle ambition en Grande-Bretagne, Denson avait choisi de s’établir dans la nouvelle colonie.

Un des éléments du statut de country squire était la propriété foncière et Mount Denson, comme s’appelait le domaine de Denson, devint avec le temps prospère et agréable à vivre, bien que le nombre de ses locataires fut inférieur à celui du domaine voisin, le Castle Frederick, propriété de Joseph Frederick Wallet Desbarres*. En 1764, Denson y avait installé Mme Martha Whitefield en qualité de « ménagère » ; par une habile manœuvre juridique, elle s’arrangea pour acquérir la majeure partie du domaine après la mort de Denson, non sans avoir livré, toutefois, une bataille juridique à Mme Denson et aux Cartland.

Le recensement de 1770 indique que Mount Denson abritait 22 personnes, surtout des fermiers et des Noirs, et du bétail, soit 8 chevaux, 18 bœufs, 34 vaches, 34 jeunes bêtes à cornes, 150 moutons et 12 porcs. L’avoir comprenait 250 boisseaux de blé, 10 boisseaux de graines de lin et 40 boisseaux d’avoine. Une telle aisance appelait un manoir, et Denson construisit le sien vers 1772.

L’élevage du bétail garantissait à Denson des revenus substantiels. À sa mort, l’inventaire de ses biens comprenait cinq esclaves noirs, des biens meubles somptueux et l’une des bibliothèques privées les plus considérables de la province, comprenant une riche collection d’ouvrages juridiques de référence. L’inventaire aurait très bien pu être celui d’un riche planteur de la Virginie ou d’un squire du Sussex.

Le prospère squire ne fut pas que propriétaire terrien mais aussi une figure dominante de sa communauté en politique. Denson se fit un devoir d’accumuler diverses charges qui lui furent dévolues ou pour lesquelles il se fit élire. À partir de 1761, il fut juge de la Cour inférieure des plaids communs et, sauf de 1765 à 1769, représentant à la chambre d’Assemblée de diverses circonscriptions jusqu’à sa mort. Il fut officier de milice depuis la fondation de Falmouth, commissaire à la voirie et percepteur des impôts et des douanes du comté de Kings. En 1773, il fut président intérimaire de la chambre pendant la maladie de William Nesbitt.

L’autorité de Denson ne fut pas toujours incontestée dans le comté. En 1762, un groupe assez imposant de ses voisins se plaignirent au Board of Trade de sa « conduite particulièrement arbitraire et illégale », sans compter ses « blasphèmes, jurons, violations du dimanche et autres immoralités ». Ils étaient offusqués également du fait que Denson, en vertu de la loi martiale, avait conscrit des fermiers au moment des récoltes et les avait fait marcher 50 milles « aux fins du service militaire » et ils protestaient contre le fait qu’en raison des nombreuses charges qu’il détenait de Halifax, il était à la fois juge et partie en tant que percepteur de taxes d’accise. Nommé lieutenant-colonel des Loyal Nova Scotia Volunteers par le gouverneur Francis Legge en 1775, il se heurta à nouveau à une forte opposition de ses voisins yankees lorsqu’il voulut recruter des gens pour le régiment.

Denson fit preuve d’opportunisme tout au long de sa carrière politique à Halifax. Il n’appartenait ni au « gang de Halifax » ni au groupe de critiques avoués. Cette neutralité s’estompa en 1775 et en 1776 lorsqu’il accorda son appui à Legge dans les luttes qui l’opposaient à l’Assemblée et au conseil. Vrai type du squire jusqu’à la fin, Denson fut atteint de la goutte au cours de ses dernières années, ce qui l’obligea à abandonner sa commission militaire peu avant sa mort en 1780.

J. M. Bumsted

APC, MG 23, A1.— BL, Add. mss 19 069, f.54.— Halifax County Court of Probate (Halifax), D46 (inventaire des biens original de Henry Denny Denson).— PANS, RG 1, 443, nos 2–17.— Directory of N.S. MLAs, 89.— Brebner, Neutral Yankees (1969), 185.— J. V. Duncanson, Falmouth – a New England township in Nova Scotia, 1760–1965 (Windsor, Ontario, 1965), 30.

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J. M. Bumsted, « DENSON, HENRY DENNY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/denson_henry_denny_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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