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DESCHÊNES, GEORGES-HONORÉ (baptisé Honoré), agriculteur, fonctionnaire, homme politique et homme d’affaires, né le 25 août 1841 à Cacouna, Bas-Canada, de parents inconnus, fils adoptif de Hilary Gagnon et d’Adeline Pelletier, du même endroit ; décédé le 11 août 1892 à Saint-Épiphane, Québec.

Le jeune Georges-Honoré figure au recensement de 1851 sans nom de famille. En 1861, il porte le nom de son père adoptif. Toutefois, c’est sous le patronyme de Deschênes qu’on le retrouve un peu plus tard, sans qu’il soit possible d’établir s’il s’agit du nom de l’un ou l’autre de ses parents naturels. À Cacouna, il fait deux ou trois années d’études primaires ; par la suite, son goût pour la lecture et la culture personnelle fera de lui un autodidacte. Entre 1857 et 1861, il suit sa famille adoptive qui monte s’établir dans le premier rang du canton de Viger, juste à l’arrière de la seigneurie de l’Île-Verte, parmi les pionniers de la future paroisse Saint-Épiphane. À cet endroit, le 26 janvier 1864, il épouse Suzanne Michaud, et ils auront six enfants. Peu après son mariage, il devient propriétaire de la ferme des Gagnon.

C’est d’abord à l’échelon paroissial que Deschênes fait ses premières armes au service de ses concitoyens. De 1872 à 1875, puis de 1876 à 1882, il est secrétaire-trésorier de Saint-Épiphane, avec une rémunération annuelle de 60 $. Simultanément, il fait partie de la commission scolaire de la paroisse. En outre, nommé « agent des sauvages » en 1872 pour la gestion des affaires des Malécites du canton de Viger et de Cacouna, il devient, l’année suivante, « surintendant spécial pour la paroisse ». En 1877, il compte parmi les syndics chargés de « mettre à exécution le décret canonique concernant la construction d’église, sacristie et presbytère ». Il occupe également pour un temps le poste d’administrateur puis celui de vice-président de la nouvelle Société d’agriculture du comté de Témiscouata.

Deschênes passe cependant la majeure partie de sa vie active en politique provinciale, à titre de député de Témiscouata. Élu la première fois en juillet 1875 avec 57 % des suffrages exprimés, il se joint aux 21 autres députés libéraux qui forment l’opposition sous la gouverne d’Henri-Gustave Joly*. Selon l’historien Marcel Hamelin, « la campagne provinciale de 1875 est une des plus odieuses de la deuxième partie du xixe siècle ». Témiscouata n’échappe pas à la règle. Le 5 septembre, Deschênes est contraint de confesser publiquement qu’il a fait circuler pendant la campagne électorale des calomnies et des mensonges sur le compte de Charles Bertrand, à qui il a déjà remis une déclaration signée en ce sens. Le Canadien du 11 septembre réclame vigoureusement que la « conduite » du député de Témiscouata soit « désavou[ée] publiquement » par les électeurs. Dès lors, craignant d’être accusé devant l’Assemblée, Deschênes cherche des appuis du côté des libéraux. Sachant qu’il ne peut compter sur Joly qui le considère comme celui qui « a abandonné le parti auquel il s’était lié », il regarde ailleurs. À l’occasion du débat sur le chemin de fer de Québec, Montréal, Ottawa et Occidental, en décembre, Deschênes annonce ses couleurs : « Je n’ai pas été élu dans mon comté pour venir ici servir comme une « machine à voter », malgré que certains députés se sont plu à l’insinuer dans les coulisses de cette Chambre. Je voterai avec le gouvernement [conservateur] parce que je pense sa politique sage et tout à fait rationnelle. » En réponse, ses collègues libéraux, notamment l’influent George Irvine, tentent de le compromettre définitivement en faisant étaler toute l’affaire devant la chambre. On renvoie le tout au comité permanent des privilèges et élections ; celui-ci conclut qu’il y a eu faute mais considère que réparation a été faite. En désaccord, les libéraux exigent l’expulsion du député. Après un vif débat, grâce à l’appui des conservateurs, Deschênes n’est que « sévèrement réprimandé » par le président de l’Assemblée et conserve son siège. C’est sous la bannière conservatrice qu’il est réélu en 1878, en défaisant un autre conservateur avec une majorité légèrement augmentée. En 1881, toujours conservateur, il est élu sans opposition.

Toutefois, les choses tournent mal pour Deschênes à la suite de sa réélection d’octobre 1886. En décembre, son adversaire Louis-Philippe Pelletier*, avocat ambitieux et futur ministre conservateur tant au fédéral qu’au provincial, dépose une requête pour faire invalider l’élection dans Témiscouata. À la stupéfaction générale, Deschênes remet une lettre de « résignation » à Pelletier, dans laquelle il reconnaît ne devoir son élection « qu’à la corruption la plus effrénée ». Des rumeurs circulent selon lesquelles il a « résigné » contre la promesse d’une charge d’agent de colonisation que lui aurait réservée le gouvernement d’Honoré Mercier. Cependant, en août 1887, il déclare publiquement l’avoir fait parce que la contestation allait coûter trop cher, à lui et à son parti. À partir de ce moment, il tente de convaincre le juge de donner raison à son adversaire. Les choses ne sont pas si simples et, en mai 1888, le juge de la Cour supérieure de Kamouraska renvoie l’argumentation de la contestation, ce qui permet à Deschênes de continuer à occuper son siège au Parlement. Aux élections suivantes, en 1890, il ne se représente pas, mais il brigue les suffrages en 1891, cette fois sous la bannière libérale aux élections fédérales. Il perd aux mains du député conservateur sortant, et cette défaite mettra fin à sa carrière politique.

Au cours de ses mandats, Deschênes s’est intéressé plus particulièrement à la politique de colonisation des terres publiques, à l’ouverture des routes et aux subsides accordés aux compagnies de chemin de fer. Ses premières interventions devant l’Assemblée portent justement sur le financement du projet de chemin de fer entre Woodstock, au Nouveau-Brunswick, et Fraserville (Rivière-du-Loup), au Québec. En 1888, aux côtés de Bertrand, il figure parmi les administrateurs du chemin de fer Témiscouata. En outre, il milite en faveur de l’établissement d’un canton de rapatriement dans le Témiscouata pour les Canadiens français émigrés aux États-Unis. Enfin, il intercède en faveur du déplacement du siège du district judiciaire de Kamouraska à Rivière-du-Loup.

Même si le notaire Charles-Arthur Gauvreau écrit en 1889 que « M. Deschênes fut le plus aimé et le plus populaire des députés de Témiscouata », même si, lorsqu’il a changé de parti, les électeurs en ont fait autant, Georges-Honoré Deschênes laisse l’image d’un homme politique vulnérable face à des adversaires issus du monde des affaires et des professions libérales. On ne sait s’il se place en situation fâcheuse par naïveté politique ou à cause de ses difficultés financières personnelles. L’acquisition de plusieurs machines agricoles modernes, dans le but d’améliorer l’exploitation de la ferme de 291 arpents qu’il possède toujours, explique peut-être que, dès 1879, il doive l’hypothéquer auprès de la Charles Bertrand et Compagnie de L’Isle-Verte pour un montant de 826 $ puis, en 1882, pour la somme de 2 700 $. Dans les dernières années de sa vie, il fait chantier et exploite deux scieries, l’une dans la paroisse Saint-Hubert, l’autre dans le canton de Whitworth. Ses affaires personnelles, tout comme ses projets politiques, le conduisent tout droit à la banqueroute. À la demande d’un marchand de Fraserville à qui il doit 400 $, Deschênes dépose son bilan et fait cession de ses biens le 18 mars 1892. Ses dettes atteignent 10 893 $, dont 5 000 $ envers Bertrand et sa compagnie. Son actif s’élève à seulement 11 200 $. Par la suite, tout se bouscule. « Atteint par une maladie du foie, miné par sa défaite électorale et démoralisé par son état financier », il meurt en août, quelques jours avant d’avoir atteint 51 ans. Et c’est Bertrand qui a le dernier mot : le 19 septembre, il achète aux enchères la ferme de Deschênes pour 1 625 $...

Antonio Lechasseur

AC, Kamouraska (Rivière-du-Loup), État civil, Catholiques, Saint-Épiphane, 26 janv. 1864, 15 août 1892.— AJ, Kamouraska, Cour supérieure, reg. des faillites, 1, nos 1–299.— AN, RG 31, C1, 1851, comté de Rimouski, Saint-Georges, à Cacouna ; 1861, comté de Témiscouata, canton de Viger ; 1871, comté de Témiscouata, cantons de Viger et Demers ; 1881, 1891, comté de Témiscouata, Saint-Épiphane.— ANQ-Q, CE3-6, 26 août 1841 ; T11-3, no 98.— AP, Saint-Épiphane, reg. des baptêmes, mariages et sépultures, août 1892.— BE, Kamouraska, reg. A, 26 : 255 ; 29 : 24 ; 33 : 229 ; 34 : 69.— Débats de la législature provinciale (G.-A. Desjardins et al.), 19 juin 1879–24 juin 1892.— Débats de l’Assemblée législative (M. Hamelin), 1875–1878.— Québec, Assemblée législative, Journaux, 1875–1886.— Le Canadien, 11 sept. 1875.— Le Courrier de Fraserville (Fraserville [Rivière-du-Loup], Québec), 27 déc. 1888.— Le Journal de Fraserville, 3 déc. 1886–19 oct. 1888.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 2 : 774–775.— J. Desjardins, Guide parl.— Louis Fortier, Index général des Journaux de l’Assemblée législative de la province de Québec [...] (Québec, 1893), 445–451.— RPQ.— Laurent Chouinard, Histoire de Saint-Épiphane [...], Mario Chouinard, édit. (2e éd. augm., Rivière-du-Loup, 1970).— M. Hamelin, Premières Années du parlementarisme québécois, 297–298.— Labarrère-Paulé, les Instituteurs laïques, 315.— Rumilly, Hist. de la prov. de Québec, 2–3 ; 5.— John Willis, « Fraserville and its Temiscouata hinterland, 1874–1914 : colonization and urbanization in a peripheral region of the province of Quebec » (mémoire de m.a., univ. du Québec, Trois-Rivières, 1981).

Bibliographie générale

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Antonio Lechasseur, « DESCHÊNES, GEORGES-HONORÉ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/deschenes_georges_honore_12F.html.

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Auteur de l'article:    Antonio Lechasseur
Titre de l'article:    DESCHÊNES, GEORGES-HONORÉ
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    19 mars 2024