DUMARESQ, PERRY, officier de marine, fonctionnaire, juge de paix et juge, né le 19 septembre 1788 dans l’île de Jersey, fils de Philippe (Philip) Dumaresq et de Jersua (Jerusha) Perry ; le 21 novembre 1808, il épousa dans l’église anglicane St Paul, à Halifax, Louisa W. Newton, et de ce mariage naquirent 13 enfants, puis le 6 août 1833 à Dalhousie, Nouveau-Brunswick, Mary Stewart, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 13 mars 1839 à Dalhousie.

Issu d’une famille de la noblesse de Jersey, dont les titres remontaient à Guillé Dumaresq, seigneur de La Haule, né en 1360 dans la paroisse Sainte-Brelade, Perry Dumaresq était le petit-fils du mathématicien et astronome jersiais John Dumaresq. De tradition militaire, la famille avait fourni à la marine royale de nombreux officiers. Son père fut agent des douanes à Sydney, île du Cap-Breton, et membre du Conseil exécutif de cette colonie entre 1800 et 1820. Le jeune Perry, à l’instar de ses oncles, servit très tôt dans la flotte britannique de l’Atlantique Nord, dont le port d’attache était Halifax.

Dumaresq navigua successivement sur la Magicienne, le Hawk et l’Epervier et, le 14 avril 1810, il reçut sa commission de lieutenant de marine. Pendant la guerre de 1812, il se vit confier le commandement du schooner Paz, qui faisait partie de l’escadre de John Poo Beresford chargée de patrouiller la côte orientale de l’Amérique du Nord ; il s’illustra par de nombreuses captures. On ramenait les prises, pour la plupart des schooners américains, à Halifax où la Cour de vice-amirauté décidait de leur sort.

Le 27 mars 1813, Dumaresq atteignit le sommet de sa carrière avec la capture du Montesquieu, important navire commercial armé qui arrivait de Canton (république populaire de Chine) avec une riche cargaison. Ce navire était la propriété de Stephen Girard, banquier de Philadelphie qui finançait le gouvernement américain pendant la guerre. Selon la procédure normale, Dumaresq devait se diriger vers Halifax avec sa capture, mais Beresford entra immédiatement en négociation avec les représentants de Girard qui, après avoir obtenu l’autorisation du gouvernement américain, paya la somme de 180 000 piastres espagnoles en rançon du navire. Dumaresq ne pardonna jamais à Beresford d’avoir usurpé sa prise et toute sa vie il multiplia les démarches, continuées par ses descendants, en vue de reconquérir ce que l’on disait être sa fortune.

Au cours de ses escales à Halifax, Dumaresq rendait visite à un ami de la famille, l’agent des douanes Henry Newton, dont le père, Hibbert Newton, avait occupé le même poste à Annapolis Royal et à Canso pendant de nombreuses années. C’est sa fille Louisa qu’il devait épouser. Après la guerre, Dumaresq bénéficia d’une pension et, en tant que fils et gendre de douaniers, il ne tarda pas à se trouver un poste aux douanes, pour lequel le service militaire l’avait bien préparé. Déjà père de cinq enfants nés en Nouvelle-Écosse, dont Perry John Newton, plus tard agent des douanes à Shippegan, au Nouveau-Brunswick, Dumaresq s’établit vers 1818, à titre d’agent des douanes, à St Peters (Bathurst). À cet endroit naquirent six enfants, auxquels devaient s’en ajouter deux autres, nés à Dalhousie. À St Peters, le bureau des douanes était situé à l’intérieur du havre, sur l’ancienne pointe aux Pères (pointe Ferguson). Dumaresq pouvait y surveiller le trafic des navires qui acheminaient le bois du Nouveau-Brunswick vers la Grande-Bretagne, où le tarif préférentiel adopté au cours des guerres napoléoniennes favorisait le bois qui provenait de l’Amérique du Nord britannique.

Ennuyé d’avoir à se référer au chef-lieu du comté, situé à Newcastle, Dumaresq entreprit d’obtenir une division du comté de Northumberland. En 1825, avec le concours d’hommes d’affaires du nord de la province, il fit présenter à l’Assemblée par son voisin, le député Hugh Munro, une requête qui contenait 600 signatures, dont la sienne en tête de liste. Deux ans plus tard on créait le comté de Gloucester, avec chef-lieu à Bathurst. Dumaresq devint juge de paix, juge de la Cour des plaids communs et membre du conseil d’administration de la grammar school du nouveau comté.

À la suite du grand feu de forêt qui avait ravagé à l’automne de 1825 toute la région de la rivière Miramichi jusqu’à St Peters, le port de Dalhousie, à l’entrée de la rivière Restigouche, avait connu un essor remarquable. Le commerce du bois se déplaçait vers le nord de la province et attirait de nombreuses familles de Miramichi, ainsi que des commerçants et des exportateurs de bois. Dumaresq avait senti tourner le vent et décida vers 1830 de s’établir à Dalhousie pour y occuper le poste d’agent des douanes ; il s’installa alors sur un emplacement à l’entrée du havre, où il se fit construire une petite villa qu’il baptisa Bellevue.

Ici encore, Dumaresq ne pouvait supporter de se référer à un chef-lieu distant de quelque 50 milles. Il se joignit donc à ceux qui demandaient un nouveau comté dans le nord de la province et, le 5 décembre 1836, il présida une assemblée publique convoquée dans le but de faire valoir cette proposition. Son nom et celui de Robert Ferguson* figuraient en tête d’une requête qu’il fit présenter à l’Assemblée par le député Peter Stewart ; le 1er mars 1837, la chambre adopta un projet de loi qui créait le comté de Restigouche avec chef-lieu à Dalhousie. L’année suivante, après qu’on eut érigé ce comté officiellement, Dumaresq y devint juge de paix et juge de la Cour inférieure des plaids communs. Mais sa santé se détériorait et, le 13 mars 1839, il mourait à Dalhousie. Par testament, il laissait tous ses biens à sa femme.

Homme loyal, énergique, entreprenant, tenace jusqu’à l’entêtement, et excellent orateur, Perry Dumaresq s’était intéressé à toutes les bonnes causes, particulièrement dans les domaines de l’éducation, de l’administration publique et du commerce.

Donat Robichaud

APC, RG 8, IV, 75, 79, 94, 100, 130–131.— APNB, RG 2, RS8, education, 2/78 ; RG 3, RS538, B5 : 33 ; RG 4, RS24, S30-R4.2 ; RG 7, RS70, 1839, Perry Dumaresq ; RG 10, RS108.— Arch. privées, Donat Robichaud (Beresford, N.-B.), Papiers Dumaresq (copies).— BL, Add. mss 21862 (mfm aux APC).— Northumberland Land Registry Office (Newcastle, N.-B.), Registry books, 26 : 295, n° 133.— PANS, Charts, 125 ; MG 1, 849, Newton family ; RG 20B, 5, nos 35, 73, 135, 476.— PRO, CO 193/6 : 80, 193–197.— Restigouche Land Registry Office (Campbellton, N.-B.), Registry books, A : 32 ; 553, n° 261.— St James Anglican Church, Rectory (Melford, N.-É.), Records of Christ Church Anglican, Guysborough, N.-É. (mfm aux PANS) —St Paul’s Anglican Church (Halifax), Reg. of marriages, 21 nov. 1808 (mfm aux PANS).— N.-B., House of Assembly, Journal, 3 févr. 1836, 14 janv. 1837, 1836, app.— Gleaner (Miramichi [Chatham, N.-B.]), 1er déc. 1829, 2 oct. 1832, 23 juill., 13 août 1833, 19 janv., 25 oct., 20 déc. 1836, 31 janv. 1837, 3 juill., 11, 18 sept. 1838, 26 mars 1839, 10 mars, 17 nov. 1840.— Mercury, 29 mai 1827.— Novascotian, or Colonial Herald, 24 mai 1832.— Nova-Scotia Royal Gazette, 9 déc. 1812, 28 avril 1813.— Royal Gazette (Fredericton), 12 sept. 1838.— United States’ Gazette (Philadelphie), 31 mars, 1er, 8 avril 1813.— Weekly Chronicle (Halifax), 22 janv. 1813. G.-B., Admiralty, The commissioned sea officers of the Royal Navy, 1660–1815, [D. B. Smith et al., édit.] (3 vol., s.l., [1954]), 1 ; Navy list, 1803 : 8, 10, 16. J. B. McMaster, The life and times of Stephen Girard, mariner and merchant (2 vol., Philadelphie et Londres, 1918).

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Donat Robichaud, « DUMARESQ, PERRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/dumaresq_perry_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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