MUNRO, HUGH, juge, homme d’affaires, juge de paix, homme politique, fonctionnaire, fermier et agent de développement foncier, né vers 1764 dans le Ross-shire, Écosse ; il épousa une prénommée Martha ; père de trois fils et de trois filles ; décédé le 25 septembre 1846 à Bathurst, Nouveau-Brunswick.

Hugh Munro fit ses études primaires en Écosse et immigra à New York avec ses parents en 1774. Parti pour Québec neuf ans plus tard avec d’autres loyalistes, il s’installa à New Carlisle en 1784, lorsqu’on leur offrit des terres en Gaspésie. À l’époque, il était connu comme bûcheron. Nommé en 1792 juge de la Cour des plaidoyers communs, il perdit son siège dès 1794 par suite de la réorganisation du district judiciaire de Gaspé. Il s’établit alors de l’autre côté de la baie des Chaleurs, près de St Peters (Bathurst, Nouveau-Brunswick), où il devint expéditeur de poisson et marchand.

En même temps, Munro ne tarda pas à revenir à l’exploitation forestière. En 1818, il prétendait posséder « le plus gros et le plus ancien établissement » de commerce du bois à la baie Nepisiguit ; cette année-là, ses nombreux employés abattirent quelque 5 000 tonnes de bois. Il construisait aussi des navires, mais les indications à ce sujet sont rares ; on évalua à environ £2 000, avec sa cargaison, un bâtiment construit en 1818. Munro allait dominer longtemps la vie commerciale de St Peters. Ami et associé de Robert Ferguson*, de la région de Restigouche, il faisait également affaire avec la Gilmour, Rankin and Company [V. Alexander Rankin*], de Miramichi.

En 1807, Munro devint juge de paix et juge à la Cour inférieure des plaids communs du comté de Northumberland, au Nouveau-Brunswick. En 1819, il tenta sa chance en politique à titre de candidat à l’un des deux sièges de député de la circonscription de Northumberland. Défait, il affirma dans une protestation que le shérif avait favorisé indûment son adversaire. Il fut cependant élu l’année suivante et conserva son siège jusqu’en 1827, lorsqu’on subdivisa le comté de Northumberland pour créer celui de Gloucester. Cette année-là, comme il était le colon le plus influent du nouveau comté, on le nomma juge de paix, juge à la Cour inférieure des plaids communs, registrateur et commissaire de la grammar school. En plus, il devint le premier député de Gloucester à l’Assemblée.

Munro se passionnait pour l’agriculture. Dans sa propriété, Somerset Vale, il avait, disait-on, « une ferme aménagée avec art et cultivée avec talent, qui telle une oasis souri[ait] aux forêts sur lesquelles elle a[vait] été gagnée par des années d’infatigable labeur ». En 1825, il fit partie du comité que l’Assemblée avait chargé d’étudier les moyens d’améliorer l’agriculture et de promouvoir l’immigration, et qui recommanda la création de la New-Brunswick Agricultural and Emigrant Society. Membre actif de cette société jusqu’à ce qu’elle disparaisse, Munro fit partie de son comité central de 1828 à 1830. Il fut aussi l’organisateur et le premier président d’une société du même genre formée en 1828 dans le comté de Gloucester.

Au fil des ans, Munro devint impopulaire, et ce pour plusieurs raisons. Dans le but d’acquérir des propriétés, disait-on, il alléguait que telle ou telle personne n’avait pas rempli les conditions fixées au moment de la concession puis, une fois la terre confisquée, usait de son influence à Fredericton pour qu’on la lui concède. On l’accusait de tyrannie envers les Acadiens ; un jour, rapporte-t-on, il emprisonna sans motif un homme et l’assaillit avant sa libération. On disait aussi qu’il avait gardé des fonds que l’Assemblée avait octroyés à ses électeurs pour des travaux de voirie et des primes sur les céréales ; selon Munro, ceux-ci ne dépenseraient pas cet argent avec sagesse, et de toute façon ils ne devaient pas toucher les primes puisque lui-même, leur député, avait voté en chambre contre une telle mesure.

Durant la campagne électorale de 1830, la domination politique que Munro exerçait dans le comté de Gloucester fut cependant défiée par un adversaire, William End*. Au dire de celui-ci, Munro devait son pouvoir au soutien des magistrats locaux, hommes corrompus qui n’avaient été nommés que grâce à son influence. Fort de l’appui des électeurs acadiens et irlandais, à qui il avait promis de mettre fin au despotisme, End remporta la victoire. Presque au même moment, l’arrivée d’autres entrepreneurs, Joseph Cunard* surtout, dans la région de la baie Nepisiguit, vint menacer la puissance commerciale de Munro. Il fut du nombre des marchands de bois locaux qui protestèrent lorsque le commissaire des Terres de la couronne, Thomas Baillie*, attribua d’immenses concessions forestières à Cunard. Ce dernier finit par perdre ses concessions, mais continua néanmoins à étendre ses activités, ce qui mit fin au règne des marchands de bois de la région.

Hugh Munro demanda à plusieurs reprises au gouvernement de l’indemniser de la perte du poste de juge qu’il avait subie en 1794 à la réorganisation du district de Gaspé. Quand il fit sa dernière tentative, en 1840, le lieutenant-gouverneur sir John Harvey* répondit qu’il était « trop vieux pour [avoir] une charge » et que, malgré sa personnalité « très digne et respectable, [il n’était] pas assez pauvre pour justifier une aide quelconque (ainsi qu’il [pouvait] en être offert aux gentlemen) ». Munro passa paisiblement ses dernières années dans sa ferme, où il mourut en 1846.

William A. Spray

APC, MG 24, A17, sér. i, 1 : fos 185–186 ; L6, 3, N.B. Agricultural and Emigrant Soc., minute-book no 1 (1825–1830).— APNB, MC 1156, IX : 64 ; RG 3, RS538, B5 : 26, 38, 80, 106 ; RG 4, RS24, S28-P28 ; RG 7, RS64, A, 1846, Hugh Monro ; RG 10, RS 108, Hugh Munro, 1805, 1807, 1820, 1828.— Musée du N.-B., W. F. Ganong papers, box 32, memorial of Hugh Munro, 25 févr. 1840 ; Hugh Munro, letter-book ; SB 2, F1, no 11 (E. B. Biggar, « Bathurst, its first settlers and their many and strange adventures », communication faite devant la N.B. Hist. Soc., 1894) (copie dactylographiée) ; J. C. Webster papers, packet 1, Sir Howard Douglas, letter-book, Douglas à lord Dalhousie, 7 mai 1827.— PRO, CO 188/41 : 144–149 ; 189/13 : 29–30, 421–423, 521–522.— Robert Cooney, A compendious history of the northern part of the province of New Brunswick and of the district of Gaspé, in Lower Canada (Halifax, 1832 ; réimpr., Chatham, N.-B., 1896), 195.— Gleaner (Miramichi [Chatham]), 21 sept. 1830, 24 janv. 1843, 24 janv., 3 oct. 1846.— Mercury, 29 mai, 26 juin 1827, 19 févr. 1828.— New-Brunswick Royal Gazette, 7 mars 1820.— M. M. Hunter, Pioneer settlers of the Bay Chaleur in the nineteenth and twentieth centuries (Bathurst, N.-B., 1978), 13, 17.— MacNutt, New Brunswick.— Graeme Wynn, « The assault on the New Brunswick forest, 1780–1850 » (thèse de ph.d., Univ. of Toronto, 1974), 5–6, 43–44, 97–100, 220, 224–225, 271, 286.— Observer [E. S. Carter], « Linking the past with the present », Telegraph-Journal (Saint-Jean, N.-B.), 10 avril 1930.

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William A. Spray, « MUNRO, HUGH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/munro_hugh_7F.html.

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Auteur de l'article:    William A. Spray
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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