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DuVERNET, HENRY ABRAHAM (en 1842, il prit le nom de Henry Abraham DuVernet Grosset Muirhead), officier, ingénieur militaire et juge de paix, né le 4 avril 1787, aîné des dix enfants d’Abraham DuVernet et de Miriam Grosset Muirhead ; il épousa Martha Maria Iqualin Van Kemper, et ils eurent trois enfants ; décédé le 16 décembre 1843 à sa résidence, Bredisholm, près de Coatridge, Écosse.
Les plus lointains ancêtres connus de Henry Abraham DuVernet vivaient en France en l’an 1150. Après la Réforme, une branche de la famille y demeura tandis que l’autre, huguenote, s’établit aux Pays-Bas puis en Angleterre. Le père de DuVernet, colonel du Royal Regiment of Artillery, était aide de camp du prince William Henry. Après sa mort accidentelle en 1806, le prince prit sa veuve sous sa protection et obtint des commissions pour quelques-uns de ses fils.
Devenu enseigne dans le Royal Staff Corps le 22 décembre 1803, DuVernet accéda au grade de lieutenant le 12 septembre 1805. Il fit ses premières armes en 1808, au cours de l’expédition du major général Brent Spencer en Méditerranée. Par la suite, il se replia sur La Corogne, en Espagne, avec les troupes du lieutenant général sir John Moore. Renvoyé dans ses foyers pour cause de maladie en 1809, il devint capitaine le 30 mai de la même année, major le 2 juin 1825 et lieutenant-colonel le 31 décembre 1828. Mis à la demi-solde le 1er juillet 1834, DuVernet était alors l’officier qui avait accumulé les plus longs états de service au Royal Staff Corps (plus de 30 ans). On le promut colonel en 1840.
Le duc de Richmond [Lennox*], gouverneur en chef de l’Amérique du Nord britannique, avait présenté en 1818 un rapport magistral sur la défense des colonies. Il y faisait valoir l’urgence d’établir une nouvelle liaison entre Montréal et Kingston afin d’éviter, en cas de reprise des hostilités avec les États-Unis, que les convois de canots et de bateaux de ravitaillement ne soient pris au piège sur le haut Saint-Laurent. Envoyé au Canada avec deux compagnies du Royal Staff Corps pour assurer la réalisation de ce projet, DuVernet arriva à Québec le 29 juillet 1819.
Pour aménager le trajet en question, il fallait d’une part contourner les rapides de la rivière des Outaouais qui se trouvaient vis-à-vis l’emplacement actuel de Hawkesbury (Ontario) en creusant trois petits canaux et, d’autre part, canaliser les rivières Rideau et Cataraqui par les lacs Rideau. L’ingénieur militaire John By construirait le canal Rideau plus tard ; DuVernet devait s’occuper des canaux de l’Outaouais. Arrivé sur les lieux à la fin de l’été de 1819, il s’attendait à recevoir des instructions détaillées de Richmond, qui faisait alors une tournée d’inspection dont l’Outaouais devait être la dernière étape. Par malheur, Richmond mourut avant d’atteindre la rivière, si bien que DuVernet dut se mettre à la tâche avec un minimum d’indications. Jusqu’en 1827, il dut s’en tenir à un budget annuel de £8 000, qu’il ne dépassa qu’une fois.
Malgré ces restrictions, DuVernet se révéla vite un ingénieur et un administrateur compétent. Le canal de Grenville était déjà en bonne voie quand, en 1826, le duc de Wellington ordonna d’en hâter l’achèvement et d’entreprendre la construction des autres canaux, à Carillon et à Chute-à-Blondeau. Revenu en juillet 1827 d’un long congé en Angleterre, DuVernet dirigea les chantiers jusqu’en novembre 1833 ; les travaux étaient alors à peu près terminés. En raison de l’élévation des terres et de la présence de roche vive, la construction du canal de Carillon avait posé d’épineux problèmes, que DuVernet avait réglés avec beaucoup d’astuce. L’écluse d’entrée haussait de 13 pieds le niveau de l’eau et donnait sur une voie creusée avec moins de difficulté, plus loin à l’intérieur des terres ; à l’autre extrémité, deux écluses ramenaient les bateaux au niveau de la rivière, 23 pieds plus bas. Ce n’est qu’en 1962, année où Hydro-Québec les a submergés en construisant le barrage de Carillon, qu’on a cessé d’utiliser les canaux de l’Outaouais.
La correspondance officielle de DuVernet révèle un ingénieur très respecté de ses supérieurs et toujours attentif à ses hommes. En 1821, il reçut une commission de juge de paix pour le district de Montréal. Durant les mois d’hiver, sa femme et lui habitaient Montréal ou Chambly mais, pendant les travaux, ils campaient sur les chantiers, où ils accueillirent chaleureusement des voyageurs de passage sur l’Outaouais, Nicholas Garry* par exemple. Comme bien des officiers, DuVernet était aussi un artiste, mais on n’a retrouvé qu’une seule de ses toiles, où il a représenté avec talent le moulin et la taverne de Philemon Wright aux chutes des Chaudières.
Henry Abraham DuVernet rentra en Angleterre après novembre 1833. En 1842, après la mort de sa mère, il suivit la tradition familiale de celle-ci en adoptant son patronyme. Il hérita du domaine familial, et c’est là qu’il mourut en 1843.
Le tableau de Henry Abraham DuVernet, Mill and tavern of Philemon Wright at the Chaudière Falls, Hull, 1823, est conservé aux APC.
APC, MG 24, F29 ; RG 68, General index, 1651–1841.— Arch. privées, Florence DuVernet (Ottawa), renseignements généal.— Nicholas Garry, « Diary of Nicholas Garry, deputy-governor of the Hudson’s Bay Company from 1822–1835 : a detailed narrative of his travels in the northwest territories of British North America in 1821 [...] », F. N. A. Garry, édit., SRC Mémoires, 2e sér., 6 (1900), sect. ii : 73–204.— Burke’s landed gentry (1879).— G.-B., WO, Army list, 1810.— Hart’s army list, 1840–1841.— R. [F.] Legget, Ottawa waterway : gateway to a continent (Toronto et Buffalo, N.Y., 1975).
Robert F. Legget, « DuVERNET, HENRY ABRAHAM (Henry Abraham DuVernet Grosset Muirhead) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/duvernet_henry_abraham_7F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/duvernet_henry_abraham_7F.html |
Auteur de l'article: | Robert F. Legget |
Titre de l'article: | DuVERNET, HENRY ABRAHAM (Henry Abraham DuVernet Grosset Muirhead) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 8 nov. 2024 |