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LENNOX, CHARLES, 4e duc de RICHMOND et LENNOX, administrateur colonial, né le 9 septembre 1764 en Angleterre, fils aîné de lord George Henry Lennox et de lady Louisa Kerr, fille de William Henry Kerr, 4e marquis de Lothian ; le 9 septembre 1789, il épousa Charlotte Gordon, fille d’Alexander Gordon, 4e duc de Gordon, et ils eurent sept fils et sept filles ; décédé le 28 août 1819 près de Richmond, Haut-Canada.

Il semble que la mère de Charles Lennox ait donné naissance à son enfant dans une grange, après s’être sentie subitement mal au cours d’une excursion de pêche. Lennox entra très jeune dans la milice du Sussex où il fut promu lieutenant en 1778. Six ans plus tard, il devint secrétaire de son oncle, Charles Lennox, 3e duc de Richmond et Lennox, ainsi que secrétaire du Board of Ordnance. Le 29 août 1787, il reçut un brevet de capitaine dans le 35e d’infanterie et, le 26 mars 1789, grâce à l’influence de Richmond auprès du premier ministre William Pitt, il obtint un poste de capitaine dans les Coldstream Foot Guards, ce qui lui donnait automatiquement le grade de lieutenant-colonel dans l’armée. Le commandant des Coldstream Foot Guards, Frederick Augustus, duc d’York et deuxième fils du roi George III, fut choqué de cette promotion, surtout parce que Richmond était un adversaire politique. À la suite des commentaires peu élogieux que le duc d’York fit sur le courage de sa famille, Lennox le provoqua en duel ; ils se firent face le 26 mai 1789. La balle de Lennox effleura la chevelure du duc, après quoi celui-ci déchargea son arme dans les airs en déclarant qu’il n’entretenait aucune animosité à l’endroit de son adversaire. Des collègues de Lennox, officiers comme lui, estimèrent qu’il avait « fait preuve de courage, mais non de jugement, dans ces circonstances particulières ». Ce verdict ambigu l’incita probablement à demander son retour au 35e d’infanterie qu’il réintégra le 15 juin avec le grade de lieutenant-colonel. Amateur de sports – son père fut l’instigateur des courses de chevaux de Goodwood –, Lennox était populaire tant auprès des officiers que des soldats. Il servit avec son régiment aux Antilles au cours de 1794 et fut nommé aide de camp du roi en janvier de l’année suivante. Promu major général trois ans plus tard, il devint colonel du 35e d’infanterie le 17 mars 1803. Il fut élevé au grade de lieutenant général en 1805 et à celui de général le 1er juin 1814.

En 1790, Lennox avait été élu député du Sussex à la chambre des Communes, succédant à son père, et avait été réélu en 1796, 1802 et 1806. À la mort de son oncle, le 29 décembre 1806, il hérita du duché de Richmond et Lennox. Au mois d’avril suivant, il fut nommé lord-lieutenant d’Irlande. Sous son mandat, la situation demeura assez calme, en dépit de son opposition à l’abrogation de quelques lois britanniques frappant les catholiques d’incapacité politique. En juin 1812, il écrivit au secrétaire d’État aux Colonies, lord Bathurst, qu’il resterait en Irlande aussi longtemps que « rien [n’aurait été] fait pour les catholiques ». Malgré ses opinions politiques et religieuses rigides, Richmond s’assura une certaine popularité parmi les Irlandais, à cause de son intérêt pour les courses de chevaux, la chasse et autres sports, ainsi qu’en raison de son hospitalité princière. Son mandat prit fin en 1813. L’année suivante, Lennox ferma temporairement la demeure familiale de Goodwood par mesure d’économie et alla s’installer avec sa famille à Bruxelles où, le 15 juin 1815, la duchesse de Richmond donna un bal célèbre au cours duquel Wellington, qui y assistait, apprit l’avance de Napoléon Ier dans les Pays-Bas. Richmond était présent à Waterloo, mais à titre de simple civil. Les Richmond vécurent à Bruxelles jusqu’en 1818 ; le 8 mai de cette année-là, le duc fut nommé gouverneur en chef de l’Amérique du Nord britannique. Il ne semble pas qu’il ait cherché à obtenir cette nomination, mais il l’accepta néanmoins avec plaisir.

Richmond arriva à Québec le 29 juillet 1818, accompagné de sa famille et de son gendre, sir Peregrine Maitland*, qui avait été nommé lieutenant-gouverneur du Haut-Canada. Le duc avait reçu des instructions de Londres selon lesquelles il devait améliorer les défenses de l’Amérique du Nord britannique, accroître la navigation intérieure et encourager l’établissement dans les diverses colonies des soldats licenciés et d’autres immigrants britanniques. Après une première inspection, Richmond recommanda de renforcer les fortifications de Québec, de l’île aux Noix et de l’île Sainte-Hélène, dans le Bas-Canada, et celles de Kingston, dans le Haut-Canada. Il recommanda aussi l’ouverture à la navigation des rivières des Outaouais et Rideau, ainsi que la construction d’un canal à Lachine, au Bas-Canada, et entre les lacs Ontario et Érié, dans le Haut-Canada. La canalisation de la rivière des Outaouais débuta sous son mandat. Ses autres suggestions portaient entre autres sur l’amélioration de la milice et la construction d’une route militaire entre le Bas-Canada et le Nouveau-Brunswick.

Richmond avait aussi comme directives de poursuivre la politique de ses prédécesseurs, Prevost et Sherbrooke*, en se conciliant l’appui des chefs politiques et religieux canadiens. Il affirma à Bathurst qu’il avait vaincu la méfiance initiale de Mgr Plessis* à son endroit, laquelle résultait de son attitude anti-catholique en Irlande ; Plessis considéra néanmoins que Richmond était moins bien disposé à son égard que ne l’avaient été Prévost ou Sherbrooke. Habitué à avoir directement accès auprès du gouverneur, l’évêque jugeait que Richmond était en général « fort boutonné sur les affaires et se communiqu[ait] peu ». « Tout se fait par les secrétaires intérim, ajoutait-il, nous avons des ennemis parmi les personnes les plus marquantes. » De plus, Richmond insuffla une nouvelle vie à l’Institution royale pour l’avancement des sciences, laquelle avait la responsabilité des écoles publiques de la colonie et était très contestée par Plessis [V. Joseph Longley Mills*]. Plus tard, Richmond demanda à l’évêque anglican Jacob Mountain* de préparer les plans d’une université qui devait être fondée sous les auspices de l’Institution royale, grâce à un legs du marchand James McGill.

En politique, plutôt que de gagner la faveur du parti canadien, Richmond prit conseil de son rival, le parti des bureaucrates, et plus particulièrement de John Young, en ce qui avait trait à la question cruciale des finances provinciales. Les seuls revenus du pouvoir exécutif étaient alors insuffisants pour faire face aux dépenses de l’administration civile. En 1818, Sherbrooke, avec l’approbation du ministère des Colonies, en était venu à un compromis avec la chambre d’Assemblée, dominée par le parti canadien dont Louis-Joseph Papineau* était le chef. Selon ce compromis, l’Assemblée devait financer les dépenses courantes du gouvernement et éponger l’important déficit accumulé, en échange d’un examen annuel des prévisions budgétaires. Toutefois, le mauvais état de santé de Sherbrooke et son départ subséquent empêchèrent l’adoption habituelle d’une loi des subsides sanctionnant le nouvel arrangement. En mars 1819, Richmond, qui craignait pour l’indépendance de la couronne si le compromis de Sherbrooke était adopté, soumit à l’Assemblée les prévisions des dépenses de l’année, préparées par Young, qui réintroduisaient certaines dispositions, comme des salaires de sinécure, que Sherbrooke avait accepté d’exclure du compromis. Après que l’Assemblée eut une fois de plus rejeté ces dispositions, Richmond profita de l’occasion pour contester les prétentions de celle-ci à contrôler les prévisions budgétaires et il prorogea le Parlement, tout en sermonnant la Chambre basse sur ses responsabilités d’une manière qui rappelait celle de l’impopulaire gouverneur Craig. Richmond était également furieux du refus de l’Assemblée de se conformer à la coutume britannique de prévoir une liste civile qui garantirait au moins un certain nombre de salaires de fonctionnaires pendant la vie du roi. Pour renforcer le pouvoir du gouvernement, il chercha à rendre plus efficace la perception des droits de lods et ventes, qui étaient un revenu de la couronne, et il pressa Londres de substituer aux lois provinciales sur le commerce et sur les droits de douane des lois impériales, de façon à assurer au pouvoir exécutif des fonds suffisants pour lui éviter de dépendre des sommes votées par l’Assemblée. Préoccupé aussi de la tendance de l’Assemblée à ne pas tenir compte du Conseil législatif, dominé par le parti des bureaucrates, Richmond fit sienne la recommandation de ce parti qui favorisait l’union du Haut et du Bas-Canada comme un moyen de neutraliser le parti canadien par une seule assemblée élue.

Comme il le fit en Irlande, Richmond considérait que son soutien aux activités de loisirs était une manière efficace de rendre son gouvernement populaire, du moins auprès de l’élite. D’après Frederic Tolfrey, officier de la garnison, Richmond, qui avait été « une des meilleures raquettes d’Angleterre » et un excellent joueur de racket-hall, « prenait part avec les officiers qui l’entouraient à toutes les activités sportives viriles, manifestant une courtoisie naturelle et une amabilité qui [le] rendaient populaire auprès de tous ». Il fut le mécène du Garrison Racing Club et encouragea le Tandem Club, mis sur pied pour faire des excursions d’hiver dans la campagne environnante. À tour de rôle avec les principales familles de la ville, il fournissait des provisions aux excursionnistes. Il fit beaucoup aussi pour encourager le théâtre ; ses fils et tout son personnel se joignirent à la troupe de la garnison, et il assistait lui-même à toutes les pièces, après quoi il invitait les acteurs à dîner au château Saint-Louis, résidence du gouverneur. Tolfrey affirma en outre : « il n’y avait jamais eu autant de bals et de réceptions ; l’hospitalité au château était digne d’un prince prodigue, et la vaisselle d’or magnifique et les trophées de course du noble duc éblouissaient grandement les Canadiens lors des grandes réceptions d’État auxquelles la population locale était invitée ».

Au cours de l’été de 1819, Richmond entreprit une vaste tournée à travers les deux Canadas. Lors de son passage à William Henry (Sorel, Québec), il fut mordu à la main par un renard. Sa blessure s’étant apparemment cicatrisée, il poursuivit son voyage jusqu’à York (Toronto) et Niagara (Niagara-on-the-Lake), visitant même des postes militaires aussi éloignés que celui de l’île Drummond. À son retour à Kingston, il décida de prendre tout son temps pour visiter les établissements en bordure de la rivière Rideau. C’est pendant cette partie du voyage que les premiers symptômes de l’hydrophobie (ancien nom de la rage) apparurent. La maladie s’aggrava rapidement et, le 28 août, après une horrible agonie, il mourut dans une grange à quelques milles d’un établissement nommé en son honneur. Certains récits affirment que le duc avait été mordu par un chien. Toutefois, des témoignages contemporains plus dignes de confiance soutiennent la version selon laquelle le microbe de la rage lui avait été transmis par un renard. La dépouille de Richmond fut ramenée à Québec et inhumée le 4 septembre 1819, dans la cathédrale Holy Trinity.

Populaire auprès de l’élite britannique des deux Canadas, le duc de Richmond ne sympathisait pas avec le parti populaire du Bas-Canada. Les exigences du parti canadien choquaient ses convictions sur l’inviolabilité des prérogatives de la couronne. Sa marque la plus durable sur la politique bas-canadienne fut la conversion du secrétaire d’État aux Colonies, lord Bathurst, beau-frère et proche ami de Richmond, aux vues du parti des bureaucrates, selon lesquelles un compromis avec l’Assemblée sur la question des finances provinciales était impossible. Dès lors, les relations entre le gouvernement britannique et l’Assemblée se détériorèrent presque fatalement. Toutefois, en raison du décès prématuré de Richmond, la tempête politique ne s’abattit pas sur sa tête mais sur celle de ses successeurs.

George F. G. Stanley

ANQ-Q, CE1–61, 4 sept. 1819.— APC, MG 24, A14.— B.-C., Conseil législatif, Journaux, 1819.— Docs. relating to constitutional hist., 17911818 (Doughty et McArthur ; 1914) ; 1819–28 (Doughty et Story ; 1935).— Gentleman’s Magazine, janv.–juin 1819 : 466s.— W. P. Lennox, My recollections from 1806 to 1873 (2 vol., Londres, 1874).— The life and letters of Lady Sarah Lennox, 1745–1826 [...], [Mary Dawson], comtesse d’Ilchester, et [G. S. H. Fox-Strangeways], lord Stavordale, édit. (2 vol., Londres, 1901), 1 : 300 ; 2 : 69s.— « La mort du duc de Richmond », BRH, 8 (1902) : 30s.— « Particularités de la maladie et de la mort du duc de Richmond, par un officier de son état-major », BRH, 10 (1904) : 43–50.— Spencer and Waterloo : the letters of Spencer Madan, 1814–1816, Beatrice Madan, édit. (Londres, 1970).— La Gazette de Québec, 21 mai, 22 juin, 27, 30 juill., 20, 31 août, 14, 28 sept., 5, 19 oct., 2 nov., 7 déc. 1818, 28 janv., 11 févr., 8 mars, 13, 27 mai, 14, 17 juin, 1er, 5 juill., 5, 30 août, 2, 6, 20, 23, 27 sept. 1819, 20 janv. 1820.— Montreal Herald, 4 sept. 1819.— Burke’s peerage (1890), 1159s.— Caron, « Inv. de la corr. de Mgr Plessis », ANQ Rapport, 1928–1929 : 125, 129.— DNB.— « State papers, Lower Canada », APC Report, 1897 : 253–256, 275–282.— Lambert, « Joseph-Octave Plessis ».— L. M. Lande, The 3rd Duke of Richmond, a study in early Canadian history (Montréal, 1956).— Duncan McArthur, « History of public finance, 1763–1840 », Canada and its prov. (Shortt et Doughty), 4 : 496–506, 509–511 ; « Papineau and French-Canadian nationalism », 3 : 289–293.— [Daniel] MacKinnon, Origin and services of the Coldstream Guards (2 vol., Londres, 1833), 2 : 30–32, 496s.— Manning, Revolt of French Canada, 43, 122s., 133s., 152, 200, 235.— Millman, Jacob Mountain, 76, 175, 178, 181, 212, 274.— Frederic Tolfrey, The sportsman in Canada (2 vol., Londres, 1845), 2 : 198–221, 236–252.— Douglas Brymner, « La mort du duc de Richmond », BRH, 5 (1899) : 112–114.— E. A. Cruikshank, « Charles Lennox, the fourth Duke of Richmond », OH, 24 (1927) : 323–351.— « Le duc de Richmond », BRH, 10 (1904) : 41s.— « Les funérailles du duc de Richmond », BRH, 42 (1936) : 511s.

Bibliographie générale

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George F. G. Stanley, « LENNOX, CHARLES, 4e duc de RICHMOND et LENNOX », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lennox_charles_richmond_5F.html.

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Auteur de l'article:    George F. G. Stanley
Titre de l'article:    LENNOX, CHARLES, 4e duc de RICHMOND et LENNOX
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    19 mars 2024