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Titre original :  F.W. Fearman. Special Collections, Hamilton Public Library.

Provenance : Lien

FEARMAN, FREDERICK WILLIAM, garçon de cabine, directeur d’hôtel, marchand, producteur de viandes préparées et homme politique, né en 1825 dans le Norfolk, Angleterre, fils de William Fearman, cordonnier, et d’Elizabeth Calver ; le 16 décembre 1851, il épousa à Hamilton, Haut-Canada, Elizabeth Holbrook, et ils eurent huit fils et trois filles, puis le 5 janvier 1903, à Bay City, Michigan, Lois Humphrey, veuve de John Hamilton Nelles, avec qui il n’eut pas d’enfants ; décédé le 1er mars 1906 à Hamilton.

En 1833, William et Elizabeth Fearman quittèrent le village de Sandringham, dans le Norfolk, avec leurs six enfants, pour aller vivre à Hamilton. En 1836, les Fearman s’installèrent à York, sur la rivière Grand, mais Frederick William continua d’étudier à Hamilton, sous la férule de deux instituteurs fort compétents, Charles Ozen Counsell et William Tassie*. Il quitta l’école vers 1840, et l’on sait que de 1847 à 1854, il fut garçon de cabine sur un vapeur à roues de la Royal Mail Line, le Magnet, qui faisait la liaison entre Hamilton et Montréal. L’hiver, il restait à Hamilton, où il assistait le directeur de l’hôtel City ; apparemment, durant les deux années qui suivirent son départ du Magnet, il tint l’hôtel seul.

Au printemps de 1856, bien qu’il n’ait disposé que d’un petit capital et d’un crédit limité, Fearman s’établit marchand commissionnaire et négociant en produits agricoles rue King William. L’année suivante, il emménagea rue Hughson. À peu près au même moment, il ouvrit rue Wentworth North, au passage à niveau du Great Western Railway, ce qui, affirmerait-t-il plus tard, fut la première usine canadienne d’abattage et de conserverie de porc. Prudent et discipliné, Fearman n’outrepassa jamais ses possibilités, et il sut si bien mettre ses chances à profit que, en octobre 1859, un agent de la R. G. Dun and Company signalait que ce « bon méthodiste », devenu un « homme éminent [et] actif », valait 5 000 $ ou 6 000 $. Dès 1862, il valait 8 000 $, et son usine transformait de 1 500 à 2 000 porcs par an. Toutefois, son succès fut de courte durée. Le porc de bonne qualité était rare dans le Haut-Canada en cette période de réciprocité avec les États-Unis et l’industrie américaine de la charcuterie connaissait une expansion rapide à cause de la guerre de Sécession. En 1862, il dut donc fermer son usine et vendre sa machinerie, ses immeubles et son terrain. Ensuite, il réinstalla son commerce d’approvisionnement à un point plus névralgique, rue MacNab.

Malgré ce revers de fortune, Fearman n’abandonna jamais sa spécialité, la charcuterie., qu’il continua à excercer dans ses nouveaux locaux en se procurant des carcasses de porc directement des fermiers des environs. En 1871, cinq employés étaient affectés à ce travail et sa production annuelle atteignait seulement 35 000 $. Bien qu’un seul autre charcutier l’ait dépassé en importance, à Hamilton, Fearman se rangeait bien loin derrière celui-ci : en effet, Samuel Nash avait 23 employés et affichait une production annuelle de 220 000 $. De même, la production de neuf des producteurs torontois de viandes préparées dépassait la sienne, celle de trois d’entre eux – Scott Davidson, William Davies* et John Morrison – excédant les 100 000 $.

Ce n’est pas avant la fin des années 1870 que l’entreprise de Fearman montra véritablement des signes d’expansion. En mai 1878, il réintégra l’industrie des viandes préparées en achetant, avec tous les outils et toute la machinerie à vapeur, la conserverie de Nash, rue Rebecca. Il lui donna le nom de Dominion Packing House et, après l’application du tarif de la Politique nationale par le gouvernement fédéral, en 1879 [V. sir Samuel Leonard Tilley*], il construisit des bâtiments pour l’abattage du bétail, le traitement des viandes, la fabrication de saucisses et le raffinage du lard. Selon lui, la Politique nationale était « le salut de l’industrie ». Non seulement empêchait-elle les Américains d’inonder le marché canadien de porc à bas prix, mais elle encourageait les fermiers du Canada à élever du porc. En août 1879, Fearman employait de 30 à 40 ouvriers. Deux ans plus tard, il en avait 50, et il versait des salaires de 10 à 15 % plus élevés. Le nouveau tarif lui permit de faire grimper sa production annuelle : estimée à 12 000 porcs en 1880, elle atteignait les 25 000 en 1882. Ses produits, parmi lesquels on trouvait la célèbre gamme « Star » – jambons, bacon, porc à fricot (coupes assorties de porc salé), langues et bœuf – étaient réputés dans tout le dominion, et ses affaires allaient particulièrement bien dans les Maritimes. Il se tourna vers les marchés d’outre-mer, mais en 1880, cet aspect ne représentait encore qu’une « petite partie » de ses activités. En 1885, un incendie dévasta l’usine et interrompit son rythme de croissance. Très bien assuré, Fearman ne tarda pas à se relancer : les commandes affluaient de partout au Canada, et les ventes à l’étranger n’étaient plus marginales. Dès 1886, la valeur de ses exportations annuelles de jambon et de bacon vers l’Angleterre se situait entre 10 000 $ et 50 000 $. Au cours des cinq années suivantes, son entreprise connut un essor remarquable. En 1891, elle abattait de 30 000 à 50 000 porcs par an et exportait aux États-Unis, en France et aux Antilles.

Tout en luttant pour multiplier leurs débouchés à l’étranger, les grands charcutiers ontariens encourageaient fortement les fermiers à produire du bétail à haut rendement (en insistant particulièrement sur l’augmentation du rendement en bacon) et leur enseignaient les méthodes appropriées d’élevage et de reproduction. Dans les années 1890, Fearman continua de s’occuper de ces questions, mais son grand souci, comme celui de tous les charcutiers, fut le tarif. En 1890, à titre de président de la Pork Packers’ Association of Canada, il dirigea plusieurs délégations qui se rendirent à Ottawa dans l’espoir de convaincre le gouvernement de classer le porc en baril dans la catégorie du porc à fricot (aliment de base des bûcherons). Ainsi, les producteurs américains ne pourraient plus profiter de l’échappatoire qui leur était offerte depuis 1879, c’est-à-dire mettre en conserve du porc de qualité supérieure dans des barils pour épargner des droits de douane. Le fait que du porc à fricot continuait d’entrer au pays au tarif du porc en baril irritait les charcutiers, qui trouvaient injuste que l’on fasse cette concession aux bûcherons. En 1892, Fearman et d’autres membres de l’association retournèrent à Ottawa pour tenter de résoudre ce problème. Cette fois, ils réclamèrent un droit uniforme de 0,03 $ sur toutes les coupes de porc, mais leur demande fut rejetée.

Un autre aspect de la question tarifaire inquiétait Fearman : conservateurs et libéraux étaient favorables à une forme quelconque de réciprocité modifiée entre le Canada et les États-Unis. Ils avaient l’appui d’une partie des fermiers ontariens, mais Fearman fit valoir en 1891 que le fait de laisser entrer en franchise des viandes américaines de prix moindre que les viandes canadiennes « détruirait presque, sinon tout à fait, les charcuteries industrielles du pays ». Il ne pouvait prétendre concurrencer des géants comme Armour et Swift, qui disposaient de « toutes les installations et facilités que peuvent procurer des capitaux illimités ». Lorsque le parti libéral fut porté au pouvoir, en 1896, l’incertitude qui entourait sa politique tarifaire ne manqua pas d’inquiéter les charcutiers de l’Ontario. En novembre de cette année-là, en qualité de chef d’une délégation qui rencontra plusieurs ministres à Toronto, Fearman réclama que les droits en vigueur soient maintenus afin d’empêcher les Américains d’inonder le marché canadien du porc. La haute commission canado-américaine de 1898–1899 avait pour mandat, entre autres, d’étudier les relations commerciales. En septembre 1898, peu après qu’elle ait commencé ses délibérations, Fearman prévint le premier ministre, sir Wilfrid Laurier*, que toute réduction des droits sur les produits du porc ouvrirait la voie à « une opposition malhonnête de l’extérieur » et menacerait la solide position que les charcutiers canadiens occupaient sur le marché anglais du bacon.

En fin de compte, toutes ces inquiétudes se révélèrent vaines, car le gouvernement libéral ne toucha pas aux droits protecteurs. De son côté, Fearman continua sur sa lancée. Après un deuxième incendie désastreux, en 1895, il reconstruisit son usine, l’agrandit et la dota de l’équipement le plus moderne. Le 13 janvier 1899, avec ses fils Frederick Chester, Robert Calver*, Henry Holbrook et Frank Dingwall, qui étaient tous ses associés depuis nombre d’années, il constitua juridiquement la F. W. Fearman Company Limited. Elle comptait alors 110 employés et abattait chaque année 78 000 porcs ; l’exportation de jambon et de bacon vers la Grande-Bretagne représentait les deux tiers de ses ventes.

Fearman mourut en 1906 à son domicile de la rue Stinson, Ivy Lodge, après une série d’attaques d’apoplexie. Près d’un demi-siècle s’était écoulé depuis que cet homme plein d’initiative avait jeté les bases de ce qui était appelé à devenir l’une des plus importantes entreprises canadiennes de viandes préparées et à se tailler une réputation internationale. Avec le Torontois William Davies, Fearman fut l’un des pionniers de la charcuterie au Canada. Ce furent des hommes comme lui qui fixèrent les normes de l’élevage du porc, et ce bien avant que les fermes expérimentales du gouvernement ne commencent à diffuser des conseils techniques.

Fearman avait un sens civique très poussé et il avait contribué de bien des manières au progrès de sa ville, ce qui lui avait gagné le respect de ses concitoyens. Il fut l’un des premiers à préconiser l’installation d’un système de distribution d’eau à Hamilton. Les intérêts commerciaux de la ville figuraient au premier rang de ses préoccupations. « Hamilton était réputée pour sa poussière et sa saleté, rappelait-il. Les nuages de poussière balayaient les rues York, King et Main, les boutiques fermaient, et l’ensemble des activités commerciales en pâtissait beaucoup. » C’est après une de ces tempêtes, en 1855, qu’il convainquit le maire, Charles Magill, de convoquer une première assemblée publique où l’on « chercher[ait] le meilleur moyen d’approvisionner la ville en eau ».

Fearman s’intéressait beaucoup à l’aménagement des villes américaines, et ce qu’il voyait aux États-Unis l’amena, avec d’autres, à planter les premiers arbres le long de la rue Park pour y faire de l’ombre, et bientôt, on en planta dans presque toutes les rues résidentielles. En 1856, la Hamilton Horticultural Society décerna un prix à Fearman parce qu’il avait mis au point la « meilleure invention » pour protéger les jeunes arbres. En 1898, après avoir inspecté les rues de Battle Creek, au Michigan, il recommanda de paver celles de Hamilton avec de la brique, car elles étaient très malpropres et recouvertes d’asphalte et de blocs de cèdre en fort mauvais état. En outre, il fut l’un des animateurs du mouvement qui prôna l’achat du parc Dundurn, domaine historique de sir Allan Napier MacNab*, en vue de l’établissement d’un réseau de parcs, et on le nomma au premier bureau de direction des parcs de la ville. À l’assemblée inaugurale du conseil tenue en février 1900, le maire, James Vernall Teetzel, proposa que, étant donné sa contribution remarquable « à toutes les affaires d’intérêt public reliées à Hamilton », Fearman soit le premier à occuper la présidence, après quoi il démissionnerait. La proposition fut adoptée à l’unanimité.

Fearman avait fait une brève percée en politique municipale en 1866 quand il avait été élu conseiller pour le quartier St Patrick. L’année suivante, il fut élu au bureau d’éducation, et au fil de ses 18 ans de service, fit partie à divers moments de l’ensemble de ses comités permanents. En 1884, on l’élut président. Vers la fin des années 1880, il fit beaucoup pour la création de la bibliothèque publique de Hamilton. L’un des premiers membres de son conseil d’administration, il en devint président en 1891.

Si Fearman s’occupa tant des écoles et de la bibliothèque de Hamilton, ce fut non seulement parce qu’il tenait à favoriser l’émergence d’une identité proprement canadienne, mais aussi par attachement à l’héritage britannique. En 1889, il s’associa d’ailleurs à d’autres éminents citoyens de la ville pour fonder la Wentworth Pioneer and Historical Society (rebaptisée par la suite Wentworth Historical Society), dont il devint président. Fier des institutions libres du Canada, il appartint à la section hamiltonienne du Canadian Club, où il put, comme il aimait tant à le faire, stimuler les débats sur les questions d’intérêt public. Esprit curieux, il s’intéressait vivement aux travaux de la Hamilton Association for the Advancement of Literature, Science, and Art.

La religion occupait une grande place dans la vie de Fearman. Il exerça diverses fonctions aux églises méthodistes Wesley puis Centenary. Il fut président de la St George’s Society, membre de la Barton Lodge (maçonnique), membre du comité consultatif du Boys’ Home et parrain du Girls’ Home. Par ailleurs, il fut membre du Bureau de commerce de Hamilton et du conseil d’administration de la Hamilton Street Railway Company et de la Hamilton Gas Light Company.

Tout ce que Frederick William Fearman accomplit pour son milieu reflète la doctrine de John Wesley selon laquelle le caractère, ou le perfectionnisme de la volonté et des inclinations, est l’agent principal du bien collectif. C’est en raison de cette foi dans les qualités personnelles que Fearman connut une telle réussite et acquit une telle autorité dans son métier. Grâce à son esprit d’initiative et à son jugement, il put traverser les moments difficiles, surmonter les catastrophes et édifier une entreprise qui était reconnue pour sa probité et la qualité de ses produits. Il ne se laissa jamais gâter par la richesse et fit tout son possible pour favoriser le progrès de Hamilton et de ses concitoyens.

Peter Hanlon

Frederick William Fearman est l’auteur de : « Fifty years ago », Hamilton and its industries [...], E. P. Morgan et F. L. Harvey, compil. (2e éd., Hamilton, Ontario, 1884), 14–16 ; « The pork production of Canada », Farming, 14 : 268–271.

AN, MG 26, A : 25741–25746 ; RG 31, C1, 1861, Hamilton, St Andrew’s Ward, district 1 : 17 ; RG 72, 69, n° 1601.— AO, RG 8, I-1-D, 1898, dossier 6031 ; RG 22, Ser. 205, n° 6543 ; RG 55, I-2-B, liber 54 : fo 51.— Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 25 : 105, 159, 228E (mfm aux AN).— City of Hamilton, Ontario, Assessment rolls, St Andrew’s Ward, 1857–1861 ; St Mary’s Ward, 1862–1874 ; Ward 5, 1875–1906.— HPL, Board of Park Management, minute-book, 10 févr. 1900 ; Scrapbooks, Richard Butler, « Saturday musings », 4 : 13 ; H. F. Gardiner, 124 : 13–14 ; Joseph Tinsley, « Old Hamiltonians », 47, 49–50.— Univ. of Guelph, Ontario, Dept. of Geography, Canadian Industry in 1871 Project, CANIND71 (banque de données créée à partir du recensement de 1871) ; URBIND71 ; RURIND71.— Wentworth Land Registry Office (Hamilton), Deeds, Hamilton, n° 18313, 6 mai 1878.— Daily Times (Hamilton), 1er mars 1906.— Hamilton Spectator, 17 déc. 1851, 16 janv. 1866, 1880–1900, 6 janv. 1903, 1er mars 1906, 20 nov. 1915.— Canadian Grocer (Toronto), 4, 18 avril, 16 mai 1890, 25 mars 1892, 26 juill. 1895, 20 nov. 1896, 9 janv. 1903.— Annuaire, Hamilton, 1856.— Middleton et Landon, Prov. of Ontario, 4 : 488s.— Prominent men of Canada (Adam), 462–464.

Bibliographie générale

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Peter Hanlon, « FEARMAN, FREDERICK WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fearman_frederick_william_13F.html.

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Auteur de l'article:    Peter Hanlon
Titre de l'article:    FEARMAN, FREDERICK WILLIAM
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    19 mars 2024