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FLEURY DE LA GORGENDIÈRE, JOSEPH DE, marchand, seigneur et agent général au Canada de la Compagnie des Indes, né le 28 mars 1676 à Québec, fils de Jacques-Alexis de Fleury* Deschambault et de Marguerite de Chavigny de Berchereau ; le 11 mai 1702, il épousa à Québec Claire, fille de Louis Jolliet*, et sept de leurs enfants vécurent jusqu’à l’âge adulte ; décédé le 1er mai 1755 à Québec.

On ignore quelle fut la jeunesse de La Gorgendière, mais on sait qu’il posséda tôt l’expérience du commerce et une solide expérience, semble-t-il, puisqu’il fut nommé, par la Compagnie de la Colonie, trafiquant de fourrures pour cinq ans au fort Frontenac (Kingston, Ont.). Nul doute que son commerce fut prospère, car lorsque la compagnie abandonna le poste, il fut désigné, le 23 janvier 1706, agent principal de la traite pour le gouvernement, avec un salaire annuel de 900# ; en septembre de la même année, il assuma les fonctions de subdélégué de l’intendant au fort. Il semble, cependant, qu’il souhaitait faire plus de profits que ses salaires et son lieu de résidence lui permettaient de réaliser et, l’année suivante, il revint à Québec où il devint marchand.

La Gorgendière se lança d’abord dans le commerce de l’huile de loup marin, sans doute parce que sa femme avait hérité d’une partie de la pêcherie de loup marin de Mingan. Malgré des disputes avec Jacques de Lafontaine de Belcour et avec d’autres, il continua d’exploiter cette entreprise jusqu’au moment de sa retraite. Il ne tarda pas à acquérir des vaisseaux et il établit, avec la France et les Antilles, des liens commerciaux qui lui permirent d’importer du drap et divers autres articles indispensables, et d’exporter des fourrures, du poisson et de l’huile. Sa famille ne fut certainement pas étrangère à ce succès puisque son frère aîné, Charles, qui fut plus tard un des directeurs de l’infortunée Compagnie de l’île Saint-Jean [V. Robert-David Gotteville* de Belile], était alors banquier et marchand à La Rochelle, le port de France qui faisait le plus d’échanges avec le Canada, et qu’un autre de ses frères, Simon-Thomas de Fleury de La Janière, vivait à la Martinique. Cependant, si étendues et diversifiées que fussent les activités commerciales de La Gorgendière – peut-être même a-t-il été mêlé au trafic des esclaves de la Guinée – ces activités n’en restaient pas moins tributaires d’une économie canadienne basée sur les fourrures.

Le gouvernement mettait généralement aux enchères les droits de traite des fourrures dans certaines régions ; les concessions étaient souvent accordées à des marchands et ceux-ci les donnaient en sous-bail à un ou plusieurs voyageurs qui s’occupaient de traite. En octobre 1724, La Gorgendière obtint pour cinq ans la concession du poste de Témiscamingue ; à peine cinq mois plus tôt, cependant, le gouverneur Philippe de Rigaud* de Vaudreuil avait attribué une partie de cette région à un certain Paul Guillet moyennant un pourcentage des revenus de la traite. Il fallait s’attendre à un conflit. Au printemps de 1725, Vaudreuil émit une ordonnance visant à empêcher La Gorgendière et ses associés d’envoyer leurs voyageurs. La Gorgendière répliqua en saisissant les fourrures de Guillet. Alors seulement, Vaudreuil permit aux voyageurs de quitter Montréal, mais il limita leur activité à la région où Guillet avait fait la traite.

Comme il ne pouvait traiter à sa guise, La Gorgendière non seulement refusa de payer les redevances de sa première année, mais demanda la restitution de ses pertes. Après la mort de Vaudreuil, survenue en octobre, l’intendant Michel Bégon obtint que Charles Le Moyne* de Longueuil, gouverneur par intérim, levât les interdictions de Vaudreuil et Le Moyne demanda à La Gorgendière de payer sa dette. Celui-ci refusa, et une nouvelle mise aux enchères fut tenue, au cours de laquelle il consentit à payer 2 000# pour la première année ; le marché des fourrures étant encombré, la redevance annuelle pour les quatre autres années de sa concession fut ramenée à 4 150#. Toutefois, ses ennuis n’étaient pas terminés. En 1727, la concession de Témiscamingue fut annulée par décret royal et attribuée par la suite sous forme de congés. La Gorgendière en obtint deux et se débrouilla pour en recevoir un troisième en fraude, mais il continua de se plaindre de ses pertes au gouvernement et réclama une indemnisation à plusieurs reprises. La question ne fut réglée qu’en 1731, alors qu’il fut libéré d’une redevance de 2 000#, mais il devait encore au gouvernement quelque 1 400# en articles de traite.

Le 25 mai 1731, La Gorgendière fut nommé agent général au Canada de la Compagnie des Indes. La situation financière de la compagnie avait été rendue précaire par l’effet combiné de deux facteurs : un marché languissant qui laissait trop de fourrures de mauvaise qualité pourrir dans les entrepôts de Paris et le commerce illicite avec les Anglais et les Hollandais. Au début de l’année, la compagnie avait dû céder tous ses privilèges commerciaux, sauf ceux qui concernaient le Canada. La Gorgendière, choisi pour « sa probité, sa capacité, sa suffisance et son expérience », selon les termes des directeurs de la compagnie, reçut des instructions succinctes : réduire les coûts au plus bas, améliorer la qualité des fourrures, mettre fin au commerce illicite et illégal et accroître le commerce de la compagnie. Les directeurs avaient eu raison de lui faire confiance : en 1734, la compagnie déménagea dans des locaux nouvellement construits à Montréal et, ceux-ci étant devenus trop exigus en 1745, elle s’installa au Château de Ramezay. Il se peut que La Gorgendière soit demeuré agent général jusqu’en 1753 ; c’est vers cette date que son fils Joseph Fleury* Deschambault, auparavant agent principal de la traite, assuma la fonction.

Son poste à la Compagnie des Indes n’empêcha pas La Gorgendière de continuer à gérer ses propres entreprises financières, y compris dans le domaine de la traite des fourrures. Comme bien d’autres commerçants, d’une part, il vendit des marchandises, des munitions et des vivres au gouvernement – dans les années 1730, il était un des plus importants fournisseurs de drap – et, en plus, il acheta des terres.

À la mort de son père en 1715, La Gorgendière hérita d’une partie de la seigneurie de Deschambault et, en 1720, il acquit le reste en l’achetant de ses parents. Il fit alors une série de tentatives pour attirer des colons ; il commença par demander, en 1721, la création d’une paroisse dans la seigneurie et la nomination d’un curé permanent. Il n’obtint une autre seigneurie, toutefois, qu’en 1736, alors qu’on lui accorda, sur les deux rives de la rivière Chaudière, dans la région de la Nouvelle-Beauce, une concession de trois lieues de longueur sur deux de largeur, contigüe à celles qu’avaient obtenues en même temps ses gendres Thomas-Jacques Taschereau et François-Pierre de Rigaud* de Vaudreuil. Les bénéficiaires s’engageaient à construire, pour 1739, un chemin carrossable qui devait partir du Saint-Laurent et remonter la vallée jusqu’à la limite de la seigneurie de La Gorgendière. Comme il l’avait fait à Deschambault, La Gorgendière se lança énergiquement, semble-t-il, dans l’aménagement de la seigneurie ; en 1747, pourtant, il l’échangea contre la concession de Vaudreuil, située plus près du Saint-Laurent.

Avec la guerre de la Succession d’Autriche – et avec l’âge – l’activité et la prospérité de La Gorgendière connurent un déclin ; vers la fin de sa vie, il affirmait qu’il aurait été millionnaire, n’eût été les pertes subies durant la guerre. Quoi qu’il en soit, le prestige dont il jouissait au sein de la communauté ne saurait être mis en doute puisqu’il occupa le poste de colonel de la milice pendant une vingtaine d’années. La Gorgendière mourut à Québec le 1er mai 1755 et c’est dans la cathédrale de cette ville qu’il fut inhumé deux jours plus tard.

Andrew Rodger

AN, Col., B, 43, ff.921–929, 930 ; 45, f.835 ; 48, ff.891–894, 908–909 ; 53, ff.507–508v. ; 54, f.409v. ; 65, f.413v. ; 66, f.249 ; Col., C11A, 45, pp.79–82, 185–186 ; 46, pp. 189–190, 197–202 ; 47, pp.21, 37–48, 78–82, 100–102, 103–104, 105–106, 123–124, 130–132, 142–154, 238–243, 275–277 ; 49/2, pp.372–379, 384–386 ; 50, pp.110–114, 166–168 ; 52, pp.54–57 ; 56, pp.30, 52 (copies aux APC) ; Col., D2C, 57, f.37 ; Col., E, 185 (dossier La Gorgendière).— ANQ, Greffe de R.-C. Barolet, 5 janv. 1747, 28 mai 1757 ; Greffe de François Genaple de Bellefonds, 30 juill. 1707, 10 nov. 1708, 20 avril 1709 ; Greffe de Florent de La Cetière, 10 sept. 1716, 30 juill. 1719 ; NF, Coll. de pièces jud. et not., 497½, 551⅞, 581, 937, 2 303, 2 324, 3 528 ; NF, Ord. int., 23 janv. 1706, 6 juill. 1710, 20 mai 1715, 1er avril 1730, 12 janv. 1735.— Procès-verbaux du procureur général Collet (Caron), RAPQ, 1921–1922, 361, 364.— Bonnault, Le Canada militaire, RAPQ, 1949–1951, 269–271, 286.— Le Jeune, Dictionnaire.— Massicotte, Répertoire des engagements pour l’Ouest, RAPQ, 1929–1930, 207.— François Daniel, Histoire des grandes familles françaises du Canada [...] (Montréal, 1867), 371–396.— Nish, Les bourgeois gentilshommes, 68, 164.— Honorius Provost, Sainte-Marie de la Nouvelle-Beauce ; histoire religieuse (Québec, 1967), 46.— Trudel, Lesclavage au Canada français, passim.— J.-B. Caouette, Documents inédits sur Claire-Françoise Bissot, veuve de Louis Jolliet, BRH, XXII (1916) : 336–338.— Guy Frégault, Un cadet de Gascogne : Philippe de Rigaud de Vaudreuil, RHAF, V (1950–1951) : 39s.— Marc Gaucher, Marcel Delafosse et Gabriel Debien, Les engagés pour le Canada au XVIIIe siècle, RHAF, XIII (1959–1960) : 249, 255, 420 ; XIV (1960–1961) : 101, 102, 107.— J.-J. Lefebvre, La famille Fleury d’Eschambault, de la Gorgendière, MSGCF, III (1948) : 152–174.— Victor Morin, Les Ramezay et leur château, Cahiers des Dix, III (1938) : 42s.— Cameron Nish, La bourgeoisie et les mariages, 1729–1748, RHAF, XIX (1965–1966) : 594s.— P.-G. Roy, Père de trente-deux enfants !, BRH, XLIX (1943) : 244–250.

Bibliographie de la version révisée :
Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Québec, CE301-S1, 9 avril 1676, 11 mai 1702, 3 mai 1755.

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Andrew Rodger, « FLEURY DE LA GORGENDIÈRE, JOSEPH DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fleury_de_la_gorgendiere_joseph_de_3F.html.

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Auteur de l'article:    Andrew Rodger
Titre de l'article:    FLEURY DE LA GORGENDIÈRE, JOSEPH DE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    2018
Date de consultation:    19 mars 2024