Capitaine de vaisseau et trafiquant de fourrures, Robert Gravé Du Pont (mort en 1621) a fondé le premier établissement européen du Nouveau-Brunswick actuel, le poste d’Emenenic. En 1606, il s’embarque pour l’Acadie, où il prend bientôt une part active au commerce des fourrures. Il concentre jusqu’en 1618 ses activités autour de la rivière Saint-Jean, ce qui lui permet notamment de se familiariser avec la langue et les usages des Etchemins (Malécites). Mis plus d’une fois en état d’arrestation à cause de son inconduite, Gravé Du Pont obtient toujours la grâce des autorités.

GRAVÉ DU PONT, ROBERT (aussi appelé Pont-Gravé et Du Pont-Gravé), capitaine de vaisseau, trafiquant de fourrures, fondateur du premier établissement européen dans ce qui est aujourd’hui le Nouveau-Brunswick, et peut-être le premier Européen à se familiariser avec la langue et les usages des Etchemins (Malécites), né vers 1585 à Saint-Malo, fils de François Gravé Du Pont et de Christine Martin, décédé le 9 novembre 1621.

Au printemps de 1606, Robert Gravé Du Pont s’embarqua pour l’Acadie avec Jean de Biencourt de Poutrincourt. À l’automne de la même année, il accompagna Poutrincourt et Samuel de Champlain dans un voyage d’exploration du rivage atlantique jusqu’au cap Cod (cap Blanc). Lors dun affrontement contre environ 400 guerriers des Premières Nations, l’éclatement de son mousquet lui emporta une partie de la main. Revenu avec l’expédition à Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.), il prit une part active au trafic des fourrures.

Vers 1610, son commerce était concentré autour de la rivière Saint-Jean. La même année, le gouverneur Poutrincourt le mit en état d’arrestation sur la plainte des Etchemins selon laquelle Gravé Du Pont avait enlevé et violé une femme de leur communauté. Une autre raison encore justifiait son arrestation : on estimait que son inconduite et son mépris des lois donnaient aux membres des Premières Nations une piètre idée des Blancs. Mais Robert Gravé s’enfuit et alla vivre au milieu des Etchemins, qu’il entreprit de soulever contre les autorités françaises et de détourner des efforts d’évangélisation.

Quand le père Biard arriva en Acadie au printemps de 1611, il fut mis au courant de la situation et il s’employa, quelques semaines plus tard, à obtenir du gouverneur la grâce de Gravé. Cette proposition souleva de vives discussions au cours desquelles Poutrincourt protesta vigoureusement contre l’intervention du père dans les affaires du gouvernement. Dès lors, Gravé se rendit et il jura fidélité à Poutrincourt. Plus tard dans la même année, Charles de Biencourt, nommé commandant en Acadie, apprit que Gravé complotait le renversement des Poutrincourt. On envoya Louis Hébert avec un détachement pour le faire prisonnier à Emenenic (l’île de Caton) sur la rivière Saint-Jean. Ce poste de traite, ouvert par le jeune Gravé, fut le premier essai d’établissement au Nouveau-Brunswick. Hébert s’empara du poste. Gravé et son adjoint, le capitaine Merveille, étaient absents, mais celui que l’on avait laissé pour commander le poste avoua l’existence du complot.

Le 3 octobre 1611, Biencourt fit partir un détachement de 16 hommes, accompagné par le père Biard, et deux guides autochtones pour le poste de Gravé sur la rivière Saint-Jean. Cette fois non plus, Robert Gravé et le capitaine Merveille ne s’y trouvaient pas, mais le soir, Merveille fut fait prisonnier, alors que Gravé restait introuvable. Le père Biard admirait « la grande vigueur physique et intellectuelle » de Robert Gravé Du Pont et il comptait sur lui comme interprète auprès des Etchemins du lieu. Il partit à sa recherche, après avoir obtenu la parole de Biencourt qu’on ne lui ferait pas de mal. Il revint quelques jours plus tard avec Gravé à qui l’on fit grâce sur sa promesse de s’amender.

Gravé Du Pont occupa encore son poste sur la rivière Saint-Jean jusqu’en 1618. Il appert qu’il faisait régulièrement des voyages en France pour y porter les fourrures qu’il avait rassemblées. Il commandait, en 1619, le vaisseau Espérance, qui faisait partie d’une expédition française aux Indes orientales. Les Hollandais y brûlèrent le vaisseau en 1621. Gravé mourut en mer peu après.

George MacBeath

JR (Thwaites).— Lescarbot, Histoire (Grant).— Bréard, Documents relatifs à la marine normande, 94, 215–220, 226.— Huguet, Poutrincourt.

Bibliographie de la version modifiée :
J. R. Wachtel, « “A bon François desirous of the glory of the king” : intra-catholic anti-jesuitism and the collapse of the Port Royal mission, 1610–1613 », Acadiensis (Fredericton), 49 (2020), no2 : 34–57.

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George MacBeath, « GRAVÉ DU PONT (Pont-Gravé, Du Pont-Gravé), ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2025, https://www.biographi.ca/fr/bio/grave_du_pont_robert_1F.html.

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Auteur de l'article:    George MacBeath
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    2025
Date de consultation:    4 déc. 2025