HARRIS, ROBERT WILLIAM, marchand et entrepreneur, né vers 1805 à Bogmount Grange, Crosskeys (dans le comté d’Antrim en Irlande du Nord), décédé le 22 mars 1861 à London, Haut-Canada.
Robert William Harris était le fils d’un modeste fermier appartenant à une famille dont les origines en Ulster remontaient à la fin du xviie siècle. À 14 ans, il commença à travailler dans une mercerie à Dublin. Par la suite, il se rendit à Liverpool et, en 1830, il émigra au Canada où il travailla pour la William Guild, Junior and Company, une maison de nouveautés établie à Montréal, puis à York (Toronto) à partir de 1832. Lorsque cette entreprise fut acquise par Peter* et Isaac Buchanan* en 1834 et devint la firme Isaac Buchanan and Company, Harris se révéla indispensable en tant qu’expert dans ce commerce et, en moins d’un an, les nouveaux propriétaires le prirent pour associé. Harris vit ses responsabilités s’accroître rapidement ; en 1840, quand la maison ouvrit une filiale à Hamilton et s’adjoignit à cet effet un autre associé, John Young*, la raison sociale choisie fut Buchanan, Harris and Company. Harris alla lui-même s’installer à Hamilton en 1844. Au début des années 50, il devint associé dans la principale firme des deux Buchanan, la Peter Buchanan and Company de Glasgow, et passa une grande partie de son temps à Liverpool où il dirigeait le nouveau bureau de la Buchanan, Harris and Company. Il avait toujours rêvé d’occuper un poste de cette importance dans le monde des affaires de la Grande-Bretagne, mais il se sentait plus heureux à Hamilton et revint dans cette ville en 1854. Son capital dans l’entreprise, de nul qu’il était en 1835, s’élevait à plus de $360 000 en 1856.
Son honnêteté, le prestige grandissant dont il jouissait dans les milieux d’affaires et l’appui que lui accordait Peter Buchanan permirent à Harris d’être élu président du Great Western Railway du Canada en 1849 et de diverses filiales au cours des années suivantes. Il considéra cette tâche comme un service à rendre à la population et refusa tout salaire. Il chercha toutefois à intervenir en faveur de la ville de Hamilton et de ses propres affaires, et à empêcher sir Allan MacNab de faire de trop fréquentes visites dans les coffres de la compagnie. Il participa activement à la plupart des débats soulevés aux stades de la promotion, de la construction et de la mise en opération de la ligne de chemin de fer, même si le personnage le plus influent était alors Charles John Brydges*, qu’il avait contribué à faire nommer administrateur délégué. En 1856, Harris croyait pouvoir prendre sa retraite en toute quiétude. Cependant, lorsque Isaac Buchanan voulut forcer le Great Western à construire un tronçon le long de la stratégique « route du Sud », entre la rivière Niagara et Amherstburg, et prétendit que Harris était en faveur du projet, le conseil d’administration – opposé à la construction d’un nouveau tronçon – demanda la démission de Harris. Sept années de loyaux services prenaient fin de cette triste façon.
D’un caractère réservé, Harris se fit peu d’amis et ne se maria pas. Après la mort de son frère et de son père, il s’occupa de plus en plus des parents qu’il avait en Irlande. Il employa plusieurs de ses neveux dans son entreprise et fit en sorte que William Muir, le mari de sa nièce préférée, Eliza Harris, fût pris pour associé à la filiale de London. En aidant ainsi sa parenté, il négligeait les allégations de Buchanan à l’effet que son esprit de famille lui faisait souvent manquer de jugement. En 1837–1838, Harris avait commandé une compagnie de volontaires de Toronto, mais il ne cessa jamais de s’opposer à ce qu’il appelait « the compact » à Toronto et à Hamilton. Il était de plus en plus déçu par la corruption qu’il voyait partout dans la vie politique canadienne.
Un accident survenu au cours d’une randonnée à cheval en 1850 rendit Harris boiteux de façon permanente. Après 1856, son état mental et physique se détériora et ce déclin fut précipité par les échecs qu’il essuya à la société de chemin de fer et les pertes subies par l’entreprise des Buchanan durant la dépression de 1857. En 1860, Peter Buchanan le raya des cadres de la compagnie : il savait que des paiements importants étaient prévus au testament de Harris et, voyant venir la mort de celui-ci, il craignait que la firme ne fût pas en mesure d’effectuer ces versements. Harris, qui menait alors une vie paisible à London avec sa nièce, s’éleva contre le geste de Buchanan mais sans résultat. Ses héritiers finirent néanmoins par retirer de l’entreprise, avant qu’elle fit faillite en 1867, un montant de $70 000 – bien inférieur aux $300 000 prévus par Harris. Robert William Harris mourut dans un état de dépendance et oublié de la plupart des gens qu’il avait connus dans le monde des affaires. Il fut inhumé à Paris, dans le Haut-Canada.
APC, MG 24, D16 ; RG 30, 1–2, 5, 10–11, 19.— Hamilton Spectator, 25, 27 mars 1861.— M. F. Campbell, A mountain and a city, the story of Hamilton (Toronto, 1966).— Johnston, Head of the lake (1958).— P. D. W. McCalla, The Buchanan businesses, 1834–1872 : a study in the organization and development of Canadian trade (thèse de d.ph.i.l., University of Oxford, 1972) ; Peter Buchanan, London agent for the Great Western Railway of Canada, Canadian business history, selected studies, 1497–1971, D. S. Macmillan, édit. (Toronto, 1972), 197–216.— G. R. Stevens, Canadian National Railways (2 vol., Toronto et Vancouver, 1960–1962), I.
Douglas McCalla, « HARRIS, ROBERT WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/harris_robert_william_9F.html.
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Auteur de l'article: | Douglas McCalla |
Titre de l'article: | HARRIS, ROBERT WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 9 déc. 2024 |