LA PALME, BÉATRICE (baptisée Marie-Anne-Béatrice-Alice) (Issaurel), violoniste, soprano et professeure, née le 27 juillet 1878 à Belœil, Québec, fille d’Alexandre Lapalme, cultivateur, et de Marie-Praxède Le Testu ; le 14 octobre 1908, elle épousa à Paris Salvator Issaurel, et le couple n’eut pas d’enfants ; décédée le 8 janvier 1921 à Montréal.

En 1881, la famille de Béatrice La Palme s’installe à Montréal, où son père travaille comme agent d’immeubles et entrepreneur de bâtiment. Béatrice fait ses études primaires au pensionnat d’Hochelaga (Montréal) des Sœurs des Saints-Noms de Jésus et de Marie, puis les continue à leur école de la rue Cherrier. Initiée à la musique par sa mère et par les religieuses, Béatrice prend des leçons de musique avec Alexis Contant* puis elle étudie le violon avec Charles Lejeune et Frantz Jehin-Prume*. Elle donne son premier récital le 5 mars 1894 (accompagnée par Joseph Saucier). Elle est la première récipiendaire en 1895 de la bourse Strathcona (créée cette année-là par Donald Alexander Smith*, futur baron Strathcona et Mount Royal) qui lui permet d’étudier au Royal College of Music, en Angleterre, durant cinq ans. Elle y travaille le violon avec l’Espagnol Enrique Fernández Arbós et commence des leçons de chant avec Gustave García. En 1900, elle est la première Canadienne française à mériter le titre de membre correspondant du Royal College of Music. De retour à Montréal la même année, elle présente le 11 octobre un concert à la fois comme violoniste et chanteuse. Elle retourne en Angleterre où, sur les conseils d’Emma Albani [Lajeunesse], elle se consacre désormais exclusivement au chant, qu’elle perfectionne auprès de Nelly Rowe, élève de Mme Mathilde Marchesi.

Béatrice La Palme présente un récital de chant à Montréal le 17 octobre 1902 (accompagnée par Bernadette Dufresne) et commence sa carrière internationale de soprano au Royal Opera House de Londres le 18 juillet 1903 dans le rôle de Musetta dans la Bohème de Puccini. Elle chante à Lyon, en France (saison 1903-1904), et à Royan (été de 1904). Elle fait également carrière à l’Opéra-Comique de Paris à partir de septembre 1905, où l’un de ses partenaires est le ténor français Salvator Issaurel avec qui elle a chanté à Royan. Les deux artistes se marient à l’église Notre-Dame-de-Lorette de Paris en 1908. Béatrice joue de nombreux rôles tant en France qu’en Angleterre, où elle chante sous la direction de Thomas Beecham.

Les Issaurel s’installent à Montréal en juillet 1911. Béatrice donne un récital au Monument national le 2 octobre 1911 (le lendemain dans la ville de Québec). Elle y chante, entre autres, des airs de Gounod, Massenet, Debussy, Fauré et quelques œuvres du compositeur canadien Alfred Laliberté. À cette occasion, elle se voit remettre par le maire de la ville, James John Edmund Guerin, une coupe d’argent à titre d’hommage à « l’artiste canadienne qui a obtenu de si grands succès à l’étranger ». La même année, elle se joint à la troupe de la Montreal Opera Company, fondée en 1910 par Frank Stephen Meighen* et Albert Clerk-Jeannotte. À la suite de la faillite de cette maison d’opéra en 1913, elle s’associe en novembre au Century Opera House, de New York, mais l’incertitude créée par la guerre en Europe l’amène à revenir à Montréal à la fin de l’année 1914. Elle se consacre alors à l’enseignement au studio qu’elle et son mari ont ouvert en 1911. Elle donne un dernier récital en duo avec son mari à l’hôtel Ritz-Carlton de Montréal le 14 novembre 1919 ; au programme figurent des œuvres de Fauré, Saint-Saëns, Mozart, Grétry, Debussy et le célèbre « Duo de la rencontre » de Manon de Massenet. Elle meurt prématurément, à l’âge de 42 ans, le 8 janvier 1921. Les funérailles ont lieu quatre jours plus tard à l’église Saint-Léon de Westmount.

Après Emma Albani, Béatrice La Palme fut la première chanteuse canadienne à s’imposer sur les scènes lyriques européennes et américaines. Elle a laissé à ses nombreuses élèves, dont Camille Bernard, Graziella Dumaine et Flora (Fleurette) Contant (fille d’Alexis Contant), le souvenir d’une grande artiste, d’une pédagogue exigeante et d’une personnalité chaleureuse. Elle et son mari ont fait œuvre de pionniers en jetant les bases d’une école de chant au Québec. Salvator Issaurel poursuivit son enseignement jusqu’au moment de son décès en 1944. C’est à son studio que se rencontrèrent Pierrette Alarie et Léopold Simoneau, deux chanteurs qui allaient connaître une carrière internationale individuellement et en couple.

Marie-Thérèse Lefebvre

ANQ-M, CE601-S49, 28 juill. 1878.— Le Devoir, 10, 12, 15 janv. 1921.— La Presse, 10 janv. 1921.— Encyclopédie de la musique au Canada (Kallmann et al.).— Romain Gour, La Palme-Issaurel ; biographie critique (Montréal, 1948).— Hélène Paul, « Béatrice La Palme (1878–1921) ; une superbe voix au service de l’enseignement du chant lyrique », dans Ces femmes qui ont bâti Montréal, sous la dir. de Maryse Darsigny et al. (Montréal, [1994]), 168–170.

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Marie-Thérèse Lefebvre, « LA PALME, BÉATRICE (baptisée Marie-Anne-Béatrice-Alice) (Issaurel) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/la_palme_beatrice_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
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