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MAILLOUX, ALEXIS, prêtre séculier, grand vicaire, apôtre de la tempérance, missionnaire dans l’Illinois, né à l’Île-aux-Coudres (comté de Charlevoix) le 8 janvier 1801, fils d’Amable Mailloux et de Thècle Lajoie, décédé le 4 août 1877 à l’Île-aux-Coudres.
À l’automne de 1814, l’abbé Jérôme Demers* fait la connaissance du jeune Alexis Mailloux, à l’Île-aux-Coudres, et lui offre, en raison de la pauvreté de sa famille, un cours d’études gratuit au séminaire de Québec. En mai 1825, Mgr Joseph-Octave Plessis* lui confère le sacrement de l’ordre.
L’abbé Mailloux commence sa vie pastorale à titre de chapelain (1825–1829), puis de premier curé (1829–1833) de Saint-Roch de Québec. Après quelques mois de desserte à Fraserville (Rivière-du-Loup), son évêque le réclame pour œuvrer auprès de la jeunesse estudiantine du jeune collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière (comté de Kamouraska). Peu fait pour s’occuper d’éducation, opposé, par tempérament, au laxisme disciplinaire et administratif du supérieur-fondateur de l’institution, l’abbé Charles-François Painchaud*, il va même jusqu’à remettre en question le promitto (vœu d’obéissance à l’évêque) du sacerdoce, pour décliner l’invitation de son supérieur. Aussi, c’est sans enthousiasme, voire même avec la plus grande répugnance, qu’il accepte la direction du collège, poste qu’il occupera jusqu’en 1838.
Cette année-là, la mort du fondateur lui valut d’être promu curé de Sainte-Anne et supérieur du collège paroissial. C’est également en 1838 qu’il est nommé vicaire général du diocèse. Durant les quelque dix années qui suivent, sa vocation de prédicateur et d’auteur se précise. À partir de ce moment, en effet, sa correspondance fourmille de renseignements sur ses inquiétudes pastorales. Les maux qu’il fustige et combat sont l’ivrognerie, le luxe, l’immoralité sous toutes ses formes, et surtout la négligence des parents à bien éduquer leurs enfants et à les surveiller au moment des fréquentations. Les remèdes qu’il préconise : les sociétés de tempérance, l’accroissement du rôle des confréries ou associations pieuses, l’usage des indulgences et des retraites paroissiales qu’il inaugure dans le diocèse.
Au demeurant, c’est l’œuvre des retraites qui lui tient le plus à cœur, d’autant plus que la vie sédentaire ne convient pas à sa personnalité. Durant la décennie de 1840, il songe à se joindre aux oblats de Marie-Immaculée, puis à fonder une société de prêtres prédicateurs dont il serait le chef, enfin à se faire missionnaire en Colombie-Britannique ou au Saguenay. Pour combler ses aspirations, Mgr Joseph Signay* consent finalement à le décharger de sa cure, en 1847, pour lui permettre de se consacrer exclusivement à la prédication dans le diocèse. Après dix années de ministère itinérant, comme prédicateur et missionnaire colonisateur, Mailloux quitte le Canada pour aller combattre les schismatiques chiniquistes de l’Illinois. De retour au pays, il est curé de Saint-Bonaventure-d’Hamilton (comté de Bonaventure), de 1863 à 1865. Par la suite, la prédication et la rédaction d’ouvrages occupent le reste de ses jours.
Ses œuvres écrites sont considérables ; parmi les plus connues, citons : La croix présentée aux membres de la Société de tempérance ; L’ivrognerie est l’œuvre du démon [...] ; Essai sur le luxe et la vanité des parures [...] ; Manuel des parents chrétiens ou devoirs des pères et des mères [...]. Ce dernier ouvrage reproduit le contenu de ses premiers sermons de retraites. Sa diffusion et partant son influence – la cinquième édition est de 1927 – perdurent au xxe siècle, au point qu’en 1945 le Bulletin des recherches historiques le recommande aux foyers canadiens-français parce qu’il « est mieux adopté à nos idées et à nos besoins ».
Comme c’est le cas pour l’ensemble du clergé canadien-français du xixe siècle, la pensée du grand vicaire Mailloux s’inspire du rigorisme mis à l’honneur par la morale janséniste. Dès lors, rien d’étonnant à ce qu’il éprouve peu de sympathie pour son « siècle matériel et mécanique ». Au total, son enseignement est fait du rejet du monde et plus encore de la crainte de Dieu et de l’enfer. En outre, son tempérament bouillant le fait s’emporter dans ses prédications. En 1863, lors des quarante heures à Sainte-Claire de Dorchester, son homélie effraya tellement les fidèles qu’un grand nombre murmurèrent et ne voulurent pas se confesser. Aussi, Mgr Charles-François Baillargeon* trouva-t-il bon de lui dire un jour : « il faut se garder de l’arbitraire ; du rigorisme qui en damne plusieurs, et ne sauve personne ; de l’exagération qui [...] fausse les consciences ; de l’excès qui trouve du péché où il n’y en a point ».
L’œuvre écrite de Mailloux est abondante ; les titres les plus connus sont : La croix présentée aux membres de la Société de tempérance (Québec, 1850) ; Essai sur le luxe et la vanité des parures spécialement dédié aux personnes de la campagne (Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Qué., 1867) ; L’ivrognerie est l’œuvre du démon, mais la sainte tempérance de la croix est l’œuvre de Dieu (Québec, 1867) ; Manuel des parents chrétiens ou devoirs des pères et des mères dans l’éducation religieuse de leurs enfants (Québec, 1851).
AAQ, Registres des lettres des évêques de Québec.— Archives de l’évêché de Sainte-Anne (La Pocatière, Qué.), Paroisse de Sainte-Anne ; Collège de Sainte-Anne (lettres originales de Mailloux pour les années 1834–1847).— Archives du collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière (Qué.), Fonds Alexis Mailloux (abondante collection de documents originaux au sujet de Mailloux, pour les années 1834–1847).— ASQ, Polygraphie, L, LI, LII, LIII (correspondance de Mailloux durant son séjour aux États-Unis).— Julienne Barnard, Mémoires Chapais ; documentation, correspondance, souvenirs (4 vol., Montréal et Paris, 1961–1964), I : passim.— N.-E. Dionne, Sainte-Anne de la Pocatière, 1672–1910 ; l’Île-aux-Oies, 1646–1910 (« Galerie historique », III, Québec, 1910), 82–85, 87–95, 129 ; Vie de C.-F. Painchaud ; prêtre, curé, fondateur du collège Sainte-Anne-de-la-Pocatière (Québec, 1894), 206–257.— Wilfrid Lebon, Histoire du collège Sainte-Anne-de-la-Pocatière (2 vol., Québec, 1948–1949), 1 : 39–79.— Fernand Porter, L’institution catéchistique au Canada ; deux siècles de formation religieuse, 1633–1833 (Montréal, 1949).— Marcel Trudel, Chiniquy (2e éd., [Trois-Rivières], 1955).— Le « Manuel des parents chrétiens », BRH, LI (1945) : 242.
Serge Gagnon, « MAILLOUX, ALEXIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mailloux_alexis_10F.html.
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Auteur de l'article: | Serge Gagnon |
Titre de l'article: | MAILLOUX, ALEXIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 11 oct. 2024 |