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DUFOUR, dit Bona, JOSEPH (baptisé Joseph-Michel), cultivateur, meunier, officier de milice, homme politique et agent seigneurial, né le 7 octobre 1744 à Petite-Rivière (Québec), fils de Bonaventure Dufour et d’Élisabeth Tremblay ; le 2 septembre 1771, il épousa à l’île aux Coudres Charlotte Tremblay, et ils eurent quatre enfants ; décédé le 15 décembre 1829 à ce dernier endroit.

Joseph Dufour, dit Bona, semble avoir vécu chez ses parents jusqu’à son mariage en 1771 ; il s’établit alors à l’île aux Coudres, sur une terre héritée de son beau-père. À cette époque, les habitants de l’île vivaient principalement de la culture du sol. La plupart d’entre eux s’adonnaient aussi à la pêche au marsouin, nom alors donné au beluga. La pêche de ce petit cétacé, recherché surtout pour son huile, pouvait parfois rapporter des profits substantiels. Pour capturer le beluga, les insulaires s’associaient par groupes de 10 à 15 individus, chaque groupe s’appelant une « pêche ». Or, en 1778, à la suite de discordes survenues entre divers associés, le séminaire de Québec, seigneur de l’île, dut raffermir les règles alors en usage. Il limita à quatre le nombre de « pêches » permises et nomma un directeur à la tête de chacune, chargé de veiller au respect des règlements régissant cette activité. À cette occasion, Dufour devint directeur de la « pêche du large », signe qu’il avait su gagner rapidement une certaine influence au sein de la communauté insulaire.

Dès 1781 d’ailleurs, Dufour était devenu le plus important censitaire de l’île aux Coudres, détenant une superficie de terre de 366 arpents tandis que le second en importance en possédait 300 et les autres, 120 en moyenne. Deux ou trois ans plus tard, le séminaire de Québec désigna Dufour pour être l’un des deux meuniers de l’île. En plus de pouvoir disposer à sa guise d’une quote-part des mouture Dufour put dès lors bénéficier d’une part supplémentaire de prairie de grève, en plus de celle qui lui était déjà dévolue à titre de censitaire. Nul doute que ses différentes activités lui permirent d’amasser un intéressant pécule car, entre 1784 et 1790, il acheta trois autres terres sur l’île, qu’il paya chaque fois comptant, pour un déboursé total de 3 000#.

À l’été de 1792, lorsqu’eurent lieu les premières élections à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada, Dufour, nommé capitaine de milice depuis peu, fut é député de la circonscription de Northumberland conjointement avec Pierre-Stanislas Bédard. Au cours des deux premières sessions, Dufour participa activement aux travaux de la chambre et vota régulièrement dans le même sens que le parti canadien. Cependant, il appuya en une occasion les bureaucrates lorsqu’ils demandèrent une révision des lois al d’améliorer les chemins et les ponts du Bas-Canada. Toutefois, Dufour ne prit aucune part aux travaux d deux sessions suivantes, et il ne se représenta pas ai élections de 1796.

Le retrait de Dufour de la vie politique pourrait dépendre, en partie du moins, d’événements survenus au sein de sa famille, car en 1792 puis en 1793, perdit successivement sa femme et sa fille aînée ; il lui restait deux filles mineures à charge. En outre, il n’est pas exclu non plus que Dufour ait été déçu par la teneur des travaux parlementaires qui portèrent essentiellement sur des questions d’ordre plutôt juridique que pratique telles l’élaboration des règlements de la chambre, la définition de ses privilèges, ou encore la réorganisation du système judiciaire. Ce fut d’ailleurs après s’être opposé vainement, avec une minorité de ses collègues, à la tenue d’un débat de plusieurs jours provoqué par l’arrestation du député John Young*, débat portant sur l’immunité des parlementaires, que Dufour se retira de l’Assemblée. Quelque temps auparavant, il avait lui-même été au centre d’un débat plutôt curieux. Les députés du parti des bureaucrates soutenaient que plusieurs officiers écossais, alors en garnison à Québec, surpassaient Dufour en grandeur, tandis que les députés du parti canadien prétendaient le contraire. Pour clore cette discussion, l’on fit venir dans l’enceinte parlementaire les plus grands des officiers écossais afin de les comparer avec le député de Northumberland ; mesures prises, ce dernier s’avéra le plus grand. Avec le recul, cet incident ne manque pas de faire sourire, mais il n’en révèle pas moins quel état d’esprit animait à certains moments les députés du premier Parlement bas-canadien.

Par la suite, Dufour se consacra à la culture du sol et à l’exploitation du moulin du séminaire, tout en bénéficiant d’un rang social accru. En effet, le 24 mai 1794, il fut nommé lieutenant-colonel du bataillon milice de Baie-Saint-Paul et il devint, par le fait même, l’un des rares individus d’extraction modest à détenir un tel grade. En outre, le séminaire eut de plus en plus recours à lui pour agir, en son nom, auprès des habitants de l’île aux Coudres. Ainsi, en octobre 1803, Dufour fut-il désigné comme directeur non plus d’une seule, mais bien de toutes les « pêches » de l’île. De temps à autre, le séminaire le mandatait aussi pour transmettre ses volontés aux insulaires, pour surveiller le bornage de ses terres, pour présider au partage de portions de grève entre habitants, ou encore, pour régler un différend opposant des individus.

Par ailleurs, en 1804, Dufour et le seigneur Malcolm Fraser* comptèrent parmi les principaux instigateurs d’une requête à l’adresse du grand voyer Gabriel-Elzéar Taschereau*, demandant l’ouverture d’un chemin entre Saint-Joachim et Baie-Saint-Paul. Les requérants alléguaient qu’une telle route serait tout aussi avantageuse pour le commerce même de Québec que pour le développement de l’agriculture dans le comté de Northumberland, puisque toutes les paroisses situées sur la rive nord du fleuve en aval de Saint-Joachim n’étaient alors accessibles que par bateaux. Leur demande fut accueillie favorablement et, en septembre 1806, Jean-Thomas Taschereau fixa le tracé du futur chemin.

Pendant la guerre de 1812, Dufour dut intervenir, à titre de lieutenant-colonel, pour mater une mutinerie dans sa région. Lors de cette guerre, la conscription des miliciens du Bas-Canada se fit en trois étapes : en mai puis en septembre 1812 et en février 1813, cette dernière levée visant plus particulièrement les miliciens du district de Québec, auquel appartenait le bataillon de Baie-Saint-Paul. Or, en mars 1813, des miliciens de La Malbaie refusèrent de répondre à l’appel aux armes. Ils exigeaient d’être commandés par des officiers issus de leur milieu et de recevoir deux équipements au lieu d’un seul. Peu à peu cependant, les mutins se rendirent d’eux-mêmes. Néanmoins, le 2 avril, Dufour dut ordonner à un détachement de 150 hommes d’arrêter les meneurs du mouvement, qui furent finalement écroués à Québec.

Après ces événements, Dufour, déjà septuagénaire, joua un rôle de plus en plus effacé, n’agissant qu’en de rares occasions au nom du séminaire. Il conserva tout de même son grade de lieutenant-colonel jusqu’en juillet 1825 ; il remit alors sa démission. Il mourut quatre ans plus tard sans héritier mâle, léguant tous ses biens à l’un de ses gendres, Joseph Desgagnés.

Si le souvenir de Dufour s’est perpétué, c’est surtout parce qu’il fut l’un des députés du premier Parlement du Bas-Canada. Mais son importance à ce titre, tout comme celle de ses collègues d’origine modeste, a généralement été amoindrie du fait que les historiens se sont intéressés davantage aux figures de proue de cette première chambre d’Assemblée comme Jean-Antoine Panet*, Joseph Papineau*, Pierre-Amable De Bonne* ou John Richardson. Le jugement de l’historien ontarien Arthur Reginald Marsden Lower illustre bien cette tendance : « Au sein de la même Assemblée, il y avait aussi une bonne « cuvée » d’hommes véritablement issus du peuple et, avec eux, nous en venons à notre dernière classe sociale, celle de la masse anonyme [...] Un [...] député [issu de ce groupe] était Joseph Dufour [...] Joseph, semble-t-il, en eut bientôt plein les bras du train de vie grandiose qu’il avait à soutenir à Québec [...] Soumis à une telle pression, Joseph eut le bon sens de ne pas briguer les suffrages à nouveau. Il semble avoir été un innocent de 6 pieds et 7 pouces ; sa grandeur explique peut-être son élection. » En réalité, un tel jugement en dit fort long sur les préjugés de son auteur, car rien dans la carrière de Dufour ne permet de le corroborer.

Par contre, le témoignage suivant, dû à la plume du vicaire général Alexis Mailloux*, peut paraître suspect à prime abord parce qu’il confine au panégyrique : « À l’Île-aux-Coudres, a vécu et est mort une espèce de géant [... ] Son nom était Joseph Dufour [...] Homme vraiment pacifique, il a travaillé pendant tout le temps de sa longue vie à maintenir la paix et l’union entre ses co-paroissiens. Qui dira combien de différends il a arrangés, combien de divisions il a apaisées, combien d’aigreurs il a adoucies. » Ce témoignage suscite encore plus la méfiance pour qui sait que le père du vicaire général, Amable Mailloux, fut adopté dans son jeune âge par Dufour lui-même, et qu’il épousa par la suite une de ses filles. Il reflète tout de même plus adéquatement les faits et gestes de Dufour que le jugement à l’emporte-pièce de Lower. En somme, les témoignages de contemporains, même teintés de sympathie, sont parfois plus fiables que les interprétations de certains historiens.

Pierre Dufour

Plusieurs Joseph Dufour ont vécu à la même époque que le sujet de la biographie. Nous les identifions sommairement sans toutefois signaler les nombreuses sources qui les concernent.

Joseph Dufour (circa 1732–1774), nommé huissier royal le 25 mai 1736 pour la côte de Beaupré et la région de Charlevoix ; oncle du sujet. Les historiens ont confondu assez souvent ces deux personnages.

Joseph Dufour (1740–1783), né à Petite-Rivière le 7 octobre 1740, fils du précédent et, par conséquent, cousin du sujet. Il semble s’être établi dans la région de Kamouraska vers 1770. Il fut assassiné par des Indiens en 1783, au Nouveau-Brunswick.

Joseph Dufour, dit Latour (circa 1759–1786), charpentier qui a travaillé entre autres à la construction de plusieurs églises. Il habitait à Montréal en 1759, puis à Lavaltrie dans les années 1780.

Joseph Dufour, celui-ci était sans doute apparenté au précédent, il résidait à Montréal lorsqu’en 1797, il fut engagé comme voyageur par la Todd, McGill and Company.

Joseph Dufour, inspecteur des chemins à La Malbaie en 1807–1808, mais il ne peut s’agir du sujet. Par contre, celui-ci pourrait être le même individu que le suivant.

Joseph Dufour, né le 14 septembre 1780 à l’île aux Coudres ; cousin du sujet.

Enfin, vers 1790–1800, deux autres Joseph Dufour vivaient l’un à Kamouraska, l’autre à Madawaska. [p.d.]

ANQ-Q, CE4-1, 11 févr. 1794 ; CE4-2, 2 sept. 1771, 3 juin 1774, 23 janv. 1788, 7 sept. 1792, 24 juill. 1793, 12 févr. 1798, 22 juin 1802, 16 déc. 1829 ; CN1-92, 23 sept. 1790 ; CN4-16, 5 nov. 1783, 25 mai 1784, 6 nov. 1786, 19 avril 1790, 18 juill. 1792.— APC, MG 8, F131 : 930–936 ; RG 8, 1 (C sér.), 704 : 264 ; RG 9, 1, A5, 4 : 31.— ASQ, C 36 : 74, 146 ; C 37 : 28, 33, 40, 85, 173–176, 187–188, 280, 304, 322 ; Lettres, S, 32–32b ; S, carton 46 : 8a–8b, 26, 26b–26c, 27a–27e S–184a.— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1793–1795.— « Le Recensement du gouvernement de Québec en 1762 », ANQ Rapport, 1925–1926 : 135.— La Gazette de Québec, 12 févr. 1789, 22 août 1793, 13 févr. 1794.— F.-J. Audet et Fabre Surveyer, les Députés au premier Parl. du B.-C.— Bouchette, Topographical description of L.C. Desjardins, Guide parl., 135.— P.-G. Roy, Inventaire des procès-verbaux des grands voyers conservés aux Archives de la province de Québec (6 vol., Beauceville, Québec, 1923–1932), 2 : 28 ; 4 : 74–75.— Aubert de Gaspé, Mémoires (1971).— Raymond Boily, le Guide du voyageur à la Baie-Saint-Paul au XVIIIe siècle (Montréal, 1979).— F.-X.-E. Frenette, Notes historiques sur la paroisse de St-Étienne de La Malbaie (Charlevoix) (Chicoutimi, Québec, 1952).— Robert Lavallée, Petite Histoire de Berthier (La Pocatière, Québec, 1973).— A. R. M. Lower, Canadians in the making, a social history of Canada (Don Mills [Toronto], 1958).— Alexis Mailloux, Histoire de l’Île-aux-Coudres depuis son établissement jusqu’à nos jours, avec ses traditions, ses légendes, ses coutumes (Montréal, 1879) ; Promenade autour de l’Île-aux-Coudres (Sainte-Anne-de-la-Pocatière [La Pocatière], 1880).— Paul Médéric [J.-P. Tremblay], la Tremblaye millénaire (Québec, 1975).— Raynold Tremblay, Un pays à bâtir, Saint-Urbain-en-Charlevoix ([Québec], 1977).— Hare, « l’Assemblée législative du B.-C. », RHAF, 27 : 361–395.— Alexis Mailloux, « le Colonel Joseph Dufour », BRH, 3 (1897) : 157.— P.-G. Roy, « Joseph Dufour », BRH, 7 (1901) : 309.

Bibliographie générale

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Pierre Dufour, « DUFOUR, Bona, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dufour_joseph_6F.html.

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Auteur de l'article:    Pierre Dufour
Titre de l'article:    DUFOUR, Bona, JOSEPH
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    18 mars 2024