McBRIDE, EDWARD WILLIAM, officier de milice, imprimeur, homme d’affaires et homme politique, né en 1791 ou 1792 à Niagara (Niagara-on-the-Lake, Ontario), fils de Peter McBride et de Mary Bradshaw ; décédé au même endroit le 3 septembre 1834.

Le père d’Edward William McBride, Irlandais de religion protestante, servit dans un régiment britannique durant la guerre d’Indépendance américaine. Quelque temps après cette guerre, il s’établit, semble-t-il, avec d’autres membres de sa famille dans la région de Niagara ; vers la fin du siècle, trois McBride, soit Peter, Edward et James, étaient déjà inscrits comme francs-tenanciers dans la ville de Niagara. Selon des feuilles d’appel datant de la guerre de 1812, Edward William McBride aurait d’abord été sergent et quartier-maître du 3e régiment de milice d’York et aurait plus tard été promu enseigne dans le 1er régiment de milice de Lincoln. Pour le remercier de ses services pendant la guerre, on lui octroya des terres à York (Toronto) et dans le canton de Cramahe.

Après la guerre, McBride travailla comme adjoint administratif de l’imprimeur du roi, John Cameron, plus précisément à la York Gazette. Vers la fin du mois d’avril 1815, son patron étant malade, il commença à le remplacer. Cameron mourut le 26 novembre et, du 9 décembre 1815 au 3 février 1816, McBride apparaît dans le cartouche de titre de la Gazette comme l’imprimeur du journal. En 1818, on le retrouve aubergiste à Niagara, où il occupait une « grande maison ». Cette année-là, il s’intéressa au mouvement de Robert Gourlay*, qui visait une réforme politique. Il fut parmi la centaine de résidents de Niagara qui appuyèrent alors une pétition destinée au prince régent, dans laquelle ils tenaient le Conseil législatif responsable de la dépression que connaissait le Haut-Canada après la guerre. Après le bannissement de Gourlay en 1819, McBride en vint à se mêler de plus en plus de politique. En 1824, il fut élu à la chambre d’Assemblée pour y représenter la nouvelle circonscription de Niagara ; il était partisan de la lutte contre la « tyrannie mesquine et l’oppression ». Son élection s’inscrivit dans le cadre d’une plus grande victoire des réformistes, qui gagnèrent quatre des cinq sièges dans le comté de Lincoln.

À la chambre d’Assemblée, McBride se manifesta comme un réformiste fidèle : il appuya ce mouvement sur la question des non-naturalisés, des réserves du clergé et de la charte du King’s College. De plus, il vota en faveur de résolutions défendant les signataires de la convention de Gourlay de 1818 et exigeant que le juge en chef démissionne du Conseil exécutif. Enfin, même s’il ne fut pas une figure marquante de la chambre, il fit néanmoins partie de comités qui examinèrent le cas du capitaine John Matthews, du canal Welland et des non-naturalisés – à ce sujet, il fut d’ailleurs l’un des deux députés chargés de rédiger une adresse au roi.

La question du canal Welland mit McBride aux prises avec Andrew Heron, l’éditeur du Gleaner, and Niagara Newspaper. Heron, chaud partisan de la compression des dépenses publiques, attaqua McBride dans le Gleaner : il lui reprochait de préconiser l’attribution de subventions gouvernementales à des projets tels que le canal Welland et, par la suite, de négliger celui de la construction d’un canal secondaire qui relierait la nouvelle voie d’eau à Niagara. Dans un cas précis, Heron eut raison de critiquer McBride. En effet, en 1828, McBride arbitra un conflit entre l’entrepreneur James Gordon Strobridge et les commissaires du canal de la baie de Burlington et, lorsque ces derniers refusèrent de se conformer aux termes de l’entente, il les attaqua dans la presse. Il fut surtout outré du fait que le procureur général, John Beverley Robinson*, qui avait amorcé l’arbitrage du conflit, avait accepté d’être l’avocat des représentants du canal. McBride eut beau alléguer qu’il avait agi par principe et par égard envers les ouvriers du canal qui n’avaient pas été payés, son attitude était, comme Heron le fit remarquer, contraire à son rôle d’arbitre.

Ce fut le Niagara Herald qui servit de tribune à McBride pour attaquer les représentants du canal et le procureur général. Il avait en effet, avec Bartemus Ferguson, un ami de Gourlay, entrepris la publication de ce journal pour John Crooks. La lecture des quelques numéros très abîmés du Herald qu’on a pu conserver laisse vaguement deviner les idées politiques de McBride. Dans le premier numéro du 24 janvier 1828, les deux éditeurs déclaraient que le Herald ne devait « être l’outil d’aucun gouvernement, ni la dupe d’aucun parti. L’indépendance du journal doit être totale, il ne doit ni courtiser les autorités constituées, ni [les] insulter sans motif, ni se mêler de la politique irréfléchie de William Lyon Mackenzie [William Lyon Mackenzie*]. » Ils faisaient certes preuve d’indépendance, mais de bien peu d’impartialité. Les deux hommes exprimèrent leur mécontentement face au statu quo et, en publiant des écrits comme la biographie de William Huskisson, Britannique partisan du libre-échange, ils cherchaient à mettre la réforme en honneur. En ce qui concerne l’affaire du canal de Burlington, McBride écrivit en juin 1828 dans le Herald que « la seule solution consist[ait à nommer] quelques juges plus impartiaux et [à élire] une chambre d’Assemblée libre et indépendante. Et alors les habitants de cette belle province pourr[aient] bénéficier d’une saine administration des lois britanniques, [à la fois] bonnes et salutaires, et voir disparaître la pléthore d’institutions futiles et procédurières. »

Un mois plus tard, McBride présenta lui-même un exemple de l’iniquité de la justice au Haut-Canada. Dans le Herald du 17 juillet 1828, il révéla aux « électeurs de Lincoln » que « des mesures [avaient] été prises [...] en vue d’annihiler [ses] chances de réélection à la chambre d’Assemblée ». Sur l’ordre du juge Levius Peters Sherwood*, le shérif de la localité avait fait arrêter McBride à titre de garant de la dette d’une personne qu’il connaissait et qui s’était dérobée à la justice. McBride affirma que la personne en question avait été reprise aux États-Unis et qu’on l’avait sommairement emprisonnée, de façon à l’empêcher de faire campagne pour sa réélection. Il fut battu aux élections suivantes.

Mais cette défaite électorale de McBride est en partie attribuable au mouvement antimaçonnique. D’ailleurs, Andrew Heron l’avait considéré comme le porte-parole des francs-maçons de Niagara. En 1826, l’hostilité à laquelle se heurta cette association atteignit son paroxysme lorsque le capitaine William Morgan, d’Utica, dans l’état de New York, fut enlevé et censément assassiné pour avoir osé révéler les secrets de la franc-maçonnerie dans un livre intitulé Illustrations of masonry [...] et publié à Batavia, en 1826. Un journal d’Albany raconta que les ravisseurs du capitaine avaient amené leur victime « ligotée et les yeux bandés » à la maison de « M..., député », alors qu’ils se rendaient au lieu supposé de son exécution. McBride proclama que cette histoire était « complètement fausse » et, pour prouver son innocence, il proposa de fournir des déclarations sous serment faites par lui-même et « par sa famille, composée de trois personnes ». On ne tint nullement compte du démenti de McBride et on continua de le citer dans les documents antimaçonniques comme ayant participé à l’enlèvement et au prétendu meurtre.

La défaite que subit Edward William McBride aux élections et le tort causé à sa réputation s’accompagnèrent d’autres malheurs. Pendant deux ans, il réclama de ses débiteurs qu’ils le remboursent mais, finalement, en 1827, ses terres, ainsi que son « élégante résidence de deux étages » et les dépendances, furent saisies pour rembourser ses propres créanciers. En outre, en 1829, son magasin d’alcools, de marchandises sèches et de bois de construction passa aux mains de son frère, qui était sellier. De plus, la même année, McBride et Ferguson avaient déjà perdu la direction du Herald. Ferguson partit fonder un journal ailleurs. Quant à McBride, il resta apparemment à Niagara ; il semble avoir fait des dons à l’église presbytérienne locale, St Andrew, en 1830. Il mourut à Niagara le 3 septembre 1834, à l’âge de 42 ans.

Peter N. Moogk

APC, RG 1, L3, 339 : M11/320 ; RG 19, E5(a), 3740, claim 16.— H.-C., House of Assembly, Journal, 1825–1829.— « Names only but much more », Janet Camochan, compil., Niagara Hist. Soc., [Pub.], n°27 (s.d.) : 13–17.— Gleaner (Niagara [Niagara-on-the-Lake, Ontario]), 1817–1832.— Niagara Herald, 1828–1830.— York Gazette, 29 avril, 9 sept., 9 déc. 1815.— The anti-masonic almanack, for [...] 1828, Edward Giddins, compil. (Rochester, N.Y., 1827).— Armstrong, Handbook of Upper Canadian chronology (1967).— Chadwick, Ontarian families, 2 : 92.— DAB (biog. de William Morgan).— Death notices of Ont. (Reid), 114.— H. J. Morgan, Sketches of celebrated Canadians, 649–650.— Officers of British forces in Canada (Irving).— Carnochan, Hist. of Niagara, 123, 231–232.— H. V. Nelles, « Loyalism and local power : the district of Niagara, 1792–1837 », OH, 58 (1966) : 99–114.— W. S. Wallace, « The periodical literature of Upper Canada », CHR, 12 (1931) : 15.

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Peter N. Moogk, « McBRIDE, EDWARD WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcbride_edward_william_6F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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